Cirsium arvense

Chardon des champs, Cirse des champs

Cirsium arvense, en français Chardon des champs ou Cirse des champs, est une espèce de plante vivace du genre Cirsium et de la famille des Astéracées (ou Composées). Très commune dans toute l'Europe, c'est une plante nitrophile, adventice de la plupart des cultures, des prairies, se multipliant rapidement par ses nombreuses graines qui, grâce à leurs aigrettes, peuvent être disséminées à grande distance. On le reconnaît entre autres à ses capitules lilas dont les fleurons (fleurs tubulées) s'épanouissent largement.

Noms vulgaires et vernaculaires

En plus de ses noms recommandés ou typiques « Chardon des champs »[2] ou « Cirse des champs »[3], l'espèce est également nommée en français « Chardon du Canada »[2], « Chardon des vignes »[3], « Herbe aux varices »[3] ou « Sarette »[3].

Description

Planche botanique du Cirse des champs.

Appareil végétatif

C’est une plante dressée de 50 à 130 centimètres de haut et pouvant parfois atteindre 150 centimètres. Sa tige est très rameuse, elle a la particularité de ne presque pas porter d’épines et de ne pas être ailée. Les feuilles sont allongées, découpées et bordées de dents épineuses, vertes et glabres sur les deux faces ou présentant une pilosité blanchâtre sur la face inférieure [4].

Appareil reproducteur

Les fleurs sont toutes en tubes en petits capitules ovoïdes entourées de bractées peu épineuses (ce genre d’inflorescence est appelé racème de capitules). La couleur des capitules peut varier du pourpre au blanc, en passant par plusieurs nuances de rose[5]. Les fruits sont des akènes munis d’une aigrette blanche et plumeuse.

Partie souterraine

Le système racinaire du Cirse des champs est composé des rhizomes horizontaux servant d’organes de réserve et des racines verticales qui peuvent descendre à plus de 2 mètres de profondeur servant à capter l’eau et les nutriments.

Confusions possibles

Cirsium arvense peut être confondu avec d’autres espèces du genre Cirsium, en particulier le Cirse des ruisseaux (Cirsium rivulare). Il s'en distingue par l’absence de rosette basale de feuilles et surtout ses fleurs unisexuées sur un même capitule. Les espèces du genre Carduus, également proches, présentent des akènes sans soies plumeuses[1].

Habitat et répartition

Le Cirse des champs est d’origine eurasiatique et est très commun dans toute l’Europe, on le retrouve également désormais dans d’autres pays. Il a été introduit aux États-Unis [6] et au Canada[7] au début du XVIIe siècle et est considéré comme invasif dans ces deux pays. Le Cirse des champs est une plante qui peut s’adapter à de nombreux milieux, mais qui préfère les milieux riches et ensoleillés. On le retrouve dans les prairies, sur les bords de chemins et de routes, dans les friches, les champs et les jardins.

Biologie

Cycle de vie et reproduction

Le chardon des champs est une plante géophyte qui passe l’hiver sous forme de racine et débourre au printemps [4].

Reproduction par les graines

Fruit laissant apparaître le pappus des graines.

Le Cirse des champs est une plante dioïque avec des pieds mâles pouvant féconder des pieds femelles jusqu'à cent mètres à la ronde. La période de floraison s’étale de juillet à septembre. Ce chardon émet des COV floraux qui attirent ses pollinisateurs mais aussi ses ennemis naturels, ne pouvant ainsi favoriser à la fois sa reproduction et sa défense contre les herbivores[8]. Même pour les humains, l'odeur émise par les capitules est agréable[9].

Chaque plant de chardons peut produire 5 000 à 40 000 graines dont 200 à 300 seulement peuvent germer, les graines gardent leur potentiel germinatif jusqu’à 20 ans. Les semences peuvent voler de 30 à 150 mètres de la plante mère[10]. Les graines sont dispersées par le vent (anémochorie).

Multiplication végétative par les racines

Les racines horizontales ou rhizomes portent des bourgeons dont une partie va donner (dès la fin de l’hiver) des drageons qui vont ensuite pouvoir donner de nouveaux pieds de chardons. La croissance horizontale par les racines peut atteindre 4 ou 5 mètres par an, le chardon forme ainsi des ronds. Si les racines sont coupées en fragments, chaque fragment peut donner naissance en quelques jours à un nouveau plant. De nouvelles pousses peuvent émerger à partir de fragments de 2,5 cm[7]. La prolifération de ce chardon est avant tout due à son système racinaire extrêmement vigoureux et un développement par tâche pouvant s'étendre de 1 à m/an[11].

