Cyzique
Cyzique (en grec ancien Κύζικος / Kúzikos) était une cité grecque de Mysie, sur la Propontide (l'actuelle mer de Marmara).
Mythologie
Elle fut fondée par les Grecs d'Ionie de la cité de Milet en 756 avant notre ère. Selon la légende, la cité aurait été bâtie par Cyzique, fils d'Apollon, venu de Thessalie en compagnie de Pélasges. Ceux-ci auraient été ensuite chassés par les Lydiens, et ceux-ci à leur tour par les citoyens de Milet.
Histoire
Longtemps rivale de Byzance, elle fit partie de la Ligue de Délos. Alcibiade y remporta une victoire sur la flotte spartiate avec l'aide de Thrasybule et de Théramène. Elle devient une cité florissante à l'époque hellénistique avant de passer sous autorité romaine. Elle devint une cité commerciale maritime importante, célèbre pour sa beauté et sa richesse.
Aux alentours de l'an 400 avant Jésus-Christ, la ville de Cyzique était notamment connue pour la monnaie éponyme qui y était frappée, le cyzicène du grec ancien kuzikēnós (κυζικηνός). Celle-ci est mentionnée par plusieurs auteurs classiques dont Xénophon dans l'Anabase[1] et l'orateur athénien Lysias dans son discours Contre Ératosthène[2].
En 75 avant notre ère, elle subit un siège de Mithridate VI, roi hellénistique du Pont. En récompense de sa fidélité, Rome lui accorda l’indépendance.
Elle était la patrie d'origine d’Eudoxe de Cyzique, navigateur du IIe siècle av. J.-C. Selon Pline l'Ancien, il aurait fait le tour de l’Afrique. Iaia de Cyzicus, peintre et graveuse romaine renommée, y est née vers 100 avant notre ère[3].
La ville est aussi le lieu du martyre des neuf martyrs de Cyzique au IIIe siècle, commémoré par les Églises d'Orient. En 543 elle subit un séisme et elle voit son influence régionale supplantée par la capitale de l’Opsikion, Nicée. Toutefois, elle conserve un rôle stratégique par sa proximité avec Constantinople. Au VIe siècle, la population, grecque, est entièrement christianisée et la ville est le siège d'un évêché orthodoxe. Occupée, pillée et vidée de ses habitants pendant dix ans par les Arabes de l’émir Farid-al-Ash (ou Phardalas, en grec) en 668, elle leur sert de base navale contre la capitale impériale jusqu’en 678. C’est une ville complètement ruinée que Justinien II repeuple en 690-691 avec des réfugiés chypriotes ; elle fut alors renommée Justinianopolis. La ville est brièvement tenue par l’usurpateur Artabasde en 743. La correspondance de Photios avec Amphilochios, métropolite de la ville, montre la pauvreté de l’église locale en 873-875, reflet du contexte de l’époque, aggravé par un nouveau séisme en 1063.
Les événements de la fin du XIe siècle voient la ville changer de mains plusieurs fois en quelques décennies : la révolte de Nicéphore Bryenne contre Michel VII Doukas y est défaite par une flotte impériale ; les Turcs s’en emparent brièvement en 1080-1081, puis de nouveau en 1112. Geoffroi de Villehardouin décrit la ville en 1206 comme une forteresse ruinée que les croisés entreprennent de relever : au XIIe siècle la presqu’île a cessé d’avoir un rôle stratégique au profit de Lopadion (en), dont les fortifications sont en meilleur état, tandis que le site côtier d’Artakè (Erdek), sur un éperon rocheux barré à l’ouest de la ville, simple faubourg au VIe siècle, finit par supplanter, comme principal établissement à l’époque mésobyzantine, le centre antique de Cyzique, ruiné et devenu une réserve de pierres à bâtir.
Sous la domination turque, définitive à partir de 1330, la population, initialement chrétienne et grecque, se convertit progressivement à l’islam et passe à la langue turque, pour ne plus payer le haraç (double-capitation sur les non-musulmans) et pour ne plus subir le παιδομάζωμα (pédomazoma) (enlèvement des garçons pour le corps des janissaires) ; les dernières populations encore chrétiennes au XXe siècle en ont été expulsées en 1923 en application du traité de Lausanne.
Mythologie
- Abaris fut l'un de ses habitants
Notes et références
- (grc) Xénophon, l'Anabase, début du quatrième siècle avant notre ère (lire en ligne), Livre V, chap. VI :
« ὑπισχνοῦμαι δὲ ὑμῖν, ἂν ἐκπλέητε, ἀπὸ νουμηνίας μισθοφορὰν παρέξειν κυζικηνὸν ἑκάστῳ τοῦ μηνός· »
- (grc) Lysias, Contre Eratosthène, cinquième siècle avant notre ère (lire en ligne) :
« [12,11] Ἐπεὶ δὲ οὐχ ὅσον ὡμολόγητο εἶχεν, ὦ ἄνδρες δικασταί, ἀλλὰ τρία τάλαντα ἀργυρίου καὶ τετρακοσίους κυζικηνοὺς καὶ ἑκατὸν δαρεικοὺς καὶ φιάλας ἀργυρᾶς τέτταρας, ἐδεόμην αὐτοῦ ἐφόδιά μοι δοῦναι, »
- (en) auteur inconnu, « Iaia (fl. c. 100 BCE) », Women in World History: A Biographical Encyclopedia, (lire en ligne, consulté le )
Bibliographie
- B. Geyer (dir.) et J. Lefort (dir.), La Bithynie au Moyen Âge, Paris, Lethielleux, (ISBN 978-2283604601), p. 387-389.
- (en) Alexander Kazhdan (dir.), Oxford Dictionary of Byzantium, t. 2, New York et Oxford, Oxford University Press, , 1re éd., 3 tom. (ISBN 978-0-19-504652-6 et 0-19-504652-8, LCCN 90023208), p. 1164-1165.
Liens externes
- Portail de la Grèce antique