Concert du nouvel an à Vienne
Le Concert du nouvel an de Vienne (Neujahrskonzert der Wiener Philharmoniker) est un concert annuel de musique classique donné par l'Orchestre philharmonique de Vienne le matin du nouvel an à Vienne (Autriche).
Organisé pour la première fois le [1], il se déroule dans la Salle dorée (Goldener Saal) du Musikverein à Vienne les 30, et 1er janvier mais seul le concert du jour de l'an bénéficie depuis 1958 d'une diffusion radiotélévisée en direct.
Retransmis par le réseau Eurovision et en mondovision, le Concert du nouvel an de Vienne est diffusé dans 90 pays[2]. Son audience, estimée à 50 millions de personnes[2], en fait le second événement diffusé à la télévision dans le monde, après certaines compétitions sportives importantes et le Concours Eurovision de la chanson.
Historique
Programmation musicale
La musique qui est jouée lors du concert est principalement celle de la famille Strauss (Johann Strauss, Johann Strauss II, Josef Strauss et Eduard Strauss) et uniquement de cette famille jusqu'en 1960 : en 1961, Hofballtänze, valse de Joseph Lanner est la première œuvre non écrite par un membre de la famille à être jouée. Eduard Strauss, le benjamin de la famille, ne fait son entrée au programme qu'en 1964, et en 1980, le Français Jacques Offenbach est le premier compositeur non autrichien à être interprété.
Parmi les compositeurs n'appartenant pas à la famille Strauss ayant eu les honneurs du Concert du nouvel an, on compte : Joseph Lanner, Carl Michael Ziehrer, Franz von Suppé, Otto Nicolai (ouverture des Joyeuses commères de Windsor), Josef Hellmesberger II, Carl Maria von Weber (Invitation à la valse), Johannes Brahms (Danses hongroises), Joseph Haydn – dont 2009 voit le bicentenaire de la mort – (finale de la Symphonie no 45 dite des Adieux, prétexte à une saynète entre le chef et l'orchestre).
Depuis 1958, le concert se termine généralement par trois bis après le programme principal. Le premier est traditionnellement une polka rapide. Le deuxième est la pièce de Johann Strauss II : la valse du Beau Danube bleu, dont l'introduction est interrompue par les applaudissements du public. Le chef d'orchestre souhaite en allemand une bonne année au public accompagné par les musiciens en ces termes : « Die Wiener Philarmoniker und ich wünschen inen Prosit Neujahr ! » ce qui ce traduit par « L'orchestre philharmonique de Vienne et moi, vous souhaitons une bonne nouvelle année ! ». Ensuite, ils jouent le morceau suivi par la Marche de Radetzky de Johann Strauss. Durant cette dernière pièce, le public tape des mains en rythme et le chef d'orchestre se tourne vers lui pour le diriger conjointement avec l'orchestre. Toutefois, en 1967 Le Beau Danube bleu faisait partie du programme principal, alors qu'en 2005 la Marche de Radetzky n'a pas été jouée, par considération envers les victimes du récent tsunami en Asie du Sud-Est.
Le concert est aussi l'occasion d'entendre les Petits Chanteurs de Vienne dans certaines des œuvres interprétées.
Chefs d'orchestre
Les deux premiers concerts ont lieu les & , à l'occasion du nouvel an 1940[3], et sont dirigés par Clemens Krauss. Le chef qui a le plus longtemps dirigé le Neujahrskonzert est Willi Boskovsky, premier violon de l'orchestre, entre 1955 et 1979, soit au total vingt-cinq éditions. Ce dernier est également le premier chef à incorporer au programme une œuvre non composée par un membre de la famille Strauss. À la mort de celui-ci l'Orchestre philharmonique de Vienne nomme son premier chef non autrichien, l'Américain Lorin Maazel. Depuis 1987, l'orchestre sélectionne un chef différent d'année en année[4]. Le chef de la prochaine édition, annoncé à l'issue du dernier concert de nouvel an, sera l'Autrichien Franz Welser-Möst pour sa troisième direction[5] en 2023. Le plus vieux chef d'orchestre à avoir dirigé le concert est Georges Prêtre qui a 84 ans lors de sa première direction en 2008. Le plus jeune chef à avoir dirigé le concert est Gustavo Dudamel, âgé de 34 ans lors de sa première direction en 2017. La moyenne d'âge des chefs lors de leur première direction est de 54 ans.
