Edmond Lachenal

Edmond Lachenal, pseudonyme d’Édouard Achille Lachenal, né le à Paris, ville où il est mort, dans le 7e arrondissement, le , est un céramiste, peintre et sculpteur français.

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Edmond Lachenal
De gauche à droite : Raoul Lachenal, Edmond et Jean-Jacques Lachenal. Photographie anonyme non sourcée.
Biographie
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Distinction
Théière du service Gui, Paris, musée d'Orsay.

Biographie

Son père est Jean-Pierre Lachenal. Edmond Lachenal a épousé Anna Cloarec. Ils ont deux enfants : Raoul et Jean-Jacques. Les deux seront des céramistes reconnus.

Dès 1867, Edmond Lachenal est apprenti potier[1] à Vaugirard chez Victor Rouvier. En 1870, Edmond Lachenal s'engage dans la garde nationale, il fait partie des volontaires au 127e bataillon[2]

Il est embauché par Théodore Deck, céramiste connu pour ses innovations techniques[3], pour ses écrits et ses créations. En 1875, Lachenal est dispensé de service militaire. Il devient chef d'atelier chez Deck. Il crée son propre atelier en 1881 à Malakoff[4], puis il déménage à Châtillon-sous-Bagneux. Il transférera ensuite son atelier au no 22 rue de Verneuil à Paris.

Poursuivant les travaux de son maître, Edmond Lachenal met au point l'émail mat « aux tons pastels, veloutés et givrés », pour reprendre l'expression de Maurice Rheims[5]. Cette invention, reconnue par les sculpteurs comme valorisant leurs œuvres, lui permet de collaborer avec plusieurs d'entre eux.

Il participe à de nombreuses expositions[6]. Pour l'Exposition universelle de 1889, il envoie une paire de vases en faïence crème, ornés de branchages rouges en relief. Il présente aussi un service, orné d’animaux, pour Sarah Bernhard, ce qui lui vaut une médaille d'or. C'est la renommée dont il bénéficie alors qui conduira la revue Les Annales à lui commander le servie de table. Il est présent à l'Exposition universelle de 1900, au Salon de la Société nationale des beaux-arts à partir de 1891, et au Salon des artistes décorateurs dont il est membre actif en 1904.

En 1904 également, Edmond Lachenal abandonne la céramique et transmet son atelier à son fils Raoul. Il se tourne alors vers la comédie et joue avec Sarah Bernhardt. Il se consacre également à la peinture sur chevalet et au pastel[7]. Son nom continue cependant d'apparaître, par exemple, dans le catalogue du Salon des artistes décorateurs de 1920, dans lequel son fils Raoul expose, il est mentionné son changement d'adresse pour le no 1 rue Delannoy à Versailles[6].

Il est nommé chevalier de la Légion d'honneur par décret du et officier par décret du [8].

Edmond Lachenal meurt le en son domicile dans le 7e arrondissement de Paris[9], et, a été inhumé au cimetière communal de Châtillon[10].

Ses créations

Les étapes de son œuvre

Edmond Lachenal est d'abord remarqué comme collaborateur de Théodore Deck : il reçoit une mention très honorable à l'Exposition universelle de 1893 à Vienne en 1873. Deck en fait alors son chef l'atelier. Les premières créations qu'il réalise dans son propre atelier, qu'il crée en 1881, sont encore très proches de celles réalisées chez Deck. Il produit des faïences dans le goût d'İznik[11].

Après avoir reçu la médaille d'or à l'Exposition universelle de Paris en 1889, il se tourne vers le grès, puis les grès flammés, tout en poursuivant ses productions antérieures. il est, comme beaucoup d'artistes de cette période, influencé par le japonisme et par l'Art nouveau.

Collaboration avec d'autres artistes

Tout au long de son activité, Lachenal collabore avec d'autres artistes, en particulier avec des sculpteurs. En général le sculpteur façonne sa pièce qu'il confie à Lachenal ; ce dernier procède alors au glaçage et à la finition.

