Colonie de Madagascar et dépendances

La colonie de Madagascar et dépendances est une colonie française ayant existé de 1897 à 1946, avant de devenir un territoire d'outre-mer jusqu'à 1958. Elle administrait le territoire de l'ancien protectorat français de Madagascar, auquel ont été rattachés successivement d'autres territoires sous souveraineté française, qualifiés de dépendances : l'archipel des Comores (dont Mayotte et les îles Glorieuses), l'atoll Bassas da India, l'île Juan de Nova, l'île Europa, le territoire antarctique de la Terre Adélie ainsi que les territoires subantarctiques des île Amsterdam, île Saint-Paul, archipel des Crozet et archipel des Kerguelen.

Colonie de Madagascar

1897–1958


France

Sceau
Hymne La Marseillaise
La colonie de Madagascar et dépendances en 1930
Informations générales
Statut Colonie (1897-1946)
Territoire d'outre-mer (1946-1958)
Capitale Tananarive
Langue(s) Français
Monnaie Ariary
Démographie
Population (1950) 4 182 000
Densité (1950) 7 hab./km2
Superficie
Superficie 594 890 km2
Histoire et événements
28 février 1897 Création de la colonie
1912 Intégration des Comores
27 octobre 1946 Les Comores deviennent un territoire d'outre mer
1947 Insurrection malgache
14 octobre 1958 La République malgache devient un État autonome membre de l'Union française
Gouverneur général
1897–1905 Joseph Gallieni
Premier ministre
1957-1958 Philibert Tsiranana

Historique

Cette colonie est fondée lorsque la France condamne à l'exil la reine Ranavalona III et met fin à l'autonomie de l'ancien protectorat dont le territoire correspondait à la fusion de l'ancien Royaume merina et des établissements Français de Diego Suarez, de Nosy-Be et de l'Île Sainte-Marie. Elle disparaît à la suite de l'approbation, le 28 septembre 1958, du référendum sur la Communauté française, la colonie étant de fait dissoute et la république de Madagascar est proclamée le 14 octobre 1958 sur le territoire de l'ancien protectorat.

La « pacification » conduite par l'administration française dura une quinzaine d'années, en réponse aux guérillas rurales dispersées dans le pays. Au total, la répression de cette résistance à la conquête coloniale fit entre 100 000 et 700 000 victimes malgaches[1].

D’immenses concessions minières et forestières furent accordées à de grosses sociétés. Les chefs indigènes loyaux envers l'administration française se virent également accorder une partie des terres. Le travail forcé fut instauré en faveur des compagnies françaises et les paysans se virent incités, à travers l'impôt, à se salarier (notamment dans les concessions coloniales) au détriment des petites exploitations individuelles[1].

L’administration coloniale continue la « politique des races » promue par le maréchal Gallieni lors de la conquête en 1896, en opposant les Merinas des hautes terres centrales, jugés hostile à la colonisation, aux populations côtières, décrites comme moins « évoluées » mais plus « dociles »[2].

Les années 1940 virent le mouvement anti-colonial malgache gagner en dynamisme. Le syndicalisme malgache commença à apparaitre dans la clandestinité et le Parti communiste de la région de Madagascar se constitue. Mais dès 1939, toutes les organisations furent dissoutes par l’administration de la colonie, qui opta pour le régime de Vichy[1].

Le retour des combattants malgaches enrôlés durant la Seconde Guerre mondiale, les conditions de vie misérables des populations indigènes et le militantisme des mouvements anti-colonialistes favorisèrent l’aspiration à l'indépendance et précipitèrent le déclenchement de l’insurrection[1].

En mars 1947, l'Insurrection malgache éclata, entraînant une répression sanglante par l'armée française qui fit plusieurs dizaines de milliers de morts. Aux termes de la légende noire du colonialisme, la répression fut accompagnée d'exécutions sommaires, de tortures, de regroupements forcés et d'incendies de villages. L'armée française expérimenta la « guerre psychologique » : des suspects furent jetés, vivants, depuis des avions afin de terroriser les villageois dans les régions d’opération[1].

Géographie

Liste des territoires de la Colonie de Madagascar et dépendances
Nom actuel Surface (km²) Entité précédente Rattaché Détaché Entité suivante
Madagascar 587 040 Protectorat de Madagascar République malgache
Mayotte 374 Colonie de Mayotte et dépendances Territoire des Comores
Anjouan 424
Grande Comore 1 148
Mohéli 290
Îles Glorieuses (incluant le Banc du Geyser) 7 Administration dédiée au Préfet de la Réunion
Bassas da India 0,2 Administration directe du Ministère français des colonies Octobre 1897
Île Europa 30
Île Juan de Nova 4,4
Terre Adélie 432 000 Terres australes et antarctiques françaises
Île Amsterdam 58
îles Crozet 352
Îles Kerguelen 7 215
Île Saint-Paul 8

En 1926, mise en place de l'état civil pour le recrutement extérieur des citoyens français à fin de conscription.

