Doctrine Truman
La doctrine Truman est présentée au Congrès des États-Unis le par le président Harry S. Truman. Elle est la base de la politique américaine contre le bloc communiste durant la guerre froide et marque la fin de l'isolationnisme américain. Le but de cette doctrine était, pour les États-Unis d'offrir une compensation économique et militaire à tous les pays renonçant à mettre en place un régime communiste.
Synonyme de « Doctrine Truman » : Endiguement.
Pour les articles homonymes, voir Truman.
Contexte
Les économies occidentales sont en ruine et la Grande-Bretagne avertit les États-Unis en qu'elle devra interrompre son aide militaire et financière à la Grèce à la fin du mois de mars. Jusqu'alors, les Américains n'envisageaient pas une présence permanente en Europe. Le président Harry S. Truman change la donne, mais doit convaincre le Parti républicain traditionnellement isolationniste. Il prononce le 12 mars un discours volontairement dramatisé, qui deviendra la doctrine Truman ou « politique d'endiguement » ou encore le « containment »[1].
Contenu
« Je crois que les États-Unis doivent soutenir les peuples libres qui résistent à des tentatives d'asservissement […]. Je crois que nous devons aider les peuples libres à forger leur destin […]. Je crois que notre aide doit consister essentiellement en un soutien économique et financier. […] de maintenir la liberté des États du monde et à les protéger de l'avancée communiste. [...] Les germes de régimes totalitaires sont nourris par la misère et le besoin. Ils se répandent et grandissent dans la mauvaise terre de la pauvreté et la guerre civile. Ils parviennent à maturité lorsqu'un peuple voit mourir l'espoir qu'il avait mis en une vie meilleure. Nous devons faire en sorte que cet espoir demeure vivant. »
— Harry S. Truman au Congrès des États-Unis le
"Au moment présent de l’histoire du monde, presque toutes les nations se trouvent placées devant le choix entre deux modes de vie. Et, trop souvent, ce choix n’est pas un libre choix. L’un de ces modes de vie est basé sur la volonté de la majorité. Ses principaux caractères sont des institutions libres, des gouvernements représentatifs, des élections libres, des garanties pour la liberté individuelle, la liberté d’expression et de religion [...]. Le second mode de vie est basé sur la volonté d’une minorité imposée à la majorité. Il s’appuie sur la terreur et l’oppression, sur une radio et une presse contrôlées, sur des élections dirigées et sur la suppression de la liberté individuelle. Je crois que les États-Unis doivent pratiquer une politique d’aide aux peuples libres [...]. Je crois que notre aide doit se manifester en tout premier lieu sous la forme d’une assistance économique et financière [...]. Les germes des régimes totalitaires sont nourris par la misère et le besoin."
- Discours du président américain Harry Truman devant le Congrès, 12 mars 1947.
Cette politique doit beaucoup aux idées de George F. Kennan, qui préconise la résistance à l'expansionnisme soviétique pour forcer l'URSS à y renoncer et à se consacrer à ses problèmes économiques intérieurs. Selon Kennan, l'idéologie communiste postule que les contradictions internes du capitalisme rendent sa chute inéluctable ; il en conclut que les chefs communistes n'ont pas d'intérêt à adopter une attitude trop aventureuse et qu'ils adopteront donc une tactique prudente[2]. Concrètement cette politique repose sur une offre d'assistance militaire et financière de la part des États-Unis envers les pays décidés à s'opposer aux pressions communistes. Dans l'immédiat d'après-guerre, elle concernait des pays comme la Grèce, alors en guerre civile, la Turquie soumise à d'intenses pressions de Moscou concernant les Dardanelles, ou encore l'Iran, en pleine crise irano-soviétique.
Si elle a porté ses fruits en Europe (avec en particulier le « plan Marshall » qui en découle directement), la doctrine Truman n'a pas eu le même succès en Asie (en particulier en Chine). Cependant, elle est à l'origine de l'ascension économique du Japon grâce à l'aide économique apportée par les États-Unis dès avec la suspension du paiement des réparations pour soutenir l'économie du pays.
L'historien Howard Zinn relève toutefois, concernant la Grèce notamment : « En fait, la plus importante [des] pressions extérieures venait des États-Unis eux-mêmes. […] L'Union soviétique, comme les États-Unis, ne semblait pas désireuse de favoriser des révolutions qu'elle n'était pas capable de contrôler »[3].
Cette doctrine de politique étrangère marque le début véritable du bras de fer de la guerre froide. Elle sera suivie de la proclamation soviétique antagoniste de la doctrine Jdanov.
Conséquences
Le discours de Truman intervient huit jours après le traité franco-britannique de Dunkerque et en pleine conférence des ministres des Affaires étrangères du au 25 avril à Moscou, qui portait sur la question allemande.
La conférence est un échec, ce qui a pour effet d'accélérer le processus de rupture Est-Ouest. L'Italie, la France et la Belgique, rassurées par la présence affirmée des États-Unis en Europe, procèdent au renvoi des ministres communistes[4]. Les Américains proposent une aide financière à l'Europe occidentale dans le cadre du plan Marshall ; les Soviétiques répliquent immédiatement par la création du Kominform. En février 1948 intervient le coup de Prague, qui sera suivi par le blocus de Berlin. La guerre froide est réellement engagée.
Notes et références
- Georges-Henri Soutou, La Guerre de cinquante ans. Les relations Est-Ouest 1943-1990, Fayard, 2001, p. 163
- Soutou, Op.Cit. p. 165
- Howard Zinn, Une histoire populaire des États-Unis. De 1492 à nos jours, Agone, 2002, p. 157.
- Soutou, Op.Cit. p. 174
Annexes
Articles connexes
Liens externes
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