Fernand Taillantou

Fernand Taillantou (17 février 1905 - 9 janvier 1988) est un joueur français de rugby à XV, ayant notamment évolué avec la Section paloise et l'équipe de France, dont il est le 257e international[1]. Son prénom d'état civil était Jean[2].

Ne doit pas être confondu avec Pierre Taillantou.

Fernand Taillantou
Fiche d'identité
Nom complet Jean Baptiste Fernand Taillantou
Naissance
à Pau (France)
Décès
à Pau (France)
Taille 1,75 m (5 9)
Surnom Tatou
Poste Ailier
Carrière en junior
PériodeÉquipe 
1921-1922Section paloise
Carrière en senior
PériodeÉquipeM (Pts)a
1922-1924
1924-1925
1925-1930
1934-1937
Section paloise
TOEC
Section paloise
Section paloise rés.
Carrière en équipe nationale
PériodeÉquipeM (Pts)b
1930-1930 France3 (9)

a Compétitions nationales et continentales officielles uniquement.
b Matchs officiels uniquement.

Boucher aux halles de Pau[3], Fernand Taillantou était un ailier de classe internationale, alliant vitesse, puissance et défense infranchissable. Il est l'auteur, en finale à Toulouse face à Quillan en 1928, de l'essai décisif qui allait faire de la Section Paloise un champion de France[4]. L'autre étant marqué par François Récaborde, pour une victoire sur le score de 6-4. Taillantou était un joueur puissant doté d'une musculature d'athlète, lui permettant de maitriser un cheval fou lors d'un jour de marché[5].

Evoluant au poste d'ailier[6], il jouait au centre lors du drame de la mort de Michel Pradié[7]. Pradié décéde à la suite d'un plaquage le , lors d'une demi-finale du championnat de France de rugby à XV 1929-1930 [8],[9]. Taillantou a été condamné à 3 mois de prison avec sursis et 200 francs d'amende[10].

Carrière en club

Boxe

Fernand Taillantou découvre le rugby à XV sur le tard, puisqu'il est avant tout un boxeur évoluant sous les ordres de M. Péguilhan, le père de Charles Péguilhan[11].

Taillantou devient Champion du comité Béarn-Bigorre de la discipline à l'âge de 16 ans[12].

Faute de moyens, il ne peut financer la suite de sa carrière dans ce sport.

Les débuts à la Section

Taillantou vient au rugby par hasard en croisant un joueur de la Section paloise se rendant à la gare pour un match au Havre. Taillantou se dit que le sport pourrait lui convenir et satisfaire ses envies de voyage[12].

Taillantou démarre en équipe quatre au poste de pilier, mais évolue rapidement vers l'aile et intégre l'équipe première de la Section paloise[12].

Militaire au TOEC

Taillantou effectue ensuite son service militaire au régiment des 2e Aérostiers de Toulouse. C'est ainsi qu'il décroche le titre de Champion de France militaire en 1924 et 1925.

Durant les deux années de son service militaire, Fernand Taillantou évolue en parallèle au TOEC.

Consécration avec la Section paloise

Revenu à la Section paloise, Taillantou décroche le titre de champion de France en 1928, en compagnie d'Albert Cazenave, Georges Caussarieu, David Aguilar, Robert Sarrade et l'inévitable François Recaborde.

Carrière internationale

Il a été sélectionné trois fois pour le XV de France, pendant l'année 1930, disputant deux matches du Tournoi des Cinq Nations 1930[13].

Son premier test a eu lieu le 25 janvier, lors du premier match à l'extérieur de la France du Tournoi, à l'occasion d'une victoire face à l'Irlande à Belfast, au stade de Ravenhill[14],[15]. Sa défense face à Jack Arigho, qui était considéré comme le meilleur trois-quarts aile du monde, entra dans la légende[16]. Enfin, il offre un essai au quillanais Eugène Ribère lors de cette victoire sur le score de 5-0.

Taillantou affronte ensuite l'Angleterre à Stade de Twickenham, l'Allemagne au Stade de Colombes pour une victoire 31-0, match au cours duquel il marqua trois essais[17].

