Désert d'Atacama

Le désert d'Atacama est une région hyperaride d'Amérique du Sud située entre l'océan Pacifique Sud et la zone volcanique centrale des Andes, dans le nord du Chili et l'extrême sud du Pérou. L'Atacama est connu pour être une des régions les plus arides sur Terre[Note 1]. Certains secteurs peuvent en effet être totalement privés de précipitations pendant plus de 50 ans. C'est un désert d'abri coincé entre la fosse océanique d'Atacama et la cordillère des Andes. Il est situé dans le nord du pays et couvre la région d'Arica et Parinacota, la région de Tarapacá, la région d'Antofagasta et le nord de la région d'Atacama. Le désert d'Atacama forme une écorégion terrestre définie par le Fonds mondial pour la nature (WWF), qui appartient au biome des déserts et brousses xériques de l'écozone néotropicale. Il inclut les villes d'Antofagasta, de Calama, d'Arica, d'Iquique et de Copiapó qui comptent toutes plus de 100 000 habitants.

Pour les articles homonymes, voir Atacama.

Désert d'Atacama
Écorégion terrestre - Code NT1303[1]
Le désert d'Atacama, au pied du volcan Licancabur
Classification
Écozone : Néotropique
Biome : Déserts et terres arbustives xériques
Global 200[2] : Déserts d'Atacama et de Sechura
Géographie et climat
Superficie[3] :
104 903 km2
min.max.
Altitude[3] :m4 678 m
Température[3] :2 °C22 °C
Précipitations[3] :mm39 mm
Écologie
Espèces végétales[4] :
800
Oiseaux[5] :
97
Mammifères[5] :
22
Squamates[5] :
2
Espèces endémiques[5] :
3
Conservation
Statut[5] :
Vulnérable
Aires protégées[6] :
1,1 %
Anthropisation[6] :
0,2 %
Espèces menacées[6] :
16
Ressources web :

Localisation

Pays aymara, l'Atacama offre une ligne volcanique, marquant la frontière entre le Chili, la Bolivie et l'Argentine. Cette barrière naturelle, est composée de volcans actifs frôlant les 6 000 mètres, entourés de lagunes turquoise, de geysers et de vallées encaissées. Le désert d'Atacama est renommé pour ses nuits étoilées du fait de sa situation dans la zone intertropicale, combinant sécheresse extrême, altitude et très faible pollution lumineuse. Plusieurs observatoires astronomiques internationaux se sont ainsi établis dans ce désert « extraterrestre » où la NASA a testé de petits véhicules avant qu'ils aillent explorer Mars. Le robot sur quatre roues baptisé Zoë (en) a trouvé des colonies de bactéries et des lichens sur deux sites distincts de ce désert qui présente pourtant la plus faible densité d'activité organique de la Terre.

Climat

Bien que situé sur les rives du Pacifique, c'est le désert sec le plus chaud du monde. Les cactus et autres plantes absorbent l'humidité apportée par le brouillard de l'océan. Quelques artémies (petits crustacés) survivent dans des lacs salés souvent à sec, mais inondés lors des orages. Le désert d'Atacama est cité comme étant le désert non-polaire le plus aride au monde (les Vallées sèches de McMurdo en Antarctique sont reconnus comme le lieu le plus aride)[7],[8],[9],[10] bien que certains endroits du Sahara notamment le sud de l'Égypte et le sud de la Libye reçoivent une quantité de précipitations comparable à celle du désert d'Atacama. Il abriterait les endroits recevant le moins de précipitations au monde, on a relevé seulement 0,8 mm de pluie à Arica. Le climat général s'y trouvant est un climat subtropical, désertique chaud mais atténué par son altitude qui est relativement élevée et marqué par de fortes amplitudes thermiques journalières. Alors que la plupart des déserts ne datent que de quelques milliers d'années (le Sahara, par exemple, était vert il y a 5 000 ans), on estime que l'Atacama est aride depuis au moins sept millions d'années, peut-être vingt[11].

Ce climat est caractérisé par des précipitations extrêmement faibles voire inexistantes durant toute l'année mais aussi par une durée d'ensoleillement remarquable. En plein désert, le ciel est souvent totalement dégagé et d'une clarté exceptionnelle, ce qui attire les astronomes venant admirer les étoiles ici. Cependant, dans les villes alentour du désert tel qu'Arica, il existe une durée d'ensoleillement très moyenne à cause d'une épaisse couche de nuages bas appelée camanchaca qui persiste tout au long de l'année.

