Claude de Rouvroy de Saint-Simon

Claude de Rouvroy, comte de Rasse puis duc de Saint-Simon ( - ) fut un favori du roi Louis XIII. Il est un frère cadet de Charles de Rouvroy, marquis de Saint-Simon (1601-1690).

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Claude de Rouvroy de Saint-Simon

Gravure d'après un tableau de Simon Vouet, 1634.

Titre Comte de Rasse
1er Duc de Saint-Simon et pair de France
(-1693)
Autres titres Vicomte de Clastres
Baron de Benay
Vidame de Chartres
Seigneur de La Ferté-Arnault et de Beaussart
Commandement Gouverneur des villes, château et comté de Blaye,
de Saint-Germain-en-Laye
et de Versailles
Faits d'armes Siège de La Rochelle (1627-1628)
Distinctions Ordre du Saint-Esprit
(Chevalier)
Autres fonctions Grand louvetier de France
Biographie
Dynastie Maison de Rouvroy de Saint-Simon
Naissance
Décès
Paris
Père Louis de Rouvroy de Saint-Simon, seigneur du Plessier (vers 1568-1643)
Mère Denise de La Fontaine
Conjoint 1° Diane Henriette de Budos (1629-1670)
2° Charlotte de L'Aubespine (vers 1640-1725)
Enfants Gabrielle Louise (1646-1684)
Louis (1650-1651)
Marie Madelaine (1659-1665)
Louis (1675-1755)

Il est le père du célèbre Saint-Simon, dont les Mémoires constituent l'un des témoignages les plus complets du règne de Louis XIV et un monument de la littérature française.

Biographie

Il est fils de Louis II de Rouvroy dit "de Saint-Simon" et de Denise de la Fontaine de Lesches épousée en 1594[1]. Son père, dont la famille est d'origine picarde, sort ruiné par les guerres de religion, Claude de Saint-Simon est placé comme page de la petite écurie au service de Louis XIII dont il sait vite conquérir l'amitié. Selon le caustique Tallemant des Réaux, la qualité essentielle du jeune Claude est de « ne point baver dans le cor du roi[2] », mais surtout de suivre fidèlement le roi dans toutes ses campagnes. Le mémorialiste Saint-Simon, son fils, rapporte quant à lui que son père avait eu l'idée de présenter un cheval de relais au roi non pas côte à côte, mais tête-bêche, pour qu'il put l'enfourcher sans mettre pied à terre ; de là le roi le remarqua puis le prit en affection[3]. Claude apporte au monarque quelques bons conseils comme celui de soutenir Richelieu lors de la Journée des Dupes. En 1627 il devient premier écuyer de France, puis Grand louvetier de France en 1628 et premier gentilhomme de la Chambre du roi. Il se distingue au Siège de La Rochelle et reçoit la seigneurie d'une partie de la ville. En 1630 il est fait gouverneur de Blaye et des châteaux de Saint-Germain et de Versailles. Enfin, en janvier 1635 il est porté au rang de duc et pair sous le titre de duc de Saint-Simon et reçoit l’ordre du Saint-Esprit. Mais il est disgracié en 1636, pour avoir défendu le baron de Saint-Léger, son oncle, qui avait trop vite rendu une place forte[4].

Juste avant sa disgrâce, Claude était visible dans les divertissements de la cour. Il intervint trois fois dans le Ballet du Roy ou la Vieille cour (dit aussi Ballet des Triomphes) joué à Paris en  ; il prit un autre rôle dans le Ballet de la Merlaison donné à Chantilly puis à Royaumont en . Il serait enfin à l’origine du Ballet des Sottises (Saint-Germain-en-Laye, )[5]. C’est aussi à Claude de Rouvroy qu’on doit d’avoir présenté le chanteur Pierre de Nyert à Louis XIII, en 1635.