Son dernier test était un autre match du Tournoi des Cinq Nations, une défaite contre le pays de Galles à domicile à Colombes le 21 avril[18].

Gallerie

Affaire Michel Pradié

Michel Pradié

Le , la Section paloise affronte le SU Agen au Parc des Sports de Bordeaux, en demi-finale du championnat de France de rugby à XV 1929-1930 [8],[9].

Taillantou se rend coupable d'un plaquage à retardement lors de la demi-finale du championnat de France de 1930 sur l'ailier d'Agen, Michel Pradié[19]. Pradié, âgé de 18 ans, décède dans la soirée des suites de ses blessures à la colonne vertébrale subies [20]. René Crabos, présent au match, relate l'incident[21].

Le décès de Pradié déclenche une polémique nationale, et la défense de Taillantou est assurée par Henry Torrès[22].

La Section paloise déplore le décès de Pradié et prend la défense de Taillantou dans les colonnes de Midi olympique, arguant du fait que le match entier fut particulièrement âpre[23].

Accusé d'homicide involontaire, Taillantou a été jugé à Bordeaux dans une affaire qui a généré un vif intérêt dans toute la France. Les procédures judiciaires débordaient de monde et la polémique a même soulevé des questions au parlement français[24],[25]. Au total, ce sont 30 personnes qui défilèrent à la barre, faisant état de témoignages selon lesquels Pradié n'avait plus le ballon lorsque Taillantou l'a plaqué, et que l'ailier palois avait « essayé de ramener la tête de Pradie sur ses jambes »[26]. L'arbitre du match Henry Lahitte, a estimé quant à lui qu'il y eut concomitance de deux gestes : le coup de pied en touche donné par Pradié et le « plaquage » par Taillantou. L'arbitre estima par ailleurs que Taillantou, fonçant sur son adversaire, alors en possession du ballon, n'a pas eu le temps d'arrêter son élan.

D'après l'arbitre, le placage était régulier, raison pour laquelle le jeu ne fut pas interrompu. Quant à ce qui se passa à terre quand les deux hommes furent tombés, il ne saurait le dire, occupé qu'il était à suivre les péripéties du match.[27].

Au cours du procès, sa défense était composée de trois anciens joueurs de rugby français.

En janvier 1931, Taillantou a été reconnu coupable d'homicide involontaire ,et d'avoir causé la mort de Pradie par « des tacles violents et déraisonnables » et en exerçant « une pression vigoureuse sur le cou de son adversaire »[28]. Il a été exprimé que Taillantou n'avait pas modéré ses mouvements et que le tacle avait été suffisamment violent pour disloquer le cou de Pradié[29]. Le juge a ainsi condamné Taillantou à trois mois de prison avec sursis et une amende de 200 francs, en plus des frais de justice.

Taillantou fut profondément affecté par ces évènement et abandonna le rugby[25]. Il a dit que son poids avait chuté de 12 livres cet été là à cause du chagrin et de l'inquiétude[30].

Couplé à la mort trois ans plus tôt du talonneur Gaston Riviera de l'US Quillan, une phrase a été inventée par Paul Voivenel, « rugby de muerte » ( rugby de la mort), pour désigner cette ère du rugby en France[31].

Courte reprise de sa carrière

Taillantou ne reprend le rugby en équipe réserve à la Section qu'en octobre 1934, jusqu'en janvier 1937[32]. En effet, c'est à cette date qu'il doit mettre un terme à sa carrière en raison d'une double fracture de la jambe le 31 janvier 1937[33].

Après carrière

Après sa carrière de joueur, Taillantou part pour le Maroc. Il retourne cependant en Béarn, chassé par le séisme de 1960 à Agadir, où il perdit pratiquement tout et redevint boucher[34].

