Foulques III d'Anjou
Foulques III[1],[2], dit Foulques Nerra (« le Noir »), en raison de son teint sombre, né vers 965/970 et mort à Metz le , fut comte d'Anjou de 987 à 1040. Il a marqué l'histoire de son temps par sa violence et les actions entreprises pour se racheter de ses crimes.
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Foulques III d'Anjou | |
Titre | |
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Comte d'Anjou | |
– | |
Prédécesseur | Geoffroy Ier d'Anjou |
Successeur | Geoffroy II Martel |
Biographie | |
Titre complet | Comte d'Anjou |
Dynastie | Ingelgeriens |
Date de naissance | vers / |
Date de décès | |
Lieu de décès | Metz |
Père | Geoffroy Ier d'Anjou |
Mère | Adèle de Vermandois |
Conjoint | Elisabeth de Vendôme Hildegarde de Haute-Lorraine de Sundgau |
Enfants | Adèle Geoffroy II Martel Ermengarde Blanche |
Comte d'Anjou | |
Biographie
Foulques est de la famille des Ingelgeriens et fils de Geoffroy Ier Grisegonelle, comte d'Anjou, et d'Adèle de Vermandois[3]. À son avènement, Foulques III Nerra, le nouveau comte d'Anjou, est un personnage d'un naturel violent et d'une énergie peu commune, « un des batailleurs les plus agités du Moyen Âge », selon la formule de l'historien Achille Luchaire.
Il se montre souvent cruel, mais ses remords sont à la hauteur de ses crimes : il multiplie les abbayes dans ses domaines et part, à quatre reprises, pour la Terre sainte (1003, 1009, 1035 et 1038), pour laver ses nombreux péchés et se faire pardonner ses crimes. En effet, on l'accuse, entre autres, d’avoir commandité l'incendie de la ville d'Angers quelques jours après avoir fait brûler vive son épouse qu'il avait accusée d'adultère. Poursuivi par la haine publique et par le cri de sa propre conscience, il a l'impression que les nombreuses victimes, immolées à sa vengeance ou à son ambition, sortent la nuit de leurs tombeaux pour troubler son sommeil et lui reprocher sa barbarie.
Lors de son dernier pèlerinage à Jérusalem, il se repent en avançant vers le Saint-Sépulcre torse nu et flagellé par deux serviteurs qui sur son ordre scandent :
« Seigneur reçois le méchant Foulques, comte d'Anjou qui t'a trahi et renié. Regarde mon âme repentie, ô Jésus-Christ[4]. »
Les pèlerinages entrepris par le comte d'Anjou à Jérusalem en 1003-1005, 1009-1011, 1036 et 1039[5] lui valurent les surnoms d'« Ancien » et de « Jérosolomitain » dans les chroniques manuscrites après sa mort[6],[3].
À l’ouest, il s’oppose à son beau-frère Conan Ier, comte breton de Rennes, qu’il bat et tue le à Conquereuil. Cette victoire lui permet d’occuper le comté du Maine et la Touraine et d'installer un vassal, le vicomte de Thouars à Nantes. Il est en lutte également avec le duc Richard II de Normandie.
Vers 1001, lors de la prise de la forteresse de Montsoreau, il décide de la donner et non pas de la confier à son plus fidèle vassal, Gautier de Montsoreau, et crée ainsi la première seigneurie d'Anjou. Cette décision autant politique que stratégique lui assurera une défense plus efficace du territoire[7]. La forteresse de Montsoreau ne sera d'ailleurs pas reprise.
Il agrandit son domaine au détriment du Poitou, en conquérant les Mauges, et y fait construire en 1005 le château de Montrevault.
Son principal ennemi à l’est est le comte Eudes II de Blois, mais une alliance avec les rois capétiens lui permet de le tenir en échec. Il est vainqueur de celui-ci à la bataille de Pontlevoy le [8]. Il confie ensuite la garde de ses vastes domaines à son « bouillant » chef de guerre Lisois d'Amboise, qu'il nomme sénéchal d'Anjou.
Pendant toutes ses années de règne, il guerroie sans cesse contre les Bretons, contre la maison de Blois, protégeant son comté, allant de Vendôme à Angers en passant par Château-Gontier, Loches, Montbazon, Langeais ou Montrichard. On lui doit plus d'une centaine de châteaux, donjons et abbayes, dont le château médiéval de Montrésor[9].
