Citrus depressa

Le shīkwāsā, de l'okinawaïen シークヮーサー est un agrume cultivé au Japon dans les îles Ryūkyū (Préfecture d'Okinawa), à Taïwan et à Guam.

Le fruit est récolté vert pour son jus doux-acide qui sert de condiment ou à faire des sauces.

Le mot shīkwāsā désigne en français la plante et le fruit.

Dénomination

Citrus × depressa Hayata, dans la classification Tanaka, C. indica chez Swingle ou C. pectinifera Tanaka, est apparenté aux mandarines et aux C. tachibana – du genre citrus.

Son nom vernaculaire dans la langue d'Okinawa s'écrit shīkwāsā (シークワーサー) : Shi signifie acide et kwaasa signifie ajouter, autrement dit «ce qui donne de l'acidité»; son nom japonais est citron hirami, où hira signifie « plat », et mi, « substantiel ». On trouve aussi l'orthographe shiikuwasha[1], shequasar, les noms de mandarine de Taiwan, lime plate[2].

Nombreuses graphies possibles en katakana

臺灣香檬 (Táiwān xiāng méng) en chinois signifie citron de Taïwan, et 扁實檸檬 (Biǎn shí níngméng) citron plat (le Kakka disent 山桔仔 (Shān jú zǐ) mandarine de montagne), qu'on retrouve en anglais : taiwan tangerine, flat lemon, se rencontrent[3]. En vietnamien chanh lõm[4].

Phylogénèse

Le shīkwāsā est originaire des îles Ryūkyū, d'où il a gagné Taïwan. Il existe encore une bio diversité des variétés sauvages[5]. L'analyse de l'ADN de diverses variétés montre qu'il existerait deux groupes résultant d'hybridation avec différentes mandarines japonaises (Citrus tachibana) [6],[7]. Ogimikugani est un de ces groupes, il est classé C. reticulata hybrid par Swingle.

Tokurou Shimizu et al. (2016) le décrivent comme hybridation de Sunki unshiu (C.reticulata var. austera ou C. sunki Hort. ex Tanaka) pollinisée par Twukkuni (C. nobilis Lour. var. kunep. Tanaka)[8]. Wu, Sugimoto et al. (2021) sont plus précis: «Les shikuwasa de notre collection forment une grande famille de demi-frères avec un parent mandarine continentale mais des parents C. ryukyunensis distincts [ ] nous avons trouvé un parent clonal de cette mandarine continentale RK3 à Nago, RK3 est appelé familièrement ishikunibu. [ ] RK3 est un proche parent de la mandarin chinoise Sun Chu Sha Kat et contient un segment de pamplemoussier»[1].

Généalogie de la mandarine RK3, qui pollinisée par divers C. ryukyuensis donne les shikuwasa

L'origine des agrumes japonais tachibana, shikuwasa et yukunibu sur le schéma de Wu, Sugimoto et al. Les flèches bleues épaisses signifient que plusieurs ont donnés des populations en rencontrant une mandarine inconnue pour tachibana, RK3 pour les shikuwasa, et kunenbo pour les yukunibu. Shikuwasa étant nommé dans la poésie et les chansons traditionnelles des Ryukyu, les auteurs suggèrent que la mandarine RK3 est une introduction préhistorique, soit il y a 40 000 à 200 000 ans quand Okinawa était reliée au continent soit portée le courant marin de Kuroshio qui va de Taïwan au Japon le long des Ryukyu[1].

changement de couleur

Description

Petit arbre buissonnant d'environ m., vigoureux et dense, fructifère. La floraison blanche a lieu en avril (diamètre de la fleur cm). Le fruit se récolte à compter de juillet à septembre à Okinawa[9], fin septembre en climat tempéré chaud.

Le fruit est petit (diamètre 2,5 à cm, hauteur 2 à 3 cm, poids de 25 à 60 g), déprimé aux pôles, à péricarpe (écorce) fin. Il contient 8 ou 10 quartiers spécialement juteux et des graines. La pulpe est molle et gélatineuse. Le jus acide, laisse en bouche une saveur riche[10]. L'essence contenue dans le péricarpe a un parfum de mandarine satsuma.