Lachenal travaille avec Georges de Feure (qui poursuivra avec Raoul Lachenal), ainsi qu'avec Hector Guimard pour ses entrée du métropolitain, avec Auguste Rodin, Louis Dejean, René de Saint-Marceaux, Agnès de Frumerie, Jeanne Jozon[4]

Le service de table pour Les Annales politiques et littéraires

Le journal Les Annales politiques et littéraires commande à Edmond Lachenal un service de table destiné à la vente à ses abonnés[12]. Ce service de table[13] est vendu aux abonnés de la revue pour le prix de 85 francs pour « le service de table pour 12 couverts, de 74 pièces » et de 40 francs pour « le service à dessert, pour 12 couverts (42 pièces) »[14]. Le journal publie une longue lettre de l'artiste qui décrit de façon sommaire les phases de production et de façon précise ce qu'il a conçu et qui a trait à la décoration ; il explique la façon dont celle-ci est posée sur les pièces. Le musée d'Orsay à Paris conserve des pièces de ce service[15].

Les phases de fabrication 

Edmond Lachenal résume ainsi les étapes de fabrication : « je ne vous exposerai pas toutes les phases de fabrication d'un service de table, en commençant par l'étude des formes, l'exécution des modèles en plâtre, des moules, l'estampage en pâte de faïence, les encastages, l'enfournement et la cuisson de terre dite biscuit, les différents modes de décoration, la cuisson de petit feu, dite de dégraissage, puis l'émaillage et la cuisson de l'émail, cela nous entraînerait beaucoup trop loin… »

Le motif de décoration

Il décore le service qu'il crée en retenant comme base le gui : « J'ai travaillé d'après nature, étudiant les formes au crayon, à l'aquarelle, cherchant des courbes souples, stylisant la plante ; puis, une fois bien documenté il a fallu prendre toutes les pièces les unes après les autres et trouver les combinaisons harmonieuses pour chacune d'elles, éviter la monotonie sans tomber dans l'excès contraire, car un service, pour être réussi doit avoir une bonne tenue d'ensemble. Les nuances choisies sont très douces, dégradées du vert de gui naturel en des mauves mourants. Les baies se détachent en parles blanches sur un fond de ciel brumé gris bleuté, très tendre, couvrant légèrement une partie des pièces. »

La réalisation de la décoration

Les phases techniques d'application de la décoration sur les pièces du service sont décrites avec précision : « La décoration s'applique sur le biscuit, c'est-à-dire sur la pâte, qui est cuite à un très fort feu d'environ mille degrés. Les couleurs sont délayées à l'eau avec une légère addition de gomme arabique, le biscuit est absolument blanc mat et assez absorbant.Les couleurs s'emploient sur la pâte comme l'aquarelle sur le papier. Quand la peinture est terminée. la pièce est soumise à un feu léger qui fixe la décoration, brûle les impuretés qui se trouvent dans les couleurs et facilite l'émaillage qui se fait par trempage ou par vaporisage. C'est ce dernier procédé qui sera employé pour le service des Annales : l'émail sera projeté sur les pièces au moyen d'un vaporisateur. Cette couverte, qui est opaque à l'emploi, devient absolument transparente après la fusion. C'est ce que l'on appelle “peinture sous couverte” ou “sous-émail” ; c'est dire qu'elle est absolument inaltérable. »  

Edmond Lachenal ne réalise pas lui-même les opérations techniques, il travaille avec la manufacture Keller et Guérin à Lunéville

Réception critique

Louis Énault, journaliste et romancier, écrit, en 1895, dans la revue La Grande Dame : revue de l'élégance et des arts, en rendant compte d'une exposition d'art décoratif moderne : « Edmond Lachenal est une des physionomies d'artistes les plus parisiennes que nous ayons. Je n'ai pas à faire ici l'éloge de sa pâte, souple et moelleuse, au grain délicat, aux colorations harmonieuses et suaves. Sa main féconde et facile est prête pour toutes les œuvres. »[16]

La reconnaissance de la qualité des créations d'Edmond Lachenal n'est pas perceptible seulement dans les expositions ou les articles de presse, de grands artistes de son temps se sont portés acquéreurs de ses travaux. Ainsi Anne Lajoix rapporte, dans un article sur « Auguste Rodin et les arts du feu », que Rodin achète, dès 1895, des œuvres en grès d'Edmond Lachenal, et qu'il collaborera ensuite avec lui[17].

Dans un article paru en 2003 dans Le Monde, Roxana Azimi écrit : « Une revalorisation pour la céramique 1900 se dessine depuis trois ans », mais elle note « un net écart entre les œuvres qui relèvent de l'art nouveau », dont le prix est nettement supérieur à celle qui relèvent de l'Art déco, « certains artistes restent sous-cotés.[…] Une coloquinte sang de bœuf d'Edmond Lachenal (1855-1930) a trouvé preneur à seulement 1 800 euros, alors qu'une pièce de Pierre-Adrien Dalpayrat (1844-1910) a atteint 6 000 euros »[18].