Intérêt pour la faune

Plusieurs chenilles, dont celles de la belle-dame (aussi appelé Vanesse du chardon), dévorent cette plante, ainsi que des mouches et plus d’une dizaine de coléoptères : coccinelles phytophages, charançons et chrysomèles sans oublier les punaises. Par exemple, la larve de l’agapanthie du chardon (Agapanthia cardui), un longicorne, se nourrit de l'intérieur des tiges de ce chardon. Les graines sont également une réserve de nourriture intéressante pour les espèces d’oiseaux granivores comme le chardonneret. Le Cirse des champs, tout comme les autres espèces de chardons, est aussi très recherché par les abeilles qui y récoltent du pollen et un nectar abondant.

Plante envahissante

Cette plante, localement envahissante, fait l'objet de diverses mesures de contrôle par les agriculteurs et collectivités ou jardiniers.

Cependant, selon Gérard Ducerf, elle serait bio-indicatrice des sols saturés par des amendements excessifs en engrais azotés et en fumiers non compostés ou par surpâturage, ce qui provoquerait un blocage de la potasse ; la plante jouerait son rôle écologique naturel en venant ainsi au "secours" des sols afin d'en rétablir l'équilibre biologique. Ce serait enfin une plante médicinale extrêmement utile pour soigner les carences en phosphore et les intoxication à l'aluminium générés par les déséquilibres des sols tassés et lessivés par les méthodes de l'agriculture mécanisée et intensive[12].

Plante déclarée nuisible en France

Pappus (botanique).

Le Cirse des champs fait partie des adventices les plus souvent trouvées dans les cultures[13]. Il se répand très rapidement dans les champs grâce à son système racinaire et forme des "taches" de chardons. Une fois qu’une colonie de chardons est établie, il est difficile de s’en débarrasser en raison du potentiel de régénération et d'accumulation rapide de réserves dans les racines. L’envahissement d’une culture par le Cirse des champs peut entraîner une perte de rendement, des études ont montré qu’une densité de chardons de 16 plants au m² diminue le rendement de blé tendre de 19 %[14] et celui de fèves de 12 %[15]. Le chardon des champs (Cirsium arvense) figure dans la liste des organismes nuisibles contre lesquels la lutte peut être rendue obligatoire dans certaines conditions (annexe B de l'arrêté ministériel du 31 juillet 2000)[16]. Dans plusieurs départements, des arrêtés préfectoraux rendent obligatoire la lutte contre le Cirse des champs.

Lutte contre le Cirse des champs

Charençon mineur de tige (Ceutorhynchus litura) utilisé pour la lutte contre le Cirse des champs.

Diverses méthodes de lutte peuvent être utilisées contre le Cirse des champs. La lutte chimique est la méthode la plus souvent employée en agriculture conventionnelle, plusieurs herbicides étant recommandés, comme le 2,4-D, le triclopyr, le glyphosate, le dicamba, ou des produits à base de clopyralid, efficaces pour le contrôle du Cirse des champs. Les méthodes de lutte mécanique comprennent les fauches répétées, l’arrachage manuel, le déchaumage et le brûlage des plants. Ces méthodes doivent être poursuivies pendant plusieurs années, et répétées de nombreuses fois pour arriver à un contrôle correct des populations de Cirse des champs. Sur certains sites, l’implantation de bâches ou de géotextiles a aussi été testée avec des résultats assez mitigés[7]. Concernant le contrôle biologique, plusieurs agents de contrôle ont été lâchés en Amérique pour tenter de réguler les populations, notamment des coléoptères tels que Cassida rubiginosa, des charançons tels que le mineur de tige Ceutorhynchus litura ou encore la mouche du chardon (Urophora cardui). Cependant, aucun de ces organismes ne semble réellement capable de contrôler les populations de cirses des champs[17]. D’autres pathogènes, comme des champignons ou encore des bactéries, ont été testés, mais sans résultats convaincants.

Taxonomie

Liste des taxons de rang inférieur

Selon GBIF (9 mai 2021)[18] :

  • Cirsium arvense var. alpestre Nägeli
  • Cirsium arvense var. arvense
  • Cirsium arvense var. integrifolium Wimm. & Grab.
  • Cirsium arvense var. maritimum Fr.
  • Cirsium arvense var. vestitum Wimm. & Grab.
  • Breea segetum f. segetum
  • Cephalonoplos segetum f. segetum
  • Cirsium arvense f. albiflorum House, 1923

Synonymes

Cirsium arvense a pour synonymes[18] :

