Christian Boltanski
Christian Marie Dominique Liberté Boltanski, né le à Paris 7e et mort à Paris 14e le , est un artiste plasticien français reconnu comme l'un des principaux artistes contemporains français[2]. Photographe, sculpteur et cinéaste, il est avant tout célèbre pour ses installations. Il se définit lui-même comme peintre, alors qu'il a, depuis longtemps, abandonné ce support.
Pour les articles homonymes, voir Boltanski.
Naissance | |
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Décès |
(à 76 ans) 14e arrondissement de Paris ou Paris |
Nom de naissance |
Christian Marie Dominique Liberté Boltanski |
Nationalité | |
Activités | |
Fratrie |
Jean-Élie Boltanski (d) Luc Boltanski |
Conjoint |
A travaillé pour | |
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Mouvement | |
Représenté par |
Marian Goodman Gallery (d), Light Cone, LIMA (d) |
Genres artistiques | |
Distinctions | Liste détaillée Prix d'art d'Aix-la-chapelle (d) () Commandeur des Arts et des Lettres () Kaiserring de Goslar () Praemium Imperiale () Chevalier de la Légion d'honneur () Prix de Gaulle-Adenauer () Ordre du soleil levant, rayons d'or et d'argent () |
Biographie
Famille
Christian Marie Dominique Liberté Boltanski est le fils d'un père médecin, juif d'origine russe[3]. Sa mère, née Marie-Elise Ilari-Guérin, est écrivaine, sous le pseudonyme d’Annie Lauran[4]. Dans un entretien il disait :
« Mon père était juif [d’origine russe]. Pendant la guerre, ma mère [catholique] a eu peur. Un jour, elle a fait semblant de s’engueuler avec lui. Ensuite elle l’a caché sous le plancher et a demandé le divorce. Il est resté un an et demi dans cette cachette… Puis mes parents se sont remariés. »
Il a deux frères, le sociologue Luc Boltanski et le linguiste Jean-Élie Boltanski. Le journaliste, écrivain et chroniqueur Christophe Boltanski est son neveu[4].
Parcours
Il commence à peindre en 1958, à l’âge de 14 ans, alors qu’il n’a jamais connu de véritable scolarité ni suivi de formation artistique au sens traditionnel du terme[5].
Ses premiers travaux avaient tendance à être assez sombres et de nature historique[6].
Adolescent, son père lui aurait fait rencontrer André Breton, son condisciple du lycée Chaptal, qui lui aurait déconseillé cette voie :
« Vous avez l'air très gentil. Ne devenez pas artiste. Ils sont tous méchants. C'est un sale milieu[7]. »
Boltanski s'éloigne de la peinture à partir de 1967 et expérimente l'écriture, par des lettres, des installations ou des dossiers qu'il envoie à des personnalités artistiques. Dans la biographie qu'il rédige en 1984, à l'occasion d'une rétrospective, il décrit sa vocation artistique ainsi :
« 1958. Il peint, il veut faire de l'art. 1968. Il n'achète plus de revues d'art moderne, il a un choc, il fait de la photographie, blanche et noire, tragique, humaine… »
Sa première exposition a lieu en 1968 au théâtre Le Ranelagh à Paris, avec des marionnettes à taille humaine et un film intitulé La Vie impossible de C. B. ; l'invitation à l'évènement est rédigée par la poétesse Gisèle Prassinos, qui commence en écrivant :
« Christian Boltanski montre avec insistance la misère, la vieillesse, la solitude et la mort[8]. »
En 1969, il publie son premier livre[9] et réalise une série de films courts entre 1969 et 1971, dans lesquels il se met en scène dans des dispositifs grotesques (L’Homme qui tousse, L’Homme qui lèche, Derrière la porte).
Il affirme se sentir plus proche de Giacometti que de Picasso[10].
Prise de position
Il soutient François Hollande, le candidat PS à l'élection présidentielle de 2012[9].
Vie privée
Christian Boltanski est l'époux de la photographe plasticienne Annette Messager. Ils se sont liés peu après la Biennale de Paris de 1969[8].
