Chimère monstrueuse
Chimaera monstrosa
Pour les articles homonymes, voir Chimère.
VU : Vulnérable
La chimère commune, rat de mer ou chimère monstrueuse (Chimaera monstrosa) est une espèce de poissons cartilagineux vivant dans les abysses, appartenant à la famille des chimaéridés.
C'est la plus commune et la mieux connue des chimères. Elle présente un museau arrondi et large, de grands yeux, ainsi qu'une livrée argentée avec des taches et des rayures beiges ou brunes. Elle vit notamment au nord de l'océan Atlantique, entre l'Islande et les îles Canaries entre 300 et 700 m de profondeur.
Bien qu'elle ne fasse pas l'objet d'une pêche commerciale, l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) la considère comme espèce vulnérable. Ce sont les prises accidentelles et son faible taux de reproduction qui mettent ses populations en danger.
Description
La chimère commune possède un museau court et arrondi distinctif, semblable à celui d'un lapin, avec de grands yeux sombres et une petite bouche[1]. Elle est dépourvue de spiracles ; sa petite bouche est reliée aux narines par deux sillons profonds. Sa mâchoire supérieure est composée de deux plaques dentaires, tandis que l'inférieure n'en comporte qu'une seule. Les plaques sont formées de dents fusionnées, leur croissance est continue et elles ne se renouvellent pas. La chimère commune présente une seule ouverture branchiale externe ; un faux opercule cutané recouvre ses quatre fentes branchiales latérales. Elle mesure en moyenne 1 mètre de longueur, mais atteint jusqu'à 1,50 m[2]. La première nageoire dorsale est haute, elle est armée d'une épine rigide sur sa moitié distale dotée d'une glande venimeuse. La seconde est basse et longue, la nageoire anale est petite, la nageoire caudale est petite et se termine par un long filament. Hormis les quelques denticules sur les ptérygopodes des mâles, sa peau est nue. Sur le dos et les flancs, elle est argenté avec des taches et des rayures beiges ou des marques sinueuses brunes formant un motif plus ou moins régulier, tandis que le ventre est crème. Les nageoires anales et dorsales ont une bordure noire[3].
Il existe un dimorphisme sexuel : les mâles ont un appendice courbé sur le front qui est censé servir à s'accrocher à la femelle pendant l'accouplement et sont plus petits que les femelles[3].
Distribution et habitat
La chimère commune vit au nord de l'océan Atlantique, entre l'Islande et les îles Canaries, dont la mer Méditerranée occidentale. Ses habitats se concentrent sur la zone démersale (bathyale)[4]. Elle est très rare dans la mer Adriatique. Elle vit près de la vase, jusqu'à 1 500 m de profondeur, mais elle est plus courante entre 300 et 700 m[1].
Écologie
Alimentation
La chimère commune se nourrit d'invertébrés et de petits poissons. Dans l'océan Atlantique elle se nourrit principalement de harengs[3].
Reproduction
La reproduction a lieu toute l'année, mais plus fréquemment en été. La fécondation est interne et de gros œufs sont pondus (jusqu'à 16 cm), avec une coquille cornée. L'incubation des œufs dure plusieurs mois.
La chimère commune et l'homme
Pêche et conservation
Ce poisson n'a pas de valeur commerciale. Cependant, sa capture accidentelle par les filets des chaluts de pêche, en particulier pour la capture des crevettes et le thon, est récurrente. En raison de sa maturité tardive et son faible taux de reproduction, les captures accidentelles peuvent gravement endommager les populations[3]. L'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) la considère comme espèce quasi menacée[5]. A l'échelle de la France métropolitaine, la catégorie de menace et la tendance actuelle de sa population ne peuvent pas encore être évaluées, compte tenu de l'insuffisance des données disponibles[4].
Ces espèces sont encore assez mal connues. Ainsi en étudiant la reproduction de Chimaera monstrosa (espèce de chimère la plus communément pêchée) à partir de spécimens débarqués sur le port de Concarneau, les biologistes de la station marine de Concarneau se sont aperçus que sous ce nom était aussi pêchée et vendue une autre espèce proche, non décrite par la science[6].
Danger pour l'homme
La piqûre de l'épine de la première nageoire dorsale provoque une douleur intense et une plaie profonde. Le traitement est symptomatique. Mais la chimère commune vivant en profondeur, les piqures touchent surtout les pêcheurs lorsqu'ils essayent de les extirper de leur filet[7].
Annexes
Articles connexes
Références taxinomiques
- (en) Référence Catalogue of Life : Chimaera monstrosa Linnaeus, 1758 (consulté le )
- (fr+en) Référence FishBase :
- (fr+en) Référence ITIS : Chimaera monstrosa (Günther, 1877)
- (en) Référence Animal Diversity Web : Chimaera monstrosa
Références bibliographiques importantes[4]
• (en) D. Abdul Malak et al., Overview of the Conservation Status of the Marine Fishes of the Mediterranean Sea, 2011, 72p.
• (fr) R. D. Cavanagh et C. Gibson, Aperçu du statut de conservation des poissons cartilagineux (Chondrichtyens) en mer Méditerranée, 2007, 39p.
Liens externes
- (en) Référence NCBI : Chimaera monstrosa (taxons inclus)
- (en) Référence UICN : espèce Chimaera monstrosa Linnaeus, 1758 (consulté le )
Notes et références
- (it) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en italien intitulé « Chimaera monstrosa » (voir la liste des auteurs).
- Andrea Ferrari et Antonella Ferrari (trad. de l'italien), Requins et raies du monde entier, Paris, Delachaux et Niestlé, coll. « Règne animal », , 336 p. (ISBN 978-2-603-01675-6)
- (fr+en) Référence FishBase :
- [PDF] M.-L. Bauchot, « Chimères », Laboratoire d’Ichtyologie générale et appliquée Muséum national d'Histoire naturelle, (consulté le )
- UICN France & MNHN, La Liste rouge des espèces menacées en France ‐ Chapitre Requins, raies et chimères de France métropolitaine : Rapport d’évaluation - Fiches techniques sur les espèces évaluées, Paris, , 110 p. (lire en ligne), p. 102
- (en) Référence UICN : espèce Chimaera monstrosa
- Exploitation, biologie et classification des Holocéphales (« chimères ») de la façade NE Atlantique LUCHETTI E., IGLESIAS S., BEAUPOIL C. et SELLOS D. MNHN - Station de Biologie Marine de Concarneau, in Colloque Biodiversité et environnement marin : connaissance, gestion et protectionConcarneau, 2009
- [PDF] Pierre Aubry, « Envenimation par les animaux marins », Laboratoire d’Ichtyologie générale et appliquée Muséum national d'Histoire naturelle, (consulté le )
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