Fernand Alamichel

Fernand Marcel René Alamichel (1897-1967[1]) est un officier de l’armée française de la Première Guerre mondiale. Militaire d'active également durant la Seconde Guerre mondiale, il entre en résistance via le réseau de renseignement Alliance, mais est arrêté par les services de renseignement allemands. À la Libération, il est accusé d'avoir été un agent double, mais bénéficie d'un non-lieu en 1949.

 Fernand Alamichel

Fernand Alamichel à Adana en 1920

Nom de naissance Fernand Marcel René Alamichel
Naissance
Prissac, France
Décès  70 ans)
5e arrondissement de Paris, France
Origine Français
Allégeance France
Grade Général de brigade aérienne
Années de service 1916 – 1952
Commandement Directeur des études à l'école supérieure de guerre aérienne en 1937

Commandant de la base de Rayak (Liban) en 1940

Conflits Première Guerre mondiale
Campagne du Levant
Seconde Guerre mondiale
Distinctions Officier de la Légion d'honneur
Croix de guerre 1914-1918
Croix de guerre T.O.E (2 palmes)

Biographie

Engagement dans la Résistance

Par le commandant Léon Faye, un ami qui en est le chef d'état-major, le commandant Alamichel rejoint le réseau de renseignement Alliance au début de l'année 1942[2] sous le pseudonyme de « Panthère ». La chef du réseau, Marie-Madeleine Fourcade, lui confie le secteur de Paris, dont le précédent chef a été en octobre de l'année précédente. Il prend comme couverture un travail de journalisme au Rassemblement national populaire de Marcel Déat, celui-ci lui fournissant de plus un ausweis[3].

Selon les mémoires de Fourcade, son efficacité à la tête de Paris n'est pas satisfaisante[4]. Qui plus est, Alamichel prône une allégeance plus franche envers Charles de Gaulle[5] (le réseau étant alors sous l'autorité de l'Intelligence Service), en en devenant l'un des chefs[6].

L'arrestation de Jean Rousseau, chargé du secteur de Lille et recruté par Alamichel[7], met en danger le secteur de Paris (dont Rousseau connaît plusieurs membres). Fourcade demande alors à Alamichel de quitter Paris, et lui propose de prendre en main la région Est, plus difficile mais moins exposée[6] ; il est remplacé à Paris par Maurice de Mac Mahon. Alamichel désobéit et préfère reprendre son indépendance vis-à-vis du réseau, mais conserve près de lui certains de ses membres[8], une forme de sécession[9],[8].

Arrestation et suites

Arrêté par l'Abwehr de Lille le , avec une bonne partie de ses connaissances, il est retourné et travaille désormais, à partir du 21 janvier 1943 et sous le pseudonyme de Titus[9], pour l'Abwehr[10]. Fin 1942, une série d'arrestations dans d'autres secteurs du réseau est attribué par Fourcade au retournement de son ancien subordonné : celui-ci, via une officine lisboète de l'Abwehr, écrit à de Gaulle pour lui réclamer des fonds afin de créer un nouveau réseau[11]. Les arrestations continuent début 1943 dans la région parisienne, renforçant l'idée qu'Alamichel a trahi (comme lors de l'interrogatoire de Robert Bernadac)[12].

Ce dernier passe en Algérie entre avril et juillet[13],[14], expliquant que les Allemands ne l'avaient relâché que pour qu'il propose une alliance antihitlérienne et anticommuniste aux Alliés[15]. Fourcade envoie à Alger un représentant pour mettre en doute ce récit[16] ; Alamichel est soumis à une commission d'enquête (menée par le général Cochet) qui juge impossible d'établir la preuve de la trahison, mais renvoie néanmoins un examen approfondi à la Libération, afin de permettre aux témoins directs de donner leur version[16].

Durant les années qui suivent, Alamichel est promu général de brigade aérienne et entre au ministère de l'Air.