Il vécut à Malakoff, en banlieue parisienne, dans un bâtiment industriel reconverti en logements d'artistes par l'architecte Robert-Antoine Montier. Son atelier y était installé[8].
Œuvres
Boltanski questionne la frontière entre absence et présence. En effet, l’absence est un sujet récurrent dans son travail : la vidéo comme la photo sont des présences, des mémoires qui, selon lui, au lieu de faire revivre les absents, vont au contraire mettre davantage en évidence leur disparition.
Employant divers matériaux (photographies anciennes, objets trouvés, carton ondulé, pâte à modeler, luminaires, bougies…), Boltanski cherche l’émotion à travers toutes les expressions artistiques qu’il utilise : photos, cinéma, vidéo[6]. Les thèmes omniprésents dans son œuvre sont la mémoire, l’inconscient, l’enfance et la mort[6].
Une des particularités de l'artiste est son habitude de reconstituer des instants de vie avec des objets qui ne lui ont jamais appartenu mais qu'il expose pourtant comme tels. Il imagine une vie, se l'approprie et tous les objets de ses dossiers, livres, collections sont les dépositaires de souvenirs. Ils ont un pouvoir émotionnel fort, car ils font appel à la « petite-mémoire »[13], c'est-à-dire à la mémoire affective.
Ces œuvres en appellent au souvenir, du souvenir d’enfance au souvenir des défunts, et d’une histoire personnelle à l’histoire commune de toutes et de tous. En 1972 lors d’une exposition à Cassel (Allemagne), Boltanski expose dans une salle intitulée « mythologie individuelle », un concept représentatif de son rapport à l'autobiographie[14].
À partir des années 2000, il favorise principalement dans son travail d'énormes installations, telles que Personnes à la Monumenta du Grand Palais (2010)[15], No Man's Land à l'Armory de New York (en) (2010)[16] ou encore Chance au pavillon français de la Biennale de Venise en 2011[17].
En dehors de ces projets éphémères, il installe des œuvres permanentes qui s'augmentent constamment, telles que Les Archives du cœur sur l'île de Teshima au Japon[18] ou Les Dernières Années de CB sur l'île de Tasmanie en Australie[19]. Ce dernier projet consiste à filmer l'artiste avec des caméras, tout au long de sa journée. Le commanditaire du projet, qui vit en Tasmanie, espère le voir « mourir en direct » ; de ce fait, les rapports entre les deux hommes sont « parfois difficiles »[10].
Sélection d'œuvres
- Monument, Musée du MAC/VAL
- La Chambre ovale, 1967
- Les Archives de C.B., enregistrement vidéo, Brigitte Cornard, Christian Boltanski, participant, 1998 (avec notamment L'Homme qui tousse)
- Essai de reconstitution (Trois tiroirs), 1970-1992
- Vitrine de référence, 1971
- Sans titre, 1971, vitrine contenant 98 sucres taillés et fixés sur carton, 56 × 85,5 × 10 cm, musée d'art de Toulon
- Saynètes comiques, 1974
- Les Registres du Grand-Hornu, 1977
- Composition théâtrale, 1981
- Monument, 2,60 × 11 m, musée de Grenoble, 1985
- Enfants de Dijon, 1996
- Les Archives de C.B. 1965-1988, 1989
- L’homme qui tousse (réalisé avec J.-C. Valesy), 1969 Film 16 mm couleur, sonore, 3 min. Une pièce teintée de rouge et noir, éclairée par une fenêtre, un homme assis par terre dont seule la bouche est visible est en train de cracher du sang, le sang se déverse sur ses jambes allongées sur le sol.
- La Maison manquante, 1990
- Réserve[20], 1990 Installation présentée dans une pièce aux murs blancs pour présenter l'horreur de la guerre ; les murs de la pièce sont recouverts de vieux vêtements, qui semblent répartis en plusieurs étages.
