François-Jean Rochas

François-Jean Rochas est né le 22 septembre 1843 dans la commune de Vif, en Isère. Il est le fils de François-Charles Rochas et d'Anne-Victoire Rochas, née Chaulon, qui sont des vifois de souche, et grandit dans une fratrie de quatre enfants (dont il est l'aîné) : son frère Joseph Charles Henri, ses sœurs Victoire Joséphine Henriette et Mari Pauline, ainsi que lui. Ses deux autres frères sont décédés lorsqu'ils étaient encore enfants[1].

Ses parents sont des agriculteurs et travaillent très certainement dans la viticulture[1], domaine d'activité très courant dans la vallée de la Gresse à cette époque : et pour cause, il y avait, en 1860, plus de 245 hectares dédiés à la vigne à Vif[2].

François-Jean, lui, passe toute sa jeunesse à Vif, et ce jusqu'à l'âge de ses 37 ans où, pour des raisons inconnues, il émigra aux États-Unis.

Il est le seul de sa famille à avoir quitté son village natal et le pays.

François-Jean a gagné la côte Est des États-Unis en 1880, et ce certainement après plusieurs mois de bateau pour la traversée de l'Atlantique. On ignore précisément comment il a rejoint l'ouest du pays nord-américain, mais on suppose qu'il a pu emprunter des chariots que les voyageurs de l'époque utilisaient[1].

Les monts Sacramento, dans l'est desquelles se trouve le Dog Canyon.

Il voyagea à travers le sud du pays, et ce jusque non loin de la frontière du Texas : il atteint finalement les frontières du Nouveau-Mexique au cours de cette fin du XIXe siècle et gagne le bassin de Tularosa (comté d'Otero), bordé à l'est par les monts Sacramento, hauts de près de huit-cent mètres d'altitude[1].

Lors de son arrivée dans cet état, aux alentours de 1881, il passa très certainement par Santa Fe puis par le village de La Luz avant d'atteindre la région où il s'installa finalement.

Sans doute que les formes des montagnes Sacramento et du Dog Canyon (Canyon du Chien ou Gorge du Chien) lui rappelèrent les monts des Alpes et le Massif du Vercors qui cerne sa ville natale de Vif, toujours est-il qu'il choisit de rester dans cette région et décide de s'installer à l'entrée du canyon où il bâtira sa ferme de ses propres mains en 1885[1].

Comme un ruisseau s'écoulait tout au long de l'année à travers le Dog Canyon et offrait une végétation luxuriante à la petite vallée, il n'est pas étonnant que François-Jean ait choisi cet emplacement là comme nouveau lieu de vie[1]. Il construisit lui-même son habitation, une petite cabane en pierre, et y vécut de 1885 jusqu'à sa mort, en hiver 1894.

À l'époque de son arrivée dans les monts Sacramento, il n'y avait comme autre présence humaine que celle d'amérindiens avec lesquels François-Jean se serait toujours bien entendu, entretenant avec eux d'excellentes relations intelligentes[1].

C'est ce statut de « premier homme blanc » de la région qui fit de lui l'un des derniers pionniers du Nouveau-Mexique, et ce sont les autres colons anglais qui lui donnèrent le surnom de « Frenchy ».

Venant d'une famille de paysans dauphinois, François-Jean s'adonna durant toute sa vie (et ce dès son arrivée) dans le Dog Canyon à l'élevage puis à la culture : en 1888 (soit trois ans après son installation définitive dans la gorge), il possède 6 chevaux (des fouilles de sa maison révélèrent des fers à cheval) et 400 têtes de bétail[3]. Pour contenir son troupeau, il édifia sur les flancs du rocher de Dog Canyon des murs en pierre que l'on peut aujourd'hui toujours voir dans l'Oliver Lee Memorial State Park[1].

Après les fortes sécheresses des années 1889-1890, François-Jean vend (en 1892) tout son troupeau à un membre d'une compagnie d'élevage du bassin de Tularosa nommé Riley pour se consacrer exclusivement à la culture. Il ne possède alors plus ni chevaux, ni bétail[1].

François-Jean possède aussi un verger, situé à quelques mètres en aval de sa maison, qu'il irrigue avec un canal d'irrigation en provenance du ruisseau du canyon qu'il a lui-même construit en 1893 et dont il reste aujourd'hui encore des vestiges. Le canal, certainement édifié à l'aide d'Oliver Lee (un éleveur qui s'installa quelques années après Rochas dans la région et qui profita aussi du canal), aidait à irriguer des plantations variées : oliviers, figuiers, cerisiers, pruniers, pêchers…[1]

Plusieurs conflits et problèmes survinrent dans la vie de vacher et de fermier de François-Jean Rochas :

En 1886, tout d'abord, c'est un cheval qui disparu de sa ferme sur le rocher du Dog Canyon. C'est un homme nommé Morrison (que Rochas avait recruté pour l'aider à la ferme) qui fut soupçonné du vol de ce cheval et contre lequel Rochas porta plainte à La Luz. Morrison fut finalement libéré, mais le 1er juillet 1886, il tendit une embuscade à François-Jean et tenta de l'assassiner, mais Rochas s'en sorti et le poursuivit en justice. Morrison, lui, quitta la ville et disparu peu après[1].

Alors qu'il a des problèmes de dettes, François-Jean gagna un procès en 1894 qui lui permet de récupérer son argent sur l'héritage d'un membre de la compagnie d'élevage a qui il avait vendu son troupeau. Sa dette, elle, ne sera soldée qu'en 1898, soit après sa mort[1].

Plusieurs lettres, dont des lettres de vœux, que François-Jean a écrit à sa famille (sœur, frère, beau-frère…) ont été retrouvées : François-Jean y parle de son verger, des modèles d'outils que ses proches lui proposent, de sa santé…[1]

Une autre lettre a été envoyée le 23 décembre 1894 à un ami français du nom de Monier, vivant à Santa Fe, et dont François-Jean demande de l'aide dans son désir d'arpenter son terrain pour acquérir un titre légal de sa propriété. Il ne parviendra malheureusement jamais à lire la réponse de Monier, car François-Jean trouve la mort seulement trois jours plus tard[1].

Église Notre-Dame de la Lumière de La Luz (Our Lady of the Light).

Juste après la Noël, le 26 décembre 1894, le corps de François-Jean fut retrouvé gisant sans vie dans sa ferme, une balle de carabine tirée dans sa poitrine. L'arme, une carabine Winchester 44, se trouvait à ses pieds. Si les autorités conclurent cette macabre découverte comme un suicide, des témoignages laissèrent penser par la suite qu'il avait été assassiné. On soupçonna Oliver Lee, le fermier voisin de François-Jean, mais aussi des marchands de bétail à qui il devait de l'argent ainsi que des Indiens et des brigands[1]^,[4]. Le véritable coupable de ce meurtre ne fut cependant jamais découvert, mais il est probable que François-Jean Rochas ait été en réalité une énième victime des Range Wars qui galvanisaient à l'époque l'Ouest Américain[4].

Sa dépouille fut rapportée à La Luz, où il fut inhumé dans le cimetière catholique de Notre-Dame de la Lumière[4].

• Vif, Isère
• Comté d'Otero, Nouveau-Mexique.
• Chapelle Loretto

• https://www.rdrnews.com/2018/06/24/quiet-and-reclusive-frenchy-was-one-of-the-bravest-men-in-the-southwest/
• https://www.rdrnews.com/2018/07/08/did-frenchy-the-dog-canyon-cattleman-build-the-miracle-staircase-in-santa-fe/
• https://fr.findagrave.com/memorial/8401944/francois-jean-rochas

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