Fondation Maeght
La Fondation Maeght (prononcé [mɑɡ][1]) ou fondation Marguerite et Aimé Maeght est la première fondation privée dédiée à l’art, en France. C’est une fondation d’art moderne et d'art contemporain située à proximité du village de Saint-Paul-de-Vence, à 25 km de Nice.
Type | |
---|---|
Ouverture | |
Site web |
Collections |
Art du XXe siècle |
---|
Architecte | |
---|---|
Protection |
Pays | |
---|---|
Commune | |
Adresse |
623, chemin des Gardettes 06570 Saint-Paul-de-Vence |
Coordonnées |
43° 42′ 02″ N, 7° 06′ 54″ E |
La Fondation d’Aimé Maeght et de son épouse Marguerite, principaux éditeurs et marchands d’art de l’Europe d’après guerre, est née de l’amitié qu’ils entretenaient avec les artistes du XXe siècle, tels que Joan Miró, Alexander Calder, Fernand Leger, Georges Braque, Alberto Giacometti et Marc Chagall. Tous contribuèrent à sa création et c’est l’architecte catalan Josep Lluis Sert qui réalisa le bâtiment.
Ouverte toute l'année, sept jours sur sept, la Fondation Maeght accueille chaque année plus de 200 000 visiteurs[2] et possède une des plus importantes collections en Europe de peintures, sculptures et œuvres graphiques du XXe siècle[3]. La fondation organise de grandes expositions thématiques et des rétrospectives qui s'étendent à la littérature sur l'art.
Histoire
La Galerie Maeght
En décembre 1945, Aimé et Marguerite Maeght inaugurent à Paris la Galerie Maeght, lieu de rendez-vous des artistes, des poètes et des écrivains. Parmi eux, les peintres Matisse, Bonnard, et Braque qui apportent leur soutien aux projets d’Aimé Maeght. Le groupe s’agrandit avec l’arrivée d'artistes comme Fernand Léger, Joan Miró, Bram et Geer Van Velde. Puis à nouveau, entre 1946 et 1951, avec Marc Chagall, Alexander Calder, Raoul Ubac, Alberto Giacometti et Vassily Kandinsky qui exposent pour la première fois à la Galerie Maeght. Ce couple visionnaire organise en 1947 la première exposition surréaliste autour d’André Breton et de Marcel Duchamp.
La création de la Fondation Maeght
La mort en 1953 de leur fils Bernard, atteint d’une leucémie, est une véritable épreuve qu’ils traversent avec le soutien des artistes. Georges Braque, épaulé par André Malraux, alors ministre d'État chargé des Affaires culturelles, suggère à Marguerite et Aimé Maeght de se lancer dans un grand projet : la création ex nihilo d’un lieu d’un nouveau genre dans le sud de la France, à Saint-Paul-de-Vence où les Maeght possèdent déjà une maison.
Sur les conseils de Braque, le couple Maeght entreprend alors un voyage aux États-Unis en 1955, afin de visiter les fondations américaines telles que la fondation Barnes, la collection Phillips ou le musée Guggenheim[4].
C’est à partir de ces modèles que la Fondation Maeght ouvrira ses portes le 28 juillet 1964 à Saint-Paul-de-Vence. Elle sera inaugurée par André Malraux qui déclarera : « Ici est tenté quelque chose qui n’a jamais été tenté : créer l’univers dans lequel l’art moderne pourrait trouver à la fois sa place et cet arrière-monde qui s’est appelé autrefois le surnaturel »[5].
La fondation a été entièrement financée par Aimé et Marguerite Maeght. Elle ne dépend pas de l’administration des Musées Nationaux et ne bénéficie d’aucune subvention de l’État, du département ou de la commune de Saint-Paul. Cette autonomie financière lui permet d’être entièrement indépendante et libre du choix de son programme et de ses expositions.
Le conseil d’administration est composé de 11 membres où figurent trois représentants des ministères de tutelle. Le directeur est chargé de l’administration, de la conservation des œuvres et des expositions.
