Compagnie autrichienne des Indes orientales
La Compagnie autrichienne des Indes orientales également appelé Compagnie asiatique de Trieste ou Société impériale asiatique de Trieste et d'Anvers est une compagnie de commerce autrichienne basée à Trieste, active de sa fondation par William Bolts en 1775 à sa faillite en 1785.
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Établissement de la compagnie
En 1775, William Bolts offrit ses services au gouvernement impérial de Vienne, mettant en avant la proposition de rétablir le commerce autrichien vers l'Inde depuis le port de Trieste. Sa proposition présentée lors d'une conférence à Vienne le , est acceptée par le gouvernement de l'impératrice Marie-Thérèse. William Bolts obtient une lettre de naturalité et prête serment le . Et le , il se voit accorder un Octroi pour une durée de dix ans lui permettant de commercer avec les Indes[1].
Voyage du Joseph et Thérèse, 1776–81
Le , Bolts embarqua depuis le port de Livourne du Grand-duc de Toscane Léopold fils de l'impératrice, pour les Indes avec le commandement d'un navire sous pavillon impérial. Ce navire anciennement Earl of Lincoln, est renommé le Joseph et Thérèse. Cette entreprise commerciale requérant des moyens financiers importants William Bolts s'associe avec les banquiers anversois des Pays-Bas autrichiens Charles Proli, et ses associés, I.C.I. Borrikens et Dominique Nagel[2].
Colonisation de la baie de Delagoa
Au cours de son voyage, Bolts établit des factoreries sur la côte de Malabar, ainsi que des bases dans la baie de Delagoa sur la côte du Mozambique et sur les îles Nicobar[3].
Son objectif dans l'établissement d'une base dans la baie de Delagoa et de servir pour le ravitaillement des navires qui faisaient le voyage depuis l'Europe jusqu'en Inde[4]. Le pavillon impérial ne resta pas longtemps sur la côte africaine après que les autorités portugaises ont été prévenues de cette présence étrangère dans des terres qu'ils considèrent leurs appartenant. En réponse à cette intrusion, ils envoyèrent une frégate de 40 canons avec 500 hommes à bord depuis Goa en avril 1781.
Activités en Inde, 1776–81
Bolts pris pleinement avantage du statut de neutralité de l'Autriche dans la guerre entre la Grande-Bretagne et la France, l'Espagne et les Provinces-Unies pour l'indépendance américaine (1778–1783).
Ainsi quand Bolts arriva en Inde, il rencontra le sultan de Mysore Haidar Ali et visita sa capital Seringapatam où il obtient la permission d'établir des factoreries sur la côte de Malabar dans les villes de Mangalore, Karwar et Baliapatam[5].
Colonisation des îles Nicobar
Pendant que Bolts se trouvait lui-même à Seringapatam, il envoya le Joseph et Thérèse vers les îles Nicobar où il arriva en juin 1778. La compagnie s'installa sur l'île de Nancowery, Gonfried Stahl est nommé chef et résident du lieu avec Louis Van Soest pour second[6]. Les autorités danoises ont fortement protestés contre l'action de Bolts car ils considéraient avoir pris possession de l’archipel en 1756 et avoir utilisées ses îles comme un poste secondaire pour leur gouvernement à Tranquebar en Inde ainsi en 1783 ils envoyèrent un navire de guerre pour éliminer la présence autrichienne[7].
Société impériale asiatique de Trieste et d'Anvers
Le 9 août 1781 un accord est trouvé pour transformer la compagnie en une nouvelle société par action qui prend le nom de « Société Impériale pour le Commerce Asiatique de Trieste et d’Anvers ». Les privilèges de l’octroi accordé en 1775 sont confirmés jusqu’au 5 juin 1785. La compagnie se dote de cinq directeurs, mais surtout le capital de la compagnie est ouvert au public afin de développer les activités de la compagnie. Le capital de départ de la compagnie est fixé à deux millions de florins soit deux mille parts de mille florins. Un minimum de douze parts est nécessaire pour pouvoir prendre part aux votes de l’assemblée générale de la compagnie qui ont lieu une fois par an.
La Société impériale asiatique sous sa nouvelle forme se concentra sur le commerce du thé avec la Chine. De 1781 à 1783 le prix du thé en Europe et particulièrement en Angleterre à des niveaux rarement atteints. En effet en 1781 et 1782 aucun navire hollandais ou français n'est venu à Canton à cause de la guerre d'indépendance américaine et en 1782 seulement onze navire anglais, trois danois et deux suédois revenaient de Chine. Dans l'idée de saisir l'occasion pour faire des profits, la compagnie envoya cinq navires à Canton : le Croate, le Kollowrath, le Zinzendorf, l’Archiduc Maximilien, et l'Autrichien[8].
