Chiroubles (AOC)

Le chiroubles[1] est un vin rouge français d'appellation d'origine contrôlée produit dans le département du Rhône.

Pour l’article homonyme, voir Chiroubles (Rhône).

Chiroubles

Le vignoble de Chiroubles.

Désignation(s) Chiroubles
Appellation(s) principale(s) chiroubles[1]
Type d'appellation(s) AOC-AOP
Reconnue depuis 1936
Pays France
Région parente vignoble du Beaujolais
Localisation Rhône
Climat océanique à tendance continentale
Ensoleillement
(moyenne annuelle)
1 976 heures par an en moyenne, soit environ 164 jours par an
Sol sables granitiques
Superficie plantée 350 hectares en 2010[2]
Cépages dominants gamay N[3]
Vins produits rouges
Production 16 475 hectolitres en 2010[2]
Pieds à l'hectare minimum 6 000 pieds par hectare[4]
Rendement moyen à l'hectare maximum 58 hectolitres par hectare[4]

L'appellation couvre la commune de Chiroubles, dans le vignoble du Beaujolais. Elle est l'un des dix crus de ce vignoble, qui sont du nord au sud : le saint-amour, le juliénas, le chénas, le moulin-à-vent, le fleurie, le chiroubles, le morgon, le régnié, le brouilly et le côte-de-brouilly.

Histoire

Le chiroubles est reconnue par l'Institut national de l'origine et de la qualité (INAO) comme appellation d'origine contrôlée (AOC) depuis le décret du [5].

Situation géographique

Carte du vignoble du Beaujolais.

La commune de Chiroubles est située dans le département du Rhône, dans la partie nord du vignoble du Beaujolais, à 11 km de Beaujeu, à 13 km de Belleville et à 14 km de l'A6 (en direction de Lyon).

Orographie

Le vignoble est situé à une altitude de 250 à 450 mètres, ce qui fait de ce cru le plus élevé du Beaujolais. Cette altitude est cependant atténuée par une exposition exceptionnelle. Dans un amphithéâtre orienté globalement au sud-est, les températures sont plus clémentes et le vignoble mieux abrité du vent que d'autres sites d'altitude égale.

Géologie

Sables légers, maigres et filtrants, issus de la désagrégation du granite.

Climatologie

Le climat de ce terroir viticole est de type semi-continental avec des influences méditerranéennes : les étés sont chauds et ensoleillés et les hivers rigoureux, la sensation de froid est renforcée par la bise.

Les hivers sont relativement secs et dépourvus de neige en plaine (toutefois de fortes précipitations ne sont pas exclues). Les frimas sont courants et les températures varient généralement d'une dizaine de degrés au plus pendant la journée. Les étés sont généralement chauds et secs : l'amplitude des températures en journée atteint parfois une vingtaine de degrés et les températures maximales dépassent parfois les 35 degrés. Le mois d'août est parfois frais et pluvieux (2006, 2007) avec quelques orages et une légère brise qui disperse les polluants de l'air. Les mois d'août 2003 et 2009 étant au contraire très chauds et secs avec respectivement 33 et 30 degrés de température maximale en moyenne. Le vent souffle souvent à la suite d'une compression de l'air dans le sillon rhodanien.

La station météo de Charnay-lès-Mâcon, près de Mâcon216 mètres d'altitude) est la plus proche de l'aire d'appellation, mais cette station est plus au nord et en bordure de Saône. Ses valeurs climatiques de 1961 à 1990 sont :

Relevés à Mâcon-Charnay 1961-1990
Mois jan. fév. mars avril mai juin jui. août sep. oct. nov. déc. année
Température minimale moyenne (°C) −0,6 0,7 2,5 5,2 8,9 12,3 12,4 13,9 11,1 7,5 2,9 0,1 6,6
Température moyenne (°C) 2,1 4 6,8 10 13,9 17,5 20,1 19,4 16,4 11,7 6 2,7 10,9
Température maximale moyenne (°C) 4,9 7,3 11,1 14,8 18,9 22,8 25,7 24,9 21,7 15,9 9,1 5,3 15,2
Ensoleillement (h) 56,1 87,8 146,5 185,9 211,6 249,3 288,9 250,2 202,8 124,5 68,6 52,5 1 924,7
Précipitations (mm) 66,3 60,9 58,7 69,4 85,9 74,7 58,1 77,1 75,7 71,7 72,7 70,4 841,4
Source : www.infoclimat.fr : Mâcon-Charnay (1961-1990)[6].

Vignoble

Ce vignoble se situe entre les appellations fleurie et morgon, sur la commune de Chiroubles. C'est la plus haute appellation parmi les dix crus du Beaujolais (au pied du col de Durbize).

Lieux-dits

La commune est divisée en deux climats, la Grosse Pierre et Les Côtes.

Encépagement

Grappes de gamay N.

