Emil Jannings

Emil Jannings () est un acteur allemand. Il fut le premier lauréat de l'Oscar du meilleur acteur et compte parmi les comédiens les plus marquants de l'ère du muet.

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Emil Jannings
Emil Jannings et sa femme en 1929.
Nom de naissance Theodor Friedrich Emil Janenz
Naissance
Rorschach, Suisse
Nationalité Allemand
Suisse
Décès
Strobl, Autriche
Profession Acteur
Films notables Quand la chair succombe
Crépuscule de gloire
L'Ange Bleu

Biographie

Enfance, aventures et théâtre

Bien qu'il ait prétendu un temps être né à New York dans le quartier de Brooklyn, Emil Jannings, de son vrai nom Theodor Friedrich Emil Janenz, naquit en réalité à Rorschach en Suisse, dans le canton de Saint-Gall, sur les rives du lac de Constance, le , d’une mère allemande, Margaretha Pauline Amalie Schwabe, et d’un père originaire de Saint-Louis aux États-Unis, Emil Janenz. Il a un frère aîné, Werner. Ses parents sont fabricants d'ustensiles ménagers.

Alors qu'Emil n'a que 10 mois, sa famille vient s'installer à Zurich. Puis, au début des années 1890, la famille déménage de nouveau, pour se fixer cette fois-ci à Görlitz en Allemagne. Sur un coup de tête, Emil quitte ses parents pour s'engager dans la marine ; il devient aide-cuisinier sur un bateau à Hambourg, mais son escapade tourne court quand un ami de son père le retrouve et le contraint à rejoindre le nid familial. C'est alors qu'un accessoiriste du théâtre municipal de Görlitz croise la route du garçon et lui fait découvrir un monde qui sera comme une révélation. Emil, dès que l'occasion se présente, passe une audition ; très vite il est engagé par le théâtre de Gardelegen, et devient presque immédiatement acteur professionnel.

Douze années durant, il exerce le métier de comédien itinérant, passant d'une troupe à l'autre. C'est durant cette période qu'il rencontre Ernst Lubitsch, alors lui aussi comédien de la troupe de Gardelegen.

1906 marque un autre tournant, il est engagé par Max Reinhardt et joue au Deutsches Theater. Ceci lui permet de croiser Paul Wegener, Conrad Veidt, et une certaine Lucie Höflich, qu'il épousera. Ernst Lubitsch rejoindra lui aussi le Deutsches Theater en 1912.

Cinéma : première période allemande

C'est en 1914 que Jannings débute au cinéma. D'abord figurant, ses rôles s'étoffent de plus en plus au fil des ans et, en 1916, Robert Wiene, le futur réalisateur du Cabinet du docteur Caligari, lui offre son premier rôle important ; le film est tiré d'une œuvre d'Alphonse Daudet et a pour titre : Fromont jeune et Risle aîné. Entretemps, Lubitsch, l'ami de Jannings, est passé derrière la caméra ; il offrira à Jannings le rôle principal dans bon nombre de ses premières œuvres, dont Les Yeux de la momie (1918), considéré comme la première réalisation significative de Lubitsch.

Avec la naissance de l'UFA, la carrière de Jannings prit un tour particulier. Il incarna plusieurs personnages historiques dans des productions pour lesquelles on commença à malmener l'histoire à des fins de propagande. Jannings allait alors incarner tour à tour Louis XV, Henry VIII d'Angleterre, Danton, Pierre le Grand...

À partir de 1920, Jannings est une vedette reconnue et incontournable du cinéma européen. Ses rôles deviennent plus nuancés, bien que, dans certains films, son jeu soit perçu moins favorablement par la critique : ce sera le cas pour l'Othello que réalisera Dimitri Buchowetzki en 1922, un film inspiré de l'œuvre de William Shakespeare.

En 1923, Jannings divorce de Lucie Höflich pour épouser Gussy Holl, ex-femme de Conrad Veidt. La prestation de Jannings dans le film À qui la faute ?, réalisé la même année, suscite l'admiration des critiques, quand bien même l'accueil du film lui-même est plus mitigé. Toujours en 1923, l'acteur passe derrière la caméra et réalise Tout pour l'or, où l'on voit un marchand de cochons tomber amoureux d'une danseuse, de qui est épris un autre prétendant. Le film, qui a le ton de la comédie, se termine par un drame, la mort du fils du marchand.

En 1925, Jannings interpréta le rôle principal dans Variétés, réalisé par Ewald André Dupont et qui avait pour cadre le monde du cirque. La même année, l'acteur joua sous la direction de Friedrich Wilhelm Murnau dans Le Dernier des hommes, adapté d'une nouvelle de Gogol, un film qui est resté dans l'histoire du cinéma muet, entre autres du fait de son absence d’intertitres. C'est également avec Murnau qu'il tournera ensuite Tartuffe, d'après Molière, dans lequel il joue le rôle-titre, et Faust, une légende allemande, d'après Goethe, dans lequel il incarne Méphistophélès.

