Déportation des Tatars de Crimée

La déportation des Tatars de Crimée est une opération de nettoyage ethnique planifiée par le gouvernement de l'Union soviétique et exécutée en 1944 sur les ordres de Staline et Beria. Expulsés de la Crimée, les Tatars ont majoritairement été déportés vers la République socialiste soviétique d'Ouzbékistan. En tatar de Crimée, cet évènement est appelé « Sürgünlik », qui signifie « exil ».

Monument à la mémoire de la déportation des Tatars de Crimée à Soudak en République autonome de Crimée.

Histoire

En 1944, sous prétexte[1] d'une collaboration d'une partie des Tatars de Crimée avec les Nazis pendant l'occupation allemande de la Crimée de 1941 à 1944 (collaboration attestée pratiquement chez tous les peuples soviétiques qui se retrouvent sous l'occupation allemande[2]), le gouvernement soviétique expulse les Tatars de la Crimée sur l'ordre de Joseph Staline et Lavrenti Beria.

La déportation commence le 18 mai 1944 dans tous les lieux habités de la Crimée[3]. Plus de 32 000 membres du NKVD participent à cet effort. Les futurs déportés reçoivent un préavis de 30 minutes pour ramasser leurs effets personnels, avant d'être embarqués dans des trains et amenés hors de la Crimée[4]. 238 500 Tatars de Crimée sont déportés, 151 136 expédiés en République socialiste soviétique d'Ouzbékistan, 8 597 en République socialiste soviétique autonome des Maris, 4 286 en République socialiste soviétique kazakhe, les 29 846 restants vers des oblasts de la République socialiste fédérative soviétique de Russie. Pendant la déportation, la plupart des Tatars de Crimée qui combattent dans les rangs de l'Armée rouge sont démobilisés et envoyés dans des camps de travail en Sibérie et dans les régions montagneuses de l'Oural[4].

La déportation est mal planifiée et mal exécutée, les autorités locales dans les régions d'accueil ne sont pas informées de l'importance du mouvement de masse, ni ne reçoivent suffisamment de ressources pour accueillir les déportés. Le manque d'espaces d'accueil et de nourriture et la rapide propagation des maladies ont de graves conséquences sur les Tatars pendant les premières années de la déportation[4].

À cause de la faim, de la soif et des maladies, environ 45 % de l'ensemble de la population déportée meurt[5]. Selon des informations présentées par des dissidents soviétiques, plusieurs Tatars de Crimée sont enrôlés dans des projets de grande envergure supervisés par le Goulag[6].

Des militants tatars de Crimée ont tenté d'évaluer les conséquences démographiques de la déportation. Ils ont mené des sondages dans toutes les communautés tatares pendant les années 1960. Selon leur analyse, 109 956 (46,2 %) sur les 238 500 déportés sont morts entre le 1er juin 1944 et 1er janvier 1947[7].

Des militants de Crimée demandent que le Sürgünlik soit reconnu comme un génocide[8]. Le 12 novembre 2015 la Rada d'Ukraine[9] et le 9 mai 2019 la Saeima de Lettonie[10] reconnaissent la déportation des Tatars de Crimée comme un génocide.

Retour en Crimée

Bien qu'un décret soviétique datant de 1967 retire les accusations portées contre les Tatars de Crimée, le gouvernement soviétique n'a rien fait pour faciliter leur réinstallation en Crimée et leur verser des réparations pour les pertes en vies humaines et les biens confisqués. Les Tatars de Crimée ne seront autorisés à rentrer en Crimée qu'au milieu des années 1980 (début de la politique de perestroïka).

Symbole de l'anniversaire de la déportation des Tatars de Crimée

Le , la Rada de Crimée approuve un décret garantissant la restauration des droits des Tatars de Crimée et leur réintégration dans la société de Crimée tout en reconnaissant le « sort tragique » du peuple tatar[11].

Notes et références

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Deportation of the Crimean Tatars » (voir la liste des auteurs).
  1. (en) « Sürgün: The Crimean Tatars’ deportation and exile », Online Encyclopedia of Mass Violence (consulté le )
  2. (ru) « Латвия признала геноцидом депортацию крымских татар », sur Новые известия.ru, (consulté le ) : « Депортация обосновывалась фактами участия части крымских татар в коллаборационистских формированиях на стороне гитлеровской армии, но такие коллаборационисты были практически у всех народов, оказавшихся под оккупацией. »
  3. (en) « Ukraine to Investigate Crimean Tatar Deportation », Voice of America, (lire en ligne, consulté le )
  4. (en) « Sürgün: The Crimean Tatars’ deportation and exile », Online Encyclopedia of Mass Violence (consulté le )
  5. (en) « Crimean Tatars », UNPO, (consulté le )
  6. (en) « Russia: The Muzhik & the Commissar », Time, (lire en ligne) (frais de consultation requis)
  7. (en) Online Encyclopedia of Mass Violence, « Sürgün: The Crimean Tatars’ deportation and exile », Online Encyclopedia of Mass Violence (consulté le )
  8. (en) « Crimean Tatars Call On Kyiv To Restore Their Rights », Radio Free Europe,
  9. (ru) « Украина признала геноцидом депортацию крымских татар », sur РБК.ru, (consulté le ).
  10. (ru) Виталий Кропман, « Сейм Латвии признал депортацию крымских татар в 1944 году геноцидом », sur DW.com, (consulté le ).
  11. (en) Crimean Parliament approves a decree on Crimean Tatar rights, QHA, 11 mars 2014

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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