Elle est reconnue d’utilité publique et peut recevoir des dons, legs et mécénats qui lui permettent ainsi de conserver et d’enrichir sa collection, de préserver son patrimoine architectural et de développer des activités culturelles. La création de la Société des Amis et la contribution des donateurs sont fondamentales au développement et au rayonnement de la Fondation.
Collections
La Fondation Maeght possède une des plus importantes collections de peintures, de sculptures, de dessins et d’œuvres graphiques d’artistes modernes et d’artistes contemporains en Europe avec plus de 13 000 références[6].
La collection de la Fondation regroupe plus de 1000 peintures et sculptures, six cents dessins, 6 000 gravures et plus de 30 000 livres. Elle est composée des œuvres de la collection personnelle de Aimé et Marguerite Maeght mais aussi des commandes et des achats faits aux artistes. La collection a pour but d’être variée, et de confronter différentes générations d’artistes.
Alberto Giacometti est un des artistes les plus visibles à la Fondation. L’ensemble des œuvres de l’artiste est l'une des deux collections les plus importantes au monde : 35 sculptures, 25 dessins, 60 gravures et lithographies, dont les rares bronzes des années 1930 comme Le Cube, l’Objet invisible ou la Fontaine. La Fondation Maeght possède notamment les deux versions de L’homme qui marche.
La collection comporte aussi une grande partie de l’œuvre de Joan Mirò avec huit peintures, 140 sculptures, 75 dessins, une centaine de collages et maquettes et plus d’un millier de lithographies et de gravures.
Expositions
Depuis son ouverture en 1964, la Fondation Maeght a organisé plus de 140 expositions thématiques, monographiques ou des expositions d’artistes contemporains.
On peut citer comme exemple :
- Expositions thématiques : l’Art vivant aux États-Unis, L’art en mouvement, le Nu au XXe siècle, La Russie et les Avant-Gardes, Les Aventures de la vérité, Au cœur de l'Abstraction.
- Expositions monographiques : Kandinsky, Chagall, Calder, Matisse, de Staël, Bonnard, Giacometti, Miró, Braque, Dubuffet.
- Expositions d’artistes contemporains : Yan Pei-Ming, Pier Paolo Calzolari, Takis, Jacques Monory, Gérard Garouste, Christo et Jeanne-Claude, Eduardo Arroyo, Lee Bae, Bernard Moninot[7].
La Fondation a aussi organisé des expositions consacrées à des écrivains, à leur rôle dans le domaine de l’art, et aux peintres qu’ils ont défendus. Ce fut le cas pour Pierre Reverdy en 1970, pour René Char en 1971 et en 1973 pour André Malraux.
La Fondation organise également des expositions qui sont présentées à l’étranger dans des musées ou dans des fondations privées comme à Téhéran, à Grenade, à Bruxelles, à Madrid, à Turin ou à Stockholm.
L'architecture
Organisation du bâtiment
Le bâtiment qui abrite les collections de la Fondation a été réalisé par l’architecte catalan Josep Lluis Sert, recommandé par Joan Miró. Le projet initial était de créer un village d’artiste et non un musée.
Josep Lluis Sert calque son plan sur celui d’un village méditerranéen, où l’ensemble se développe autour d’un point central : la chapelle. Chaque bâtiment a sa fonction : la bibliothèque, le café, la librairie, le bureau, les salles d’expositions, les ateliers de gravure et de céramique, comme dans un village.
Le rythme est donné par les claustras blancs et les baies vitrées qui invitent le spectateur à observer les bois, la mer, le patio ou encore le bassin décoré par Braque. L’architecte a conservé les déclivités du sol. Ainsi les salles d’expositions, patios et jardins sont agencés sur différents niveaux de terrasses, et donne au bâtiment toute son originalité.
La chapelle dédiée à Saint-Bernard est érigée sur des vestiges anciens. Cet édifice religieux est consacré. Le Christ au-dessus de l’autel, offert par le couturier Balenciaga à Marguerite Maeght est un Christ espagnol datant du XIIe siècle.
Une exposition sur l’architecte Joseph Lluis Sert a été organisée en 2014, pour les cinquante ans de la Fondation.