Le découpage territorial

IIIe circonscription

La troisième circonscription est formée par l'archipel des Comores. Le rattachement est très vite contesté par les habitants de l'archipel, tant par les « indigènes » que par les colons. En 1946, l'archipel obtient le statut de territoire d'outre-mer.

Gouverneurs et Hauts commissaires de la colonie

Les résidents et gouverneurs de la période coloniale étaient[3] :

Début du mandat Fin du mandat Nom Titre
6 août 1896, annexion par la France
28 février 1897, fin officielle du protectorat français de Madagascar et création de la colonie de Madagascar et dépendances
6 août 1896 31 juillet 1897 Joseph Simon Gallieni Gouverneur militaire
31 juillet 1897 25 avril 1899 Joseph Simon Gallieni Gouverneur général
25 avril 1899 juillet 1900 Théophile Noël Daniel Pennequin Gouverneur général par intérim
juillet 1900 11 mai 1905 Joseph Simon Gallieni Gouverneur général
11 mai 1905 Décembre 1905 Charles Louis Lepreux Faisant fonction de gouverneur général
Décembre 1905 13 décembre 1909 Victor Augagneur Gouverneur général
13 décembre 1909 16 janvier 1910 Hubert Auguste Garbit Faisant fonction de gouverneur général.
16 janvier 1910 31 octobre 1910 Henri François Charles Cor Faisant fonction de gouverneur général.
31 octobre 1910 5 août 1914 Albert Jean George Marie Louis Picquié Gouverneur général
5 août 1914 13 octobre 1914 Hubert Auguste Garbit Faisant fonction de gouverneur général (2e mission)
13 octobre 1914 24 juillet 1917 Hubert Auguste Garbit gouverneur général (2e mission)
24 juillet 1917 1er août 1918 Martial Henri Merlin Gouverneur général
1er août 1918 12 juillet 1919 Abraham Schrameck Gouverneur général
12 juillet 1919 22 juin 1920 Marie Casimir Joseph Guyon Faisant fonction de gouverneur général
22 juin 1920 13 mars 1923 Hubert Auguste Garbit Gouverneur général (3e mission)
13 mars 1923 20 février 1924 Auguste Charles Désiré Emmanuel Brunet Faisant fonction de gouverneur général
20 février 1924 30 janvier 1929 Marcel Olivier Gouverneur général
30 janvier 1929 1er mai 1930 Hugues Jean Berthier Faisant fonction de gouverneur général
1er mai 1930 22 avril 1939 Léon Henri Charles Cayla Gouverneur général
22 avril 1939 10 juin 1939 Léon Maurice Valentin Réallon Faisant fonction de gouverneur général
10 juin 1939 30 juillet 1940 Jules Marcel de Coppet Gouverneur général
30 juillet 1940 11 avril 1941 Léon Henri Charles Cayla Gouverneur général (2e mission)
11 avril 1941 30 septembre 1942 Armand Léon Annet Gouverneur général
5 mai 1942, débarquement britannique à Diégo Suarez (opération « Ironclad »)
5 mai 1942 5 novembre 1942 Robert Sturges Commandeur, Administrateur des territoires occupés (Royaume-Uni)
25 septembre 1942 1943 Anthony Sillery Administrateur des territoires occupés (Royaume-Uni)
30 septembre 1942 7 janvier 1943 Victor Marius Bech Faisant fonction de gouverneur général
7 janvier 1943 3 mai 1943 Paul Louis Victor Marie Legentilhomme Gouverneur général
3 mai 1943 27 mars 1946 Pierre de Saint-Mart Gouverneur général
27 mars 1946 19 mai 1946 Robert Boudry Faisant fonction de gouverneur général
19 mai 1946 27 octobre 1946 Jules Marcel de Coppet Gouverneur général (2e mission)
27 octobre 1946, territoire d'outre-mer de l'Union française
27 octobre 1946 Février 1948 Jules Marcel de Coppet Haut commissaire
Février 1948 3 février 1950 Pierre Gabriel Adhéaume de Chevigné Haut commissaire
3 février 1950 Octobre 1954 Robert Isaac Bargues Haut commissaire
Octobre 1954 14 octobre 1958 Jean Louis Marie André Soucadaux Haut commissaire
14 octobre 1958, Abrogation de l'annexion et proclamation de la république dans le cadre de la Communauté française[4].
14 octobre 1958 1er mai 1959 Jean Louis Marie André Soucadaux Haut commissaire
26 juin 1960, proclamation de l'indépendance

Références

  1. Jean-Claude Rabeherifara et Rosa Moussaoui, « 1947, un massacre colonial français à Madagascar », sur L'Humanité,
  2. L'Empire qui ne veut pas mourir: Une histoire de la Françafrique, Seuil, , p. 138-139
  3. Abrogation de l'annexion

Annexes

Bibliographie

  • Ellis Stephen et Rajaonah Faranirina, L'insurrection des menalamba: une révolte à Madagascar, 1895-1898, Paris, Karthala Editions, 1998 (ISBN 9782865377961)

Articles connexes

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