Francis Basin
Francis Basin (1903 — 1975), fut, pendant la Seconde Guerre mondiale, un agent secret franco-britannique du Special Operations Executive.
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Décès |
(à 72 ans) Paris |
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Identités
- État civil : François Marcel Basin[1]
- Comme agent du SOE :
- Nom de guerre (field name) : « Olive »
- Nom de code opérationnel : URCHIN (en français GARNEMENT)
- Identité de couverture : aucune[2].
Parcours militaire : Special Operations Executive, section F ; grade : lieutenant.
Éléments biographiques
Francis Basin naît le à Grasse.
En , il s'engage dans l'armée britannique sur le conseil du colonel Massip dont il est le secrétaire et qui est proche du général de Gaulle. Incorporé comme simple soldat avec une trentaine d'autres Français, il fait toutes ses classes sans penser à devenir agent secret. Il suit les cours d’officier de liaison et passe l’examen à Wanborough Manor (Guildford) le . Un jour il reçoit la visite du commandant Nicolas Bodington, qui dirige alors la section F avant l'arrivée de Maurice Buckmaster. Bodington lui propose de suivre un entraînement spécial pour aller en France remplir une mission dangereuse. « Réfléchissez, lui conseille-t-il. Vous me donnerez votre réponse demain. » Basin réplique : « Je préfère vous dire oui tout de suite. Si je réfléchis, je me dégonflerai. »[3] Il est une des premières recrues du SOE et suit l'entraînement[4]. Le , il est promu lieutenant.
- Mission en France
Définition de la mission : chef du réseau URCHIN, sur la Côte d’Azur. Son nom de guerre est « Olive ».
Le , il embarque en Angleterre sur le bateau HMS Fidelity [5]. Dans la nuit du 19 au , il débarque près de Perpignan [6].
Le lendemain de son arrivée, Francis Basin est interpellé par la police à son hôtel (hôtel de Bourgogne, à Cannes) et enfermé au fort Saint-Nicolas de Marseille. Le juge d’instruction reconnaît sa bonne foi et le remet en liberté le , avec un non-lieu.
Pendant plus de dix mois, du au , il développe le réseau :
- il prend contact avec le docteur Élie Lévy, dont la maison (31 bis boulevard Foch, Antibes) va devenir un centre d’accueil pour les nombreux agents en transit. Celui-ci le met en rapport avec André Girard, chef du réseau CARTE.
- il établit son quartier général à Cannes, dans la Villa Isabelle, route de Fréjus. Le baron Henri Ravel de Malval « Antoine », qu’il a connu au début de la guerre et qu'il rencontre par hasard à Cannes, met ainsi sa maison à sa disposition. Là, Francis Basin reçoit les agents du SOE débarqués sur la Côte d'Azur. Il réussit à former 31 cellules couvrant plusieurs départements : Bouches-du-Rhône, Var, Basses-Alpes, Alpes-Maritimes. Sept cellules sont affectées à la propagande ;
- il est en contact régulier avec Virginia Hall « Marie », basée à Lyon. Ensemble, ils préparent des rapports envoyés à Londres ;
- il établit des contacts avec les leaders des mouvements de résistance et les aide financièrement : Henri Frenay (LIBERTÉ, qui deviendra COMBAT), le général de La Laurencie (LIBÉRATION NATIONALE), Emmanuel d'Astier de la Vigerie « Bernard » (LIBÉRATION).
- il est en relation avec Londres, d’abord par des rapports envoyés par la valise diplomatique suisse, puis aussi par radio à partir du , moment où arrive Isidore Newman « Julien », l’opérateur radio qui lui est affecté.
- André Girard, impressionné par les possibilités de contacts avec Londres que Francis Basin peut assurer, accepte d’envoyer en Angleterre l’un de ses officiers. Il choisit Henri Frager, son second. Mettant à profit le départ de Max Hymans « Frédéric » pour Londres, Francis Basin envoie un rapport sur ses relations avec le réseau CARTE. Malheureusement, Max Hymans est interné trois mois en Espagne, et le rapport n’arrive à Londres que le ;
. Peter Churchill, en provenance d’Angleterre, lui apporte des directives révisées.