Depuis sa création, dix-huit chefs, tous masculins, ont dirigé le concert annuel. En 2005, l'Australienne Simone Young a été la première femme à diriger l'Orchestre philharmonique de Vienne, mais en dehors du concert du nouvel an qui attend toujours sa première cheffe[4].
- Clemens Krauss (†) : 1939, 1941-1945, 1948-1954
- Josef Krips (†) : 1946-1947
- Willi Boskovsky (†) : 1955-1979
- Lorin Maazel (†) : 1980-1986, 1994, 1996, 1999, 2005
- Herbert von Karajan (†) : 1987
- Claudio Abbado (†) : 1988, 1991
- Carlos Kleiber (†) : 1989, 1992
- Zubin Mehta : 1990, 1995, 1998, 2007, 2015
- Riccardo Muti : 1993, 1997, 2000, 2004, 2018, 2021
- Nikolaus Harnoncourt (†) : 2001, 2003
- Seiji Ozawa : 2002
- Mariss Jansons (†) : 2006, 2012, 2016[6],[7]
- Georges Prêtre (†) : 2008, 2010
- Franz Welser-Möst : 2011, 2013, 2023
- Daniel Barenboim : 2009, 2014, 2022
- Gustavo Dudamel : 2017
- Christian Thielemann : 2019
- Andris Nelsons : 2020
- Clement Krauss
- Josef Krips
- Lorin Maazel
- Herbert Von Karajan
- Claudio Abbado
- Zubin Mehta
- Riccardo Muti
- Nikolaus Harnoncourt
- Seiji Ozawa
- Mariss Jansons
- Franz Welser-Möst
- Daniel Barenboim
- Gustavo Dudamel
- Christian Thielemann
- Andris Nelsons
Pays | Chefs | Concerts |
---|---|---|
Autriche | 7 | 48 : 1939, 1941-1979, 1987, 1989, 1992, 2001, 2003, 2011, 2013, 2023 |
Italie | 2 | 8 : 1988, 1991, 1993, 1997, 2000, 2004, 2018, 2021 |
Lettonie | 2 | 4 : 2006, 2012, 2016, 2020 |
États-Unis | 1 | 11 : 1980-1986, 1994, 1996, 1999, 2005 |
Inde | 1 | 5 : 1990, 1995, 1998, 2007, 2015 |
Argentine | 1 | 3 : 2009, 2014, 2022 |
France | 1 | 2 : 2008, 2010 |
Allemagne | 1 | 1 : 2019 |
Venezuela | 1 | 1 : 2017 |
Japon | 1 | 1 : 2002 |
Décor floral
Les fleurs qui décorent la salle de concert étaient offertes depuis 1980 par la ville de Sanremo (Ligurie, Italie)[8]. Depuis 2014, l'organisation s'est tournée vers des fournisseurs autrichiens[9].
Télédiffusion à la radio et la télévision (en Eurovision)
L'événement télévisé est produit par l'ORF, le service de radiodiffusion national autrichien - de 1989 à 1993, de 1997 à 2009, et de nouveau en 2011 - et relayé par l'Union européenne de radio-télévision (UER) à la plupart des grands organismes de radiodiffusion en Europe.
La télédiffusion du concert représente une valeur publicitaire inestimable pour la ville de Vienne. L'influence des dirigeants politiques autrichiens sur la culture est une tradition historique qui remonte à l'empire des Habsbourg, où cette influence était particulièrement marquée.
