Classicisme

Le classicisme est un mouvement culturel, esthétique et artistique qui se développe en France, et plus largement en Europe, à la frontière entre le XVIIe siècle et le XVIIIe siècle, de 1660 à 1725. Il se définit par un ensemble de valeurs et de critères qui dessinent un idéal s'incarnant dans l’« honnête homme » et qui développent une esthétique fondée sur une recherche de la perfection, son maître mot est la raison.

Pour les articles homonymes, voir Classique.

Classicisme
Dates
Début
Fin
Époques
Suivante

La centralisation monarchique, qui s'affirme dès 1630 sous l'autorité de Richelieu d'abord, puis de Mazarin, dépasse le cadre politique pour toucher le domaine culturel. Doctes et littérateurs regroupés dans diverses académies inventent alors une esthétique fondée sur des principes assez contraignants qui amèneront la critique moderne à assimiler, de façon souvent réductrice, classicisme et respect des règles qui doivent permettre la production d'œuvres de goût inspirées des modèles de l'art antique marqués par l'équilibre, la mesure et la vraisemblance.

Le classicisme concerne la littérature du XVIIe siècle, en particulier le théâtre, mais aussi d'autres arts comme la musique, la peinture ou l'architecture.

Origine et définition de la notion de classicisme

La notion de « classicisme » pose des problèmes de définition. C'est pourquoi il peut être utile de revenir à l'origine sémantique du mot pour en comprendre le sens. Le terme classicus désigne en latin la classe la plus fortunée de la société actuelle. Par glissements successifs, le terme a désigné la dernière classe des auteurs, c'est-à-dire les écrivains de référence, ceux qu'on étudie dans les classes[1]. C'est à partir de ce sens que le mot a été utilisé pour désigner d'une part les auteurs de l'Antiquité dignes d'être imités et d'autre part les auteurs français du XVIIe siècle qui ont développé un art de mesure et de raison en défendant le respect et l'imitation des Anciens. Le terme de classicisme est utilisé pour la première fois par Stendhal en 1817 pour désigner les œuvres qui prennent pour modèle l'art antique par opposition aux œuvres romantiques.

Le classicisme renverrait à un moment de grâce de la littérature française où l'esprit français se serait le plus parfaitement illustré. Ce moment correspondrait à la seconde moitié du XVIIe siècle, voire plus précisément encore aux années 1660-1680. Cette vision est défendue par les historiens de la littérature du XIXe siècle[note 1]. De ce fait, le classicisme a servi de repoussoir à tous ceux qui défendaient une littérature moins réglée, à commencer par les romantiques. Le terme de classicisme appliqué à une période de la littérature nationale est propre à la littérature française. Les autres littératures européennes réservent ce terme aux premiers auteurs classiques, c'est-à-dire les auteurs de l'Antiquité grecque qui ont servi ensuite de modèle à toute l'Europe[2].

Le classicisme à la française ne se définit cependant pas seulement par des critères historiques. Il répond également à des critères formels. Les œuvres classiques reposent sur une volonté d'imitation et de réinvention des œuvres antiques. Elles respectent la raison et sont en quête d'un équilibre reposant sur le naturel et l'harmonie. De ce fait, de nombreuses œuvres du XVIIe siècle ont été écartées par les partisans du classicisme, car elles ne répondaient pas aux normes classiques. Le terme baroque a été plus tard emprunté aux arts plastiques pour désigner cette littérature qui ne rentrait pas dans les cadres théoriques de l'époque, en particulier la littérature de la première moitié du XVIIe siècle. Mais il va de soi que les auteurs du XVIIe siècle n'avaient pas conscience de ces catégories et que la littérature dite baroque a très largement nourri la littérature dite classique. Il en va de même pour le maniérisme qui précède le classicisme et le rococo qui le suit. Roger Zuber[3] définit le classicisme à partir de la notion de goût qui désignerait une capacité à trouver un équilibre juste entre des tendances contraires. Ce goût serait né dans les salons mondains et aurait profondément influencé la littérature de la seconde moitié du siècle.

