Famille Caroillon
La famille Caroillon (ou Carvillon) est une famille bourgeoise ancienne d'origine bourguignonne, établie au XVIe siècle au diocèse de Langres à Champlitte (Franche-Comté), puis dans plusieurs paroisses du sud du pays de Langres (Haute-Marne) où elle a donné plusieurs branches qui exerçaient le métier de forgeron et de vigneron, notamment à Piépape et Perrogney-les-Fontaines.
Famille Caroillon | ||
Armes de la famille. | ||
Branches | des Tillières de Vandeul de Melville des Huots de Villecourt |
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Demeures | Château de Prauthoy Abbaye d'Auberive Château de Châteauneuf-sur-Cher Château du Raincy Château de Sainte-Assise Château de Pontchartrain Château de Soisy |
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Charges | Député Pair de France |
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Le mariage d'Abel-François Caroillon de Vandeul avec Marie-Angélique, la fille de Denis Diderot, a rendu cette famille dépositaire des archives du philosophe et responsable de la réception de son œuvre sous la Restauration.
Origine, noblesse
Selon Gustave Chaix d'Est-Ange, la famille Caroillon appartenait au XVIIIe à la haute bourgeoisie parisienne. Son auteur, Nicolas Caroillon, entrepreneur de tabac avait épousé vers 1740 demoiselle Simone la Salette, il en laissa 3 fils : François-Nicolas Caroillon de Vandeul, Claude Caroillon des Tillières et Abel-Pierre Caroillon de Melville, le plus jeune, pourvu de la charge anoblissante de secrétaire du roi en 1789, ne semble pas avoir laissé de postérité. Les deux ainés furent les auteurs de deux rameaux [1].
Le nom de Caroillon est très rare, il se concentre dans la partie méridionale de la Haute-Marne entre Langres et Dijon. Tous les porteurs du nom semblent issus de la même tige.
D'après une note du fonds Diderot-Caroillon de Vandeul, ils auraient pour origine un mercenaire espagnol, Dieguo Carillo, officier qui était dans la suite du Duc d'Albe en Italie puis aux Pays-Bas, avant de mourir à Champlitte où il laissa un fils orphelin, Louis Carillon, qui apprit le métier de maréchal-ferrant qu'il transmit à ses cinq fils. Cette note généalogique semble avoir été composée entre 1812 et 1837 par un membre de la famille Caroillon de Vandeuil à une époque où elle jouissait d'une haute situation sociale et où elle sentait le besoin de rehausser ses origines. Elle comporte sans doute une part de vérité pour l'origine commune d'un mercenaire du nom de Carillo, démobilisé, quoiqu'il n'en reste aucune trace dans les archives.
Un des descendants a été anobli en 1786 et a fait souche.
Les archives de Denis Diderot
Le profil industriel d'Abel en particulier est bien éloigné des réflexions philosophiques et des idéaux de son beau-père. Il éclaire également la nécessité et l'importance des efforts consentis par Diderot pour doter sa fille pour un si bon parti. C'est en ce sens qu'il avait envisagé la vente de sa bibliothèque, finalement recueillie par Catherine II. Diderot qui, malgré son travail, ne fut que tardivement aisé, voulu mettre sa fille à l'abri du besoin. Elle y fut, sans doute, mais délaissée par son mari et sans doute peu heureuse.
Le conservatisme de la famille, Angélique comprise, et l'ambiance de la Restauration, inciteront les Caroillon de Vandeul à étouffer autant que possible la diffusion de l'œuvre du philosophe. Certains manuscrits seront corrigés, Angélique refusera de collaborer avec Jacques-André Naigeon pour la première édition posthume des œuvres de son père.
Ceci explique leur rôle négatif sur la réception du philosophe.
