Ferrari F40
La Ferrari F40 est une supercar GT et de compétition, du constructeur automobile italien Ferrari. Produite entre 1987 et 1992, pour fêter les quarante ans de la marque, elle succède à la Ferrari 288 GTO. Ultime création du vivant du Commendatore Enzo Ferrari (1898-1988), elle est au moment de sa sortie, la voiture la plus rapide, la plus puissante et la plus chère de l'histoire de l'automobile (liste des voitures de série les plus rapides au monde).
Ferrari F40 | ||||||||
Marque | Ferrari | |||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Années de production | 1987 - 1992 | |||||||
Production | 1 337 exemplaire(s) | |||||||
Classe | Voiture de sport | |||||||
Usine(s) d’assemblage | Usine Ferrari de Maranello | |||||||
Moteur et transmission | ||||||||
Énergie | Essence | |||||||
Moteur(s) | F120D de Ferrari 288 Evoluzione, V8 à 90°, 2,9 L, IHI, 2ACT, 32 soupapes | |||||||
Position du moteur | Centrale arrière, longitudinale | |||||||
Cylindrée | 2 936 cm3 | |||||||
Puissance maximale | à 7 000 tr/min : 478 ch (352 kW) | |||||||
Couple maximal | à 4 000 tr/min : 577 N m | |||||||
Transmission | Propulsion | |||||||
Boîte de vitesses | Manuelle à 5 rapports plus marche arrière | |||||||
Poids et performances | ||||||||
Poids à vide | 1 088 kg | |||||||
Vitesse maximale | 324 km/h | |||||||
Accélération | 0 à 100 km/h en 3,9 s | |||||||
Consommation mixte | 12,4 L/100 km | |||||||
Châssis - Carrosserie | ||||||||
Carrosserie(s) | Pininfarina Grand tourisme | |||||||
Coefficient de traînée | 0,34 | |||||||
Suspensions | Triangles superposés AV et AR | |||||||
Direction | Crémaillère | |||||||
Freins | Disques Brembo ventilés (330mm) AV et AR | |||||||
Dimensions | ||||||||
Longueur | 4 430 mm | |||||||
Largeur | 1 980 mm | |||||||
Hauteur | 1 130 mm | |||||||
Empattement | 2 450 mm | |||||||
Voies AV/AR | 1 594 mm / 1 610 mm | |||||||
Volume du coffre | N.C. dm3 | |||||||
Chronologie des modèles | ||||||||
| ||||||||
Elle valait 1 000 000 € en 2015. En 2020, sa cote avoisine 1 300 000 €.
Historique
En 1984, sous l'impulsion de Nicola Materazzi[1], Ferrari lance un programme d'étude « Evoluzione » des Ferrari 288 GTO, afin de rivaliser avec les Porsche 959 en Groupe B, et pour marquer et fêter les 40 ans à venir de la fondation de son entreprise.
Dans les faits, Nicola Materazzi explique qu'il proposa à Enzo Ferrari de modifier la 288 GTO pour réaliser une voiture avec laquelle les clients pourraient courir. Enzo Ferrari ne put donner son aval, n'ayant plus le contrôle sur la production. Nicola Materazzi s'adressa donc à Eugenio Alzati, le directeur général de la production des voitures de série Ferrari (un homme de Fiat) qui approuva la demande. Néanmoins, il imposa que la voiture soit développée le samedi matin pour ne pas perturber la production en cours[1].
En 1987, parallèlement aux Ferrari Testarossa de 1984, la marque dévoile cette supercar GT en série limitée. Elle est alors la sportive la plus performante et efficace de l'histoire de l'automobile, inspirée directement de la compétition et notamment de la Formule 1. La voiture est présentée à la presse le 21 juillet 1987[2] au circuit de Fiorano de l'usine Ferrari de Maranello par Enzo Ferrari lui-même, avec Leonardo Fioravanti (chef designer) et Peter Camardella. La présentation au public se fera au salon de l'automobile de Francfort de la même année.
Selon la philosophie personnelle de toute une vie, et les dernières volontés du Commendatore Enzo Ferrari (1898-1988), elle est le dernier modèle de supercar GT Ferrari à repousser les limites du « génie mécanique automobile optimum », sans avoir recours aux premières solutions d'assistances et aides technologiques à la conduite en vogue dans le monde de la conception automobile de l'époque. La F40 est la première voiture de route de l'histoire de Ferrari à être construite avec divers matériaux composites tels que le kevlar. Au moment de sa présentation elle était la voiture de série la plus rapide jamais construite avec 324 km/h vérifiés.
Elle fut la dernière Ferrari équipée d'un moteur turbocompressé construite sous la supervision d'Enzo Ferrari.
