Chevau-légers du Grand-duché de Berg

Les chevau-légers de Berg constituent un corps de cavalerie légère levé par le Grand-duché de Berg le 21 mai 1807 sur ordre de Joachim Murat, grand-duc de Berg, pour sa garde personnelle. Les effectifs du corps passent de un à deux régiments et changent de statut, passant de celui de chevau-légers à celui de chasseurs à cheval pour terminer, après dédoublement régimentaire, en chevau-légers lanciers qui servent aux côtés de la Garde impériale napoléonienne en Espagne et en Russie.

Chevau-légers de Berg

Lancier de Berg à la charge. Illustration de Richard Knötel.

Création 1807
Dissolution 1813
Pays Grand-duché de Berg
Allégeance Empire français
Branche Grande Armée
Type Régiment
Rôle Cavalerie
Fait partie de Garde impériale
Ancienne dénomination Chevau-légers du Grand-duché de Berg (1807-1808)
Chasseurs à cheval du Grand-duché de Berg (1808-1809)
Lanciers du Grand-duché de Berg (1809-1812)
Chevau-légers lanciers du Grand-duché de Berg (1812-1813)
Guerres Guerre d'indépendance espagnole
Campagne de Russie
Campagne d'Allemagne
Batailles Bataille de Majadahonda
Bataille de Villodrigo
Bataille de la Bérézina
Bataille de Leipzig

Origines et organisation

Joachim Murat, grand-duc de Berg et de Clèves, ordonne en 1807 la création des chevau-légers de Berg, qui le suivent en Espagne puis à Naples. Tableau d'Antoine-Jean Gros, vers 1812.

« Le grand-duché de Clèves-Berg, qui avait été conquis par la France révolutionnaire, fut accordé en 1806 par Napoléon à Murat, qui le fit bien entendu entrer dans la Confédération du Rhin, le 12 juillet de la même année »

« Son contingent était fixé à 5 000 hommes dont 4 régiments d'infanterie, 1 régiment de cavalerie, 5 compagnies d'artillerie et 1 détachement de sapeurs mineurs pontonniers »

 Liliane et Fred Funcken, L'uniforme et les armes des soldats du Premier Empire[1]

Le 21 mai 1807, Joachim Murat, maréchal d'Empire et grand-duc de Berg et de Clèves, ordonne la création d'un régiment de chevau-légers destinés à lui servir de garde personnelle[2]. Organisé à Münster, le régiment de chevau-légers de Berg est initialement composé de trois escadrons divisés en deux compagnies chacun[3]. À cet effectif s'ajoute une compagnie de gardes du corps qui devient un escadron en 1808[4].

Campagnes militaires

En 1808, les gardes du corps, qui forme le 1er escadron du régiment, sont intégrés à la Garde impériale et envoyés en Espagne pour accompagner Joseph Bonaparte lors de son entrée à Madrid[5],[6]. Le 2e escadron suit quant à lui Murat lorsque ce dernier prend possession du royaume de Naples[3]. L'ensemble du corps est rattaché à la Garde impériale le 17 novembre 1808[7]. Le 29 août, les deux autres escadrons restés à Münster sont incorporés dans le régiment des chasseurs à cheval de Berg, nouvellement créé[8]. Le corps des chevau-légers est finalement dissous le 11 janvier 1809, et ses éléments sont intégrés aux chasseurs à cheval et dans les autres régiments de la cavalerie de la Garde[9]. Fin 1809, les chasseurs à cheval de Berg deviennent les lanciers de Berg et intègrent la Garde impériale le 17 décembre[9].

La nouvelle unité est ensuite envoyé en Espagne où elle lutte contre la guérilla et l'armée britannique[10]. En 1812, les lanciers de Berg forment une brigade de cavalerie dite de l'armée du Nord avec le 15e chasseurs à cheval et la légion de gendarmerie de Burgos, et participent le 23 octobre au combat de Villodrigo où ils sont placés à droite du dispositif français[11]. En mars 1812, un 2e régiment de lanciers de Berg est créé et participe avec le 1er à la campagne de Russie, où ils sont presque entièrement détruits à Borissov, au bord de la Bérézina[9],[10]. Pendant la campagne d'Allemagne en 1813, ils sont intégrés dans la 1re division de la cavalerie de la Garde sous le général d'Ornano, et sont présents à la bataille de Dresde le 26 août. Le lendemain, à Peterswalde, ils sont attaqués et battus par des troupes coalisées, perdant 169 hommes tués ou blessés ainsi que 2 officiers et 110 prisonniers[12]. Le 16 octobre, pendant la bataille de Leipzig, les lanciers de Berg participent à la grande charge de cavalerie de Murat où ils perdent soixante des leurs[12].

Le régiment est dissous en 1813.

Uniformes

Chevau-léger de Berg en grande tenue. Illustration d'Aaron Martinet.

Leur uniforme est à la polonaise, se modifiant à mesure des changements de statut de l'unité.

Chevau-légers

En grande tenue, le chevau-léger de Berg porte un uniforme à la polonaise : la coiffure se compose d'un chapska en drap amarante galonné de blanc, orné sur le devant d'une plaque en cuivre jaune et surmonté d'un plumet blanc à extrémité amarante[13]. Il comprend également des cordons et des raquettes blanches[14]. L'habit se compose d'une « kurtka » (veste) blanche à revers, collet et parements de couleur amarante avec des épaulettes blanches en laine[9]. Le pantalon est blanc à bandes amarante. Les buffleteries sont blanches et les boutons sont en étain[13].