Littérature classique

Contextes

La centralisation monarchique initiée par Louis XIII s'affirme dès 1630 dans le domaine politique sous l'autorité de Richelieu d'abord, puis de Mazarin et de Louis XIV. Elle a des conséquences dans le domaine culturel avec la création de l'Académie française en 1635 puis d'autres Académies qui ambitionnent de codifier la langue et de réglementer la composition des œuvres. Il ne faut cependant pas assimiler trop vite autorité politique et autorité culturelle.

D'un point de vue idéologique, la grande question du XVIIe siècle est la question religieuse. Les écrivains classiques sont donc nécessairement pétris de culture religieuse. Certaines œuvres, comme Les Provinciales de Pascal ou l'œuvre de Bossuet, relèvent même entièrement de la religion. Beaucoup seront influencés par le jansénisme.

Ce sont les œuvres des doctes qui définissent les théories du goût classique, à travers des lettres, des traités, des arts poétiques. Vaugelas, Guez de Balzac ou Dominique Bouhours légifèrent ainsi sur la bonne utilisation de la langue. Jean Chapelain et l'abbé d'Aubignac définissent les règles du théâtre classique. Ils diffusent ce goût auprès du public mondain des salons qu'ils fréquentent. Les canons littéraires sont définis aussi dans des ouvrages non théoriques, œuvres littéraires, ou préfaces les justifiant. Il en va ainsi chez les plus grands dramaturges : Molière, Racine et surtout Corneille qui fut mêlé à de nombreuses querelles et fit la somme de ses opinions sur l'écriture théâtrale dans Les Trois discours sur l'art dramatique. Il faut cependant remarquer que les dramaturges plaident le plus souvent pour une adaptation des règles qu'ils n'appliquent que rarement à la lettre.

L'enseignement des doctes est en effet fondé sur des règles tirées des modèles grecs et latins. On lit et relit à cette époque La Poétique d'Aristote dont l'interprétation est à l'origine de la plupart des règles du théâtre classique. En poésie, c'est L'Art poétique d'Horace qui sert de référence. Enfin, les auteurs classiques puisent dans les modèles antiques pour créer leurs propres œuvres. Pour autant, elles ne relèvent pas de l'imitation pure. Les grands auteurs ne réutilisent ces modèles que pour en faire des œuvres modernes. Ainsi, si La Fontaine reprend les fables d'Ésope et de Phèdre, c'est pour en donner une version moderne dont la morale sociale et politique ne peut être comprise que dans le contexte du XVIIe siècle.

Caractéristiques

Le classicisme du XVIIe siècle est loin de se limiter à une imitation des Anciens. Doctes et littéraires inventent en fait une esthétique fondée sur des principes d'ordre assez contraignants qui amèneront la critique moderne à assimiler classicisme et respect des règles.

L'écriture classique se veut fondée sur la raison. On y a parfois vu l'influence du rationalisme de Descartes, mais il s'agit plutôt d'un intérêt pour la lucidité et l'analyse. Les héros et héroïnes classiques ne sont en général pas rationnels, mais leurs passions, souvent violentes, sont analysées par l'écriture qui les rend intelligibles[note 2]. Le classicisme est donc davantage influencé par une volonté de soumettre le déraisonnable à l'ordre de la raison que par un véritable rationalisme qui inspirera plus tard les philosophes des Lumières.

En créant une forme d'ordre, les écrivains classiques recherchent au plus haut point le naturel. Donner l'impression d'une parfaite adéquation entre la forme et le fond grâce à une écriture qui coule de source est en effet l'idéal du style classique. À cet égard, le classicisme entre effectivement en tension avec ce que fut le style baroque. Charles Sorel écrit ainsi : « Leur langage naturel qui paraît simple aux esprits vulgaires est plus difficile à observer que ces langages enflés dont la plupart du monde fait tant d'estime[4]. » Cette recherche d'une forme de simplicité dans l'écriture fera l'admiration de nombreux auteurs du XXe siècle tels que Valéry, Gide, Camus, ou Ponge.

Or pour donner l'impression de naturel, il importe avant tout de ne pas choquer le lecteur. C'est pourquoi les règles de vraisemblance et de bienséance jouent un rôle majeur au XVIIe siècle.

