Fahrenheit 451 (film, 1966)
Fahrenheit 451 est un film britannique de science-fiction réalisé par le cinéaste français François Truffaut, sorti en 1966. Adaptation du roman éponyme de Ray Bradbury, il s'agit du seul film de Truffaut tourné uniquement en anglais.
Pour les articles homonymes, voir Fahrenheit 451 (homonymie).
Titre original | Fahrenheit 451 |
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Réalisation | François Truffaut |
Scénario |
François Truffaut Jean-Louis Richard adapté du roman éponyme de Ray Bradbury |
Musique | Bernard Herrmann |
Acteurs principaux | |
Pays de production | Royaume-Uni |
Genre | Science-fiction |
Durée | 112 minutes |
Sortie | 1966 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution
Dans une société dystopique où la connaissance est considérée comme un danger, les livres sont interdits. Le métier de Guy Montag, pompier, consiste à les repérer et à les détruire par le feu. Sa rencontre avec Clarisse le pousse à remettre son activité en question.
Le titre du film (qui est aussi celui du livre) vient de la température du point d'auto-inflammation du papier exprimé en degrés Fahrenheit, ce qui correspond à 232,78 degrés Celsius.
Synopsis
Le film présente un avenir proche. Il s'agit d'une société où la tâche des pompiers n’est plus d’éteindre des incendies mais de brûler des livres, car, selon leur gouvernement, la lecture empêche d'être heureux, remplissant les gens d'angoisse. En lisant, les hommes commencent à réfléchir, à analyser et à remettre en question leur vie et la réalité qui les entoure. L’objectif du gouvernement est donc d’empêcher les citoyens d’avoir accès aux livres, dans la mesure où il garantit leur bonheur, afin qu’ils ne remettent pas en question leurs actes.
Dans ce contexte, le pompier Guy Montag, un homme dont la profession est de faire respecter cette loi, rencontre une jeune fille, Clarisse, qui lui explique qu'elle et sa famille sont étiquetées comme antisociales parce qu'elles réfléchissent par elles-mêmes. Cette jeune femme, en plus d'éveiller sa curiosité pour les livres qu'il brûle (notamment David Copperfield de Charles Dickens), fait douter Montag de la réalité de son bonheur. Il commence dès lors à lire, ce qui implique non seulement de contredire les lois qu'il est censé respecter, mais aussi de prendre conscience de la réalité qui l'entoure. Cette situation l'entraîne dans un conflit avec sa femme, Linda, qui participe à une émission interactive dénommée « The Family » et dont elle est une fan inconditionnelle - elle refuse de sortir du monde qu'elle s'est construit grâce à l'émission de télévision.
Clarisse est obligée d'entrer en clandestinité après avoir été repérée par les pompiers. Elle rencontre une nouvelle fois Montag et annonce son intention de s’échapper auprès des « lecteurs » qui vivent dans une forêt, à l’écart de la société, et mémorisent les livres pour qu’ils ne soient pas oubliés.
Montag décide de quitter son travail mais son épouse dénonce son mari aux pompiers. La dernière mission de Montag le conduit à son domicile, où il est obligé de brûler ses livres. Il met le feu à l'ameublement, tue son capitaine au lance-flammes et s'enfuit. Montag parvient ensuite à retrouver les lecteurs de livres auprès desquels Clarisse s'est réfugiée. Tous deux commencent à mémoriser un livre pour le conserver pour la postérité. Le livre de Montag sera « Tales of Mystery & Imagination » d'Edgar Allan Poe.