- Reliquaire, les linges, 1994
- Les Abonnés du téléphone, 2000[21]
- Le Parcours d'ombre à Vitteaux, 2004[22]
- La Parabole, 2005
- Installation au Museo per la Memoria di Ustica à Bologne autour des éléments du DC-9 reconstitué et des objets personnels des victimes de la tragédie d'Ustica, 2007
- Les Archives du cœur, musée de l’Île de Teshima (Japon), 2008
- Les Dernières Années de C. B., Tasmanie, 2009
- Personnes[23], 2010
- No Man’s Land, Armory de New York, 2010
- Animitas, Musée national des beaux-arts du Québec à Québec, 2017[24]
Expositions
Liste non exhaustive.
- Biennale de Paris : 1975
- documenta, Cassel
- Biennale de Venise : 1986
- L'arteppes-espace d'art contemporain[25], 1997
- Monumenta 2010 : Boltanski investit la nef du Grand Palais Sa création intitulée Personnes[26] est ensuite présentée au Park Avenue Armory (en) de New York[27] et au HangarBicocca de Milan[28].
- musée d'Art contemporain du Val-de-Marne (MAC/VAL) 2010, « Après »[29]
- Biennale de Venise 2011 : Boltanski représente la France lors de la 54e édition. Il a choisi comme commissaire d'exposition Jean-Hubert Martin[30].
- Mons 2015 : « La salle des pendus » au Grand-Hornu[31]
- Monnaie de Paris 2015 : « Take Me (I'm Yours) »[32] Conçue par Christian Boltanski et Hans Ulrich Obrist, l'exposition est recréée à la Monnaie de Paris après avoir été initiée vingt ans auparavant à Londres. Elle donne l'occasion au visiteur de participer de façon interactive en pouvant emporter, troquer ou échanger des objets ou vêtements trouvés ou apportés sur place.
- Musée d'art moderne de Bologne (it), « Anime. Di luogo in luogo »[33]
- Musée national d'art, Osaka, « Christian Boltanski - Lifetime »[34],[35]
- Centre Pompidou, « Christian Boltanski : Faire son temps »[36],[37],[38]
Publications
Écrits et témoignages
- 1998 : Kaddish, musée d'art moderne de la ville de Paris
- 2001 : La Vie impossible, Cologne, Walther König éditeur
Catalogues d'exposition
- Dernières années, musée d'art moderne de la ville de Paris, 1998
- Les Suisses morts, musée cantonal des beaux-arts de Lausanne, 1993
- Boltanski, Centre Pompidou, 1984
- Compositions, ARC-musée d'art moderne de la ville de Paris, 1981
Distinctions
Prix
- 1994 : Prix d'art d'Aix-la-Chapelle (de)
- 1998 : Artiste de l'année du festival d'Helsinki
- 2001 : Prix Kaiserring de la ville de Goslar (de)
- 2006 : Praemium Imperiale dans la catégorie Sculpture
- 2009 : Prix de Gaulle-Adenauer, avec l'Allemand Anselm Kiefer[39]
Décorations
- 1995 : Commandeur de l'ordre des Arts et des Lettres[40]
- 2006 : Chevalier de la Légion d'honneur[41] pour ses 38 ans d'activités artistiques
Notes et références
- Pour le livre d'artiste Matrix et le Voyage à Jérusalem de C.B. (1991).
- Fichier des décès
- « Christian Boltanski au Grand Palais », ArtCult, .
- « L’artiste plasticien Christian Boltanski est mort », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le ).
- « Souvenirs d'enfance à Désertines », France Culture, .
- ELLE, « Christian Boltanski », sur elle.fr (consulté le ).
- Christophe Boltanski, La Cache, Stock, « Collection bleue », 2015 (ISBN 978-2-234-07637-2).
- Philippe Dagen, « L’artiste plasticien Christian Boltanski est mort », sur Le Monde, (consulté le ).
- « Les "hollandais" de la culture. Ces artistes qui le soutiennent », Le Figaro, encart « Le Figaro et vous », , page 32.
- Propos de C. Boltanski, dans « Faire son temps, avec Christian Boltanski - Épisode 1 », L'heure bleue, France Inter, .
- AFP, « L’artiste contemporain Christian Boltanski est mort à l’âge de 76 ans », Sud Ouest, (lire en ligne).