De 1636 à 1643 il est exilé à Blaye, territoire qu'il gouverne et dont il tire de substantiels revenus (60 000 livres annuelles) en mettant en culture les 8 000 ha de son marais[6]. Lorsqu'il peut revenir à la Cour, il assiste à la mort de Louis XIII. Il se tient dès lors à l'écart des affaires politiques, bien qu'il prenne le parti d'Anne d'Autriche et de Mazarin lors de la Fronde. Il réside alors dans son château de La Ferté-Vidame (acquis en 1635)[7], village dont il fait reconstruire l'église. Il épouse Diane Henriette de Budos le à Saint-Maximin près de Senlis. Celle-ci décède en 1670 à Paris et est inhumée dans la cathédrale de Senlis. En 1672, inquiet de ne pas avoir d'héritier mâle, son premier mariage n'ayant donné qu'une fille, il se remarie à soixante-sept ans avec Charlotte de L'Aubespine de Châteauneuf. Son fils Louis, le célèbre mémorialiste, naît le  ; le duc Claude le titre vidame de Chartres. Dès lors Claude consacre tous ses efforts à bien éduquer et placer son fils, et meurt en 1693, juste après la nomination au grade de capitaine du vidame de Chartres, dès l’abord bien accueilli par Louis XIV, eu égard à la considération qu’il réservait au père. Le baptême de son fils Louis de Saint-Simon, né le , paroisse Saint-Sulpice à Paris, a lieu dans la chapelle du Château de Versailles le par Monseigneur l'éminentissime cardinal de Bouillon; sa mère est Dame Charlotte de Laubespine ; les parrains et marraines sont les Majestés Louis XIV et Marie-Thérèse d'Autriche.

Armoiries

Écartelé, aux 1 et 4, parti, a, échiqueté d'or et d'azur, au chef d'azur, chargé de trois fleurs-de-lis d'or (de Vermandois), b, de sable, à la croix d'argent chargé de cinq coquilles de gueules (de Rouvroy) ; aux 2 et 3 d'or à la fasce de gueules (de Havesquerke-Rasse) ; sur le tout losangé d'argent et de gueules, à un chef d'argent (La Vacquerie)[8]. Attention toutefois, il s'agit certainement d'une mauvaise lecture (voir son frère Charles) au lieu de : sur le tout, losangé d'argent et de gueules au chef d'or, qui sont les armes de la seigneurie de Précy, tenue depuis leur ancêtre Gilles de Saint-Simon, et qui figurent sur toutes les armoiries familiales par ailleurs, Gilles ayant reçu l'obligation de les inclure dans ses propres armes lorsque Louis de Précy, son cousin, lui fit don de la seigneurie le .

Notes et références

  1. AUBERT de La CHESNAYE-DESBOIS (Franc̜ois Alexandre), (1788), t. 12, p. 805.
  2. Gédéon Tallemant des Réaux, Historiettes, éd. Antoine Adam. Paris : Gallimard, 1960.
  3. Saint-Simon, Mémoires, éd. Cheruel, 1858, tome I chapitre IV
  4. Georges Poisson, Monsieur de Saint-Simon. Paris : Berger Levrault, 1973, p. 10.
  5. Voir Hourcade 1993 pour le détail des rôles et McGowan 1963 p. 301-303 sur les ballets cités. Plus tard, son épouse Diane de Budos tint le rôle de Calliope dans le Ballet des Noces de Thétis et Pelée (Paris, avril 1654).
  6. Saint-Simon à La Ferté-Vidame
  7. François Formel-Le Vavasseur, Le Duc de Saint-Simon, comte de La Ferté-Vidame, mémorialiste et épistolier, éd. BoD, 2009, disponible sur Google Books, 332 p., (ISBN 978-2-8106-0354-1) (voir p. 63-73)
  8. Alphonse Fourtier, Les Grands louvetiers de France. Paris : J.-B. Dumoulin, 1868

Bibliographie

Édition de textes

  • Saint-Simon (Duc de). Les Siècles et les jours : lettres (1693-1754) et Note "Saint-Simon" des Duchés-pairies, etc. Textes établis, réunis et commentés par Yves Coirault. Préface d’Emmanuel Le Roy Ladurie. Paris : Éditions Honoré Champion, 2000. 1064 p., (ISBN 978-2-7453-0251-9).
  • Saint-Simon (Duc de). Hiérarchie et mutations : écrits sur le kaléidoscope social. Textes établis, réunis et commentés par Yves Coirault. Paris : Éditions Honoré Champion, 2002. 424 p., (ISBN 978-2-7453-0545-9).

