Famille Journu

Les origines

La famille Journu, originaire de Villefranche-sur-Saône, s'installe dans la ville de Lyon, puis dans celle de Bordeaux au début du XVIIIe siècle. Elle se lance alors dans le négoce et dans l'armement de navires vers les Indes et les Antilles, et obtient rapidement une place distinguée dans la bourgeoisie bordelaise. Elle est à l'origine de cinq expéditions de traite négrière entre 1787 et 1792[1].

Bernard Journu-Auber est créé comte de Tustal en 1808.

Principales personnalités de la famille Journu

Claude Journu (1680-1742)

Hôtel Claude Journu, place du Palais[2].

Né à Lyon, Claude Journu est marchand droguiste (épicerie) au début du XVIIIe siècle. Il se diversifie ensuite dans le commerce de l’indigo et du sucre venus des plantations coloniales. Son comptoir est d'abord situé 73 rue de La Rousselle, au cœur du quartier qui fait vivre le marché bordelais des produits coloniaux. Il s’insère encore plus dans le système de production et d’échanges caribéen quand il devient raffineur de sucre, avec sa propre usine sucrière en 1730[3].

Il aura un très grand nombre d'enfants. Les registres d'Etat civil en mentionnent 18[2]. Parmi eux, ses fils Bonaventure, Bernard et Jean-Baptiste, reprendront son négoce. Ce dernier s’installe à la colonie de Saint-Domingue comme représentant de la maison Journu, dans les années 1770[3].

Bonaventure Journu (1717-1781)

Fils de Claude Journu, négociant et armateur, il est consul en 1762 et juge en 1776 à la Bourse de Bordeaux.

Hôtel Bonaventure Journu, cours du Chapeau Rouge.

Il épouse une « fille de la famille de gros négociants Fonfrède, ce qui ouvre la voie à une coopération étroite entre les deux sociétés familiales. Ils essaiment dans plusieurs ports qui participent au grand commerce de produits coloniaux avec tout un réseau de commissionnaires représentant la maison : Marseille, Nantes, Amsterdam, Le Cap français à Haïti (Cap-Haïtien) »[3]. Il fait construire par les architectes Durand, en 1782, un hôtel particulier sis Fossés du Chapeau-Rouge (aujourd'hui 3 cours du Chapeau Rouge), doté d’une riche collection de peintures[3].

Bonaventure et son frère Jean-Baptiste font partie des plus grands négociants de la ville et figurent les deux plus imposés à la capitation à Bordeaux en 1777[3].

Il s'ennoblit en achetant une charge de conseiller-secrétaire du roi « en la chancellerie près le parlement de Dijon ».

Bonaventure Journu en 1767, par Jean-Baptiste Perronneau

Olivier Journu (1724-1764)

Fils de Claude Journu, il est négociant.

Olivier Journu en 1756, par Jean-Baptiste Perronneau.

Jacques Journu, dit Abbé Journu-Dumoncey (1733-1791)

Fils de Claude Journu.

Jacques Journu en 1769, par Jean-Baptiste Perronneau

Bernard (II) Journu-Auber (1745-1815)

Lors de la traite négrière, une ignominie parmi d'autres : extrait du livre de bord du navire Le Patriote, capitaine Paul-Alexandre Brizard[4], expédition de 1788, au profit de Journu Frères[5]

Fils de Bonaventure Journu, Bernard Journu-Auber est savant, magistrat et armateur négrier[3]. Il est aussi député de la Gironde, sénateur, membre du Sénat conservateur, président du Tribunal de commerce puis de la Chambre de commerce, conseiller général[6], comte de Tustal, pair de France et censeur de la Banque de France. Il acheta l'ex-baronnie de Calamiac aujourd'hui le château de Tustal à Sadirac (Gironde). Il est associé à la traite des Noirs en ayant participé au négoce familial conduit par son père Bonaventure Journu par le biais de la société Journu Frères qui organise cinq expéditions de traite négrière entre 1787 et 1792[3].

Le 8 février 1775, Bernard épouse Geneviève-Monique Auber, riche créole de Port-de-Paix, à Saint-Domingue. Ce mariage apporte au couple 1,4 million de livres, une dot de 290 000 livres et fait de lui un planteur.

Pendant la Révolution il siège parmi les Feuillants. Bien qu'armateur négrier et esclavagiste, et membre du Comité Massiac (lobby opposé à l'abolition), il serait favorable en 1791 à l'émancipation des hommes de couleur nés de parents libres[3].

Il lègue à la ville les riches collections d’histoire naturelle acquises par son père Bonaventure Journu. Celles-ci constituent le premier fonds du Museum d’histoire naturelle de Bordeaux[6]. En 1864, il obtient son nom de rue en raison de sa position notabiliaire[6] mais au début des années 2000, cet honneur est contesté en raison de son implication dans la traite négrière[7].

Bernard Journu-Auber

Antoine-Auguste Journu (1753-1794)

Second fils de Bonaventure Journu, Antoine-Auguste est négociant et armateur négrier[3]. Il devient également consul de la Bourse. En 1785, il achète la baronnie de Saint-Magne dans les Landes girondines.

Il est guillotiné en 1794, accusé entre autres d'avoir « taxé de fanatisme l'amour des nègres pour la liberté »[8], et pour avoir critiqué les assignats en cours d’inflation et de dépréciation[3].

Bernard-Auguste Journu (1789-1854)

Fils d'Antoine-Auguste Journu, il est négociant en vins. Il devient député monarchiste de la Gironde.

Jean-Paul-Auguste Journu (1820-1875)

Fils de Bernard-Auguste Journu, négociant en vins, il est député de la Gironde.

Joseph Journu (1866-1929)

Pionnier de la course automobile, premier chauffeur automobiliste militaire en 1897, membre du comité de l’Automobile Club de France.

Roland Journu (1906)

Joueur de tennis, il est finaliste en double mixte de Roland Garros en 1937.

Héraldique et devise

Armes : D'azur à un aigle de carnation sur un nuage fixant un soleil d'or, un étoile d'argent en chef.

Devise : " vigilens et fidelis "

Hommages

Voir aussi

Articles connexes

Références

  1. Eric Saugera, Bordeaux port négrier, XVII°-XIX° siècles, Paris, Karthala, nouvelle édition revue et complétée, 2002, 382 p. (ISBN 978-2-86537-584-4, lire en ligne)
  2. Albert Rèche, Naissance et vie des quartiers de Bordeaux : mille ans de vie quotidienne, L'horizon chimérique, (lire en ligne), p. 124
  3. « Bernard Journu-Auber - Mémoire de l'esclavage et de la traite négrière - Bordeaux », sur www.memoire-esclavage-bordeaux.fr (consulté le )
  4. « Bordeaux port négrier : 20 ans pour faire connaître l'histoire de l'esclavage », sur France TV Outre-mer, .
  5. Saugera 2002, p. 358.
  6. « Bernard Journu-Auber - Mémoire de l'esclavage et de la traite négrière - Bordeaux », sur www.memoire-esclavage-bordeaux.fr (consulté le )
  7. « Bordeaux : David-Gradis, Journu-Auber…, le passé négrier de ces Bordelais expliqué dans les rues portant leurs noms », sur France 3 Nouvelle-Aquitaine (consulté le )
  8. P. Butel, Les négociants bordelais, l'Europe et les Îles au XVIIIe siècle, Aubier / Montaigner, .
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