La vraisemblance correspond à ce qui peut paraître vrai. L'objectif n'est pas de représenter la vérité, mais de respecter les cadres de ce que le public de l'époque considère comme possible. Boileau a pu dire dans son Art poétique que « le vrai peut quelquefois n'être pas vraisemblable ». Est vraisemblable ce qui correspond aux opinions du public en termes de morale, de rapports sociaux, de niveau de langue utilisé, etc. Le plus grand reproche que l'on ait fait au Cid est de proposer une fin invraisemblable, car la morale ne peut accepter qu'une fille épouse le meurtrier de son père même si le fait est historique.

L'importance de la vraisemblance est liée à l'importance de la morale dans la littérature classique. Les œuvres classiques se donnent en effet pour objectif de « réformer » le public en l'amenant à réfléchir sur ses propres passions. D'après Chapelain, le public ne peut être touché que par ce qu'il peut croire et la littérature ne peut aider les hommes à s'améliorer que si elle les touche. Car l'idéal artistique du classicisme s'accompagne d'un idéal moral incarné dans la figure théorique de l'honnête homme. Cette expression résume toutes les qualités que l'on peut attendre d'un homme de Cour : politesse, culture, humilité, raison, tempérance, respect des règles, capacité à s'adapter à son entourage.

Théâtre

Durant la première moitié du XVIIe siècle, on apprécie les tragi-comédies à l'intrigue romanesque et aux décors complexes [note 3]. Au fur et à mesure du siècle, notamment sous l'influence des théoriciens, les intrigues se simplifient et les décors se dépouillent pour aboutir à ce que l'on appelle aujourd'hui le théâtre classique. L'Abbé d'Aubignac joue un rôle important, car dans La Pratique du théâtre[note 4] en 1657 il analyse le théâtre antique et le théâtre contemporain et en tire des principes qui constituent les bases du théâtre classique. Cette réflexion sur le théâtre est alimentée tout au cours du siècle par doctes et dramaturges. Boileau dans son Art poétique en 1674 ne fera que reprendre et résumer en des vers efficaces des règles déjà appliquées.

Règles du théâtre classique

C'est la règle de vraisemblance, expliquée plus haut, qui est à l'origine de toutes les règles du théâtre classique.

« Qu'en un jour, qu'en un lieu, un seul fait accompli
Tienne jusqu'à la fin le théâtre rempli. »

Ces deux vers de Boileau résument la fameuse règle des trois unités : l'action doit se dérouler en vingt-quatre heures (unité de temps), en un seul lieu (unité de lieu) et ne doit être constituée que d'une seule intrigue (unité d'action). Ces règles poursuivent deux buts principaux. D'une part, il s'agit de rendre l'action théâtrale vraisemblable, car les décors n'ont pas besoin de changer et l'action se déroule en un temps qui pourrait être le temps de la représentation[note 5]. D'autre part, l'action est plus facile à suivre, car les intrigues compliquées mêlant de nombreux personnages sont proscrites au profit d'intrigues linéaires centrées sur peu de personnages. Ces règles ont mené à une forme d'intériorisation des actions. En effet, la parole s'est développée au détriment du spectaculaire et les pièces classiques accordent beaucoup de place à l'expression des sentiments et à l'analyse psychologique.

La règle de bienséance oblige à ne représenter sur scène que ce qui ne choquera pas le public. On écarte la violence physique, mais aussi l'intimité physique. Les scènes violentes doivent ainsi être racontées par un personnage. Quelques exceptions sont notoires, comme la mort de Phèdre dans la pièce éponyme de Racine, la mort de Dom Juan dans la pièce de Molière et la folie du personnage d'Oreste dans Andromaque de Racine.

Tragédie

Portrait de Racine.

La tragédie n'existe pas pendant le Moyen Âge français. Elle renaît au cours du XVIe siècle à la suite de la relecture des tragiques anciens. Elle se transforme tout au cours du XVIe et du XVIIe siècle. Elle évolue d'abord vers ce qu'on a appelé tragi-comédie en se nourrissant d'intrigues de plus en plus romanesques. Mais doctes et dramaturges défendent un retour vers un modèle plus conforme aux canons antiques et elle devient finalement le grand genre de l'époque classique. C'est pourquoi les règles énoncées ci-dessus s'appliquent prioritairement à la tragédie.