  • Aplotaxis cirsoides DC.
  • Aplotaxis pungens DC.
  • Breea arvensis (L.) Less.
  • Breea dioica (Cass.) Less.
  • Breea ochrolepidea (Juz.) Soják
  • Breea ochrolepidia (Juz.) Soják
  • Breea praealta (Cass.) Less.
  • Carduus arvensis (L.) Robson
  • Carduus arvensis var. arvensis
  • Carduus haemorrhoidalis DC.
  • Carduus serratuloides Neck.
  • Cephalonoplos arvense (L.) Fourr.
  • Cephalonoplos arvensis (L.) Fourr.
  • Cephalonoplos arvensis var. arvensis
  • Cephalonoplos ochrolepidium (Juz.) Juz.
  • Cirsium albicans Willk.
  • Cirsium arvense f. albiflorum (E.L.Rand & Redfield) R.Hoffm.
  • Cirsium arvense f. arvense
  • Cirsium arvense f. incanum (Beck) Gajic
  • Cirsium arvense f. rubricaule Lepage

Notes et références

  1. MNHN & OFB [Ed]. 2003-présent. Inventaire national du patrimoine naturel (INPN), Site web : https://inpn.mnhn.fr, consulté le 9 mai 2021
  2. Base de données des plantes vasculaires du Canada, « Cirsium arvense (Linnaeus) Scopoli », sur data.canadensys.net (consulté le )
  3. Tela Botanica, <https://www.tela-botanica.org>, licence CC BY-SA 4.0 <https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0>, consulté le 9 mai 2021
  4. Fleurs du Sud Méditerranée & montagne, « cirsium arvense : Cirse des champs ».
  5. A la découverte de la chaîne des Puys, « Le Cirse des champs (Cirsium arvense) ».
  6. National Invasive Species Information Center, « Canada Thistle »
  7. Ministère de l’agriculture, des pêcheries et de l’alimentation Québec, « Moyen de lutte contre le chardon en culture biologique »
  8. (en) Theis NB, Lerdau M, Raguso RA, « The challenge of attracting pollinators while evading floral herbivores : Patterns of fragrance emission in Cirsium arvense and Cirsium repandum (Asteraceae) », International Journal of Plant Sciences, no 168, , p. 587–601.
  9. R. Fitter, A. Fitter, M. Blamey, Guide des fleurs sauvages, Delachaux et Niestlé, Paris (1re éd. 1976), 7e éd. 2011, 352 p. (ISBN 978-2-603-01638-1).
  10. Informations de la [PDF] fiche technique « chardon des champs » de la plate-forme des agriculteurs bio suisse
  11. « Chardon : la lutte officielle, réglementée, n’est pas obligatoire en Picardie ! », sur aisne.gouv.fr, .
  12. Ducerf, Gérard, (1949- ...).,, L' encyclopédie des plantes bio-indicatrices alimentaires et médicinales. Volume 1 guide de diagnostic des sols, Promonature, impr. 2010, cop. 2010 (ISBN 2951925875, OCLC 758910460, lire en ligne)
  13. (en) D.Schroeder, H.Mueller-Schaerer, C.S.A.Stinson, « A European weed survey in 10 major crop systems to identify targets for biological control », Weed research, vol. 33, , p. 449-458 (lire en ligne).
  14. (en) A. P. Mamolos, K. L. Kalburtji, « Competition between Canada thistle and winter wheat », Weed Science, vol. 49, no 6, , p. 755-759.
  15. (en) A. P. Mamolos, K. L. Kalburtji, « Competition between Canada Thistle [Cirsium arvense (L.) Scop.] and Faba Bean (Vicia faba L.) », Journal of Agronomy and Crop Science, vol. 186, no 4, , p. 261–265.
  16. « Arrêté du 31 juillet 2000 établissant la liste des organismes nuisibles aux végétaux, produits végétaux et autres objets soumis à des mesures de lutte obligatoire ».
  17. (en) Catherine C. Reed, Diane L. Larson, Jennifer L. Larson, « Canada Thistle Biological Control Agents on Two South Dakota Wildlife Refuges », Natural Areas Journal, vol. 26, no 1, , p. 47-52 (lire en ligne).
  18. GBIF Secretariat. GBIF Backbone Taxonomy. Checklist dataset https://doi.org/10.15468/39omei accessed via GBIF.org, consulté le 9 mai 2021

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • F. Couplan, Reconnaître facilement les plantes, Delachaux et Niestlé, coll. « Les guides du naturaliste ».
  • D. Streeter, C. Hart-Davis, A. Hardcastle, F. Cole et L. Harper, Guide Delachaux des fleurs de France et d'Europe.
  • T. Silberfeld, C. Reeb, Y. Doux et H. Clément, Guide des plantes mellifères : 200 plantes de France et d'Europe.
  • V. Albouy, G. Lemoine et D. Labadie, Le jardin naturel : 148 espèces de fleurs sauvages à introduire au jardin, Delachaux et Niestlé, coll. « Les guides du naturaliste ».

Liens externes

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