Le cépage essentiel est le gamay noir à jus blanc ; trois autres sont autorisés comme cépages accessoires, limités à 15 % au sein de chaque parcelle : l'aligoté B[3], le chardonnay B et le melon B.

Le gamay, cépage exclu de Bourgogne par Philippe II de Bourgogne, (il le surnommait le « très déloyau plant ») a trouvé dans les sables granitiques de Chiroubles un terroir à sa mesure. Il y donne des vins fins, très aromatiques qui peuvent se conserver plusieurs années. Les meilleurs vins de gamay sont obtenus, à l’opposé du pinot noir, sur des sols acides et granitiques. Le vin issu du gamay possède une couleur rouge nuancée de violet. Il possède généralement un caractère fruité (fruits rouges, fruits noirs) et est relativement pauvre en tanins, ce qui en fait un vin gourmand et gouleyant. C'est un cépage peu vigoureux, faible mais fertile et dont la production doit être maîtrisée car il a tendance à s'épuiser[7]. Son débourrement précoce le rend également sensible aux gelées de printemps. Il se montre parfois sensible au millerandage lorsque les conditions climatiques sont défavorables au moment de la floraison[7]. Le gamay présente l’avantage de produire une petite récolte sur les contre-bourgeons.

Culture de la vigne

Pied de vigne taillé en gobelet.

La taille est courte, en gobelet, éventail ou cordon, simple, double ou charmet avec 3 à 5 coursons à 1 ou 2 yeux. La conduite ancienne traditionnelle était en gobelet à densité élevée (entre 9 000 et 11 000 pieds par hectare). Aujourd'hui, le besoin de mécaniser le vignoble conduit les viticulteurs à planter à densité plus faible, mais supérieure à 6 000 pieds par hectare[4].

L'écartement entre rangs ne peut excéder 2,3 mètres et entre ceps sur le rang, il doit être au minimum de 0,80 m. Pour les vignes non palissées en gobelet, l'écartement maximum entre rangs ne doit pas excéder 1,5 m. Des allées peuvent être aménagée en arrachant un rang de vigne. L'allée ne doit pas excéder m et doit bénéficier d'un couvert végétal spontané ou semé. Les tournières doivent bénéficier d'un couvert végétal permanent. La hauteur de feuillage entre la limite inférieure du feuillage et la hauteur de rognage doit dépasser 0,6 fois l'écartement entre rangs et un palissage est obligatoire si l'écartement entre rangs dépasse 1,5 m.

La taille courte est obligatoire. Traditionnellement en gobelet, la taille en cordon ou la taille « charmet » (inventée par M. Charmet en sud-Beaujolais, intermédiaire entre la taille en cordon et celle en éventail) sont aujourd'hui pratiquées. La taille est limitée à huit yeux porteurs de grappe après épamprage et un bras à deux yeux peut être ajouté en vue de rajeunir la souche[4].

Vendanges et rendements

Le rendement est limité à un maximum de 52 hectolitres par hectare ; le rendement butoir est de 57 hectolitres par hectare. Le rendement réel est toujours en dessous du maximum autorisé par le cahier des charges, par exemple le rendement moyen pour l'ensemble de l'appellation lors des vendanges 2010 est de 47 hectolitres par hectare[8].

Les vendanges sont faites à la main, les grappes de raisin devant arriver intactes dans les cuves. Le premier jour des vendanges (appelé « levée du ban des vendanges ») varie selon la maturité des baies, qui dépend lui-même de l'ensoleillement reçu : les années relativement chaudes les raisins sont vendangés tôt, les années relativement froides les vendanges sont plus tardives.

Dates de début des vendanges dans le Beaujolais (les vendanges à Chiroubles débutent environ une semaine plus tard)[9]
AnnéesDébuts des vendangesAnnéesDébuts des vendangesAnnéesDébuts des vendanges
199730 août20027 septembre200725 août
19982 septembre200314 août200815 septembre
19997 septembre200411 septembre200927 août
200028 août20055 septembre201013 septembre
20016 septembre20065 septembre201124 août

Vins

Macération carbonique

Le mode de vinification du beaujolais explique beaucoup le type de vins très particulier qui y est produit. On l'appelle la macération carbonique : le raisin est encuvé entier et la cuve est fermée pendant quelques jours. La saturation de la cuve empêche les raisins de respirer, les obligeant à un mode de fonctionnement anaérobie. Cette évolution à l'intérieur du grain de raisin s'apparente à un début de fermentation. Elle produit un peu d'alcool et des précurseurs d'arômes. Ensuite, le raisin est foulé et une fermentation traditionnelle se poursuit.