Fiche technique
- Titre original : Fahrenheit 451
- Réalisation : François Truffaut
- Scénario : François Truffaut et Jean-Louis Richard, d'après le roman de Ray Bradbury
- Adaptation et traduction: François Truffaut et Michel Salaün
- Producteur : Lewis M. Allen pour Anglo Enterprises et Vineyard Film
- Format : Technicolor - Mono - 1,85:1 - 35mm
- Photo : Nicolas Roeg
- Musique : Bernard Herrmann
- Montage : Thom Noble
- Pays d'origine : Royaume-Uni
- Langue : Anglais
- Durée : 112 minutes
- Dates de sortie :
- France : (première)
- Royaume-Uni :
Distribution
- Oskar Werner (VF : Marc Cassot) : Guy Montag
- Julie Christie : Clarisse/Linda Montag
- Cyril Cusack : le capitaine
- Anton Diffring : Fabian
- Jeremy Spenser : l'homme à la pomme
- Bee Duffell : la femme aux livres
- Noel Davis : Présentateur TV
- Don Pickering : Présentateur TV
- Edward Kaye : le judoka (non crédité)
- Mark Lester : second écolier (non crédité)
- Tom Watson : le sergent-instructeur (non crédité)
Les hommes-livres
Seul Alex Scott est crédité au générique
- Alex Scott : Vie de Henry Brulard de Stendhal
- Michael Balfour : Le Prince de Machiavel
- Yvonne Blake : Réflexions sur la question juive de Jean-Paul Sartre
- Fred Cox : Orgueil
- Frank Cox : Préjugé (Orgueil et Préjugés de Jane Austen)
- Judith Drinan : La République de Platon
- Denis Gilmore : Chroniques martiennes de Ray Bradbury
- David Glover : Les Aventures de M. Pickwick de Charles Dickens
- John Rae : Weir of Hermiston (Hermiston, le juge pendeur) de Robert Louis Stevenson
- Earl Younger : le neveu de Weir of Hermiston
Les écrits et les écrans dans le film
Le film n'a pas de générique écrit, puisque dans cette société écrire est interdit : la liste des intervenants est dite en voix off au début du film[1],[2].
Les écrans de télévision y sont omniprésents. Ils sont en couleurs, interactifs et incrustés dans les murs[3].
Parmi les nombreux livres qui figurent pour les besoins du film, un certain nombre sont visibles ou nommés, dont quelques classiques. Le tournage ayant eu lieu en Angleterre, les titres des livres sont souvent en anglais.
Dans le premier appartement :
- Don Quichotte, Miguel de Cervantes. Caché dans la lampe.
Dans la cour de l'immeuble, sur le gril :
- L'Envoûté (The Moon and Sixpence), William Somerset Maugham. Que ramasse l'enfant.
- Le Portrait de Dorian Gray (The Picture of Dorian Gray), Oscar Wilde
- The Cheyne Mystery, Freeman Wills Crofts
- Tom Brown's Body, Gladys Mitchell
Chez Guy Montag, qui lit son premier livre :
Chez la dame aux livres (Bee Duffell) :
- Hansel et Gretel, Frères Grimm. Lorsque Guy Montag récite le début du livre : Il était une fois un pauvre bûcheron...
Chez la dame aux livres, grenier bibliothèque, 1ère étagère :
- Lewis et Irène, Paul Morand
- Othello ou le Maure de Venise, William Shakespeare
- La Foire aux vanités (Vanity Fair), William Makepeace Thackeray
- Madame Bovary, Gustave Flaubert
- Le monde à côté, Gyp
- Les Aventures d'Alice au pays des merveilles (Alice's Adventures in Wonderland), Lewis Carroll
Chez la dame aux livres, grenier bibliothèque, 2ème étagère :
- Ma vie dans l'art (My Life in Art), Constantin Stanislavski
- Livre sur Kaspar Hauser. Guy Montag le cache dans sa sacoche.
- She might have been queen (Wallis Simpson), Geoffrey Bocca
- Social aspect of disease, A. Leslie Banks
Chez la dame aux livres, grenier bibliothèque, citation du capitaine pendant son monologue :
- Robinson Crusoé, Daniel Defoe
- Friedrich Nietzsche
- Éthique à Nicomaque, Aristote
- Mein Kampf, Adolf Hitler
Chez la dame aux livres, dans le hall d'entrée, lorsqu'ils aspergent les livres d'essence :
- The world of salvador dali, Robert Descharnes. Le livre dont le vent fait tourner les pages.
- Interglossa, Lancelot Hogben
- Gargantua, François Rabelais
- Les Nègres, Jean Genet
- The Evil of the Day ou Murder in Venice, Thomas Sterling
- Marcel Proust A biography (volume 2), George D. Painter
- Un livre sur Jeanne d'Arc
- Histoire de ma vie, Charlie Chaplin
- Their London cousins, Lydia Miller Middleton
- Holy Deadlock, A. P. Herbert
- Roberte ce soir, Pierre Klossowski
- Confession d'un rebelle irlandais (Confessions of an Irish), Brendan Behan
- The Ginger Man, J. P. Donleavy
- Death of a Ghost, Margery Allingham
- Cahiers du cinéma, numéro 103. Jean Seberg en couverture sur le film À bout de souffle de Jean-Luc Godard. François Truffaut a participé à la rédaction des Cahiers du cinéma.
