Edmund Winston Pettus

Edmund Pettus, né le et mort le , est un homme politique américain qui représente l'Alabama au Sénat des États-Unis de 1897 à 1907. Auparavant, en tant qu'officier supérieur de l'armée des États confédérés, il commande un régiment de l'infanterie sur le théâtre occidental de la guerre de Sécession. Après la guerre, il est un des dirigeants du Ku Klux Klan, organisation suprémaciste et terroriste, avec le grade de Grand Dragon.

Edmund Winston Pettus

Edmund W. Pettus

Naissance
Athens, État de l'Alabama
Décès
Hot Springs, État de Caroline du Nord
Allégeance  États confédérés
Arme  Confederate States Army
Grade Second lieutenant (USA)
Brigadier général (CSA)
Années de service 1847-1849 (USA)
1861 – 1865 (CSA)
Conflits Guerre américano-mexicaine

Guerre de Sécession

Famille John J. Pettus (frère)

Edmund Winston Pettus
Fonctions
Sénateur de l'Alabama
Prédécesseur James L. Pugh
Successeur Joseph F. Johnston
Biographie
Parti politique Parti démocrate

Le pont sur la rivière Alabama à Selma porte son nom. Ce pont est devenu un lieu historique du mouvement des droits civiques américain depuis la marche de Selma à Montgomery.

Biographie

Jeunesse et formation

Edmund Pettus naît en 1821 dans le comté de Limestone, en Alabama[1],[2]. Il est le fils cadet de John Pettus, et Alice Taylor Winston, le frère de John J. Pettus, et un lointain cousin de Jefferson Davis[1]. Pettus suit sa scolarité dans les écoles publiques locales, et, plus tard, est diplômé du Clinton College situé dans le comté de Smith, au Tennessee[3].

Pettus étudie le droit à Tuscumbia, en Alabama, avec pour professeur William Cooper. Il est inscrit au barreau de l'État en 1842. Il s'installe à Gainesville et commence à pratiquer en tant qu'avocat. Il est ensuite élu procureur de la septième Cour itinérante de l'Alabama[4],[5].

Avant la guerre de Sécession

Au cours de la guerre américano-mexicaine en 1847-49, Pettus, sert comme lieutenant avec les volontaires de l'Alabama. Après les hostilités, il part pour la Californie, où il participe à des actions paramilitaires contre les Yukis et d'autres Indiens d'Amérique[1].

En 1853, de retour en Alabama, il sert à nouveau dans la septième cour itinérante en tant que procureur. Il est nommé juge dans cette cour en 1855 jusqu'à sa démission en 1858. Pettus déménage dans la ville, maintenant disparue, de Cahaba dans le comté de Dallas, en Alabama, où il reprend son travail en tant qu'avocat[6].

Guerre de Sécession

En 1861, Pettus, un partisan enthousiaste de la cause confédérée et de l'esclavagisme, est un délégué du parti démocrate à la convention de sécession qui se tient dans le Mississippi, dont son frère John est gouverneur. Pettus contribue à l'organisation du 20° régiment d'infanterie de l'Alabama, et devient l'un de ses premiers officiers[7]. Le 9 septembre, il est commandant dans le régiment, et, le 8 octobre, il devient lieutenant-colonel.

Pettus, sert sur le théâtre occidental de la guerre de Sécession. Pendant la campagne de Stones River, il est capturé par les soldats de l'Union le , avant d'être échangé contre des soldats de l'Union. Pettus est capturé à nouveau le , faisant partie de la garnison se rend après avoir défendu Port Gibson au Mississippi. Il parvient à s'échapper et retourner dans les lignes confédérées. Pettus est promu colonel le 28 mai, et reçoit le commandement du 20th Alabama Infantry.

Siège de Vicksburg ; positions entre le 23 juin et le 4 juillet 1863

Au cours de la campagne de Vicksburg de 1863, Pettus et son régiment font partie de la force de défense du fleuve Mississippi. La garnison capitule le 4 juillet, et Pettus est de nouveau prisonnier jusqu'à son échange le 12 septembre. Six jours plus tard, il est promu brigadier général[8].

Le 3 novembre, il reçoit le commandement d'une brigade de l'armée du Tennessee. Pettus et sa brigade participent à la campagne de Chattanooga, postés à l'extrême sud de la pente de Missionary Ridge le et se battent le jour suivant[9],[10],[2],[11].