La tragédie se définit alors d'abord par son sujet et ses personnages. Une pièce tragique se doit d'avoir un sujet mythique ou historique. Ses personnages sont des héros, des rois ou du moins des personnages de la très haute noblesse. Le style adopté doit être en accord avec la hauteur de ceux qui profèrent le texte. La plupart des tragédies sont écrites en alexandrins et elles respectent toujours un style élevé. On a souvent assimilé tragédie et fin malheureuse. Même s'il est vrai que la majorité des tragédies finissent mal, ce n'est pas un critère de définition, car certaines tragédies finissent bien[note 6].

Comme dans le théâtre antique, la tragédie a une fin morale. Elle doit permettre aux spectateurs de s'améliorer sur le plan moral en combattant certaines de leurs passions. À la suite d'Aristote, on considère que la tragédie doit inspirer « terreur et pitié » face au destin de héros broyés par les conséquences de leurs erreurs. Ces deux sentiments doivent permettre aux spectateurs de se désolidariser des passions qui ont poussé les héros à agir et donc de ne pas les reproduire eux-mêmes. Par ailleurs, les théoriciens classiques ont repris à Aristote la notion de catharsis qui signifie approximativement purgation des passions. L'idée est qu’en voyant des personnages animés de passions violentes, les spectateurs accompliront en quelque sorte leurs propres passions et s'en libéreront.

Le grand tragédien classique est Racine. Il écrit des tragédies où les héros sont condamnés par la fatalité, enfermés dans un destin qui révèle l'absurdité de leur existence et ne peut les mener qu'à la mort.
Corneille évolue au cours de sa carrière du baroque au classique. Ses tragédies valorisent beaucoup plus le héros qui, quoique souvent condamné à une issue fatale, se réalise effectivement comme héros dans ses pièces. Corneille a d'ailleurs pu proposer l'identification au héros comme mode d'édification possible du spectateur.
Par ailleurs, se développent à l'époque classique des tragédies lyriques. Ce genre est notamment représenté par Philippe Quinault qui travaille en collaboration avec Jean-Baptiste Lully. Il mènera à la création de l'opéra français.

Comédie

La comédie de l'époque classique est très fortement dominée par la figure de Molière même si les auteurs comiques étaient fort nombreux[note 7]. La comédie est beaucoup moins encadrée par des règles explicites que la tragédie car, considérée comme un genre mineur, elle n'intéresse guère les théoriciens. On ne dispose d'ailleurs pas de la partie de la Poétique qu'Aristote aurait consacrée aux œuvres comiques[note 8].

Pour autant, un auteur comme Molière essaie de redonner une forme de noblesse à la comédie et s'inspire pour cela des règles du théâtre classique. Si l'unité d'action est rarement respectée, l'unité de lieu et de temps l'est assez souvent. Surtout, à la suite de Corneille, il travaille la comédie d'intrigue inspirée des comédies latines de Térence et Plaute[note 9]. Il s'inspire donc des Anciens. Mais il s'éloigne également de la farce pour contribuer au développement de comédies nouvelles. Elles sont fondées sur des intrigues complexes et peuvent être jouées en trois ou cinq actes. Leurs personnages ne peuvent certes pas appartenir à la grande noblesse, mais ils relèvent souvent de la bourgeoisie ou de la petite noblesse. De ce fait, si le langage est de registre courant et parfois même familier, le style n'est pas nécessairement très bas. Certaines comédies sont même écrites en alexandrins. Molière se sert des effets comiques assez grossiers hérités de la farce et de la commedia dell'arte (bastonnades, quiproquos, etc.), mais ses comédies sont à la recherche d'un équilibre qui n'est pas sans rapport avec le bon goût classique.