L'aridité extrême du désert d'Atacama est due à trois causes, dont une est la crête subtropicale et plus précisément à l'anticyclone de l'île de Pâques aussi appelé anticyclone du Pacifique Sud qui est un anticyclone subtropical semi-permanent, une large zone de haute pression ayant par définition un air sec descendant et subsident et qui annihile tout développement de nuages et de précipitations. Cet effet est accentué par le courant de Humboldt, courant froid venant directement des régions polaires et qui rafraîchit considérablement le climat du Chili et du Pérou. Son influence ne s'arrête pas là, puisque ce courant froid qui longe la côte chilienne refroidit aussi l'air marin à l'origine chaud et par conséquent empêche cet air de s'élever et de former des précipitations (bien que quelques nuages bas, notamment des stratocumulus maritimes, et du brouillard se forment). Les importants reliefs et les grandes chaines de montagnes tels que la cordillère des Andes ont également une influence en produisant un effet d'ombre pluviométrique, ce qui arrête les nuages et les précipitations apportés par les vents dominants d'est (alizés en provenance de l'Amazonie et de l'océan Atlantique). Ces trois phénomènes réunis garantissent un temps sec et ensoleillé et expliquent pourquoi le désert d'Atacama est extrêmement sec.

De ce fait, l'humidité relative du désert d'Atacama est extrêmement basse oscillant souvent entre 5 et 10 % en plein désert dans les zones les plus sèches. Cependant, le long de la côte chilienne et pacifique, celle-ci peut grimper à 75 %, notamment quand la camanchaca est présente.

Au bord de la mer, il n'y a quasiment aucune fluctuation de température entre l'été (saison chaude) et l'hiver (saison froide) à cause de l'influence du courant de Humboldt. Par exemple, à Antofagasta, la température moyenne du mois le plus chaud est de 21,7 °C et du mois le plus froid est de 16,7 °C[12]. Cela est dû à la présence de stratus côtiers. Toutefois, à l'intérieur des terres, les fluctuations de température sont autrement plus importantes, comme à Vallenar où la température moyenne du mois le plus chaud (janvier) est de 20 °C et du mois le plus froid est de 10 °C[13]. Dans le cas de Canchones, située dans une cuvette à 1 050 m d'altitude, les variations diurnes de températures sont extrêmes ; même en plein été, il gèle le matin. Ainsi, la moyenne mensuelle des maxima est de 32 °C[14] et la moyenne des minima en janvier est de 0 °C[14].

Observatoires astronomiques

Par sa situation géographique, le désert d'Atacama est un site exceptionnel pour l'observation du ciel en raison de la combinaison entre la sécheresse extrême du lieu, l'altitude et la très faible pollution lumineuse. Plusieurs observatoires astronomiques y sont ainsi implantés, d'une part dans le Sud, près de La Serena :

et d'autre part dans le Nord, près d'Antofagasta :

Histoire

La rivalité engendrée pour l'Atacama et surtout le territoire des Charcas entre, d'une part le Chili soutenu par la Grande-Bretagne, relayant en partie les intérêts des grandes puissances européennes, et d'autre part, le Pérou et la Bolivie républiques solidaires par un traité de défense à l'origine, est la cause de la guerre du Pacifique, encore dénommée guerre du salpêtre ou du nitrate, qui dura de 1879 à 1884. La guerre du désert en 1880 mit aux prises l'armée chilienne et l'armée bolivienne, avec les batailles incertaines de Pisagua, Tacna, Tarapaca et Arica. La prise de Morro de Arica amène la victoire définitive du Chili et le retrait précipité de la Bolivie.

Économie

Extraction minière

Le désert d'Atacama est riche en minerais, notamment le cuivre (mine de Spence) et le fer, l'or et l'argent. Antofagasta était au XIXe siècle aussi le port du guano et du salpêtre, sources d'extraction de nitrates cruciales pour l'industrie chimique, en particulier les engrais, la poudre et les explosifs, bien sûr avant l'invention du procédé Haber Bosch. Le peuplement de cette région hostile était favorisé par les activités minières, qui, dans le cas des importantes sources de nitrates, étaient hautement stratégiques.