Chez la dame aux livres, début de l'incendie :
- Les Aventures du brave soldat Švejk (The Good Soldier Švejk), Jaroslav Hašek
- Deux Anglaises et le continent, Henri-Pierre Roché. François Truffaut l'adaptera au cinéma sous le titre Les Deux Anglaises et le Continent en 1971.
- A History of Torture, Swain John
- Petrouchka, Igor Stravinsky
Chez Guy Montag, lors de la découverte de ses livres :
- Moby Dick, Herman Melville
- Lolita, Vladimir Nabokov
- Les Aventures de Tom Sawyer (The Adventures of Tom Sawyer), Mark Twain
- Le Procès (The Trial), Franz Kafka
- Un livre sur Jean Cocteau
- Marie Dubois, Jacques Audiberti
- La Fille sur le coffre à bagages (Sermons and Soda Water), John O'Hara
- La Ferme des animaux (Animal Farm), George Orwell
- La Peau de chagrin, Honoré de Balzac
- Dom Juan ou le Festin de Pierre, Molière
- Le mystère de Jack l'Éventreur (The mystery of Jack the Ripper), Leonard Matters
- Pères et Fils (Fathers and Sons), Ivan Tourgueniev
- Journal du voleur (The Thief's Journal), Jean Genet
- Plexus, Henry Miller
- Jane Eyre, Charlotte Brontë
- Justine ou les Malheurs de la vertu (Justine), Donatien Alphonse François de Sade
- Rebus, Paul Gégauff
- L'Attrape-cœurs (The Catcher in the Rye), J. D. Salinger
- Les Secrets de la princesse de Cadignan (The Secrets of the Princess of Cadignan), Honoré de Balzac
- Zazie dans le métro, Raymond Queneau
- L'Année de la peste (A Journal of the Plague Year), Daniel Defoe
- Les Aventures de Pinocchio (The Adventures of Pinocchio), Carlo Collodi
- L'Arnaqueur (In ze Pocket), Walter Tevis
- Greasy Mad Stuff, William Gaines
- Les Frères Karamazov, Fiodor Dostoïevski. "Karamazov", visible à l'intérieur du livre.
Tournage
Le tournage s'est déroulé du au aux Studios de Pinewood et en extérieurs aux environs de Londres.
Le monorail vu à plusieurs reprises est le prototype SAFEGE, qui a fonctionné dans les années 1960 sur la voie d'essai du métro aérien suspendu à Châteauneuf-sur-Loire (Loiret)[4].
Musique
Avec ce film, François Truffaut fait une infidélité à son compositeur habituel Georges Delerue, en choisissant Bernard Herrmann qui vient d'arrêter sa collaboration avec Alfred Hitchcock. Ils travailleront de nouveau ensemble l'année suivante pour La Mariée était en noir.
Critique
Pierre Billard dans L'Express qualifie le film de : « cauchemar trop bien tempéré par François Truffaut : l'intelligence freine l'émotion »[5].
Notes et références
- « Fahrenheit 451 », Signes du temps,
- Site allociné, article de Gauthier Jurgensen "Fahrenheit 451 : un premier teaser tout feu tout flammes pour le téléfilm HBO", consulté le 18 janvier 2019
- Site du LEMA, article "Fahrenheit 451 : le monde à l’envers ?"], consulté le 18 janvier 2019
- Shaun Finnie, The Disneylands That Never Were, Lulu.com, , 247 p. (lire en ligne), p.74.
- Pierre Billard, Sélection cinéma, in L'Express no 798 du 3-9 octobre 1966, p. 22
Voir aussi
Articles connexes
- Cinéma britannique
- Fahrenheit 451, téléfilm de 2018
Bibliographie
- (en) Monthly Film Bulletin, no 396
- (en) Sight and Sound, hiver 1966-67 (article p. 42 + notule p. 54)
- (fr) Cahiers du cinéma, no 175 () ; no 176 () ; no 177 () ; no 178 () ; no 179 () ; no 180 () ; no 183 () ; no 184 ()
- (fr) Jacques Faurecasten, « Fahrenheit 451 », Téléciné no 131, Paris, Fédération des Loisirs et Culture Cinématographique (FLECC), , , fiche no 463, p. 19-30, (ISSN 0049-3287)
- (fr) Gilbert Salachas, « Fahrenheit 451 », Téléciné no 131, Paris, Fédération des Loisirs et Culture Cinématographique (FLECC), , p. 56, (ISSN 0049-3287)
Liens externes
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