La dimension morale présente dans la tragédie se retrouve également dans la comédie. Les comédies se moquent en effet des défauts des hommes. Les spectateurs devraient ainsi pouvoir s'éloigner des défauts représentés en riant du ridicule des personnages. Quand Molière ridiculise l'hypocrisie des faux dévots dans Tartuffe, il espère lutter contre cette hypocrisie. La formule connue « castigat ridendo mores »[note 10] est d'origine incertaine, mais elle a été reprise par Molière. Elle exprime une idée développée par Horace dans son art poétique et résume cette volonté d'utiliser le rire comme vecteur d'instruction. Le théâtre de Molière est à la fois classique et baroque[réf. nécessaire].

Roman

Madame de La Fayette

Le roman est considéré comme un genre très mineur à cette époque. La plupart sont d'ailleurs publiés anonymement, car une personnalité un peu considérée pouvait difficilement s'avouer auteur de romans. La première partie du siècle est caractérisée par des romans très longs et très complexes. À l'âge classique, ces romans se transforment en nouvelles. Les intrigues se simplifient considérablement. Elles puisent dans un fond historique assez récent alors que les romans baroques préféraient l'Antiquité.

Saint-Réal écrit en 1672 Don Carlos, première « nouvelle historique » qui raconte l'histoire de Don Carlos d'Espagne, fils de Philippe II d'Espagne. Madame de La Fayette situera l'action de La Princesse de Clèves, chef-d'œuvre du genre, à la Cour d'Henri II de France, soit approximativement à la même époque. Ce roman représente d'ailleurs bien les ambiguïtés du classicisme, car il s'éloigne des romans sentimentaux par son volume modeste et la sobriété de son écriture, mais il reprend certains traits de la préciosité dans la peinture des sentiments. Madame de La Fayette était en effet une grande précieuse et son souci n'était pas de s'opposer en tout à une période qui l'aurait précédée.

La poésie en général

Le XVIIe est un siècle de fermentation littéraire, et l'on y voit revivre tous les genres antiques. En effet, au XVIe (période dite baroque), un certain « chauvinisme culturel » avait conduit les poètes à se servir de formes médiévales (rondeaux, triolets, madrigaux, chansons, sonnets), en réaction contre le recours systématique aux genres anciens. Le XVIIe siècle, lui, verra paraître des odes (genre déjà utilisé par Ronsard), comme celle sur la prise de Namur de Boileau, ou celles, moins connues, sur Port Royal des Champs par Racine. On voit renaître les épigrammes, comme celles de Martial ou d'Ovide, les épîtres ou les satires du style d'Horace (notamment par Boileau). L'on assiste aussi à la renaissance de l'épopée de type Homérique ou Virgilienne. Mais ce genre ne connait aucun succès. Il faut voir notamment la Pucelle de Chapelain, décriée par Racine et Boileau. Seul le Lutrin de Boileau, épopée satirique, nous reste familier. Jean Pierre Collinet, lorsqu'il a établi des éditions des œuvres de Boileau et Perrault, a fait remarquer que le XVIIe siècle est, malgré les apparences, un siècle sans poésie et que seuls La Fontaine ou Racine échapperaient à cette règle[citation nécessaire].

Autres genres

Musique classique

Dans le domaine de la musique, et plus précisément, dans celui de la musique occidentale, le mot « classicisme » revêt trois sens principaux :

  • la musique classique « au sens large » : dans cette première acception, le classicisme renvoie à la musique occidentale savante, composée depuis la fin du Moyen Âge jusqu'à nos jours — par opposition à la musique traditionnelle et à la musique populaire. On parle alors de musique classique.
  • la musique de la période classique : dans un sens plus étroit, le classicisme désigne une période précise de la musique occidentale savante, à savoir : la deuxième moitié du XVIIIe siècle. On parle alors de musique de la période classique. Elle débute avec la mort de Bach (1750) et se termine avec la mort de Beethoven (1827). Beethoven, toutefois, est un préromantique et on peut même le considérer comme le père du romantisme, la transition entre le classicisme et le romantisme.
  • s’applique à des œuvres ayant une réputation établie et impliquant la notion de modèle d'excellence.

Ici, il est question de la musique de la période classique (soit le 2e point).