Tourisme

Le caractère extrême du désert, les paysages, la présence de la cordillère des Andes, de volcans, de geysers, la culture des Atacameños, le ciel nocturne ainsi que les sites archéologiques attirent de nombreux touristes[16].

Énergie

L'exceptionnelle irradiation du désert attire les producteurs d'énergie solaire. En 2016, EDF y ouvre sa plus grande centrale photovoltaïque « Boléro », d'une capacité de 146 MW[17].

Écologie

Écorégion

Le désert d'Atacama forme une écorégion terrestre définie par le Fonds mondial pour la nature (WWF), qui appartient au biome des déserts et brousses xériques de l'écozone néotropicale.

L'équilibre de la région est affecté par les routes et les opérations minières. La partie septentrionale a été atteinte par le surpâturage du bétail, l'exploitation du bois de chauffe et la récolte de plantes rares à des fins commerciales. Le désert compte trois aires protégées : le parc national Pan de Azúcar (438 km2), la réserve nationale de La Chimba (30 km2) et la réserve nationale de la Pampa del Tamarugal (en) (1 023 km2).

Faune et flore

Le désert d'Atacama présente un niveau élevé d'endémisme végétal, et se démarque par l'adaptation de certaines espèces à la survie dans des conditions figurant parmi les plus dures de la planète.

Flore

Le désert comprend plusieurs systèmes de végétation distincts. Le long de la côte, lorsque les montagnes isolées rencontrent les nuages, une zone de brouillard se développe avec une couche de stratus concentrée contre les flancs des collines, phénomène appelé la camanchaca. L'humidité qui en résulte permet le développement de communautés végétales appelées « lomas » (« petites collines ») formées de plantes annuelles et d'arbustes ligneux. Elles comprennent environ 550 espèces de plantes vasculaires réparties en 225 genres et 80 familles, les plus représentées étant les Astéracées, les Nolanacées, les Cactacées, les Boraginacées et les Apiacées. La région compte trois cactus endémiques: Eulychnia iquiquensis (es), Eriosyce sp. et Copiapoa sp..

Faune

Peu d'animaux sont adaptés aux conditions climatiques extrêmement arides de la région. La présence de quelques plantes herbacées et de lichens permet la survie des quelques insectes et scorpions, qui sont la proie de lézards du genre Tropidurus et de quelques Géosittes. Certains arachnides, comme Nerudia atacama ou Chileotrecha atacamensis, sont endémiques de ce désert. Parmi les mammifères, on rencontre périodiquement une souris (Phyllotis darwini (en)) et un renard (Pseudalopex griseus). Les lomas ont une faune un peu plus importante et hébergent notamment plusieurs oiseaux, comme le Bruant chingolo, le Jacarini noir, le Colibri d'Arica, la Géositte à bec épais, l'Upucerthie à gorge blanche, le Synallaxe des cactus, le Xénospingue uniforme et le Conirostre des tamarugos.

En 2003, les restes momifiés d'un humanoïde de quinze centimètres ont été découverts près d'une église. Surnommé Ata et d'abord présenté comme extraterrestre, la créature a été soumise à des analyses, notamment génétiques, qui ont déterminé qu'il s'agissait bien d'un être humain.[réf. nécessaire]

Notoriété et culture

Musique

  • Dans la chanson de Jean Ferrat La Complainte de Pablo Neruda[pas clair]

Littérature

  • Dans le livre Les Promesses du Ciel et de la Terre de Claude Michelet, un des personnages principaux s'y rend.
  • Un livre de Luis Sepúlveda, Les Roses d'Atacama tire son titre de la floraison du désert après la pluie.
  • Dans le livre Le premier jour de Marc Levy, un des personnages, astrophysicien, y a étudié le ciel dans l'un de ses observatoires astronomiques.
  • La Reine Isabel chantait des chansons d'amour d’Hernan Rivera-Letelier qui parle de la vie dans les mines de salpêtre du désert d'Atacama.

Cinéma

Clip vidéo

  • Donne moi une vie, de Yannick Noah

Jeux vidéo

  • Dans le jeu Battlefield: Bad Company 2, le désert d'Atacama est une carte (bataille fictive) censée représenter le vrai désert pour un débarquement amphibie des Russes sur les avant-postes américains du désert d'Atacama.