Aperçu généalogique
François Caroillon (Piépape 1598 - Perrogney-les-Fontaines /1652), fils et petit-fils de forgeron-maréchal à Piépape, s'établit comme forgeron à Perrogney où il épouse en 1625 Françoise Girardot. Son petit-fils :
- Denis Caroillon (Perrogney-les-Fontaines 1666 - Perrogney-les-Fontaines 1721), marchand à Perrogney où il s'est marié en 1690 avec Catherine Mathey (1673) qui lui a donné dix fils et quatre filles, dont le huitième est :
- Nicolas Caroillon (Perrogney-les-Fontaines 1708 - Langres 1766), entreposeur des tabacs puis receveur, marié en 1736 à Le Pailly à Simone Lasalette (1716 - 1788), fille de Pierre Lasalette (1680 - 1733), seigneur de Montigny-le-Roi, mégisssier, puis entreposeur des tabacs à Langres, puis contrôleur des fermes, qui lui donne cinq fils exerçant des charges de finances, dont un sera anobli,
- Abel François Nicolas Caroillon de Vandeul (Langres 1746 - Paris 1830), trésorier de France, marié en 1772 à Paris à Marie-Angélique Diderot, fille de Denis Diderot, dont:
- Marie Anne, décédée en bas âge
- Denis-Simon Caroillon de Vandeul (1775-1850), maître des forges d'Orquevaux, député de la Haute-Marne, propriétaire de l'abbaye d'Auberive et du château de Soisy-sur-Seine, marié en 1811 avec Eugénie Cardon (1794-1875), fille de Jean-Baptiste Cardon, manufacturier de tabac en 1793, puis maire de Romainville, conseiller-général de la Seine,
- Marie Anne Wilhelmine Caroillon de Vandeul (1813-1900)
- Louis Alfred Caroillon de Vandeul (1814-1904)[2], maire de Soisy-sur-Seine de 1878 à 1884
- Eugène-Abel-François Caroillon de Vandeul marié avec Marie Charlotte Holtermann
- Charles Denis Albert Caroillon de Vandeul (1837-1911), industriel, maire d'Orquevaux de 1884 à 1911
- Claude-Xavier Carvillon des Tillières (Langres 1748 - 1812), fermier général à Langres, anobli par sa charge de secrétaire du roi sous Louis XVI en 1786, marié en 1791 à Seine-Port à Françoise-Aimée Magallon du Mirail, salonnière et merveilleuse sous le Directoire, dont :
- Aimée Carvillon des Tillières (1797 - 1853) mariée en 1817 avec Rainulphe d'Osmond (1788 - 1862), marquis d'Osmond, menin du Dauphin en 1828,
- Marie Charlotte Eustachine Jeanne (1827-1899), qui épousa Jacquelin de Maillé de La Tour-Landry (1815-1874), duc de Maillé ;
- Rainulphe Marie Eustache d'Osmond (1829-1891), qui épousa Marie Joséphine Tardieu de Maleyssie
- Eustache Conrad d'Osmond (1855-1904) mort sans alliance ni descendance.
- Aimée Carvillon des Tillières (1797 - 1853) mariée en 1817 avec Rainulphe d'Osmond (1788 - 1862), marquis d'Osmond, menin du Dauphin en 1828,
- Pierre Abel Théophile Caroillon de Melville des Huots (Langres 1753 - Prauthoy 1796), seigneur de Prauthoy, fermier général,
- Denis François Georges Caroillon de La Charmotte (Langres 1754 - Langres1803)
- Abel François Nicolas Caroillon de Vandeul (Langres 1746 - Paris 1830), trésorier de France, marié en 1772 à Paris à Marie-Angélique Diderot, fille de Denis Diderot, dont:
- Nicolas Caroillon (Perrogney-les-Fontaines 1708 - Langres 1766), entreposeur des tabacs puis receveur, marié en 1736 à Le Pailly à Simone Lasalette (1716 - 1788), fille de Pierre Lasalette (1680 - 1733), seigneur de Montigny-le-Roi, mégisssier, puis entreposeur des tabacs à Langres, puis contrôleur des fermes, qui lui donne cinq fils exerçant des charges de finances, dont un sera anobli,
Principales personnalités
- Nicolas Caroillon (1708-1766), entreposeur des tabacs à Langres, puis receveur, et son épouse Simone Lasalette (1713-1788) ont eu quatre fils. Les quatre frères avaient créé une société, dans laquelle Denis Diderot était associé, qui exploitait des forges en Normandie. La société fut dissoute au début de la Révolution française et Claude-Xavier se brouilla avec Abel François. En 1774 la famille a partiellement acquis la seigneurie et le château de Prauthoy.
- Pierre A. T. Caroillon de Melville des Huots, fermier général du Comte d’Artois (le futur Charles X de France) et secrétaire du roi. Il achète le château de Prauthoy le . Il décède en 1796 et le château revient en grande partie en héritage à son frère Abel. Le château ne quittera la famille qu'en 1824, au décès de son épouse (Marie-Angélique Diderot).
- Claude-Xavier Carvillon des Tillières
- Abel François Nicolas Caroillon de Vandeul, premier commis des Finances (1785), directeur des Domaines du roi, achète l'Abbaye d'Auberive comme bien national, manufacturier (1797), maître de forges, marié en 1772 à Paris avec la fille de Denis Diderot,
- Denis-Simon Caroillon de Vandeul est né à Paris le et mort à Paris le . Il se présenta une première fois à la députation le à Langres mais ne sera élu que le . Il prit place au centre droit et vota avec les royalistes. Sa notoriété parlementaire était alors assez mince. Il obtint sa réélection le mais, après la révolution de juillet, il se démit du mandat de député. Il accepta le suivant la candidature qui lui fut offerte et fut renvoyé à la Chambre. Il vota d’abord avec l’opposition légitimiste, mais il se rapprocha peu à peu du pouvoir, et, ayant été réélu député le puis le et le , il fut élevé par le gouvernement de Louis-Philippe Ier () à la dignité de pair de France. Il siégea au Luxembourg jusqu’à la Révolution française de 1848. Officier de la légion d’honneur. Vers 1830, il achète le Château de Soisy-sur-Seine à Julie Leduc, veuve du Maréchal de Lauriston. Avec son épouse Eugénie Cardon, ils ont eu 3 enfants :
- Marie Anne Wilhelmine Caroillon de Vandeul, 1813-1900, épouse du baron Charles Levavasseur, député de Seine-Inférieure.
