Claude Fauchet (1744-1793)
Claude François Fauchet, né à Dornes le et mort guillotiné le , à Paris, est un révolutionnaire et un évêque constitutionnel français.
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Claude Fauchet | ||||||||
Biographie | ||||||||
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Naissance | Dornes |
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Décès | Paris |
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Évêque de l'Église catholique | ||||||||
Evêque constitutionnel du Calvados | ||||||||
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Autres fonctions | ||||||||
Fonction laïque | ||||||||
Député à l'Assemblée législative puis à la Convention. | ||||||||
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Biographie
Il est le fils de Nicolas Fauchet, marchand aisé, et de sa seconde épouse, Anne Ligier/ Léger. En 1788, alors qu'il propose à Bernardin de Saint-Pierre d'épouser une de ses nièces, il déclare qu'il a reçu 20000 livres d'héritage familial et tire 900 livres de revenus annuels de ses biens personnels, indépendamment de ses revenus d'Église[1].
Fauchet se voua à l’état ecclésiastique après de brillantes études. Entré dans la communauté libre des prêtres de Saint-Roch à Paris, l’abbé Fauchet devint vicaire de l’église Saint-Roch de Paris et fut engagé par le marquis de Choiseul, frère du ministre de Louis XV, pour être le précepteur de ses enfants, fonction qui s’avéra pour lui le premier pas vers la fortune. Il avait à peine trente ans lorsqu’il prononça le panégyrique de saint Louis à l’Académie française. Il fut bientôt nommé grand-vicaire de l’archevêque de Bourges Phélypeaux, puis prédicateur du roi et abbé de Montfort-Lacarre, en Bretagne.
Il prononça, en 1785, l’oraison funèbre du duc d’Orléans petit-fils du régent, et l’année suivante celle de l’archevêque Michel Phélypeaux. En 1788, ce fut lui qu’on chargea du dernier sermon de la fête de la Rosière à Suresnes. Il manifesta, à cette occasion, l’influence que les idées nouvelles prenaient sur lui, en donnant à son discours, malgré l’innocence du sujet, une teinte politique et faisant allusion aux événements du jour. Cette manifestation, qui fut suivie de plusieurs autres, où l’abbé Fauchet témoigna hautement son enthousiasme pour les nouvelles doctrines, excita le mécontentement de la cour, et il fut rayé de la liste des prédicateurs du roi en 1788.
Peut-être initié à la Franc-maçonnerie[2](mais sans qu'on ait pu jusqu'à maintenant en produire une preuve documentaire), il a pour ambition de la "fusionner" au Christianisme[3].
Quand la révolution éclata, elle le trouva prêt à aider de son action ce mouvement rénovateur. En 1789, il anima de sa parole brûlante les assemblées primaires et les sections de Paris, et fut un de ceux qui conduisirent le peuple à l’attaque de la Bastille, où, le sabre en main, il guida la députation qui venait sommer le gouverneur de rendre la forteresse. Le il prononça dans l'église Saint-Jacques-la-Boucherie un discours éloquent en guise d’oraison funèbre pour les citoyens tués le 14 juillet, prenant comme point de départ les mots de saint Paul : « Vous avez été appelés à la liberté ».
Il bénit le drapeau tricolore de la Garde nationale et, en septembre, fut élu à la Commune de Paris, dont il se retira en octobre 1790. L’hiver suivant, il organisa à l’intérieur du Palais-Royal le Cercle social ou « Confédération universelle des Amis de la Vérité », où il présida des réunions très courues sous le titre qu’il s’était attribué lui-même de « procureur général de la Vérité ».
Il coopéra à la réorganisation de l’Église, en composant le livre de la Religion nationale, qui fut distribué dans les départements et où il provoquait le renouvellement de sa discipline et des modifications dans ses rapports avec l’État. On peut rapporter à la même époque ses trois Discours sur la liberté et le Discours sur l’accord de la religion et de la liberté. Fauchet voyait dans ces questions, qui touchaient à ce que la conscience a de plus intime, le nœud des événements contemporains. Le , il prononça dans l’église Saint-Étienne-du-Mont l’Oraison funèbre de l’abbé de L’Épée, et le 21 juillet suivant, l’Éloge de Franklin ; l’un et l’autre ont été imprimés.
Dans chacune de ces productions, l’abbé Fauchet suit la marche ascendante des événements par une progression d’ardeur dans les opinions. À cette époque Fauchet, orateur du club de La Bouche de fer, prenait une part très active à la rédaction du journal de ce nom, journal écrit d’une manière où l’emphase s’unit au mysticisme. Malgré tout, les évènements marchèrent plus vite que ses opinions et la dernière occasion dans laquelle il entraîna le public avec lui fut un sermon prêché à Notre-Dame le .
En , il fut élu évêque constitutionnel du Calvados. Pendant le cours de son épiscopat, il publia une brochure en faveur de la loi agraire. Poursuivi pour cette œuvre, il n’en fut pas moins appelé par les électeurs de son département à la présidence de leur assemblée électorale et envoyé député à l’Assemblée législative puis à la Convention. Dans cette assemblée, il vota contre le traitement fait aux prêtres insermentés, prétendant qu’on ne devait pas payer ses ennemis. Le Calvados le renvoya encore à la Convention. Zélé républicain, mais ennemi des excès, il vit d’un œil inquiet les tendances effrénées des exaltés, et se rapprocha dès lors des Girondins.
