Forges d'Abainville

Les anciennes forges d'Abainville témoignent du passé industriel du sud de la Meuse et des Vosges, partagé entre le travail de la fonte puis de la pierre au gré de l’essor des technologies et du déclin sidérurgique[1].

Forges d'Abainville
Localisation
Coordonnées
48° 31′ 19″ N, 5° 29′ 37″ E


Le travail de la pierre trouve son origine grâce à la situation géologique du département voisin des Vosges et de ses massifs.

Localisation

Les Forges d'Abainville étaient situées dans le département de la Meuse, arrondissement de Bar-le-Duc sur la commune d'Abainville.

Histoire

Forges d’Abainville

La Meuse, par sa situation géographique et son histoire, a joué un grand rôle dans l'industrialisation du XVIIIe siècle[2],[3].

Entre 1723 et 1726, un haut fourneau et une forge sont transférés à Abainville par le Comte des Salles, dont la famille est étroitement liée à la Lorraine depuis le XVIe siècle. Ce haut fourneau et cette forge provenaient d'une installation industrielle sur le territoire limitrophe de Gondrecourt-le-Château, datant de 1709[4].

En 1779, les forges, Abainville et Gondrecourt dépendaient du bailliage de Lamarche.

En 1800, Florentin Muel fera acquisition de l'usine.

En 1819, Edouard Muel, gendre de Christophe Doublat, receveur général du département des Vosges, se porte acquéreur de l’usine et la modernise en important le procédé des forges à l’anglaise par le procédé de puddlage (la première dans la région en 1823).

La caractéristique de la forge à l’anglaise est la production de la fonte au coke au lieu du charbon de bois, grâce à l’invention du four à Puddler de Cort. C'est la combinaison, dans une même unité de production, de l’affinage de la fonte au coke avec des fours à puddler avant le passage dans les laminoirs.

Le remplacement du bocard à crasse et la mise en service de la forge à l'anglaise n'a lieu qu'en 1825, après quelques déboires d’ordre administratifs[5].

Les soufflets sont mus par une roue à aubes utilisant la force hydraulique d’une dérivation de l'Ornain, complétée par une réserve d’eau constituée par deux étangs artificiels[6].

En 1834 a lieu la mise en place de machines à vapeur, machine soufflante.

Un second haut fourneau sera construit en 1837[7].

En 1841, la fonderie est mise en valeur par le peintre Ignace-François Bonhommé et ses tableaux et croquis des forges d’Abainville. Ces œuvres sont visibles au musée de l'histoire du fer de Jarville-la-Malgrange .

Cette même année voit la faillite de Muel-Doublat .

En 1844, les forges seront reprises par un autre maître de forges : la société Capitain-Delabre, avec un agrandissement du site en 1858. En 1864, la société Capitain Delabre devient Salin-Lasson puis Lasson-Salmon en 1870.

Le déclin des fonderies de Meuse, Meurthe-et-Moselle et Haute-Marne s’amorce en raison du coût de production, lié à des facteurs externes tels que le prix du bois, les modes de transports et le coût de la main-d'œuvre de Suède divisé par trois. À cela s'ajoute la chute des prix de la fonte[8]. En 1904, c'est l'arrêt de toute activité sidérurgique.

En 1906, l’usine deviendra une usine de matériaux de construction, dite « Le Granit », puis Les granits réunis, Ets Ancé, Roche-Petiot (Abainville, Gondrecourt et Dijon), le , Biegel et enfin, 1984 « le Granit » sous la direction de M. Haehanel, Eric FIEVET depuis 2013[9].

Entre 1917 et 1918, les locaux de l'usine sont réquisitionnés pour réparer le matériel ferroviaire américain.

L'activité de taille de pierre

De nombreux monuments commémoratifs tels que le monument de la Libération de Bayeux, représentant le Général de Gaulle, grandeur nature, inauguré en 1952 en présence du Général de Gaulle lui-même y ont été fabriqués.

Quelques exemples :

Les forges d'Abainville, ce qu'il en reste.

L'activité des forges s'est arrêtée en 1904, mais le site a gardé de nombreux témoignages du passé.

La charpente en bois, peinte par Bonhommé est toujours visible.

Une des deux cheminées a subi les outrages de la tempête Lothar de 1999. L'autre est toujours debout.

Un pont de levage construit sur le même principe que la tour Eiffel (fer puddlé) et datant de l’exposition universelle à Paris en 1889 est présent, il servait à décharger les blocs de granit arrivant sur les wagons par un raccordement sur la ligne de Nançois - Tronville à Neufchâteau. Ces commandes repartaient vers Oran et Alger jusqu’à l'indépendance de l'Algérie.

Valorisation du patrimoine

Dans le but de maintenir la mémoire du site, inscrit dans le passé industriel de la Meuse et des Vosges, des visites gratuites du site peuvent se faire sur demande.

Notes et références

  1. (fr + en) Paul-Antoine Naegel, « Deux beaux restes de hauts-fourneaux anciens en Meuse Éléments de leur histoire », ffhal-00386056v2f, , p. 1à13 (lire en ligne)
  2. (fr + en) Antoine- Paul Naegel, « Le département de la Meuse (France) : industrialisation entre 1790 et 1914 », ÉCOLE DOCTORALE CONNAISSANCES, LANGAGES, CULTURES, (lire en ligne)
  3. (fr + en) Frédéric Ogé, « Eléments pour servir à l’histoire et à la géographie industrielles de la Région Lorraine du début du XIXe siècle à nos jours », Archives ouvertes, (lire en ligne)
  4. « GIRONVILLE-GIVRAUVAL- GONDRECOURT-LE-CHATEAU- GOURAINCOURT », sur Histoires de Meusiens (consulté le )
  5. A. Imbert, « Usines métallurgiques : demandes d'autorisation d'usines métallurgiques en application de la loi du (1790-1867) », archives nationales, , page 110 (lire en ligne)
  6. « LES ROUES HYDRAULIQUES », sur dbhsarl.eu (consulté le )
  7. Philippe MARTIN - Didier ZANY, « Fossé tectonique de Gondrecourt », sur http://www4.ac-nancy-metz.fr/base-geol/fiche.php?dossier=175&p=3descrip (consulté le )
  8. https://www.ars-metallica.fr/wp-content/uploads/2017/10/rozet_delorme.pdf
  9. « Inventaire historique d anciens sites industriels du département de la Meuse - PDF Téléchargement Gratuit », sur docplayer.fr (consulté le )
  10. Pagliari Armand, « Commémoration du centenaire de l'inauguration du Monument aux Morts (8) », sur Le blog du maire de Pagny sur Meuse (consulté le )
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