Références

  1. « TAILLANTOU Fernand », sur ffr.fr (consulté le )
  2. « Fernand Taillantou », La République des Pyrénées, (lire en ligne)
  3. Charles Lagarde, « Parlons un peu du glorieux Tatou », sur Gallica, L'Indépendant des Basses-Pyrénées, (consulté le )
  4. « Section Paloise bat l'US Quillan », sur Gallica, Le Miroir des sports, (consulté le )
  5. « Accident », sur Gallica, Le Patriote des Pyrénées, (consulté le )
  6. Georges Lannessans, « Les dessous de l’histoire de la Section Paloise. 5 mai 1930 : la cravate de la mort de Fernand Taillantou », Sud Ouest, (ISSN 1760-6454, lire en ligne, consulté le )
  7. « L'affaire Taillantou », sur Gallica, Le Patriote des Pyrénées, (consulté le )
  8. « Affaire Taillantou », sur Gallica, L'Auto, (consulté le )
  9. « Le Miroir des sports : publication hebdomadaire illustrée », sur Gallica, (consulté le )
  10. « Finales Rugby - TAILLANTOU Jean Baptiste Fernand », sur finalesrugby.fr (consulté le )
  11. « Finales Rugby - TAILLANTOU Jean Baptiste Fernand », sur finalesrugby.fr (consulté le )
  12. « Les grands joueurs de rugby: Fernand Taillantou », sur Gallica, L'Indépendant des Basses-Pyrénées, (consulté le )
  13. « Les XV des Anciens de la Section de 1928 à 1998 », sur www.section-paloise.com (consulté le )
  14. « Rugby Union - ESPN Scrum - Ireland v France at Belfast », sur espnscrum.com (consulté le )
  15. « Le succès de Belfast », sur Gallica, Le Miroir des sports, (consulté le )
  16. Jean Plàa, « Impression d'un "Bleu" », sur Gallica, Midi olympique, (consulté le )
  17. « Rugby Union - ESPN Scrum - Germany v France at Berlin », sur espnscrum.com (consulté le )
  18. « Rugby Union - ESPN Scrum - France v Wales at Colombes », sur espnscrum.com (consulté le )
  19. « L’affaire Taillantou, procès de la violence du sport », sur RetroNews - Le site de presse de la BnF, (consulté le )
  20. « Michel Pradié, le jeune rugbyman agenais est mort ce matin. », sur Gallica, Paris-soir, (consulté le )
  21. « CE QUE NOUS DIT L'ANCIEN CAPITAINE DE L'ÉQUIPE DE FRANCE DE RUGBY RENÉ CRABOS QUI ASSISTA A L'ACCIDENT MORTEL DE L'AGENAIS PRADIÉ, A BORDEAUX », sur Gallica, Le Miroir des sports, (consulté le )
  22. Henri Garcia, Fabuleuse histoire du rugby, Éditions De La Martinière, (ISBN 978-2-7324-5794-9, lire en ligne)
  23. G. Valeton, « Une lettre de la de la Section paloise au président de la FFR », sur Gallica, Midi olympique, (consulté le )
  24. Adèle Cailleteau, « Mort sur le stade », sur Sciences Humaines (consulté le )
  25. Christophe Granger, « Mort sur le stade. L'affaire Taillantou et le droit à la violence dans le rugby d'entre-deux-guerres », 20 & 21. Revue d'histoire, vol. N° 149, no 1, , p. 19 (DOI 10.3917/vin.149.0019, lire en ligne, consulté le )
  26. « Manslaughter Charge. », National Library of Australia, , p. 5
  27. « Le procès de Taillantou », sur Gallica, Le Journal, (consulté le )
  28. « Rough Football. », National Library of Australia, Hobart, Tas., , p. 11 (lire en ligne, consulté le )
  29. « Rugby Fatality. », National Library of Australia, Perth, WA, , p. 13 (lire en ligne, consulté le )
  30. « Fatal Rugby Accident », (consulté le )
  31. Tony Collins, The Oval World: A Global History of Rugby, Bloomsbury Publishing (ISBN 9781408843727).
  32. « Tatou », sur Gallica, L'Indépendant des Basses-Pyrénées, (consulté le )
  33. « Le lourd tribut payé par la Section Paloise », sur Gallica, L'Auto, (consulté le )
  34. « Les anciens de la Section », La République des Pyrénées, (lire en ligne)

Liens externes

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