Pour les dix crus du Beaujolais, surtout pour ceux destinés à être élevé pendant une année et à être gardé quelques années de plus en bouteille, la vinification est semi-carbonique, à mi-chemin de la macération carbonique et de la vinification bourguignonne. Le raisin est récolté manuellement, encuvé entier sans éraflage. La fermentation débute comme pour une macération carbonique, mais au moment où le marc destiné au primeur est décuvé et pressé, les cuves destinées au vin de garde sont pigées et la macération se poursuit jusqu'à épuisement presque complet des sucres. Le vin est ensuite écoulé, le marc pressé et la fermentation malolactique peut s'enclencher tant que la température n'est pas trop descendue.

Macération préfermentaire à chaud

À partir de 1994, l'ITV-SICAREX du Beaujolais a mis au point la macération pré-fermentaire à chaud ou MPC[10]. Cette technique consiste à chauffer la vendange à 60−70 °C pendant quelques heures. La température fragilise la pellicule du raisin. Elle libère couleur et précurseurs d'arômes. Cette technique permet d'extraire plus d'arômes, plus de tannins et plus de couleur. Pour être bénéfique, elle nécessite plus que pour une macération classique, une vendange à la maturité optimale. Les vins donnés par cette vinification ont une couleur plus intense, pourpre sombre à nuance violacée. À la dégustation, ils présentent un arôme puissant mais monolytique de cassis[11].

Gastronomie

Ce vin s'accorde avec les volailles, la charcuterie et les spécialités lyonnaises[12].

Économie

Commercialisation

Bouteille de chiroubles.

Les vins bénéficiant de l'appellation peuvent être repliés sur les appellations régionales beaujolaises (beaujolais et beaujolais-villages), mais aussi bourguignonnes, c'est-à-dire qu'ils peuvent être commercialisés sous les appellations bourgogne, bourgogne grand ordinaire, bourgogne ordinaire, bourgogne passe-tout-grains, bourgogne aligoté et crémant de Bourgogne (dont l'aire de production s'étend sur le Beaujolais, selon les deux décrets du [13]).

Liste de producteurs

Une trentaine de producteurs adhèrent à « La terrasse de Chiroubles », association des vignerons pour la promotion du cru Chiroubles.

Domaines produisant l'AOC chiroubles :

  • Château de Javernand
  • Château de Raousset
  • Domaine Brunet Bernard
  • Domaine Charvet Ludovic,
  • Domaine Cheysson
  • Domaine Dépré Philippe,
  • Domaine Desmures Armand,
  • Domaine La Combe au Loup
  • Domaine Passot
  • Domaine Plaforet Michel
  • Domaine Plateau de Grille-Midi
  • Domaine du Pressoir Fleuri
  • Domaine Savoye Christophe
  • Domaine Thivolle

Notes et références

  1. Références sur la façon d'orthographier les appellations d'origine.
  2. Collectif, Le guide Hachette des vins 2012, Paris, Hachette livre, , 1402 p. (ISBN 978-2-01-237699-1), p. 164.
  3. Le code international d'écriture des cépages mentionne la couleur du raisin de la manière suivante : B = blanc, N = noir, Rs = rose, G = gris.
  4. Secrétariat général du gouvernement français, « Décret no 2009-1343 du 29 octobre 2009 relatif aux appellations d'origine contrôlées « Brouilly », « Chénas », « Chiroubles », « Côte de Brouilly », « Fleurie », « Juliénas », « Morgon », « Moulin-à-Vent », « Saint-Amour » et « Régnié » », sur http://www.legifrance.gouv.fr.
  5. « Décret du 11 septembre 1936 portant délimitation de l'aire de production des vins d'appellation "chiroubles" », sur http://www.legifrance.gouv.fr, publié au JORF du 4 octobre 1936, page 10513.
  6. « Archives climatologiques mensuelles de Mâcon-Charnay de 1961 à 1990 », sur http://www.infoclimat.fr.
  7. Comité technique permanent de la sélection des plantes cultivées, Catalogue des variétés et clones de vigne cultivés en France, Le Grau-du-Roi, ENTAV, , 357 p. (ISBN 2-9509682-0-1).
  8. Le rendement réel est calculé en divisant le volume de la production par la surface exploitée, soit 16475 / 350 = 47,07 hectolitres par hectare. Source : Guide Hachette des vins, op. cit..
  9. « Histoire du vignoble du Beaujolais », sur http://www.sommelier-a-domicile.com.
  10. http://cat.inist.fr/?aModele=afficheN&cpsidt=838157
  11. www.reussir-vigne.com Explication de la MPC sur le site de Réussir-vigne consulté le 19 décembre 2009.
  12. « Que manger avec un Chiroubles ? », sur www.vin-vigne.com (consulté le )
  13. Décret du 16 octobre 2009 relatif aux appellations d'origine contrôlées « Bourgogne », « Bourgogne grand ordinaire », « Bourgogne ordinaire », « Bourgogne Passe-tout-grains » et « Bourgogne aligoté » et décret no 2009-1269 du 19 octobre 2009 relatif à l'appellation d'origine contrôlée « Crémant de Bourgogne ».

Voir aussi

Bibliographie

Liens externes

Articles connexes

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