Un bâtiment HQE
La Fondation Maeght est le premier bâtiment à porter le titre HQE « Haute qualité environnementale ». Son architecte conçoit un lieu où lumière, ventilation naturelle, circulation d’air, présence d’eau et ombrage végétal sont les maitres mots. Ce bâtiment est un précurseur de l’architecture durable.
Le problème de l’éclairage des salles d’expositions a été résolu grâce aux demi-voutes qui coiffent les toits, véritables « pièges de lumière » qui captent et diffusent la lumière solaire à travers une paroi vitrée.
Josep Lluis Sert a voulu une lumière naturelle qui ne soit jamais directe pour préserver les œuvres. Cette lumière naturelle pénètre dans les bâtiments, et crée ainsi le lien entre l’extérieur et l’intérieur.
Au grand regret des défenseurs de ce projet architectural, de nombreuses ouvertures imaginées par Josep Lluis Sert, notamment les lanterneaux installés sur les toits, ont dû être occultées pour protéger les œuvres à l’intérieur.
Les deux grands impluviums blancs sont l’emblème de la Fondation et assurent deux fonctions : recueillir les eaux de pluie pour alimenter les bassins, et apporter de la fraicheur dans les salles d’exposition grâce à l’ombre qu’ils procurent.
En 2008, l’architecte italien Silvio d’Ascia dirige les travaux de réhabilitation et d’extension.
La contribution des artistes
Des peintres et des sculpteurs ont collaboré à l'architecture avec Josep Lluis Sert en créant des œuvres intégrées au bâtiment et à la nature : la cour Giacometti, le Labyrinthe Miró peuplé de sculptures et de céramiques, les mosaïques murales de Marc Chagall et de Pierre Tal Coat, le bassin et la mosaïque de Braque, le vitrail de la chapelle qui reprend le thème exact des Oiseaux que Georges Braque a créé pour le plafond du musée du Louvre[8], la fontaine animée de Pol Bury[9].
L'édifice a été labellisé « Patrimoine du XXe siècle » par le ministère de la Culture[10].
Joan Miró
Chaque année Joan Miró séjourne plusieurs mois à Saint Paul chez les Maeght, où il travaille dans les ateliers de gravure et de céramique. Pour témoigner de sa reconnaissance, il fera le don de plusieurs centaines d’œuvres à la fondation. En 1979, la Fondation célèbre les 85 ans de l’artiste et dévoile le vitrail monumental que Miró a conçu pour la Fondation.
Le Labyrinthe de Miró :
Aimé Maeght propose à Joan Miró d’investir les jardins de la Fondation. Accompagné de Josep Llorens Artigas, son ami de jeunesse à Barcelone, Miró réinvente la sculpture monumentale, qu’il associe à la nature et à l’architecture. Pour le Labyrinthe, il va créer un monde onirique peuplé d’animaux fantastiques.
L’artiste catalan explore plusieurs matériaux. Il utilise principalement la céramique : le Lézard grimpe sur le mur du patio, le Mur qu’il réalise compte 468 plaques de céramique, la sculpture intitulée le Cadran solaire, ainsi que son œuvre la plus importante : La déesse de la Fécondité. Le mur de brique du bâtiment principal de la Fondation est le support du Personnage, visage de céramique brune juché sur une haute tige de fer.
La Tour est dominée par un oiseau en fer forgé, L’ Oiseau Solaire et L’Oiseau Lunaire sont en marbre de Carrare, la Fourche est en fer et en bronze. Celle-ci reprend le symbole du poing levé du paysan en révolte lors de la guerre d’Espagne. La Grande Arche est réalisée en béton, où Miró a gravé ses signes récurrents au marteau-piqueur.
Au centre d’un bassin se dresse La femme à la chevelure défaite en marbre blanc, et un second bassin accueille trois gargouilles de l’artiste.
On peut aussi voir Le fil d’Ariane, ligne blanche peinte par Miró sur les murets, qui guide le visiteur dans sa promenade.