En images de fond de la retransmission, certains morceaux sont associés à des images, des séquences filmées (par exemple palais de Schönbrunn ou des paysages danubiens ou alpins) ou des inserts de ballets dansés par le ballet d'État de Vienne[10] ainsi que du ballet de l'opéra national de Bavière ou des stars internationales.
Les premières de cet événement
Cette retransmission télévisée a toujours été avant-gardiste en matière de technologies TV, soit :
- La première diffusion en Eurovision a eu lieu en 1958 dans les pays de l’Europe occidentale.
- La première émission internationale à être diffusée en couleurs (en PAL analogique) vers les pays diffusant en couleurs, le .
- La première émission diffusée en stéréo analogique en 1981.
- La première diffusion en TVHD ().
- Puis la première diffusée en Dolby 5.1[Quand ?].
Histoire
Depuis 1959, le concert est diffusé par l'ORF (le radiodiffuseur public autrichien) non seulement à la radio, mais également en direct à la télévision. Wilfried Scheib fut l'initiateur et le premier directeur technique de ces transmissions.
Depuis le , le programme télévisé est diffusé en couleur. Grâce à l'Eurovision il est maintenant transmis à plus de 90 pays.
Jusqu'à 1990, seule la deuxième partie du concert était diffusée, la retransmission durait environ une heure.
Depuis 1991, l'ORF diffuse l'intégralité du concert. La pause a été complétée par un film de 25 minutes, tourné spécialement pour le concert du nouvel an. Il a été filmé jusqu'à présent par des réalisateurs nationaux[11], dans le but de présenter les trésors culturels et les richesses naturelles de l'Autriche. Le film doit être compris sans commentaire, car il est regardé dans le monde entier.
La direction de la photo a été assurée en 1989, de 1991 à 2009 et en 2011 par le réalisateur britannique Brian Large. En 2010 et 2012, cette tâche a été reprise par Karina Fibich puis, à partir de 2014, par Michael Beyer et, en 2018, par Henning Kasten.
Pour la première fois en 2006, une série d'États d'Afrique (Botswana, Lesotho, Malawi, Mozambique, Namibie, Swaziland, Zambie et Zimbabwe) et d'Amérique latine (Équateur et Bolivie) le diffusent à leurs téléspectateurs.
Depuis 2008, le concert destiné aux téléspectateurs autrichiens est commenté par Barbara Rett, qui succède ainsi à Ernst Grissemann, qui avait déjà accompagné le concert en tant que commentateur pendant 25 ans.
Une autre innovation en 2010 est que l’ORF diffuse ce concert pour la première fois en HDTV et également sur Internet en direct.
Le concert est diffusé pour la première fois en Mongolie, au Sri Lanka et à Trinidad en 2010.
En 2015, il est diffusé dans 92 pays à travers le monde et regardé par plus de 50 millions de téléspectateurs.
En 2016, il est pour la première fois diffusé au Brésil, au Pakistan et au Vietnam.
Le public
La salle du Musikverein peut accueillir 1 744 personnes assises et 300 debout[12].
De nombreuses places sont réservées à de grandes familles autrichiennes qui se transmettent les abonnements de génération en génération. Le grand public (700 personnes) peut, lui, gagner sa place par un système de loterie auquel il faut s'inscrire un an à l'avance : 60 000 demandes sont de la sorte enregistrées annuellement, ce qui réduit la probabilité d'être tiré au sort à 1%[12]. Le prix du billet varie de 20 à 1 200 €[4]
En 2021, Riccardo Muti se voit obligé de diriger le concert devant une salle du Musikverein vide de tout public du fait de la crise sanitaire. Grâce à une application conçue par le diffuseur autrichien de l’événement, les applaudissements de quelques milliers de téléspectateurs à travers le monde sont diffusés en direct à la fin des principales parties[13].