Élèves

Parmi les nombreux élèves d'Edmond Lachenal, les plus connus  outre son fils Raoul  sont Émile Decœur (1876-1953)[19] avec qui il travaille de 1876 à 1907, et Henri Simmen (1880-1963).

Œuvres

Œuvres dans les collections publiques

États-Unis
France

Œuvres diverses

La cristallerie Daum a souvent fait appel à des artistes. Sa collaboration avec Edmond Lachenal a commencé alors qu'il travaillait encore à l'atelier Deck et s'est développée ensuite. Des œuvres, vases, verres de tables, ont été présentées à l'Exposition internationale de Bruxelles de 1897.

Notes et références

  1. « Un grand maître de la céramique, Edmond Lachenal », sur Art nouveau.
  2. Dossier Légion d'honneur sur la base Leonore.
  3. Notamment ses reliefs sous émaux transparents.
  4. « Céramique 1900 ».
  5. Maurice Rheims, L'objet 1900, Éd. Arts et métiers graphiques, 1964, p. 42.
  6. « Lachenal » sur le Centre de documentation des musées.
  7. « Musée d'Orsay ».
  8. « Ministère de la culture Base Leonore ».
  9. Archives de Paris 7e, acte de décès no 750, année 1948 (page 15/31)
  10. Registre des pompes funèbres payantes, année 1948 en date du 12 juin (page 17/21)
  11. Jean Bedel, Dictionnaire des antiquités, Paris, Larousse, 1999, p.320.
  12. Les Annales politiques et littéraires : revue populaire paraissant le dimanche, dir. Adolphe Brisson, 27 décembre 1903 ([gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5710663j/ en ligne]).
  13. Lachenal Edmond 1855 - 1915 à 1955 Verseuse, tasse et soucoupe du service à café « Gui ». entre 1900 et 1914. Faïence, rehauts d'or. Manufacture Keller & Guérin. Don de Professeur Michel Martin, 2002 OAO 1393 et 1394 (1 et 2) Site Orsay - Notice OAO 1393 Lachenal Edmond 1855 - entre 1915 et 1955 Plat, genre Iznik. vers 1885. Faïence. Don de Jacqueline Libois, 1999 OAO 1368. Site Orsay - Notice OAO 1368.
  14. À titre de comparaison, le prix d'un abonnement ordinaire annuel à la revue des Annales est de 6 francs.
  15. L'association SAMAO (Société des amis du musée d'Orsay) a reçu par donation des pièces du service à café, qu'elle a remis au musée d'Orsay. Elle a également reçu en donation un plat genre Iznik, qu'elle a également remis au musée.
  16. Louis Énault, « Exposition d'art décoratif moderne », La Grande dame : revue de l'élégance et des arts, publié sous la direction de F.G. Dumas, 1895, p. 26-32 ([ark:/12148/bpt6k54308439 en ligne]).
  17. Anne Lajoix, « Auguste Rodin et les arts du feu », Revue de l'art, n°116, 1997, pp. 76-88 (en ligne).
  18. « Les céramiques ont retrouvé un second souffle », sur lemonde.fr.
  19. Catherine Bedel, « Émile Decœur, céramiste et chercheur », sur lemonde.fr.
  20. [MET http://www.metmuseum.org/search-results#!/search?q=Lachenal metmuseum.org].
  21. Notice sur la Base Palissy.
  22. « Les arts décoratifs ».
  23. « Vase à trois anses », sur Musée-orsay.fr
  24. Célèbre danseuse japonaise qui se produisit à Paris lors de l'Exposition universelle de 1900.
  25. L'objet d'art, , p. 62.
  26. .collectorsweekly.com.
  27. Isabelle Chave, Jules Ferry - Saint Dié 1832-1893, éd. du conseil général des Vosges, 2005, 156 p.

Annexes

Bibliographie

  • (en) Martin Eidelberg, Claire Cass, Youi Ben-Youssef, Edmond Lachenal and his Legacy, New-York, Éd. Jason Jacques Gallery, 2007, 204 p. (ISBN 978-0-9788371-3-6).
  • (en) Paul Arthur, French Art Nouveau Ceramics. An illustrated dictionary, Paris, Éd. Norma, 2015.

Liens externes

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