À l’occasion du jugement de Louis XVI, il vota pour l’appel au peuple, la prison et le bannissement après la guerre. Il fut un des très rares députés qui s'abstinrent dans le tout premier appel nominal, relatif à la culpabilité du roi. Il protesta, le , dans le Journal des amis, contre l’exécution de Louis XVI, qui l’affligea profondément. Ses tendances politiques s’en ressentirent ; il vota, le mois suivant, contre le mariage des prêtres et pour le maintien du culte catholique et fut dénoncé à la Convention pour avoir interdit aux prêtres mariés d’exercer leurs fonctions dans son diocèse.
L'abbé Fauchet ayant développé les opinions qu’il avait déjà manifestées à la tribune et dans ses derniers votes dans le Journal des amis, cette conduite et son alliance avec la faction girondine, de laquelle il se rapprochait de plus en plus et dont il partageait le fédéralisme, lui attirèrent la haine de la Montagne. Compris dans la liste des vingt-et-un députés dont le parti montagnard demandait la proscription, il brava les premières dénonciations faites contre lui, et continua à exercer les fonctions de secrétaire de l’assemblée, qui lui avaient été déférées, jusqu’à la séance du , où les girondins furent décrétés d’accusation.
Indigné de ce décret et pressentant le sort qui l’attendait, Fauchet abandonna le bureau de la Convention, et déclara qu’il allait se mettre sous la sauvegarde du peuple. Mais il vit en cette occasion combien la popularité est mensongère : la faveur du peuple était ailleurs. On le conjura de fuir, il refusa. « J’ai bien gâté ma vie, dit-il à ceux qui le pressaient de quitter la France ; mais, quoi qu’il puisse arriver, je ne me déterminerai jamais à colporter mon existence à l’étranger, convaincu que je ne pourrais espérer une hospitalité digne de mon ancienne position. »
Cependant le parti montagnard ne s’endormait pas, et provoquait de toutes ses forces la mise en accusation des girondins arrêtés le . Le 15 juillet, Chabot accusa à la tribune l’abbé Fauchet d’avoir soutenu le mouvement fédéraliste à Caen et d'avoir été complice de l’attentat de Charlotte Corday. Ce qui prêtait à cette accusation, c’est que le jour même de l’arrivée de Charlotte à Paris, le , il aurait conduit cette dernière à la Convention. Cette allégation, s'appuyant sur le témoignage plus que douteux d'une "patriote", la citoyenne Adrienne Lebourgeois, reposait sur la supposition que la jeune Normande, ne connaissant personne à Paris, se serait adressée de préférence, pour être introduite dans les tribunes, à l’évêque de son pays. Fauchet, qui nia farouchement cette connivence, fut libéré quelque temps après.
Compris dans le décret d’accusation lancé contre la Gironde en , Fauchet fut à nouveau enfermé à la Conciergerie.
D'après une lettre de l’abbé Lothringer, du , insérée au tome IV des Annales catholiques, saisi dans sa prison d’un vif repentir, Fauchet se serait rétracté de toutes ses erreurs, aurait fait abjuration de son passé révolutionnaire, et, rentré entièrement dans le sein de la religion, il se serait confessé et aurait confessé lui-même Sillery. Mais l’origine de ce document rend la première partie au moins de ces assertions plus que suspecte.
Les débats du procès des girondins furent courts, bien que trop longs au gré de la Montagne. Traduits devant le tribunal révolutionnaire le 25 octobre, ils furent déclarés coupables et condamnés à mort le 30 (9 Brumaire An II). Le lendemain 31 (10 Brumaire An II), leur tête tombait sous le couperet, et celle de l’abbé Fauchet avec elles.
Tous les discours ou les sermons précédemment mentionnés plus haut, ainsi que la brochure de la Religion nationale, ont été livrés à l’impression du vivant de l’auteur. Pour compléter ses titres littéraires, il suffit d’ajouter qu’on lui doit une partie du texte du Tableau de la Révolution (1790-1791).
Notes
Œuvre
- De la religion nationale, Paris, 1789
- Oraison funèbre de Charles-Michel de l'Epée [abbé de l'Épée], prononcée dans l'église parisienne de Saint-Etienendu Mont le
- Éloge civique de Benjamin Francklin [sic], prononcé, le , prononcé dans la Rotonde, au nom de la Commune de Paris
- Tableaux historiques de la Révolution française, Paris, Pierre Didot, 1798.
Bibliographie
- Ferdinand Hoefer, Nouvelle Biographie générale, t. 17, Paris, Firmin-Didot, 1856, p. 212-3.
- « Claude Fauchet (1744-1793) », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition]
- Jean Cornillon, L'abbé Cl. Fauchet: prédicateur du roi, membre de la Commune de Paris, evêque constitutionnel du Calvados, député à la Legislative et à la Convention nationale, Librairie historique du Bourbonnais, 1908.
- Jules Charrier, Claude Fauchet, évêque constitutionnel du Calvados, député à l'Assemblée législative et à la Convention (1744-1793), Paris, Honoré Champion, 1909, t.1, XV-397 p., et t.2, 373 p. Numérisé sur archives.org
- Marcel Dorigny, « Fauchet Claude », in Albert Soboul (dir.), Dictionnaire historique de la Révolution française, Paris, PUF, 1989, p. 436-437.
- Rita Hermon-Belot, « L'abbé Fauchet », dans François Furet et Mona Ozouf (dir.), La Gironde et les Girondins, Paris, Payot, coll. « Bibliothèque historique Payot », , 468 p. (ISBN 2-228-88400-6, présentation en ligne), p. 329-349
Articles connexes
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