19/. Arrivée de son opérateur radio, Isidore Newman « Julien »[7].
- Arrestation
. Francis Basin est arrêté à Cannes par la Surveillance du territoire. Il a été donné par un courrier diplomatique suisse, Jean Cogniat, arrêté à la frontière suisse en possession de rapports secrets de Basin.
27/. Arrivée en France de Peter Churchill, qui va prendre la suite du réseau URCHIN dans le Midi, sous le nom de SPINDLE.
. Une tentative d’évasion de Francis Basin organisée par le réseau CARTE, dans le train qui l’emmène à la prison Montluc de Lyon, échoue.
- De nouveau libre
. Francis Basin sort de la prison Montluc avec un faux ordre de liberté provisoire. Les Allemands, qui ont envahi la zone libre, le recherchent. Il est faible et a besoin de soins médicaux, mais il doit se dépêcher de disparaître. Avec l’aide de Lazare Rachline (réseau d’évasion VIC), Virginia Hall l’emmène au Mont-Dore et l’installe dans une maison sûre d’Auvergne. Puis il gagne Nîmes où un avion doit venir le chercher. Mais il a un accident sur le terrain et se casse la jambe.
. Un Hudson le ramène à Londres[8]. Francis Basin reste à Londres jusqu’à la fin de la guerre, comme instructeur à la STS de Beaulieu, puis à l’état-major de la section F, à Londres[9]. Enfin, il est réintégré dans les services français (BCRA), état-major FFI, le , en qualité de chargé de mission de 1re classe.
- Après la guerre
Il témoigne de son expérience le auprès de Mlle Patrimonio, et le auprès d'André Gillois. Il meurt le à Paris (12e)
Reconnaissance
Francis Basin a reçu les distinctions suivantes :
- Royaume-Uni : membre de l’Ordre de l’Empire britannique (MBE),
- France : Croix de guerre 1939-1945, Médaille de la Résistance, Chevalier de la Légion d'honneur (1946), Officier de la Légion d'honneur (1951).
Famille
- Son père : Antoine Auguste Benoît Basin, employé aux chemins de fer, 46 ans à la naissance, dom. boulevard Gambetta, NICE (Mėdaille Coloniale, Tunisie).
- Sa mère : Élise Sylvie Irène Adélaïde, née Vernin, sans profession, 39 ans à la naissance.
Annexes
Sources et liens externes
- Fiche Basin, François Marcel sur le site Special Forces Roll of Honour.
- Michael Richard Daniell Foot et Jean-Louis Crémieux-Brilhac (annot.) (trad. de l'anglais par Rachel Bouyssou), Des Anglais dans la Résistance : le service secret britannique d'action (SOE) en France, 1940-1944, Paris, Tallandier, , 799 p. (ISBN 978-2-84734-329-8) Traduction en français par Rachel Bouyssou de (en) M. R. D. Foot, SOE in France an account of the work of the British Special Operations Executive in France, 1940-1944, London London Portland, OR, Whitehall History Pub. Frank Cass, (ISBN 978-0-7146-5528-4) Ce livre présente la version officielle britannique de l’histoire du SOE en France. Une référence essentielle sur le sujet du SOE en France.
- Hugh Verity (trad. de l'anglais, préf. Jacques Mallet), Nous atterrissions de nuit : les atterrissages secrets de la RAF en France, 1940-44 [« We landed by moonlight. »], Viverols, Éd. Vario, , 5e éd., 366 p. (ISBN 2-913663-10-9), p. 275
- Brooks Richards (trad. Pierrick Roullet), Flottilles secrètes : les liaisons maritimes clandestines en France et en Afrique du Nord : 1940-1944 [« Secret Flotillas »], Le Touvet (Isère), Éditions Marcel-Didier Vrac (M.D.V.), , 5e éd. (1re éd. 1978), 366 p. (ISBN 978-2-913663-10-7)
- Lt. Col. E.G. Boxshall, Chronology of SOE operations with the resistance in France during world war II, 1960, document dactylographié (exemplaire en provenance de la bibliothèque de Pearl Witherington-Cornioley, consultable à la bibliothèque de Valençay). Voir sheet 17, DONKEYMAN CIRCUIT.