Références

  • Josette Boudrie, « Portrait du père dans les Mémoires de Saint-Simon ». Mémoire de maîtrise, Université de Clermont, 1970. Exemplaires dactylographiés déposés à la bibliothèque de Clermont et à l’Institut de Français.
  • Johel Coutura, « La citadelle de Blaye » in Cahiers du Vitrezais, 1980, p. 14-35.
  • Johel Coutura, « Autour du blason de Claude de Saint-Simon », in Sud-Ouest, , article également inséré dans la réédition de l’ouvrage de l’Abbé Bellemer : Histoire de la ville de Blaye, 1886 (rééd. Montpensier, 1975), avec un avertissement par Johel Coutura et « Blason », p. XXV-XXIX.
  • Johel Coutura, « Les Saint-Simon en Blayais et Vitrezais », in Cahiers Saint-Simon 7 (1979), p. 3-9.
  • Johel Coutura, « Claude de Rouvroy, premier duc de Saint-Simon », in Cahiers Saint-Simon 8 (1980), p. 75-87.
  • Johel Coutura, « Le château de Blaye », in Cahiers Saint-Simon 12 (1984), p. 93-104 (clichés et plans).
  • Johel Coutura, « Blaye, exemple de l’application tranquille de l’édit de Fontainebleau » in Cahiers Saint-Simon 13, 1985, p. 11-15.
  • Johel Coutura, « Correspondance, colligée et annotée du duc Claude (1ère partie : 1628-1643) » in Cahiers Saint-Simon 15, 1987, 80 p. sur 2 colonnes.
  • Johel Coutura, « Correspondance », suite, in Cahiers du Vitrezais 96 (2006), « année 1653 : - », et 97 (2007), « année 1652 :- ».
  • Johel Coutura, Claude de Saint-Simon, favori de Louis XIII (1626-1643). Marcillac : Ed. du Glorit et chez l’auteur, 1986, VII et 443 p. (quelques exemplaires multigraphiés, en prévision d’un imprimé. Exemplaire à Paris BNF : 4- LN27- 95067).
  • Johel Coutura, « Claude de Saint-Simon, témoin de la Fronde à Bordeaux », in Annuaire-Bulletin de la Société de l’Histoire de France (1985-1986), 1988, p. 75-94.
  • Johel Coutura, « De la volupté à la disgrâce, Claude de Saint-Simon dans le flanc du roi (1626-1643) » in Cahiers Saint-Simon 17 (1989), p. 61-84.
  • Johel Coutura, « Duc Claude de Saint-Simon » in Cahiers Saint-Simon 21 (1993) [numéro spécial pour le tricentenaire de sa mort : articles de Pierre Chevalier, François Formel, Hubert Carrier, Hélène Himelfarb et Johel Coutura, organisateur de la journée au Collège de France].
  • Johel Coutura et François Formel, [Contributions sur les sources et archives, p. 1 à 94, d’après l’inventaire après décès de Louis, duc de Saint-Simon, aperçu de gestion domaniale en Blayais, au minutier central des Archives Nationales et en complément, analyse d’une « source fondamentale pour l’étude du Blayais et du Vitrezais : le fonds La Force aux Archives Nationales], in Cahiers du Vitrezais 39 ().
  • François Formel, Alliance et généalogie à la cour du Grand Roi : le souci généalogique chez Saint-Simon. In Saint-Simon (duc de), Mémoires tomes 23 et 24. Paris : Éd. du Tricentenaire, 1983-1984, XIX-1182 et 1054 p. [Édition d'une thèse de l'Université de Paris IV - Sorbonne. Sur le duc Claude, voir t. 24 p. 34-58 (généalogie et famille), p. 151-152 (iconographie), p. 405-408 (héraldique et armoiries), p. 527 et suiv. (table généalogique).
  • François Formel, « La disgrâce du duc Claude de Saint-Simon, d’après une lettre autographe inédite () » in Cahiers Saint-Simon 2 (1974) p. 47-50.
  • Philippe Hourcade, « Présence des Saint-Simon dans les ballets du roi », in Cahiers Saint-Simon 21 (1993), p. 67-74.
  • Margaret McGowan, L’art du ballet de cour en France : 1581-1643. Paris : CNRS, 1963, repr. 1978.
  • Georges Poisson, « Une correspondance inédite avec l’Abbé de Rancé », lettres du duc Claude et de son fils au réformateur de La Trappe, Cahiers Saint-Simon 1 (1973), p. 5 et suiv.

Voir aussi

Articles connexes

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