Cette tenue est toutefois abandonnée lorsque le 1er escadron du régiment part combattre en Espagne[15]. En campagne, le chapska est recouvert d'un drap noir, tandis que la kurtka et le pantalon arborent la couleur grise[16]. Les épaulettes, les gants et les buffleteries blanches sont conservées. Le manteau gris est roulé en travers du corps[16].

Chasseurs à cheval

La kurtka et les pantalons deviennent verts à distinctifs amarante. Le corps reçoit le colback en fourrure noire et le shako noir.

Lanciers

L'uniforme reste de même mais le colback est à nouveau remplacé par la chapska, la compagnie d'élite le conservant cependant.

Trompettes

Comme il était de tradition à l'époque, les trompettes du régiment portèrent un habit aux couleurs particulières qui suivit l'évolution du statut du corps comme la troupe.

Chevau-légers

En grande tenue, le chapska est identique à la troupe. Pour l'habit en revanche, les couleurs sont inversées : la kurtka est en drap amarante avec des revers blancs à galon d'argent[16]. L'épaulette portée à gauche est blanche, et l'uniforme comprend également une aiguillette de même couleur[2]. Les distinctifs (collet, parements et retroussis) sont blancs, de même que la double bande du pantalon amarante[2]. En campagne, la chapska est recouverte d'un drap noir, et la kurtka est amarante, avec des revers blancs galonnés d'argent et des épaulettes blanches[17]. Les parements et le collet sont identiques aux revers, les retroussis sont blancs. Le ceinturon est de même couleur avec une plaque dorée, et le pantalon de route ou charivari est en drap basané et noir[17].

Lanciers

La grande tenue comprend le chapska en drap vert galonné de blanc, auquel pendent deux raquettes en fil blanc et avec une cocarde surmonté d'un pompon jaune[2]. L'habit se compose d'une livrée verte à revers amarante galonné de jaune, avec un ornement de dentelle sur chaque bouton[18]. Le collet est amarante, de même que les parements et les retroussis, avec un galon jaune. Les épaulettes sont blanches, et le pantalon arbore la même distinctive verte que l'habit[2].

Montures

Les chevaux portent une housse-croupelin amarante galonnée de blanc, porte-manteau rond de même et le harnachement est de cuir noir. La housse est timbrée de la lettre « J » (pour Joachim) blanche, surmontée d'une couronne de même, en son coin inférieur.

Armement

L'armement est constitué à l'origine du sabre courbe de la cavalerie légère et d'un mousqueton. Ils furent dotés de la lance à flamme rose et blanche lors de leur rattachement à la cavalerie de la Garde impériale, formés à l'utilisation de cette arme par des sous-officiers du régiment de lanciers polonais de ce corps d'élite[19].

Notes et références

  1. Funcken et Funcken 1969, p. 86
  2. François-Guy Hourtoulle, Jack Girbal et Patrice Courcelle, Soldats et uniformes du Premier Empire, Histoire et Collections, , 208 p. (ISBN 978-2-913903-54-8).
  3. Bukhari 1978, p. 25
  4. Bukhari 1978, p. 25 et 37
  5. Funcken et Funcken 1969, p. 90
  6. Bukhari 1978, p. 35 et 37
  7. Chartrand 1996, p. 27
  8. Bukhari 1978, p. 25 et 26
  9. Bukhari 1978, p. 26
  10. Funcken et Funcken 1969, p. 52
  11. Martin 1897, p. 286, 287 et 288
  12. Alain Pigeard, La Garde impériale, Paris, Tallandier, coll. « Bibliothèque napoléonienne », , 637 p. (ISBN 2-84734-177-3), p. 366.
  13. Bukhari 1978, p. 26 et planche F
  14. Bukhari 1978, p. 37
  15. Bukhari 1978, p. 35
  16. Funcken et Funcken 1969, p. 93
  17. Bukhari 1978, p. planche F
  18. Chartrand 1996, p. 28
  19. Funcken et Funcken 1969, p. 50

Bibliographie

  • Liliane Funcken et Fred Funcken, L'uniforme et les armes des soldats du Premier Empire : de la garde impériale aux troupes alliées, suédoises, autrichiennes et russes, t. 2, Casterman, , 157 p. (ISBN 2-203-14306-1) en particulier pp. 50 à 53 (planche uniformologique (1) Les lanciers de Berg et les Tartares lituaniens et pp. 86 et 91 (planche uniformologique (2))
  • Emmanuel Martin, « Combat de Villodrigo (23 octobre 1812) », Carnet de la Sabretache, vol. 5, , p. 286-292 (ISSN 1162-4973, lire en ligne).
  • (en) Emir Bukhari (ill. Angus McBride), Napoleon's Guard Cavalry, Osprey Publishing, coll. « Osprey / Men-at-Arms » (no 83), , 48 p. (ISBN 0-85045-288-0).
  • (en) René Chartrand (ill. Christa Hook), Napoleonic Wars : Napoleon's Army, Brassey's, coll. « History of Uniforms », , 144 p. (ISBN 1-57488-306-2).

Liens externes

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