Cinéma : période hollywoodienne

En 1927, Jannings, qui a signé un contrat avec la Paramount, joue dans son premier film américain sous la direction de Victor Fleming. Sa carrière à Hollywood est prometteuse, au point qu'en 1928, Jannings reçoit le premier Oscar du meilleur acteur, pour les rôles qu'il tient dans deux films : Quand la chair succombe (The Way of All Flesh), le film de Fleming, et Crépuscule de gloire (The Last Command), réalisé par Josef von Sternberg. C'est en tout six films que Jannings tournera à Hollywood. Malheureusement, l'arrivée du parlant vient vite abréger cette carrière américaine, l'acteur connaissant à peine l'anglais.

Cinéma : seconde période allemande

Emil Jannings avec Joseph Goebbels en 1938.

En 1930, il rentre donc en Europe, où il tourne avec Marlene Dietrich, alors jeune débutante, dans le classique Ange bleu, filmé tourné simultanément en deux versions, anglaise et allemande, par Sternberg.

Sous le Troisième Reich, Jannings, qui ne fut cependant jamais membre du parti nazi, joua le rôle principal dans plusieurs films de l'époque, en particulier : Crépuscule, Les Deux Rois (1935), Le Président Krüger (1941) et Die Entlassung (1942). En 1941, il fut nommé par le Ministre de la Propagande, Joseph Goebbels, "artiste d’État". Sa compromission avec le régime nazi ruina toute chance pour lui de pouvoir retourner un jour aux États-Unis.

Le dernier film de l'acteur, Wo ist Herr Belling?, fut interrompu après quelques semaines de tournage, commencé fin 1944, Jannings étant tombé malade. La fin de la guerre arriva et le film ne fut jamais terminé.

Lorsque les troupes alliées entrèrent en Allemagne en 1945, Jannings aurait eu son Oscar sur lui comme preuve de son association passée avec Hollywood. En raison de sa participation active à la propagande nazie, Jannings subit la dénazification, et toutes ses tentatives de retour sur les écrans furent vouées à l’échec. Dès lors, il se retira dans sa propriété du Salzkammergut à Strobl, en Autriche.

C'est là que Jannings mourut en 1950 d'un cancer, à l’âge de 65 ans.

Anecdotes

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  • Il est le premier lauréat de l'Oscar du meilleur acteur. Il reçoit sa récompense un mois avant la cérémonie officielle et devient, par conséquent, le premier oscarisé à ne pas s'être présenté à la cérémonie. Son origine fait de lui aussi le premier acteur non-américain à avoir obtenu l'illustre statuette. Son Oscar est aujourd’hui exposé au Filmmuseum de Berlin.
  • Il était très habile en ce qui concerne les questions d’argent et fut l’un des acteurs les mieux payés de son temps.
  • Au moment du tournage de L'Ange bleu, sa propre carrière commençait à décliner ; il devina rapidement que Dietrich, qui n’était alors qu’une inconnue, était une star en puissance et, selon l'actrice elle-même, il en éprouva de l'amertume et ne cessa de se montrer ignoble envers l'étoile montante.
  • Dans le film-biographie sur Marlène Dietrich, Marlene, réalisé en 2000 par Joseph Vilsmaier, le rôle d'Emil Jannings est tenu par Armin Rohde.
  • Quentin Tarantino rend un hommage appuyé au cinéma expressionniste allemand dans Inglourious Basterds à travers, entre autres, une brève apparition d'Emil Jannings sous les traits de Hilmar Eichhorn.

Filmographie

Voir aussi

Bibliographie

Écrits d'Emil Jannings
  • Theater und Film. Das Leben und ich, adaptation de C.C. Bergius, Berchtesgaden, Zimmer und Herzog, 1951 ;
  • Das Filmgesicht, propos recueillis par Wolfgang Martini et Margarete Lange-Kosak, Munich, Andersen, 1928 ;
  • Texte autobiographique dans Wie ich zum Film kam, adaptation de K. Mühsam et E. Jacobsohn, Berlin, Lichtbildbühne, 1926 ;
  • Texte autobiographique dans Wie über uns selbst, adaptation de H. Treuner, Berli, Sibyllen, 1928.
Sur Emil Jannings
  • Charles Ford, Emil Jannings, Paris, Anthologie du cinéma, coll. « Anthologie du cinéma, supplément à l'Avant-scène du cinéma, 46 », 1969.

Articles connexes

Liens externes

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