- Louis Alfred Caroillon de Vandeul, 1814-1900, voir ci-après
- Eugène-Abel-François Caroillon de Vandeul, voir ci-après.
- Louis Alfred Caroillon de Vandeul (1814-1900) fut maire de Soisy-sur-Seine de à . Il existe à Soisy une plaque en marbre à l’entrée de la Salle des Fêtes qui fait mention du don qu’il a fait à la commune. Un boulevard de la ville porte également le nom de Vandeul. Il relie la place du Général-Leclerc à la nationale 448. Il fait don d'un tableau à l'État français : Le cortège de Thétis (notice en ligne)
- Eugène-Abel-François Caroillon de Vandeul est né le à Paris et est décédé le à Orquevaux. Il embrasse la carrière administrative et fut auditeur au Conseil d’État sous Louis-Philippe Ier. Le , les conservateurs-monarchistes de la Haute-Marne l’envoyèrent sièger à l’Assemblée législative. Il prit place à droite et vota avec la majorité pour l’expédition romaine, pour la Loi Falloux, pour la loi restrictive du suffrage universel. Il ne se rallia pas à la politique particulière de l’Élysée, et, après le coup d’État, n'est pas réélu dans la 1re circonscription de la Haute-Marne, le . Il ne se représenta plus. De son mariage avec Marie Charlotte Holtermann, il a eu un fils :
- Charles Denis Albert Caroillon de Vandeul, ci-après.
Il semble s'être ensuite marié avec Clémence Isaure Cardon.
- Charles Denis Albert Caroillon de Vandeul est né en 1837 et décédé Château d'Orquevaux le . La base Joconde indique qu'en 1905, il céda au Louvre un "monument funéraire", dit du prince Alexandre Mikhaïlovitch Golitzyne de Jean-Antoine Houdon, qui lui venait vraisemblablement de son ancêtre Denis Diderot. Il lègue par ailleurs au diocèse de Langres les fonds nécessaires pour la construction de l'église d'Orquevaux et de celle de l'asile des vieillards de Saint-Dizier[3].
Armes, blason, devises
- De sinople à un lion d'argent porté sur un carreau de même, la tête contournée ; au chef cousu d'azur chargé de trois poissons d'or (1786).
Sources et références
- Adolphe Robert, Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Paris, Bouloton, 1889, volume 5, p. 481-482 (en ligne).
- L'histoire du château de Prauthoy.
- Lionel Gallois, Claude et Abel Gautier : hommes d’affaires langrois des Caroillon de Vandeul. In : Recherches sur Diderot et sur l’Encyclopédie (ISSN 0769-0886), , n° 15, p. 113-140.
- Grands notables du Premier Empire, vol. 7 : Aube, Marne et Haute-Marne, Paris, CNRS, 1981, p. 109-113.
- Thierry Claeys, Dictionnaire biographique des financiers en France au XVIIIe siècle, Paris, SPM, 2009 (article Caroillon).
- Guy Richard, La noblesse d'affaires au XVIIIe siècle, Paris, Armand Colin, 1997, p. 104-106.
- †CAROILLON de TILLIERES ; CAROILLON de VILLECOURT - Champagne. (Langres), Île de France (Paris) Claude C. de T. (1748-1814), fermier général fut pourvu de la charge de conseiller secrétaire du roi en la grande chancellerie le (charge anoblissante au 1er degré, durée d'exercice non accomplie).
De sinople au lion d’argent posé sur un carreau du même la tête contournée au chef cousu d’azur chargé de trois poissons d’or posés en pal. [WP– SS– TA– Diou 2010– ADF 15 - SEC] https://www.academia.edu/34874527/Dictionnaire_des_familles_contemporaines_de_noblesse_inachevee
Notes
- https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k112001b/f301.item.r=caroillon
- https://collections.louvre.fr/ark:/53355/cl010067049
- Joseph Drouet, compte-rendu de Chanoine Marcel, Le frère de Diderot, dans : Revue d'histoire de l'Église de France, 1914, n° 26, p. 210-214
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