La série de 400 exemplaires initialement prévue étant vendue en très peu de temps la production fut alors augmentée à 1 000 exemplaires. La valeur de la voiture atteignant des sommets, au même moment elle obtenait la certification aux États-Unis, refusée jusque-là en raison de ses caractéristiques extrêmes. Ferrari dut respecter le contrat avec l'importateur américain qui obligeait la firme de Maranello à allouer 22% de la production de chaque modèle au marché américain. La production fut donc de nouveau augmentée une dernière fois pour porter le nombre total de F40 produites à 1 337 exemplaires. Cette série limitée, et la disparition d'Enzo Ferrari l'année suivante à l'âge de 90 ans, enflammèrent la spéculation avec des F40 neuves revendues à plus de 5 millions de francs[réf. nécessaire], très au-delà du prix usine.
Concurrente des Porsche 959, Lamborghini Diablo, Jaguar XJ220, Bugatti EB110, la Ferrari F50 lui succède en 1995.
Carrosserie
Son design et sa conception sont dus à Nicola Materazzi, les voitures étant construites et assemblées chez Pininfarina. Le poids total est inférieur à 1 100 kg grâce à la chasse aux éléments inutiles et à l'utilisation intensive de matériaux composites : chassis et panneaux en Kevlar, carrosserie en fibre de verre renforcée de fibre de carbone, vitres en plexiglas, réservoirs en résines aéronautiques. Sur le plan aérodynamique, elle bénéficie d’un Cx de 0,34 (0,29 vérifié dans la soufflerie de Fiat sur le prototype) avec ses phares escamotables à l'avant et un imposant aileron arrière. La suspension avant est à double triangulation, issue de la GTO Evoluzione.
Minimaliste et allégé au maximum, l'habitacle est volontairement spartiate. Avec ses sièges baquets, le confort est réduit au minimum, la climatisation est en option, les portes totalement vides pèsent environ 1,5 kg (pas de poignée pour l'ouverture depuis l'intérieur, mais un simple câble). Elle est dépourvue de direction assistée, d'ABS, et d'assistances et aides technologiques à la conduite.
Caractéristiques techniques
Moteur
Le moteur F120D hérite d'une version « Evoluzione » de 400 chevaux de la Ferrari 288 GTO précédente, descendant lui-même de la série des moteurs V6 et V8 Dino de compétition de la Scuderia Ferrari.
Le V8 à 90°, de 3 litres de cylindrée (2 936 cm3), est positionné longitudinalement. Il est suralimenté par deux turbocompresseurs IHI avec intercooler pour une puissance de 478 chevaux. Cela permet à la F40 de réaliser le 0 à 100 km/h en 3,9 secondes et le 1 000 m départ arrêté en 21,8 s pour une vitesse de pointe de 324 km/h. Il est doté de deux doubles arbres à cames en tête et 32 soupapes (quatre soupapes et deux injecteurs par cylindre). Le carter, le bloc moteur, et les culasses sont en silumin (alliage d'aluminium-silicium). Les parois internes des chemises en aluminium sont renforcées par dépôt électrolytique d'une couche de nikasil (alliage de nickel-carbure de silicium) pour réduire les coefficients de friction et améliorer la lubrification et la résistance aux hautes températures.
Nicola Materazzi rapporte que concernant le choix des turbos, un test d'accélération comparatif en présence d'Enzo Ferrari lui-même et du président de la société KKK, fut organisé entre une F40 équipée de turbos de la marque IHI et une autre recevant des turbos KKK. À l'issue de l'épreuve, le président de la firme KKK reconnut que les turbos japonais IHI étaient meilleurs[3].
La boîte de vitesses est une boîte manuelle à 5 rapports, plus marche arrière, avec un embrayage à double disque à sec monté longitudinalement. Elle fut développée spécifiquement par Nicola Materazzi, compte tenu que ZF, habituel fournisseur de boite de vitesses de Ferrari, ne possédait pas à l'époque de boite de vitesses adaptée pouvant supporter le couple exceptionnel de 577Nm[3].
Carrosserie
La caisse de cette Berlinette deux places en fibre de verre seule ne pèse que 46 kg. Elle est positionnée sur un cadre tubulaire en acier avec panneaux intérieurs du cockpit renforcés de Kevlar et fibre de carbone imprégnés de résine époxy. Les suspensions avant et arrière, indépendantes, sont à bras transversaux avec ressorts hélicoïdaux et barres stabilisatrices. Grâce aux amortisseurs oléopneumatiques réglables depuis l'habitacle, les suspensions peuvent être réglées selon trois niveaux différents de hauteur et de rigidité, en fonction du style de conduite et des conditions d'utilisation. L'empattement est de 2 450 mm, la voie avant de 1 594 mm et la voie arrière de 1 606 mm. La direction est à crémaillère. Le poids total est de 1155 kg. Nicola Materazzi précise que la première F40 pesait 1093 kg ; des modifications esthétiques alourdirent le modèle de série[1].
L'ingénieur Mauro Forghieri dit : "Je trouvais que c’était une voiture avec des pneus sous-dimensionnés pour la puissance qu’elle avait. La ligne voulue par Pininfarina limita beaucoup la taille des pneus arrière"[4].