Pettus et ses hommes prennent part à la campagne d'Atlanta de 1864, combattant lors des batailles de Kennesaw Mountain le , d'Atlanta le 22 juillet, et de Jonesborough du au . À partir du , il conduit provisoirement une division de l'armée du Tennessee[12]. Par la suite, lors de la campagne des Carolines de 1865, Pettus est envoyé pour défendre Columbia, en Caroline du Sud, et participe à la bataille de Bentonville du 19 au 21 mars. Pettus est blessé dans ce combat, touché à la jambe droite, peut-être une blessure auto-infligée, selon certaines sources, au cours de la première journée de la bataille. Le , il est libéré sur parole à Salisbury, en Caroline du Nord. Après la reddition de la Confédération à Appomattox, Pettus est gracié par le gouvernement des États-Unis le 20 octobre.

Après la guerre

Après la guerre, Pettus retourne en Alabama et reprend son activité d'avocat dans son cabinet de Selma. Avec des bénéfices de son cabinet, il achète des terres agricoles.

Pettus sert en tant que président de la délégation de l'État à la convention nationale démocrate pendant plus de deux décennies[2].

En 1877, au cours de la dernière année de la Reconstruction, Pettus est nommé Grand dragon du Ku Klux Klan de l'Alabama[2], une organisation terroriste et suprémaciste qui s'oppose par tous les moyens violents possibles à l'application des nouveaux droits constitutionnels des Afro-Américains[13],[14],[15],[16],[17].

En 1896, à l'âge de 75 ans, Pettus est candidat pour le Sénat des États-Unis en tant que démocrate, et remporte l'élection en battant le titulaire James L. Pugh. Sa campagne s'appuie sur son succès dans l'organisation et la popularisation du Klan de l'Alabama et son opposition aux droits civiques des Afro-américains, partisan de la ségrégation raciale.

Il est élu au Sénat des États-Unis le , et réélu en 1902[10].

Il tient avec John Tyler Morgan un discours commémoratif d'élus du Congrès, le au Sénat puis le à la Chambre des représentants[18].

Vie personnelle

Le , Pettus épouse Mary L. Chapman. Le couple donne naissance à trois filles, Virginia Pettus, Lucy T. Pettus, Mary N. Pettus, et un fils Francis Leigh Pettus[11].

Pettus meurt à Hot Springs, en Caroline du Nord, durant l'été 1907. Il est enterré dans l'Old Live Oak Cemetery (en) de Selma[19].

Hommages et contestations

Pettus est décrit par l'historien militaire Ezra J. Warner (historian) (en) comme « combattant courageux et obstiné et qui se distinguait sur de nombreux champs sur le théâtre occidental de la guerre » et après sa promotion en officier général « il a suivi avec une bravoure remarquable chaque espoir déçu que la Confédération offrait... »[10]

En tant que sénateur des États-Unis, Pettus est « le dernier des généraux brigadiers confédérés à siéger à la chambre haute du Congrès national »[2].

Le pont Edmund Pettus

Le pont Edmund Pettus à Selma est devenu haut lieu du mouvement américain des droits civiques lorsque, le , 525 marcheurs des droits civiques sur leur chemin pour la marche de Selma à Montgomery tentent de traverser le pont, mais sont refoulés, attaqués, et arrêtés par la police locale, sous les ordres du shérif Jim Clark[20],[21],[22] et une foule hostile et des membres du Ku Klux Klan qui les repoussent violemment à coup de matraques et de gaz lacrymogène. Près de 84 blessés ont été dénombrés[23]. Cet événement est appelé le Bloody Sunday[24].

Depuis la mort de John Lewis une pétition est lancée par le conseiller du parti démocrate Michael Starr Hopkins[25],[26], le John Lewis Bridge Project[27], pour renommer le pont Edmund Pettus en pont John Lewis. L'argument en dehors de la valeur historique du pont en rapport avec les marches de Selma, c'est le nom d'Edmund Pettus qui fut non seulement un général de l'armée des États confédérés mais aussi un des dirigeants (probablement un Grand dragon) du Ku Klux Klan une organisation suprémaciste qui s'est illustrée par ses actes de terrorisme envers la population afro-américaine et les Blancs anti-esclavagistes[28]. La pétition est soutenue par diverses personnalités comme Ava DuVernay, Kerry Washington, Paul McCartney, Dan Rather et Caroline Randall Williams, l'arrière petite fille d'Edmund Pettus[29],[30],[31],[32].