En 1007, Foulques Nerra fonde l'abbaye de Beaulieu-lès-Loches. Le comte d'Anjou a également fait ériger le donjon de Langeais, forteresse bâtie en 994 et dont les ruines se trouvent toujours au château de Langeais[8], ainsi que l'étang Saint-Nicolas à Angers, qu'il fait creuser vers l'an 1000. Aux côtés d'Aldebert Ier, comte de la Marche, Foulques s'empare de Tours une première fois en 990[10]. Néanmoins, la même année, la population tourangelle entre en révolte et il se fait chasser de la ville[10]. En 997, après l'avoir assiégée, le comte d'Anjou et ses troupes investissent à nouveau la capitale tourangelle[11],[8].
À la fin des années 1030, après la mort d'Eudes II, la ville de Chinon est prise à son tour par le comte d'Anjou. Cependant, ces possessions se révèlent être de courte durée[12]. Son fils Geoffroy parvient à reprendre Tours et Chinon en 1044[13],[14].
Mariages et enfants
Il épouse en premières noces Élisabeth de Vendôme, fille de Bouchard le « Vénérable », comte de Vendôme, et d'Élisabeth Le Riche, comtesse de Corbeil et de Melun. De ce mariage était née une fille, Adèle, comtesse de Vendôme, mariée à Bodon de Nevers.
Selon certaines sources, parce que cette première épouse ne lui avait pas donné d'enfant mâle pour lui succéder, il l'accuse d'adultère et la fait juger par un tribunal complaisant qui la condamne à être brûlée vive[15]. D'autres disent qu'elle serait morte brûlée vive[16] lors de l'incendie d'Angers vers l'an mil, mais cette version, bien que citée par la chronique de Saint-Aubin d'Angers, est mise en doute.
Il épouse ensuite vers 1001 Hildegarde de Haute-Lorraine de Sundgau[Note 1]. Le seul document qui en parle et qui précise qu'elle est originaire de Lotharingie et d'ascendance royale, est le cartulaire de l'abbaye Notre-Dame-de-la-Charité ou Ronceray qu'elle a fondée en 1028.
Foulques Nerra et Hildegarde de Haute-Lorraine de Sundgau donnèrent naissance à :
- Geoffroy II Martel (° 1006 † 1060), comte d'Anjou et de Vendôme ;
- Ermengarde Blanche, mariée à Geoffroy II Ferréol, comte du Gâtinais, puis à Robert Ier le Vieux, duc de Bourgogne.
Mort et postérité
Foulques Nerra meurt à Metz alors qu'il rentre de son dernier voyage en Palestine. Son corps est enterré dans l'abbaye de Beaulieu-lès-Loches. Le , des fouilles ont lieu dans l'abbaye et les archéologues chargés du chantier exhument une tombe contenant un crâne et quelques ossements, qui sont attribués à Foulques Nerra[17],[18]. Après une opération de sondage archéologique réalisée au niveau de la partie sud du transept de l'abbaye, la tombe est à nouveau ouverte en 2007 et une expertise, menée au CHU de la Pitié-Salpêtrière[18], conclut que les restes retrouvés en 1870 ne sont pas ceux du comte d'Anjou[19].
Foulques Nerra est cité dans La Chronique des comtes d'Anjou[20], texte écrit de 1100 à 1140 par un moine angevin, à la demande de Foulques le Réchin.
Un bâtisseur
Foulques Nerra passe sa vie à fortifier ses terres par des constructions imposantes, un peu partout en Anjou, Touraine et Poitou. C'est lui qui fait construire les forteresses de Loches, Langeais, Montbazon, Montrésor, Semblançay et même des abbayes (Beaulieu-lès-Loches). Il est célèbre pour ses hauts donjons carrés d'une trentaine de mètres que l'on voit de loin encore aujourd’hui.
C'est encore lui qui fait bâtir les châteaux de Montrichard, Villentrois, Loudun, Moncontour, Montreuil-Bellay, Brissac, Baugé, Durtal, Château-Gontier.
Il fait construire l’église Saint-Nicolas et l’abbaye du Ronceray à Angers, l’église St-Aubin à Blaison.
Dans la fiction
Roger Bichelberger a fait de Foulques Nerra le narrateur de son roman Lettre à une trop jeune morte (2018); le comte, à la fin de sa vie, y dicte ses mémoires, sous forme d'une lettre adressée à sa première épouse Elisabeth de Vendôme[21].
Notes et références
- « Foulques III », sur Medieval Lands.