- Olivier Vogel, « Christian Boltanski, artiste multiple et maître de l'autobiographie, est mort », sur France Culture.
- Institut national de l’audiovisuel, « Boltanski : l'art de la mémoire », sur Ina.fr (consulté le ).
- Magali Nachtergael, « L’émergence des mythologies individuelles, du brut au contemporain », Les Mythologies individuelles : la nouvelle culture du moi, , p. 8-9 (lire en ligne).
- « Monumenta/ Christian Boltanski : nef du Grand Palais, Paris », sur grandpalais.fr (consulté le ).
- (en-US) Dorothy Spears, « Exploring Mortality With Clothes and a Claw », The New York Times, (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le ).
- « CHANCE de Christian Boltanski : 440 000 visiteurs au pavillon français de la Biennale de Venise ! », sur INFERNO, (consulté le ).
- (en) « Les Archives du Cœur », sur Benesse Art Site Naoshima (consulté le ).
- Institut National de l’Audiovisuel- Ina.fr, « Christian Boltanski joue une partie contre le diable », sur Ina.fr (consulté le ).
- « Parcours pédagogique : Christian Boltanski », Centre Pompidou.
- « Présentation des œuvres de Boltanski », sur mam.paris.fr/ (consulté le ).
- « Parcours Boltanski », sur cotedor-tourisme.com.
- « Monumenta 2010 », notice du Grand Palais.
- Animitas, 2017, collection Musée national des beaux-arts du Québec.
- Voir sur larteppes.org.
- Sur le site de « Monumenta 2010 ».
- Du au .
- Du au .
- Du au .
- Ancien directeur de la Kunsthalle de Berne, du musée national d'art moderne, du musée national des arts d'Afrique et d'Océanie et du Museum Kunst Palast de Düsseldorf et actuellement directeur honoraire du musée national d'art moderne - Centre Georges Pompidou.
- Du au .
- Du au .
- Du au .
- Du au .
- (en) « Christian Boltanski - The National Museum of Art, Osaka », sur nmao.go.jp (consulté le ).
- Du au .
- (en)Exposition « Boltanski » sur Divento.com.
- « Exposition Christian Boltanski : faire son temps », sur Centre Pompidou (consulté le ).
- Liste des lauréats du prix sur le portail franco-allemand.
- Archives des nominations et promotions dans l'ordre des Arts et des Lettres[PDF] ; promotion du .
- Décret du portant promotion et nomination.
Voir aussi
Essais
- Alain Fleischer et Didier Semin, « Christian Boltanski : la revanche de la maladresse », Art press no 128,
- Didier Semin, Christian Boltanski, Paris, Éditions Art Press, 1989
- Lynn Gumpert, Christian Boltanski, Paris, Flammarion, 1992
- Éliane Burnet, « Dépouilles et reliques, les Réserve de Christian Boltanski », Les Cahiers du Musée national d'art moderne, no 62, hiver 1997-1995
- Gilbert Lascault, Boltanski : souvenance, Paris, L'Échoppe, 1998
- Catherine Grenier (avec Christian Boltanski), La Vie possible de Christian Boltanski, Seuil, coll. « Fiction & Cie », 2007
- Peter Lodermeyer, Karlyn De Jongh & Sarah Gold, Personal Structures: Time Space Existence, DuMont Verlag, Cologne, 2009
- Catherine Grenier et Daniel Mendelsohn, Christian Boltanski, Flammarion, coll. « Flammarion Contemporary », 2010
- Dominique Radrizzani et Christian Boltanski, Le Dessin impossible de Christian Boltanski, Buchet-Chastel, coll. « Les cahiers dessinés », 2010
- Diana B. Wechsler, Boltanski, Buenos Aires, EDUNTREF-Les presses du réel, 2013
- « Boltanski, Buenos Aires »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur boltanskibsas.com.ar (consulté le )
Radio
- « Une visite avec Christian Boltanski », France Culture, L'art est la matière par Jean de Loisy, le
Liens externes
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- Vidéo : « Christian Boltanski et ses univers », archives de la Télévision suisse romande
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