- Thomas Rabino, Le réseau Carte : histoire d'un réseau de la Résistance antiallemand, antigaulliste, anticommuniste et anticollaborationniste, Paris, Perrin, , 398 p. (ISBN 978-2-262-02646-2)
- Vincent Nouzille, L'espionne : Virginia Hall, une Américaine dans la guerre, Paris, Fayard, , 443 p. (ISBN 978-2-213-62827-1, présentation en ligne).
- André Gillois, Histoire secrète des Français à Londres de 1940 à 1944, Hachette, 1973.
- Claude Bourdet, L’aventure incertaine.
- E. H. Cookridge, "Mettez l’Europe à feu", trad. Jacques Brecard, Fayard, 1968
- Témoignage de Francis Basin recueilli par Mlle Patrimonio le , Archives nationales (CARAN, Paris), cote 72 AJ 39/I, pièce 6.
Notes
- Le site SFRoH et Nouzille p. 376 donnent comme premier prénom : François. The National Archives donnent : Francis.
- Basin était né à Grasse, où sa vieille maman habitait encore [en 1941]. Cadett lui avait préparé de faux papiers d’identité, mais Basin lui proposa une solution plus plausible. Il estimait en effet préférable de rentrer en France sous son vrai nom, et de prétendre qu’il avait été mobilisé dans une des unités françaises de chasseurs alpins ayant combattu en Norvège en 1940. Son alibi devait être qu’après le retour de Norvège, il avait été retenu en Angleterre, mais que, refusant de se placer sous les ordres de de Gaulle, il rentrait maintenant dans sa patrie. Baker Street lui fournit tous les faux papiers militaires indispensables pour justifier cette thèse. [Cookridge, p. 131.]
- André Gillois, ch. 4.
- Entraînement de Francis Basin - Il apprend à faire des faux et des photos-miniatures, à forcer des serrures et à se servir de plastic. Ensuite on le met à l'épreuve en l'envoyant, en civil et sans papiers, à travers l'Angleterre, avec mission de s'introduire dans un aérodrome et d'en relever les plans. Il réussit, et à son retour il est nommé organisateur d'un réseau, tandis que le commandant de l'aérodrome où il a pu pénétrer en fraude perd son poste et est l'objet d'une sanction disciplinaire. Au moment de son départ, on lui donne rendez-vous au bar de l'hôtel Dorchester. Il s'y installe à l'heure dite dans une salle bourrée de consommateurs. Un inconnu s'approche de sa table et lui dit à haute voix, en s'asseyant à ses côtés : « Basin, vous êtes Allemand. Vous vous cachez mal puisque la police vous a repéré ». Basin constate avec stupéfaction que personne n'a remarqué cette interpellation. Alors le nouveau venu se penche à son oreille et chuchote quelques mots. Aussitôt toutes les têtes se tournent vers eux : « Vous voyez, lui dit son interlocuteur, les chuchotements sont plus dangereux que les conversations normales. Retenez bien cette leçon, et bonne chance. » [Source : témoignage de Francis Basin, 3 novembre 1971, recueilli par André Gillois. Voir André Gillois, ch. 4.]
- Cookridge
- Opération : AUTOGYRO ; navire : HMS Fidelity ; provenance : Gibraltar ; point de débarquement : Le Barcarès ; agents débarqués : Francis Basin « Olive », Robert Leroy « Louis », Raymond Roche « François », et Georges Duboudin « Alain ». [Source : Sir Brooks Richards, p. 923]
- Brooks Richards, p. 637 et 925.
- Opération DYER, organisée par Henri Déricourt dans la nuit du 19/ ; appareil : Hudson ; terrain : ACHILLE ; personne amenée (1) : Peter Deman « Paul » de la section DF ; personnes ramenées (10) : Marie-Thérèse Le Chêne, Tony Brooks (SOE) « Alphonse », Robert Boiteux « Nicolas », Octave Simon, Joseph Marchand, Victor Gerson, Robert Benoist, Francis Basin, Raymonde Mennessier, Jean-Louis de Ganay ; circonstances : brume basse et bœufs sur le terrain. [Source : Verity, p. 275]
- Cookridge, p. 144.
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