Freedom and Roam Uganda
Freedom and Roam Uganda (FARUG) est une organisation non gouvernementale ougandaise féministe luttant pour les droits des femmes lesbiennes, bisexuelles, trans, intersexes et queer. Elle est fondée en 2003 par Kasha Jacqueline Nabagesera.
Forme juridique | Organisation non gouvernementale |
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But |
Droits LBTIQ et des femmes Lutte contre les discriminations envers les femmes LBTIQ Lutte contre le patriarcat |
Zone d’influence | Ouganda |
Fondation | |
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Fondatrices |
Kasha Jacqueline Nabagesera Victor Mukasa (en) Taz Musisi |
Siège | Ntinda (en), Kampala |
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Directrice générale | Junic Wambya |
Site web | faruganda.org |
Historique
Fondation
Freedom and Roam Uganda est fondé le [1] par Kasha Jacqueline Nabagesera, une femme au premier plan du mouvement LGBTI+ en Ouganda[2], Victor Mukasa (en) et Taz Musisi[3]. L'organisation est à l'origine réservée uniquement aux lesbiennes[4]. Son nom signifie en français « liberté et libre circulation », exprimant la volonté de pouvoir se déplacer librement dans une société ouverte et égalitaire[5]. Son siège est situé dans le quartier Ntinda (en)[6] de la capitale, Kampala[5]. Elle est membre de l'International Lesbian, Gay, Bisexual, Trans and Intersex Association[7].
Lors de sa création, FARUG est la première organisation de lesbiennes et de femmes LBTIQ du pays[8] et la première ouvertement militante LGBTI+ du pays[3], le militantisme LBTI+ n'étant jusque là que clandestin, anonyme et informel[9]. Composée principalement de femmes de communautés marginalisées, elle a pour but d'obtenir la pleine égalité pour les femmes[10] et les personnes LGBTIQ[5], d'éliminer toutes les formes de discrimination fondées sur l'orientation sexuelle[5] ainsi que le chauvinisme, le patriarcat et les cultures d'oppression envers les femmes[10]. Elle critique la négligence des problématiques féminines dans le militantisme : à la création de FARUG, l'unique ONG d'importance est Spectrum Uganda, fondée par et pour des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes[9].
Dès sa première année d'existence, FARUG influence la création de plusieurs autres groupes indépendants[3]. Pour coordoner les actions de ces groupes[11] qui parfois n'ont même pas connaissance l'un de l'autre, Victor Mukasa[3] fonde en 2004 l'ONG faîtière Minorités sexuelles en Ouganda avec FARUG, Spectrum Uganda et seize autres organismes LGBTI+[12].
Premières actions
D'après un récit de Nabagesera publié en 2010 par Feminist Africa (en), Freedom and Roam Uganda accède à la notoriété un an après sa fondation, lorsqu'elle se mobilise à la suite du suicide d'une adolescente lesbienne. Cette dernière s'est tuée dans son école après en avoir été exclue temporairement, renvoyée de chez elle puis fouettée en public devant les autres élèves de l'école en raison de sa sexualité. Sa mort est ignorée par le gouvernement comme par les organisations de droits humains. Toujours selon Nabagesera, en condamnant publiquement les autorités scolaires et le silence des autorités et des associations FARUG parvient à médiatiser l'affaire. De par l'exposition médiatique, FARUG voit son nombre de membres augmenter. Cependant, plusieurs militantes originelles quittent le navire, de peur d'être trop exposées[1],[3].
Nabagesera raconte qu'après leur première campagne de sensibilisation, organisée en 2007 avec SMUG[12], plusieurs hommes gays demandent à pouvoir intégrer l'ONG. Leur participation est refusée, en vertu d'un principe non-mixte lesbien. Elle explique que cela permet d'avoir un « espace sûr » pour lesbiennes et parce que « les membres de FARUG ne veulent pas que les hommes, quelle que soit leur orientation sexuelle ou leur origine, ne viennent imposer leur autorité comme ils le font dans toutes les autres sphères de la vie »[trad 1]. Néanmoins, explique Nabagesera, les militantes de FARUG apportent leur « aide et [leur] soutien » aux « frères homosexuels » dans principe de « soutien mutuel », et ce, sans dénier « les principes et l'identité lesbienne[trad 2],[1]. »
Actions notables
Freedom and Roam Uganda mène des rencontres culturelles et des espaces d'échanges réguliers entre lesbiennes. Cela permet, d'après Kasha Jacqueline Nabagesera, de libérer la parole et de diffuser des œuvres sur des sujets inabordables dans l'espace public. Des ateliers de réflexion politique sont également organisés, dont certains où les hommes sont invités[1].