Notes et références

Notes

  1. En fait la région la plus aride du monde est la région des vallées sèches de McMurdo[7],[8],[9],[10].

Références

  1. (en) D. M. Olson, E. Dinerstein, E. D. Wikramanayake, N. D. Burgess, G. V. N. Powell, E. C. Underwood, J. A. D'Amico, I. Itoua, H. E. Strand, J. C. Morrison, C. J. Loucks, T. F. Allnutt, T. H. Ricketts, Y. Kura, J. F. Lamoreux, W. W. Wettengel, P. Hedao et K. R. Kassem, « Terrestrial Ecoregions of the World: A New Map of Life on Earth », BioScience, vol. 51, no 11, , p. 935-938.
  2. (en) D. M. Olson, E. Dinerstein, R. Abell, T. Allnutt, C. Carpenter, L. McClenachan, J. D’Amico, P. Hurley, K. Kassem, H. Strand, M. Taye et M. Thieme, The Global 200 : A representation approach to conserving the earth's distinctive ecoregions, Washington DC, Conservation Science Program, World Wildlife Fund-US, (lire en ligne)
  3. (en) World Wildlife Fund, « The Terrestrial Ecoregions of the World Base Global Dataset », sur http://worldwildlife.org (consulté le ). Disponible alternativement sur : Loyola RD, Oliveira-Santos LGR, Almeida-Neto M, Nogueira DM, Kubota U, et al., « Integrating Economic Costs and Biological Traits into Global Conservation Priorities for Carnivores », PLoS ONE, (consulté le ), Table S1. Les données de température et de précipitations sont les moyennes mensuelles minimales et maximales.
  4. (en) G. Kier, J. Mutke, E. Dinerstein, T. H. Ricketts, W. Küper, H. Kreft et W. Barthlott, « Global patterns of plant diversity and floristic knowledge », Journal of Biogeography, vol. 32, , p. 1107–1116 (DOI 10.1111/j.1365-2699.2005.01272.x, lire en ligne), données et carte consultables dans the Atlas of Global Conservation.
  5. (en)World Wildlife Fund, « WildFinder: Online database of species distributions », , données et carte consultables dans the Atlas of Global Conservation.
  6. (en) J. M. Hoekstra, J. L. Molnar, M. Jennings, C. Revenga, M. D. Spalding, T. M. Boucher, J. C. Robertson, T. J. Heibel et K. Ellison, The Atlas of Global Conservation : Changes, Challenges, and Opportunities to Make a Difference, Berkeley, University of California Press, (lire en ligne), données et carte consultables dans the Atlas of Global Conservation.
  7. Clow, G. D., McKay, C. P., Simmons Jr, G. M., & Wharton Jr, R. A., « Climatological observations and predicted sublimation rates at Lake Hoare, Antarctica », Journal of Climate, vol. 1, no 7, , p. 715–728 (DOI 10.1175/1520-0442(1988)001<0715:COAPSR>2.0.CO;2)
  8. Doran, P. T., McKay, C. P., Clow, G. D., Dana, G. L., Fountain, A. G., Nylen, T., & Lyons, W. B., « Valley floor climate observations from the McMurdo Dry Valleys », Journal of Geophysical Research: Atmospheres, vol. 107(D24), , ACL–13
  9. Porazinska, D. L., Fountain, A. G., Nylen, T. H., Tranter, M., Virginia, R. A., & Wall, D. H., « VThe biodiversity and biogeochemistry of cryoconite holes from McMurdo Dry Valley glaciers, Antarctica », Antarctica. Arctic, Antarctic, and Alpine Research, vol. 36, no 1, , p. 84–91 (DOI 10.1657/1523-0430(2004)036[0084:TBABOC]2.0.CO;2, lire en ligne)
  10. Our Planet, « Top 10 driest places on Earth »,
  11. (en) By Mary Caperton Morton, « Oldest Meteorite Collection Found in World’s Oldest Desert », Eos, vol. 100, (DOI 10.1029/2019EO126295).
  12. Météo des déserts, p. 119
  13. Météo des déserts, p. 121
  14. Météo des déserts, p. 122
  15. « ALMA Upgrade to Image the Event Horizons of Supermassive Black Holes », ESO Announcement, (lire en ligne, consulté le )
  16. Au Chili, le désert de l'Atacama version chic, Le Figaro, .
  17. Pierre Le Hir, « Dans le désert d’Atacama, la ruée vers le solaire », sur Lemonde.fr, (consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

Liens externes

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