- Père Anselme, « Histoire généalogique et chronologique de la maison royale de France des Pairs, Grands officiers de la couronne et de la Maison du roi ; et des grands barons. », sur BnF Gallica, Paris, .
- Isabelle Chiraud, « Foulques Nerra, le Jérosolomitain du Val De Loire », La Renaissance lochoise, (lire en ligne, consulté le ).
- Alain Gilles Minella, Aliénor d'Aquitaine, Perrin, , p. 62.
- David Bates, Guillaume le Conquérant, traduction française Flammarion 2018 p. 61
- « Xe siècle - Foulque Nerra, comte d’Anjou (987). », sur le site des archives départementales de Maine-et-Loire (consulté le ).
- O. Guillot, Le comte d'Anjou et son entourage au XIe siècle, Paris, Picard, .
- Marcel Deyres, « Les châteaux de Foulque Nerra. », Bulletin Monumental, Société française d'archéologie, t. 132, no 1, , pages 7 à 28 (DOI 10.3406/bulmo.1974.5281, lire en ligne, consulté le ).
- Robert Ranjard, La Touraine archéologique : guide du touriste en Indre-et-Loire, Mayenne, Imprimerie de la Manutention, (réimpr. 1986), 9e éd., 733 p. (ISBN 2-85554-017-8), p. 488.
- Alexandre Salies, « Chapitre V », dans Alexandre Salies, Histoire de Foulques-Nerra Comte d'Anjou, (lire en ligne [PDF]), pages 26 à 29.
- Alexandre Salies, « Chapitre X », dans Alexandre Salies, Histoire de Foulques-Nerra Comte d'Anjou, (lire en ligne [PDF]), pages 42 à 45.
- Alexandre Salies, « Chapitre XXII », dans Alexandre Salies, Histoire de Foulques-Nerra Comte d'Anjou, (lire en ligne [PDF]), pages.
- (en) John Bagnell Bury, The Cambridge Medieval History : Maps III. Germany and the Western Empire., vol. 3, Plantagenet Publishing, , 700 p. (lire en ligne), pages 94 à 98.
- Jean Favier, « Les ambitions angevines », dans Jean Favier, Les Plantagenêts : Origines et destin d'un empire (XIe – XIVe siècle), Fayard, , 962 p. (lire en ligne), pages 50 et 51.
- Hommes et cités du Val de Loire, (lire en ligne), p. 20.
- Revue de l'Anjou et de Maine-et-Loire, Conseil général du département et Conseil municipal d'Angers, (lire en ligne), p. 141.
- Alexandre de Salies, Histoire de Foulque Nerra (lire en ligne), note CXXXII.
- Philippe Charlier, « Foulques Nerra », dans Philippe Charlier, Le roman des morts secrètes de l'histoire, Editions du Rocher, , 192 p. (lire en ligne), page 25 à fin chapitre.
- Philippe Charlier et David Alliot, « 25 - Le saigneur d'Anjou : Le tombeau de Foulques Nerra III », dans Quand la science explore l'histoire, Tallandier, 256 p. (lire en ligne), page 81 à fin chapitre.
- « la Chronique des Comtes d'Anjou ».
- Roger Bichelberger, Lettre à une trop jeune morte : roman, Paris, Albin Michel, , 133 p. (ISBN 978-2-226-40031-4 et 2226400311)
- L'origine exacte de la famille d'Hildegarde n'est pas claire, mais elle est souvent associée à la famille de Lorraine de Sundgau. Hildegarde a fondé l'abbaye de Saint-Marie de Ronceray en 1028, dans laquelle elle est entrée comme religieuse après la mort de son mari. Elle mourut le 1er avril 1046 lors d'un pèlerinage à Jérusalem et fut enterrée dans l'église du Saint-Sépulcre.
Annexes
Bibliographie
- Christian Thévenot, Foulque III Nerra, Comte d'Anjou, Tours, Éditions de La Nouvelle République, (ISBN 978-2-86881-071-7)
- (en) Bernard S. Bachrach, Fulk Nerra, the Neo-Roman Consul, 987-1040 : A Political Biography of the Angevin Count, University of California Press, , 392 p. (ISBN 978-0-520-07996-0) Compte rendu critique : [George T. Beech]
Liens externes
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- (de + en) Artists of the World Online
- (en) Union List of Artist Names
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Chronique des exploits des comtes d'Anjou.
- Alexandre de Saliès, Histoire de Foulque Nerra, comte d'Anjou, 1874
- (en) Foulques III d'Anjou
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