Cette période est marquée par le rationalisme philosophique où l'idéal esthétique participe d'une recherche de l'équilibre. Clarté, rationalité, sobriété, simplicité et cohérence en sont les maîtres mots. Le classicisme se caractérise également par une maîtrise de l'expression et un idéal harmonique d'ordre, de naturel et de symétrie. On voit l'apparition des concerts publics. Il y a une grande admiration pour les Anciens (Grecs et Romains). La recherche de la vraisemblance, enfin, est un concept important pour la musique classique.

Le style classique viennois couvre les années 1775-1825. La période qui précède (1725-1775), transition entre le baroque et le classicisme viennois (la ville de Vienne en Autriche sert d'assise au développement du style classique), se nomme le « style galant ».

Principaux genres instrumentaux[5]
Principales formes[5]
Compositeurs représentatifs[5]

Peinture classique

De façon générale, dans l'histoire de la peinture, le classicisme peut s'entendre au moins de deux façons principales :

  • en tant que catégorie métahistorique et entendue « au sens large », la peinture classique devient synonyme de peinture académique, qui repose avant tout sur le réalisme et la figuration, et représente les choses de manière prétendument objective, traditionnelle[6], voire un peu mièvre, et ne cherche à aucun prix à provoquer de scandale. Ce sens est d'ailleurs généralement assez dépréciatif.
  • en tant que catégorie historique et entendue au sens restreint, la peinture classique est un courant artistique qui s'oppose au mouvement baroque, que ce soit au niveau de la facture, de la composition ou des sujets privilégiés[7],[8]. Après les excès du maniérisme, un certain nombre de peintres du XVIIe et XVIIIe siècles décident d'une sorte de retour à l'ordre et souhaitent retrouver l'équilibre[9] et la perfection atteinte notamment par les artistes de l'antiquité et retrouvée par les peintres de la fin de la Renaissance.

La peinture classique est fondée principalement sur l’œuvre de Raphaël, qui en demeurera la référence. Elle tend vers un idéal de perfection et de beauté, à travers des sujets nobles, de préférence inspirés de l'antiquité ou de la mythologie gréco-latine tels que les figures héroïques, les victoires ou la pureté des femmes.

Les peintres classiques cherchent à symboliser le triomphe de la raison sur le désordre des passions : la composition et le dessin doivent primer la couleur, le concept la séduction des sens[10]. C’est pour cela que des règles précises et strictes doivent exprimer la représentation de la nature. La composition est donc presque toujours symétrique ou – au moins – équilibrée, et les personnages toujours ramenés à des proportions plus réduites et représentés en pied, le hors-cadre étant quasiment banni. D'autre part le décor, et tout particulièrement la nature, doivent refléter le sujet principal, lui faire écho en reprenant les mêmes thèmes[11].

La peinture classique porte à la méditation et étudie les maîtres nouveaux pour exprimer la morale et, par ailleurs, le drame[12]. Les cortèges triomphaux occupent une large place, ainsi que les sujets qui exaltent les sentiments nobles.

Parmi les plus grands représentants de la peinture classique, on compte un grand nombre de peintres français, le mouvement ayant une influence considérable dans le pays grâce à la prédominance[13] du classicisme en architecture[14] sous le règne de Louis XIV[15]. On citera notamment Philippe de Champaigne, Nicolas Poussin et Charles Le Brun.


Sculpture classique

Groupe du Laocoon, attribué à Agésandros, Athénodore et Polydore, copie d'une œuvre hellénistique datant d'environ 220 av. J.-C., musée Pio-Clementino, Vatican.

Le terme de sculpture classique désigne une forme et un style de sculpture correspondant à celle produite dans la Grèce antique, la Rome antique et les civilisations sous le contrôle ou l'influence hellénistique et romaine entre le Ve siècle av. J.-C. et la chute de Rome en 476. Cela désigne également des sculptures plus récentes, réalisées selon un style classique, c'est-à-dire inspirées de l'Antiquité. La sculpture classique était d'ailleurs très populaire pendant la Renaissance.