Cultivars

De nombreuses variétés ont été inventoriées d'ile en ile, sont rapportées: Kaachi (le plus acide mais amer), Ishikunibu, Hijyakunibu, Kabishi, Fusubuta, Oogimi, Akakunibu, Akadake, Katsuudake, Aka kunibu, Oku, Oshikawa, Genga, Imadomari, Katsuudake[11]. Nakamoto est une variété inerme[12].

Les クガニ一 kuganii sont les cultivars les plus cultivés à Okinawa, 4 représentent 90 % de la production: Oogimi Kugani le principal très proche de Katsuyama Kugani , Kahachi, Izumi Kugani (le moins acide contient des pourcentages élevés de 1,8-cinéole dans les composants volatils et la flavanone néohespéridine)[13].

Le fruit se consomme vert - ici début octobre

Culture

La rusticité est comparable au calamondin, Zone USDA 9a en situation protégée, autrement dit il supporte des petits gels matinaux brefs et doit être protégé des vents froids. Il accepte bien la culture en pot.

Sa bonne tolérance au stress permet de l'envisager comme porte greffe en sol acide face à l'acidification mondiale des sols[14].

La production d'Okinawa était de 3000 t. en 2009[15],[16].Taïwan développe activement la culture du shikuwasa, actuellement (2021) 312 ha sont exploités par 120 agriculteurs [17]

Utilisation du fruit

En Asie la plus grande destination de 280 produits transformés à base de sudachi est les boissons (46%), les produits de beauté et des soins de la personne (34%), de l'alimentation (18%) et des aliments diététiques (2%) (2021)[17]. Dans la mesure où ce fruit fait partie de la diète d'Okinawa à qui on attribue une longue vie, il est souvent promu comme fruit de longévité[18],[19], de nombreuses publications académiques rapportent des effets anti-inflamatoires, hypocholestérolémiant, antiobesité, etc. en modèle murin[20],[21],[22]

Shikuwasa (à gauche) et cultivar Kugani (à droite)

Alimentation

Le jus est principalement utilisé dans les boissons (alcool de riz awamori + jus de shīkwāsā + eau) ou en sauce ponzu, en association avec la sauce de soja.

Le jus du fruit est un condiment acide apprécié au Japon où il est commercialisé en bouteille. Le gout du jus des fruits verts est acide, peu sucré, savoureux, riche et assez équilibré. Le jus est peu coloré. La récolte se poursuit jusqu'à mars ; les fruits jaunissent en hiver sous l'action du froid. Le fruit mûr n'est pas utilisé.

Il est riche en pectine[23].

Pharmacie

Quelques publications donnent des effets favorables en expérimentation animale: effet anti obésité [24], effet l'effet hépato protecteur du jus [25]. Cette action positive sur le foie due aux anti oxydants (la nobilétine, la tangerétine, la 5-O-déméthylnobilétine et la sinensétine) protège des lésions hépatiques induites par l'alcool chez la souris et le mécanisme impliqué est lié à la régulation du stress oxydatif hépatique [26]. In vitro: anti-métastatique du cancer gastrique[27] ou de la langue[28].

Une étude double aveugle sur échantillon réduit de 40 patients humains victimes d'un AVC subaigu avec hémiparésie en cours de rééducation, chez le groupe qui a reçu 200 mg/jour d'extrait de shikuwasa pendant 4 semaines la surface musculaire normale non parétique était significativement plus élevée dans le groupe témoin (2022)[29].

Shikuwasa en coupe : péricarpe très fin et grande abondance de jus.

Huile essentielle

Une comparaison des profils aromatiques des agrumes de Taïwan (2010) a permis de classer celui du shikuwasa dans le groupe des mandarines[30].