Intérieur
L'habitacle de la F40 est réduit à l'essentiel, eu égard à sa vocation plus course que routière. À l'exception de la climatisation en option, le système audio, la boîte à gants, le tapis, les garnitures en cuir et les panneaux de porte sont absents. Les 50 premiers modèles utilisaient des glaces coulissantes latérales, tandis que les derniers étaient équipés de lunettes descendantes; aucun modèle avec des fenêtres à commande électrique n'a jamais été produit. Les poignées de porte intérieures furent remplacées par des sangles en caoutchouc. Le F40 n'a pas de direction assistée ni d'ABS. Cette dotation «spartiate» la différencie davantage de sa rivale Porsche 959, qui se vantait d'une large utilisation de la technologie électronique.
Compétition
Ferrari F40 LM | |
Ferrari F40 LM #40 de l'écurie Taisan Starcard | |
Marque | Ferrari |
---|---|
Années de production | 1989 - 1998 |
Classe | Voiture de course |
Moteur et transmission | |
Énergie | Essence |
Moteur(s) | V8 à 90° Biturbo |
Position du moteur | Longitudinale centrale arrière |
Cylindrée | 2 936 cm3 |
Puissance maximale | 760 à 780 ch (567 à 582 kW) |
Couple maximal | ~ 700 N m |
Transmission | Propulsion |
Boîte de vitesses | Manuelle à 5 ou 6 rapports |
Poids et performances | |
Poids à vide | 1 050 à 1 225 kg |
Vitesse maximale | 370 km/h |
Accélération | 0 à 100 km/h en 3,5 s |
Châssis - Carrosserie | |
Carrosserie(s) | Coupé 2-portes |
Châssis | Carrosserie en carbone |
Suspensions | AV : doubles triangles et barre antiroulis réglable AR : barre antiroulis réglable |
Direction | À crémaillère |
Freins | Disques ventilés de 355 mm |
Dimensions | |
Longueur | 4 535 mm |
Largeur | 1 980 mm |
Empattement | 2 450 mm |
La Ferrari F40 est déclinée en plusieurs versions de course :
- 1989 : F40 Valeo, 1 exemplaire, pour le PDG de Fiat-Ferrari Gianni Agnelli, avec embrayage électronique Valeo (actif en moins de 100 millisecondes) piloté automatiquement par le levier de vitesses, initialement développé sur les voitures de rallye Lancia Delta Integrale
- 1989 à 1998 : F40 LM et LM IMSA, (Le Mans), une dizaine d'exemplaires, préparées par Michelotto Automobili, poussée à 900 chevaux, pour les 24 Heures du Mans, Championnat IMSA GT (classe GTO).
- F40 LM
- F40 LM
- 1994 à 1996 : F40 LM GTE, sept exemplaires pour le championnat BPR sur base de LM, avec 3,5 L de cylindrée, puissance poussée à 660 ch, boîte de vitesses séquentielle à six rapports, disques de freins en carbone/céramique, concurrente des McLaren F1 GTR et Porsche 911 GT1.
- F40 LM GTE, championnat BPR
- F40 Competizione, Musée de l'Automobile de Turin
- F40 Competizione
- F40 Competizione : huit exemplaires, puissance poussée à 720 ch, puis 900 ch, pour un poids de 1 050 kg, et 370 km/h de vitesse de pointe, accélération de 0 à 100 km/h en 3 secondes , avec pour pilote, entre autres, le français Jean Alesi.
F40 Spéciales
En 1989, portant le numéro de châssis 79883, la Ferrari F40 Valeo fut créée. Cet exemplaire unique fut commandé et construit pour le patron de FIAT, Gianni Agnelli. C'est la seule F40 équipée d'un embrayage électronique Valeo permettant des passages de vitesses en moins de 100 millisecondes avec un dispositif entraîné par le mouvement du levier de vitesses. Cette voiture est aussi la seule F40 sans pédale d'embrayage. Ce système de commande d'embrayage électronique fut initialement développé sur les Lancia Delta Integrale Rally, et a également été installé sur certains modèles Ferrari Mondial, coupé et cabriolet. Il est équipé de nombreux systèmes de sécurité qui empêchent de démarrer avec une vitesse engagée et de passer un rapport de vitesse à un régime moteur trop élevés ou trop bas. Le pommeau de levier de vitesses est en aluminium avec les initiales GA à la place des classiques chiffres de la grille de vitesse. Cette F40 a également la particularité d'être l'un des deux seuls exemplaires réalisés avec un intérieur en tissu noir, au lieu du rouge.
Annexes
Bibliographie
Articles connexes
Liens externes
Références
- Davide Cironi, « Materazzi Racconta: Perché nacque la Ferrari F40 - Davide Cironi Drive Experience (SUBS) », (consulté le )
- (it) « 30th anniversary of the F40 », Ferrari,
- Davide Cironi, « Materazzi Racconta: Enzo Ferrari e il Turbo in F1 - Davide Cironi Drive Experience (SUBS) », (consulté le )
- Davide Cironi, « Forghieri Racconta: 12 domande imperdibili - Intervista di Davide Cironi (SUBS) », (consulté le )
- Portail de l’automobile
- Portail du sport automobile
- Portail de l'endurance automobile
- Portail de l’Italie