Cependant, l'opportunité prit fin avec la signature de l'armistice en janvier 1783. Les anciens belligérants peuvent de nouveau envoyer leurs navires vers Canton ce qui se traduisit par une baisse du prix du thé en Europe avec le retour d'une offre abondante[9].
Les cargaisons des cinq navires retournés de Chine se vendent donc à Ostende avec plus de 38 % de perte. L’avantage qu’apportait la neutralité du pavillon impérial est désormais inexistant et la structure de la compagnie n’est pas assez solide pour concurrencer les autres compagnies européennes sur le marché des produits chinois. En janvier 1785, la Société suspend tous ses paiements et est déclarée en faillite. Le Comte Proli, qui voit la chute de son établissement bancaire, se suicide. La majeure partie des navires de la compagnie passe entre les mains d’un de leurs créanciers, le baron Walckiers.
Notes et références
- “Octroi de Sa Majesté l’Imperatrice Reine Apostolique, accordé au Sieur Guillaume Bolts, à Vienne le 5 Juin 1775”, Guillaume Bolts, Recueil de pièces authentiques, relatives aux affaires de la ci-devant Société impériale asiatique de Trieste, gérées à Anvers, Antwerp, 1787, pp.45–49.
- Franz von Pollack-Parnau, "Eine österreich-ostindische Handelskompanie, 1775–1785: Beitrag zur österreichische Wirtschaftsgeschichte unter Maria Theresia und Joseph II", Vierteljahrsschrift für Sozial- und Wirtschaftsgesichte, Beiheft 12, Stuttgart, 1927, S.24. Jan Denuce, “Charles de Proli en de Aziatische Kompagnie”, Antwerpsch Archievenblad, fasc.1, 1932, pp.3–64. Helma Houtman-De Smedt, Charles Proli, Antwerps zakenman en bankier, 1723–1786: een biografische en bedrijfshistorische studie, Brussel, Paleis der Academiën, 1983, Verhandelingen van de Koninklijke Academie voor Wetenschappen, Letteren en Schone Kunsten van België: Klasse der Letteren, no.108.
- Fulvio Babudieri, “Le vicende della ‘Compagnia Asiatica di Trieste’”, Archeografo Triestino, IV Serie, Vol.XLIX (XCVII della raccolta), 1989, articolo no.1130, pp.217–234. Michal Wanner, "William Bolts a Císařská asijská společnost v Terstu", Dějiny a současnost, 23/5, 2001, s.11–16; and idem, “Imperial Asiatic Company in Trieste—The Last Attempt of the Habsburg Monarchy to Penetrate East Indian Trade, 1781–1785”, 5th International Congress of Maritime History, Royal Naval College, Greenwich, 23–27 June 2008. John Everaert, "Willem Bolts: India Regained and Lost: Indiamen, Imperial Factories and Country Trade (1775–1785)", in K.S. Mathew (ed.), Mariners, Merchants, and Oceans: Studies in Maritime History, New Delhi, Manohar, 1995, pp.363–369.
- Österreichisches Staatsarchiv, Haus-, Hof- und Staatsarchiv (HHStA), Ostindische Compagnie (OIC), iv; cited in Sven H. Carlson, Trade and Dependency, Uppsala, Acta Universitatis Upsalensis, 1984, Studia Historica Upsalensis, No.138, p.112.
- Walter Markov, "La Compagnia Asiatica di Trieste", Studi Storici, vol.2, no.1, 1961, p.14.
- Franz von Pollack-Parnau, "Eine österreich-ostindische Handelskompanie, 1775–1785: Beitrag zur österreichische Wirtschaftsgeschichte unter Maria Theresia und Joseph II", Vierteljahrsschrift für Sozial- und Wirtschaftsgesichte, Beiheft 12, Stuttgart, 1927, S.45–47. Heinrich Sieveking, “Die Kaiserliche Flagge auf den Nikobaren”, Ostasiatische Rundschau, num.5/6, 1940, S.111-2. Gazzetta Universale(Florence), 15 Febbraio 1780; The Public Ledger (London), 13 December 1779; St. James's Chronicle, 18 January 1780; London Chronicle, 11 March 1780; Journal politique, ou Gazette des gazettes, Octobre 1779, Seconde Quinzaine.