Outre les statues sur pied, le terme regroupe également les sculptures en reliefs, comme les célèbres marbres d'Elgin du Parthénon, ainsi que les bas-relief. Alors que les œuvres sculpturales insistent sur la forme humaine, les reliefs sont généralement plutôt utilisés pour concevoir des scènes décoratives.

Architecture classique

Façade Ouest du château de Versailles

L’architecture classique française est issue de l’admiration et de l’inspiration de l’Antiquité. Elle fut inventée pour magnifier la gloire de Louis XIV puis rayonna dans toute l’Europe. Cette architecture devient à l’étranger le reflet de la puissance du roi de France.

L’esthétique de cette architecture se rapproche des canons grecs et romains reconnus comme des références idéales. Elle puise aussi ses origines des éléments de la Renaissance.

L’architecture classique se caractérise par une étude rationnelle des proportions héritées de l’Antiquité et par la recherche de compositions symétriques. Les lignes nobles et simples sont recherchées, ainsi que l’équilibre et la sobriété du décor, le but étant que les détails répondent à l’ensemble. Elle représente un idéal d’ordre et de raison.

L’influence des châteaux tels que ceux de Versailles (Louis Le Vau, François II d'Orbay, Jules Hardouin-Mansart), du Grand Trianon (Jules Hardouin-Mansart) ou de Vaux-le-Vicomte (Louis Le Vau) est à l’origine du rayonnement de cette architecture à l’étranger.

Notes et références

Notes

  1. Voir notamment Ferdinand Brunetière et Gustave Lanson.
  2. La Phèdre de Racine ou la Princesse de Clèves de Madame de La Fayette sont toutes deux traversées de passion violente, mais les œuvres qui les portent s'attachent à disséquer les ressorts de ces passions de sorte à les comprendre.
  3. On parle d'ailleurs à propos de ces œuvres de pièces à machines. Clitandre, l'une des premières pièces de Corneille et un grand succès de théâtre en est un bon exemple.
  4. Disponible en version texte sur le site Gallica.
  5. Dans l'idéal, l'action devrait donc se dérouler dans un temps égal à celui de la représentation, mais cette règle a été assouplie dès Aristote qui a écrit qu'elle devait se dérouler en une « révolution de soleil ».
  6. Esther de Racine par exemple.
  7. En effet, même si la tragi-comédie au début du siècle et la tragédie à la fin du siècle parviennent à se faire une place sur scène, c'est de loin la comédie qui rencontre le plus de succès et qui est la plus jouée au XVIIe siècle.
  8. Elle a pourtant a priori existé. La manière dont elle aurait pu disparaître de la culture occidentale a fourni à Umberto Eco l'idée de départ du Nom de la rose.
  9. L'Avare est ainsi une forme de réécriture de l’Aulularia de Plaute.
  10. Il (le poète) réforme les mœurs en riant.

Références

  1. Voir Dictionnaire historique de la langue française sous la direction d'Alain Rey.
  2. Voir T.S. Eliot, What is a classic?
  3. La littérature française du XVIIe siècle, coll. Que sais-je ?, PUF, p. 58.
  4. De la connoissance des bons livres, 1671.
  5. Littérature musicale 1
  6. Petit Larousse 2005, sous la direction de Philippe Merlet, Larousse, Paris, 2004, (ISBN 2-03-530205-6) p. 252 et 253.
  7. Véronique Gérard Powell, in Baroque ou classique ?, Histoire de l'Art, 1000 - 2000, sous la direction d'Alain Mérot, nouvelle édition revue et corrigée, Éditions Hazan, Paris, 1999, (ISBN 2 85025 711 7) p. 234.
  8. Patrick Weber, Histoire de l'art et des styles, Architecture, peinture, sculpture, de l'Antiquité à nos jours, Librio/Flammarion, Paris, 2005, p. 55.
  9. Pierre Cabanne, in Le grand siècle du classicisme, Histoire de l'Art, du Moyen Âge à nos jours, ouvrage collectif, Larousse/VUEF, Paris, 2003, (ISBN 2-03-505415-X) p. 309 et 314.
  10. Pierre Cabanne, in Le grand siècle du classicisme, Histoire de l'Art, du Moyen Âge à nos jours, ouvrage collectif, Larousse/VUEF, Paris, 2003, (ISBN 2-03-505415-X) p. 309.
  11. Pierre Cabanne, in Le grand siècle du classicisme, Histoire de l'Art, du Moyen Âge à nos jours, ouvrage collectif, Larousse/VUEF, Paris, 2003, (ISBN 2-03-505415-X) p. 311.
  12. Véronique Gérard Powell, in Baroque ou classique ?, Histoire de l'Art, 1000 - 2000, sous la direction d'Alain Mérot, nouvelle édition revue et corrigée, Éditions Hazan, Paris, 1999, (ISBN 2 85025 711 7) p. 237.
  13. Patrick Weber, Histoire de l'art et des styles, Architecture, peinture, sculpture, de l'Antiquité à nos jours, Librio/Flammarion, Paris, 2005, p. 57.
  14. Véronique Gérard Powell, in Baroque ou classique ?, Histoire de l'Art, 1000 - 2000, sous la direction d'Alain Mérot, nouvelle édition revue et corrigée, Éditions Hazan, Paris, 1999, (ISBN 2 85025 711 7) p. 266.
  15. Petit Larousse 2005, sous la direction de Philippe Merlet, Larousse, Paris, 2004, (ISBN 2-03-530205-6) p. 253.