Après guerre

Alamichel, apparemment à la retraite après la guerre[17], est mis en cause en 1946 au procès de Jean-Paul Lien, collaborateur ayant organisé l'arrestation de Léon Faye en septembre 1943. En 1947, Fourcade demande l'inculpation d'Alamichel pour intelligence avec l'ennemi[18] ; arrêté, il est jugé à partir de l'année suivante par les autorités militaires[19]. La même année, un autre ancien membre du réseau, Maurice Grapin, est jugé pour des faits similaires par une juridiction civile ; durant son procès, si certains membres accusent Grapin de les avoir fait arrêter, Fourcade semble pencher plus pour la culpabilité d'Alamichel dans la responsabilité directe des dénonciations.

Alamichel témoigne en juillet au procès de Grapin[20], et accuse Fourcade d'avoir collaboré (horizontalement) avec l'Abwehr, mais n'apporte aucune justification pour appuyer ses propos[21]. Fourcade, elle, s'appuie sur les preuves matérielles rassemblées par les renseignements britanniques, qui lui ont été transmises[22] ; la confrontation fait grand bruit[23]. Finalement, Alamichel bénéficie d'un non-lieu[24] et n'est plus inquiété.

Distinctions

Notes et références

  1. Acte de décès (avec date et lieu de naissance) à Paris 5e, n° 406, vue 22/31.
  2. Fourcade, tome 1, p. 207.
  3. Fourcade, tome 1, p. 220.
  4. Fourcade, tome 1, p. 259.
  5. Fourcade, tome 1, p. 272.
  6. Fourcade, tome 1, p. 274.
  7. Fourcade, tome 1, p. 273.
  8. Fourcade, tome 1, p. 289.
  9. « LE GÉNÉRAL ALAMICHEL EST ARRÊTÉ PAR LA SÛRETÉ NATIONALE », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  10. Patrice Miannay, Dictionnaire des agents doubles dans la Résistance, Paris, Cherche-midi, , p. 38
  11. Fourcade, tome 2, p. 87.
  12. Fourcade, tome 2, p. 79.
  13. Fourcade, tome 2, p. 297.
  14. « Les membres "retournés", les infiltrés », sur www.reseaualliance.org (consulté le )
  15. Laurent Thiery, La répression allemande dans le Nord de la France 1940–1944, Presses Universitaires du Septentrion, (ISBN 978-2-7574-2284-7, lire en ligne), p. 60
  16. Mure 1994.
  17. (en) Facts on File, Facts on File News Services, (lire en ligne)
  18. Affaire Maurice Grapin, p. 65.
  19. « LE GÉNÉRAL ALAMICHEL est interrogé au Cherche - Midi Il met Marie-Madeleine Méric en cause », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  20. Affaire Maurice Grapin, p. 137.
  21. Affaire Maurice Grapin, p. 164.
  22. Affaire Maurice Grapin, p. 165.
  23. Bénédicte Vergez-Chaignon, Les vichysto-résistants, de 1940 à nos jours, Perrin, (ISBN 978-2-262-01993-8, lire en ligne)
  24. « Le général Alamichel bénéficie d'un non-lieu », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )

Bibliographie

  • Marie-Madeleine Fourcade, L'Arche de Noé, t. 1, Paris, éditions Fayard, coll. « Le Livre de poche » (no 3139), (réimpr. 1998) (1re éd. 1968), 414 p. (lire en ligne). 
    Alamichel n'est jamais nommé directement par son nom de famille ou son pseudonyme ; Fourcade parle du commandant "Verteré", pseudonyme "Hyène".
  • Marie-Madeleine Fourcade, L'Arche de Noé, t. 2, Paris, éditions Fayard, coll. « Le Livre de poche » (no 3140), (réimpr. 1998) (1re éd. 1968), 446 p. 
  • André Mure, Les combats passionnés de Joannès Ambre, Lyon, LUGD, , 160 p. (ISBN 9782402155007, lire en ligne). 
  • Mathieu Blanchard, L’affaire Maurice Grapin : procès d’un résistant en sortie de guerre (1946 – 1949) (Mémoire de Master 2 préparé sous la direction de Fabien Théofilakis), Paris, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne / Ecole d’histoire de la Sorbonne / Centre d’histoire sociale des mondes contemporains, , 206 p. (lire en ligne [PDF]). 
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