Voir aussi

Références

  1. (en-US) Jon L. Wakelyn, Biographical Dictionary of the Confederacy, Greenwood Press, , 611 p. (ISBN 9780837161242, lire en ligne), p. 344-345
  2. (en-US) « Edmund Pettus », sur Encyclopedia of Alabama (consulté le )
  3. Warner, p. 238.
  4. Wakelyn, p. 344.
  5. (en) « Judicial circuit », sur TheFreeDictionary.com (consulté le )
  6. « Biographical Directory of the U.S. Congress », uab.edu (consulté le )
  7. (en-US) « 20th Alabama Infantry Regiment », sur archives.alabama.gov (consulté le )
  8. Wright, p. 112. Appointed from Alabama on September 19, 1863, to rank from September 18, and confirmed by Confederate Congress February 17, 1864.
  9. (en-US) Stewart Sifakis, Who Was Who in the Civil War, Facts on File, , 766 p. (ISBN 9780816010554, lire en ligne), p. 502
  10. (en-US) Ezra J. Warner, Generals in Gray: Lives of the Confederate Commanders, Louisiana State University Press, 1 juin 1959, rééd. 31 décembre 1996, 423 p. (ISBN 9780807108239, lire en ligne), p. 238-239
  11. (en-US) « Biography: Edmund Winston Pettus born July 6, 1821 – photograph – Alabama Pioneers », sur www.alabamapioneers.com (consulté le )
  12. Eicher(2), p. 427. Led Stevenson's Division until wounding on March 19, 1865.
  13. (en-US) « The Rise and Fall of Jim Crow . Jim Crow Stories . The Ku Klux Klan », sur www.thirteen.org (consulté le )
  14. (en-US) « Jim Crow and the Ku Klux Klan », sur www.lva.virginia.gov (consulté le )
  15. (en-US) « White Only: Jim Crow in America - Separate Is Not Equal », sur americanhistory.si.edu (consulté le )
  16. « Lois Jim Crow, Ku Klux Klan : la face obscure de l’Amérique », sur RFI, (consulté le )
  17. (en-US) « What The Ebbs And Flows Of The KKK Can Tell Us About White Supremacy Today », sur NPR.org (consulté le )
  18. (en-US) John Tyler Morgan & Edmund Winston, Memorial addresses, Washington, Govt. print. off, , 222 p. (lire en ligne)
  19. (en) « BG Edmund Winston Pettus (1821-1907) - Mémorial... », sur fr.findagrave.com (consulté le )
  20. (en-US) « James G. "Jim" Clark Jr. », sur Encyclopedia of Alabama (consulté le )
  21. (en-US) « Sheriff died believing he was right », sur The Montgomery Advertiser (consulté le )
  22. (en-US) Margalit Fox, « Jim Clark, Sheriff Who Enforced Segregation, Dies at 84 », The New York Times, (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  23. (en-US) « Jim Clark, 84; sheriff stunned the U.S. with violent response to Selma march », sur Los Angeles Times, (consulté le )
  24. « Selma to Montgomery March », stanford.edu (consulté le )
  25. (en-US) « Michael Starr Hopkins », sur Ballotpedia (consulté le )
  26. (en-US) Allyson Waller, « Death of John Lewis Fuels Movement to Rename Edmund Pettus Bridge », The New York Times, (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  27. (en-US) « The John Lewis Bridge Project », sur The John Lewis Bridge Project (consulté le )
  28. (en-US) « Who Was Edmund Pettus? », sur Smithsonian Magazine (consulté le )
  29. (en-US) WSFA Staff, « Great-great-granddaughter of Edmund Pettus wants bridge renamed », sur https://www.nbc12.com (consulté le )
  30. (en-US) Sydney Trent, « https://www.washingtonpost.com/history/2020/07/26/john-lewis-bloody-sunday-edmund-pettus-bridge/?utm_campaign », The Washington Post, (lire en ligne)
  31. (en-US) « Following Rep. John Lewis' Death, Support Grows Online for Renaming Selma's Pettus Bridge After the Civil Rights Icon », sur Time magazine, (consulté le )
  32. (en-US) Melanie Gray, « Push to rename Edmund Pettus Bridge for John Lewis gains momentum after his death », sur New York Post, (consulté le )

Bibliographie

  • (en-US) David J. Eicher, The Longest Night: A Military History of the Civil War, Simon & Schuster, , 1000 p. (ISBN 9780684849447, lire en ligne), p. 607,
  • (en-US) John Eicher, David Eicher, Civil War High Commands, Stanford University Press, , 1040 p. (ISBN 9780804736411),
  • (en-US) Stewart Sifakis, Who was who in the Civil War, Facts on File, , 766 p. (ISBN 9780816010554, lire en ligne), p. 502,
  • (en-US) Jon L. Wakelyn, Biographical Dictionary of the Confederacy, Greenwood Press, , 611 p. (ISBN 9780837161242, lire en ligne), p. 344-345,
  • (en-US) Ezra J. Warner, Generals in Gray: Lives of the Confederate Commanders, Louisiana State University Press, , 456 p. (ISBN 9780807108239, lire en ligne), p. 238-239,
  • (en-US) y Marcus J. Wright, General Officers of the Confederate Army: Officers of the Executive Departments of the Confederate States, Members of the Confederate Congress by States, Forgotten Books, 1911, rééd. 1 février 2019, 188 p. (ISBN 9780266190318, lire en ligne), p. 112

Liens externes

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