Voir aussi

Musique

  • Carole Grégoire, Littérature musicale 1, Module 6 le Classicisme, Cégep de St-foy, Québec, Canada, p. 98 à 104, 2008

Littérature

Textes du XVIIe siècle
  • Anthologie, Écrire au XVIIe siècle, presses pocket, collection agora, 1992.
  • Abbé d'Aubignac, La Pratique du théâtre (disponible sous Gallica)
  • Boileau, Art poétique.
  • Corneille, Trois discours sur l'art dramatique (il en existe une édition en GF.)
  • Jean Chapelain, préface de La Pucelle ou la France délivrée.
  • Vaugelas, Remarques sur la langue française.
Textes contemporains
  • Dictionnaire des genres et notions littéraires, Encyclopædia Universalis, Albin Michel.
  • Histoire de la littérature française dirigée par Pierre Brunel chez Bordas.
  • Itinéraires littéraires XVIIe siècle chez Hatier, dirigé par Robert Horville.
  • Volume XVIIe siècle, 1600-1699 par Odile Biyidi de la collection Histoire de la littérature française, 1987.
  • La Littérature française du XVIIe siècle par Roger Zuber, collection Que sais-je, PUF, 1993.
  • Antoine Adam, Histoire de la littérature française au XVIIe siècle, Paris, Albin Michel, 1997.
  • Histoire de la littérature française du XVIIe siècle, par Jean Rohou, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2001.
  • P. Bénichou, Morales du grand siècle, 1948, existe en folio essais.
  • René Bray, La Formation de la doctrine classique en France, Hachette, 1927. Payot, Lausanne, 1931 Nizet, (plusieurs rééditions entre les années 1940 et 70).
  • Sabine Chaouche, L'Art du comédien, Déclamation et jeu scénique en France à l'âge classique, 1629-1680, [2001] 2013.
  • A. Génétiot, Le Classicisme, collection Quadrige chez PUF, 2005.
  • M. Fumaroli, Critique et création littéraire en France au XVIIe siècle, 1977.
  • Littératures classiques no 19, 1993, Qu'est-ce qu'un classique? sous la direction d'Alain Viala.
  • Littératures classiques no 34, 1998, La Périodisation de l'âge classique, sous la direction de Jean Rohou.
  • H. Peyre, Qu'est-ce que le classicisme?, 1965.XVIIe siècle
  • Jean Rohou, Le Classicisme, Rennes, Presses universitaires de Rennes,2004.
  • Jean Rohou, La Tragédie classique (1560-1793), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2009.
  • J. Rousset, L'Intérieur et l'Extérieur, 1968.
  • J. Truchet, La Tragédie classique en France, 1975.
  • R. Zuber, Les « Belles infidèles » et la formation du goût classique, 1968.
  • Roger Zuber et Micheline Cuénin : Le Classicisme, Paris, Flammarion, « GF », 1998.

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