- Walter Markov, “L'expansion autrichienne outre-mer et les intérêts portugaises 1777–81”, Congresso Internacional de História dos Descobrimentos, Actas, Volume V, II parte, Lisboa, 1961, pp.281–291.
- Canton Consultations, 12 October 1783, British Library, India Office Records and Archives, G12/77; cited in Sven H. Carlson, Trade and Dependency, Uppsala, Acta Universitatis Upsalensis, 1984, Studia Historica Upsalensis, No.138, p.110. Franz von Pollack-Parnau, "Eine österreich-ostindische Handelskompanie, 1775–1785: Beitrag zur österreichische Wirtschaftsgeschichte unter Maria Theresia und Joseph II", Vierteljahrsschrift für Sozial- und Wirtschaftsgesichte, Beiheft 12, Stuttgart, 1927, p.91. Guillaume Bolts, Précis de l’Origine, de la Marche et de la Chûte de la chute de la Compagnie d’Asie et d’Afrique dans les ports du littoral autrichien, Liege, 1785, pp.29–30.
- The British Magazine, March 1783, p.239.
Voir aussi
- Fulvio Babudieri, Trieste e gli Interessi austriaci in Asia nei Secoli XVIII e XIX, Padova, CEDAM, 1966.
- Sven H. Carlson, Trade and Dependency, Uppsala, Acta Universitatis Upsalensis, 1984, Studia Historica Upsalensis, No.138.
- John Everaert, "Willem Bolts: India Regained and Lost: Indiamen, Imperial Factories and Country Trade (1775–1785)", in K.S. Mathew (ed.), Mariners, Merchants, and Oceans: Studies in Maritime History, New Delhi, Manohar, 1995, pp. 363–369.
- Holden Furber, “In the Footsteps of a German ‘Nabob’: William Bolts in the Swedish Archives”, The Indian Archives, vol.12, nos.1–2, January–December 1958; reprinted in Holden Furber, Private Fortunes and Company Profits in the India Trade in the 18th Century, edited by Rosane Rocher, Aldershot and Brookfield, Variorum, 1997, Variorum Collected Studies CS569).
- Barry M. Gough and Robert J. King, “William Bolts: An Eighteenth Century Merchant Adventurer”, Archives: the Journal of the British Records Association, vol.xxxi, no.112, April 2005, pp. 8–28.N.L. Hallward, William Bolts, A Dutch Adventurer under John Company, Cambridge University Press, 1920.
- Helma Houtman-De Smedt, “The ambitions of the Austrian empire with reference to East India during the last quarter of the eighteenth century”, Chaudhury Sushil (ed.), Merchants, Companies and Trade: Europe and Asia in the Early Modern Era, Cambridge, Cambridge University Press, 1999, p. 232-3.
- Helga Hühnel, "Botanische Sammelreise nach Amerika in 18. Jahrhundert", Franz Wawrik et al (eds.), Die Neue Welt: Oesterreich und die Erforschung Amerikas, Wien, Oesterreichische Nationalbibliothek, 1992.
- Robert J. King, "William Bolts and the Austrian Origins of the Lapérouse Expedition", Terrae Incognitae, vol.40, 2008, pp. 1–28.
- Robert J. King, "Heinrich Zimmermann and the Proposed Voyage of the KKS Cobenzell to the North West Coast in 1782–1783", The Northern Mariner/Le Marin du Nord, vol.21, no.3, July 2011, pp. 235–262.
- Alexandre Lobato, Os Austriácos em Lourenço Marques, Maputo, Imprensa de Universidade Eduardo Mondlane, 2000.
- L. Michielsen, ”De kompagnie van Triëste en Fiume (1750–1800)”, Bijdragen tot de Geschiedenis (Brabant), t.27,1936, pp. 70–91, 181–233.
- Franz von Pollack-Parnau, "Eine österreich-ostindische Handelskompanie, 1775–1785: Beitrag zur österreichische Wirtschaftsgeschichte unter Maria Theresia und Joseph II", Vierteljahrsschrift für Sozial- und Wirtschaftsgesichte, Beiheft 12, Stuttgart, 1927.
- Michal Wanner, “Imperial Asiatic Company in Trieste—The Last Attempt of the Habsburg Monarchy to Penetrate East Indian Trade, 1781–1785”, 5th International Congress of Maritime History, Royal Naval College, Greenwich, 23–27 June 2008.
Archives
- Österreichisches Staatsarchiv, Haus-, Hof- und Staatsarchiv, Vienne; Staatskanzlei, Staatenabteilungen - Ostindische Kompanie - Triest-Antwerpen; cartons 1 à 6.