En 2022, le concert accueille à nouveau des spectateurs, mais avec des restrictions : jauge limitée à 1 000 personnes ; masque FFP2 obligatoire ; attestation de vaccination ou du guérison et test PCR négatif[14].
Autres concerts du nouvel an
À Vienne
Le Wiener Hofburg Orchester organise le et le 1er janvier dans les salles d’apparat de la Hofburg de Vienne ses concerts traditionnels de la Saint-Sylvestre et du Nouvel an.
Le programme comprend les mélodies les plus connues de la musique de valses et d’opérettes de Johann Strauss et II, d’Emmerich Kálmán et de Franz Lehár ainsi que des airs d’opéra de Wolfgang Amadeus Mozart.
Dans le monde
D'autres concerts du nouvel an ont lieu dans plusieurs pays.
Au Danemark
L'indicatif de clôture est traditionnellement le Champagne Galop de Hans Christian Lumbye.
En Italie
À la Fenice de Venise, où le concert, placé sous le signe de la musique italienne du XIXe siècle, se clôt par un air de La traviata.
En France
Le concert du Nouvel An donné depuis 2000 par l'orchestre de l'opéra de Massy et un chœur de chanteurs de la communauté d'agglomération de Paris-Saclay se conclut par la Marche de Radetzky ponctuée par le public comme à Vienne[15].
À l'opéra de Marseille a également lieu chaque année un concert du nouvel an, généralement le premier dimanche de janvier. En 2019 ce concert a eu lieu le [16].
Notes et références
- (de) « Tradition und Geschichte : Das erste Neujahrskonzert », sur wienerphilharmoniker.at (consulté le ).
- (de) Voir sur wienerphilharmoniker.at.
- (de) « Außerordentliches Konzert/Neujahrskonzert », sur wienerphilharmoniker.at, Orchestre philharmonique de Vienne (consulté le ).
- Léopold Tobisch, « Le Concert du Nouvel An à Vienne, l’événement classique le plus regardé dans le monde », sur France Musique, (consulté le )
- Philippe Gault, « Vienne : Franz Welser-Möst dirigera le concert du Nouvel An en 2023 », sur Radio Classique, (consulté le )
- Les revenus générés par le concert 2016 serviront notamment à financer des actions au profit des populations réfugiées en Autriche : (de) « Wiener Philharmoniker Haus für Asylsuchende : #10 - Machen wir das "halbe" Haus ganz », (lire en ligne) sur le site de l'Orchestre philharmonique de Vienne.
- « Mariss Jansons dirigera le concert du Nouvel an viennois 2016 » (lire en ligne), sur le site de Diapason magazine.
- (de) « Blumenschmuck beim Neujahrskonzert seit 25 Jahren aus San Remo » (lire en ligne) sur le site de la ville de Vienne.
- (de) « Neujahrskonzert 2014: Floristen-Team begeisterte mit Frühlingsblumenschmuck » (lire en ligne) sur le site de l'Austria Presse Agentur.
- Issu de la fusion des ensembles de ballets de l'Opéra et du Volksoper de Vienne.
- Felix Breisach, Georg Riha, Hannes Rossacher, Werner Boote, Patrick Pleisnitzer, Gernot Friedel ou Anton Reitzenstein.
- « Concert du Nouvel An a Vienne 2022 - Wiener Philharmoniker », sur www.vienna-concert.com (consulté le )
- « Un concert du Nouvel An à Vienne sans public mais avec des applaudissements », sur francemusique.fr.
- La Rédaction, « Un concert du Nouvel An avec la règle 2G+ », sur ResMusica, (consulté le )
- Voir sur leparisien.fr/essonne-91.
- « Concert du nouvel an », sur opera.marseille.fr (consulté le ).
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- (de)(en) Philharmonique de Vienne
- (de)(en) Musikverein
- « Le concert du nouvel an, une histoire d’orchestre », Au Chœur de l'orchestre, France Musique, 3 janvier 2021.
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