Une analyse d'huile essentielle obtenue par centrifugation a été publiée en 2016 : le limonène représentait 60%, l' γ -terpinene 14%, ensuite p-cymène, terpinolène, α-pinène, β-pinène, myrcène, et α-thujene 2% chacun[31]. Une seconde analyse (2017) donne des résultats proches et précise sur les composés aromatique l'importance du linalol, 3 hydrocarbures sesquiterpéniques ( δ-élémène, germacrène B et bicyclosesquiphellandrène) et 2 esters (acétate d'heptyle et acétate de décyl) interviennent également dans son profil aromatique[32].

A Taiwan l'extraction de nobilétine et de tangérétine des déchets de pressage par simple extraction assistée par ultrasons donne des résultats encourageants (2022)[33].

Références

  1. (en) Guohong Albert Wu, Chikatoshi Sugimoto, Hideyasu Kinjo et Chika Azama, « Diversification of mandarin citrus by hybrid speciation and apomixis », Nature Communications, vol. 12, no 1, , p. 4377 (ISSN 2041-1723, DOI 10.1038/s41467-021-24653-0, lire en ligne, consulté le )
  2. « ヒラミレモン Citrus depressa ミカン科 Rutaceae ミカン属 三河の植物観察 », sur mikawanoyasou.org (consulté le )
  3. Chia-Chi Chen, Yi-Tsz Liu, Kai-Chun Chang et Yun-Xuan Chang, « Extracts of Taiwan Tangerine (Citrus depressa Hayata) via Supercritical Fluid Carbon Dioxide Extraction on the Regulation of Hypertension in Spontaneously Hypertensive Rats », Adaptive Medicine, vol. 12, no 4, (ISSN 2076-944X, DOI 10.4247/AM.2020.ACA253, lire en ligne, consulté le )
  4. (vi) Quản trị, « Tiết lộ dấu di truyền của loài cam chanh ở Okinawa », sur Tạp chí Tia sáng, (consulté le )
  5. Ryuji Ishikawa, Nathan Badenoch, Kunimasa Miyagi et Kaname Medoruma, « Multi-lineages of Shiikuwasha (Citrus depressa Hayata) evaluated by using whole chloroplast genome sequences and its bio-diversity in Okinawa, Japan », Breeding Science, vol. advpub, (DOI 10.1270/jsbbs.15151, lire en ligne, consulté le )
  6. (en) Masashi Yamamoto, Akiko Takakura, Aika Tanabe et Sayuri Teramoto, « Diversity of Citrusdepressa Hayata (Shiikuwasha) revealed by DNA analysis », Genetic Resources and Crop Evolution, , p. 1–10 (ISSN 0925-9864 et 1573-5109, DOI 10.1007/s10722-016-0403-2, lire en ligne, consulté le )
  7. (en) Iqrar A. Khan, Citrus Genetics, Breeding and Biotechnology, CABI, , 384 p. (ISBN 978-1-84593-193-3, lire en ligne)
  8. (en) Tokurou Shimizu, Akira Kitajima, Keisuke Nonaka et Terutaka Yoshioka, « Hybrid Origins of Citrus Varieties Inferred from DNA Marker Analysis of Nuclear and Organelle Genomes », PLOS ONE, vol. 11, no 11, , e0166969 (ISSN 1932-6203, PMID 27902727, PMCID PMC5130255, DOI 10.1371/journal.pone.0166969, lire en ligne, consulté le )
  9. Citrus depressa
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  11. https://static-content.springer.com/esm/art%3A10.1038%2Fs41467-021-24653-0/MediaObjects/41467_2021_24653_MOESM3_ESM.xlsx
  12. (en) Takashi Hanagasaki, « Vinegar extraction from unripe shikuwasa (Citrus depressa L.), an Okinawan citrus fruit. », Foods & Raw Materials Vol. 9 Issue 2, , p 310-316. 7p. (lire en ligne)
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The Citrus Industry, Herbert John Webber, Leon Dexter Batchelor, University of California Press, 1948

Annexes

Articles connexes

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