Alberto et Diego Giacometti
La Cour Giacometti se trouve en bas du bâtiment principal et ses toits en pagode. Cette cour accueillait les Nuits de la Fondation ainsi que des concerts et des grandes soirées.
Tous les éléments de décoration de la fondation comme les bancs, les portes, les lampes, les lampadaires, ont été conçus par Alberto Giacometti et Diego Giacometti. L’ensemble du mobilier de la cafétéria, appelée Café Diego, est une création spéciale de Diego pour la Fondation. Il réalise les étagères, les comptoirs, les lampes, les chaises ainsi que les tables en bronze et en fer forgé.
Georges Braque
Georges Braque a réalisé le vitrail sud de la chapelle Saint-Bernard en 1962, où son oiseau blanc incarne le sacré. Il dessine aussi un bassin en mosaïque représentant des poissons.
Raoul Ubac
Raoul Ubac a réalisé le vitrail nord de la chapelle saint Bernard ainsi que les quatorze stations du Chemin de Croix en ardoise sculptée en 1961. On trouve aussi, sur l’un des murs extérieurs de la fondation, la plus grande sculpture murale de l’artiste.
Marc Chagall
Marc Chagall réalise spécifiquement pour la Fondation, une mosaïque murale intitulée « Les Amoureux » ou « Bienvenue ». Elle représente le couple Maeght accueillant les visiteurs.[11]
Une structure multiculturelle
Les Nuits de la Fondation
La Fondation Maeght ne se présente pas comme un musée mais comme un grand atelier, permettant la rencontre de tous les arts.
Les Nuits de la Fondation Maeght ont eu lieu tous les étés de 1965 à 1970. Le public pouvait ainsi découvrir au sein même de la Fondation des artistes pionniers de la musique expérimentale comme Terry Riley, Pierre Boulez ou encore Cecil Taylor. La Fondation accueillait ainsi la musique contemporaine mais aussi la danse et le théâtre d’avant-garde.
La Bibliothèque
La Fondation Maeght comporte une bibliothèque publique ouverte depuis 1972. Elle comprend environ 10 000 volumes sur l’art, les collections complètes des principales revues d’art ainsi que les catalogues des principaux musées du monde. Elle est ouverte sur rendez-vous pour les chercheurs et étudiants[6].
Le Cinéma
La Fondation comportait un cinéma d’art et d’essai qui fonctionnait tous les jours en été et trois jours par semaine pendant le reste de l’année. Une cinquantaine de films sur les artistes, la plupart produits par Maeght, y étaient projetés en alternance.
Notes et références
- D'origine flamande, le nom Maeght est prononcé en France approximativement comme « mâg » ou « maag » (à la différence du Maeght néerlandais, qui se prononce lui comme « makt »).
- Informations du site officiel de la fondation.
- Liste du site des Amis du musée.
- Yoyo Maeght, La fondation Marguerite et Aimé Maeght l'art et la vie, Gallimard, dl 2010 (ISBN 978-2-07-012755-9 et 2-07-012755-9, OCLC 690896531, lire en ligne).
- La Fondation Marguerite et Aimé Maeght, Paris, Maeght Éditeur, , 205 p. (ISBN 2-86941-115-4), p. 48.
- Laurence Castro, « La Fondation », sur Fondation Maeght (consulté le ).
- Laurence Castro, « Expositions passées », sur Fondation Maeght (consulté le ).
- Les Oiseaux du Louvre en vitrail.
- (en) « Stones for the Spirit », Time magazine, .
- Liste d'édifices du XXe siècle de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, sur patrimoine-xx.culture.gouv.fr. Consulté le 2 mai 2012.
- Yoyo Maeght, Maeght : L'aventure de l'art vivant, Paris, La Martinière, , 306 p. (ISBN 2-7324-3485X), p. 45-143
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Site officiel
- Ressource relative aux beaux-arts :
- Ressource relative à la musique :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Site officiel de la société des Amis de la fondation Marguerite et Aimé Maeght
- Portail des musées
- Portail de la peinture
- Portail de la sculpture
- Portail de l’art contemporain
- Portail des Alpes-Maritimes