Claire Henrotin

Claire Henrotin, née le en Hongrie[1] et morte en 1989 en Belgique, est une architecte belge ayant travaillé à Bruxelles et La Hestre[2]. Elle est la première femme belge à obtenir un diplôme d’architecture et d’urbanisme à La Cambre à Bruxelles[3].

Pour les articles homonymes, voir Henrotin.

Claire-Lucile Henrotin
Présentation
Naissance
Décès -
Nationalité belge
Diplôme Architecture et Urbanisme
Formation ISAD La Cambre
Œuvre
Publications La cuisine rationnelle (bulletin ergologique)

Formation

Claire-Lucile Henrotin mène ses études d’architecture à La Cambre et obtient son diplôme à la fin de l’année académique 1929-1930, dans la première promotion d’architectes de cette nouvelle école, fondée en 1927 par Henry Van De Velde. Elle obtient son diplôme avec la mention distinction[3], après être sortie de l’atelier de l’architecte moderniste Jean-Jules Eggericx[4].

Elle fait également partie des trois étudiants diplômés en urbanisme cette année-là, faisant d’elle la seule femme suivant cette formation à La Cambre jusque dans les années 1950 (dans les années 1940, Dita Roque-Gourary a entamé ce cursus à La Cambre mais a dû l'interrompre à la suite de l'occupation nazie[5]). Un de ses travaux de l’époque a été publié dans la revue La Cité en 1928, dans le cadre du cours d’urbanisme et de l’art des jardins, enseigné par les architectes Louis Van Der Swaelmen et Victor Bourgeois[6].

Claire Henrotin est de fait la première femme belge à obtenir un diplôme d'architecte. D'autres femmes avaient pratiqué avant elle sans le titre, comme l'architecte Jeanne Van Celst[7]. La même année, l'ukrainienne Genia Averbuch est diplômée dans la même branche à l'Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles, elle n'a cependant pratiqué qu'en Palestine et Israël.

Travaux et réalisations

Maison 3 façades de Claire Henrotin, avenue Victor-Emmanuel III à Uccle

À l’heure actuelle[évasif], il existe peu de documentation sur les réalisations de Claire Henrotin après ses années d’études. Il semble qu’elle ait pratiqué à La Hestre[2] et elle a au moins réalisé une maison à Uccle, rue Victor-Emmanuel III. Elle est surtout connue et reconnue pour ses recherches sur la cuisine rationnelle, sujet très présent chez les modernistes belges de l’époque.

La cuisine rationnelle

Rapidement après ses études, Claire Henrotin se penche sur une question centrale du modernisme : la cuisine raisonnée ou rationnelle. Elle publie alors deux articles sur le sujet dans le Bulletin Ergologique du C.N.E.E.M (Centre national d’études d’économie ménagère) dont elle est membre à l’époque[8]. Par la suite, en 1934, elle intervient sur le même sujet dans le cadre d’un cycle de conférence organisé par la Fédération Nationale des Femmes Libérales[9].

Ces recherches rejoignent celles d’autres architectes belges de l’époque comme Louis-Herman De Koninck, célèbre notamment pour son rôle dans l’avènement des cuisines CUBEX. Elle s’inscrit ainsi dans la lignée d’autres femmes architectes de son époque : Paulette Bernège en France ou Margarete Schütte-Lihotzky en Allemagne, questionnant directement ou indirectement la condition féminine dans l’espace domestique[10].

Ces articles ont été exhumés notamment dans un article de Hilde Heynen de 2004, traitant des cuisines rationnelles de l’entre-deux-guerres[11]. Le sujet avait également intéressé les historiennes Eliane Gubin et Valérie Piette trois ans auparavant[2].

Réseaux féminins

En plus de sa profession d’architecte, Claire Henrotin a également été engagée dans des mouvements féminins belges de son époque. Elle a été membre notamment du conseil d’administration du C.N.F.B. (Conseil National des Femmes Belges), et ce au moins de 1946 à 1954[12]. Elle y avait le rôle de présidente de la Commission de l’Habitation. Elle a alors publié plusieurs rapports dans les bulletins de l’organisation, dont un qui avait été rédigé par Simone Guillissen-Hoa, une autre femme architecte pionnière de l’époque.

Claire Henrotin a également été une figure pionnière de l’architecture pour le réseau des femmes architectes belges, dont elle a rencontré plusieurs membres au cours de sa vie[13].

Notes et références

  1. Archives de l'ENSAV-La Cambre, registre d'inscription des étudiants (1927-1977)
  2. Valérie Piette et Eliane Gubin, « Travail ou non-travail ? Essai sur le travail ménager dans l'entre-deux-guerres », Revue belge de Philologie et d'Histoire, vol. 79, no 2, , p. 645–678 (DOI 10.3406/rbph.2001.4538, lire en ligne, consulté le )
  3. Registre de délibérations, Fonds La Cambre, ENSAV La Cambre
  4. Paul-Emile Vincent, France Van Laethem, La Cambre a 60 ans, Bruxelles, ISAE La Cambre,
  5. Nena Madalijns, In search of a 'forgotten' history - Reflecties over gender en architectuurhistoriografie in de belgische context, Masterproef voorgelegd aan de Universiteit Gent, Gent, 2019-2020
  6. « Cité, La September 1928 — Princeton Blue Mountain collection », sur bluemountain.princeton.edu (consulté le )
  7. V. G. Martin, La Société Centrale d'Architecture de Belgique, depuis sa fondation 1872-1974, Bruxelles, 1974, 296 p., p. 251
  8. Claire Henrotin, « La construction rationnelle de la cuisine moderne », Bulletin Ergologique (annexe mensuelle au bulletin du CNBOS),
  9. Carhif, Archives Solidarité libérale, A. Ogranisations préalbales[pas clair] à la création de l'ASBL Solidarité, 1. Secrétariat des Œuvres Sociales de la Fédération Nationale des Femmes Libérales, farde 8.
  10. Mounit Kodo, Cuisines, domesticité et condition féminine au début du XXe siècle, mémoire présenté à l'Université Libre de Bruxelles, sous la direction de Jean-Didier Bergilez, 2017
  11. (en) Hilde Heynen, « The Rational Kitchen in the Interwar Period in Belgium: Discourses and Realities », Home Cultures 1(1):23-50, (lire en ligne)
  12. Carhif, Archives du Conseil National des Femmes belges, Répertoire du bulletin bimestriel, 1946-1954
  13. Archives et Bibliothèque d’Architecture de l’ULB, Fonds de l'Union des Femmes Architectes de Belgique
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