Opposition à la loi anti-homosexualité
FARUG agit contre un projet de loi anti-homosexualité présenté en 2009[4], qui prévoit de criminaliser l'homosexualité avec des peines de prison, et, dans certaines conditions, des condamnation à mort. Le militantisme de FARUG et de Minorités sexuelles en Ouganda (SMUG), qui sollicitent plusieurs organismes internationaux féministes et des pour les droits humains, permet une mobilisation internationale contre le texte. Sous la pression internationale, le projet de loi est refusé par le parlement en mai 2011[5].
Le projet est cependant relancé quelques mois après ; Freedom and Roam Uganda reprend alors sa campagne d'opposition, intitulée « Hate no more »[15] (« Ne haïssez plus »[16]). L'organisation réalise des actions d'affichage[17], des distributions de tracts[18], plusieurs évènements et des brochures éducatives[17]. Leur siège subit un cambriolage en juillet[19],[20], leurs ordinateurs, imprimantes et bases de données sont volés[21].
Plainte contre Rolling Stone
En , Kasha Jacqueline Nabagesera est visée par le magazine Rolling Stone (en)[22] (sans rapport avec l'homonyme américain). Il publie les noms, adresses et photos d'une centaine d'Ougandais et Ougandaises présumés homosexuels et appelle à les pendre[23]. Nombre d'entre eux sont victimes de violences homophobes[24] et Nabagesera doit fuir le pays[25].
Avec des membres de SMUG eux aussi visés, Nabagesera porte plainte contre le tabloïd ; il est condamné en janvier de l'année suivante pour avoir « menac[é] terriblement leur droit à la dignité humain » et avoir violé leur droit à la vie privée[22]. Le même mois, David Kato, une figure de la lutte gay dans le pays et membre de SMUG[26], qui a été nommé par Rolling Stone, est tué à son domicile[2].
Répression
Menacée en raison des menaces son engagement, Kasha Jacqueline Nabagesera est régulièrement obligée de déménager[2]
En , une conférence sur les droits LGBTI+ organisée à Entebbe par Freedom and Roam Uganda, à laquelle participe une trentaine de personnes, subit une descente de police. Cette dernière empêche la poursuite de la réunion. À l'origine de l'action se trouve le ministre de l'Éthique et de l'Intégrité Simon Lokodo (en), qui déclare après coup avoir défait un « rassemblement illégal » de « terroristes » « qui planifient la destruction [du] pays »[trad 3]. Il tente sans succès de faire arrêter Kasha Jacqueline Nabagesera. Son attaque est condamnée par Amnesty International[27].
Soutiens internationaux
Freedom and Roam Uganda bénéficie d'un soutien financier de la Fondation Hirschfeld-Eddy, un organisme berlinois contribuant au niveau international à la lutte pour les droits humains LGBTI+[28]. En 2012, le magazine lesbien allemand L-Mag (en) organise un appel aux dons pour l'organisation au sein de la communauté LGBTI+ de son pays. Grâce à une vente de t-shirts, elle réunit 1 500 €, remis à la Fondation Hirschfeld-Eddy[29].
Notes et références
- (de) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en allemand intitulé « Freedom and Roam Uganda » (voir la liste des auteurs).
Notes
- (en) « FARUG members didn't want men, regardless of their sexual orientation or background, to come and impose their authority over us as they have done in all other spheres of life. »
- (en) « Gay men continue to come to FARUG for help and support and we have rendered it to them even if we are not a mixed group. We believe that even if we are a lesbian-only group, we are seen as “sexual minorities” just like our gay brothers are, and we have to support each other in whichever way possible. This, however, does not mean that we have to deny our commitment to lesbian principles and identities, which are at the heart of our organization. »
- (en) « It was an illegal meeting because we were not informed. [...] You should not allow people to plan the destruction of your country. You cannot allow terrorists to organise to destroy your country. »
Références
- (en) Kasha Jacqueline Nabagesera, « There is Hope... We are Not Giving Up », Feminist Africa (en), no 14, , p. 123-127 (lire en ligne).
- (en) « Courage is our virtue and freedom is our goal », sur Office of the United Nations High Commissioner for Human Rights.org, (consulté le ).
- (en) Deborah Kintu, The Ugandan Morality Crusade : The Brutal Campaign Against Homosexuality and Pornography Under Yoweri Museveni, McFarland & Company, , 200 p. (ISBN 978-1-4766-2953-7, lire en ligne), p. 129-131.
- (de) Renate Rampf, « “Das größte Problem sind Unwissenheit und Vorurteile.” », sur LSVD, (consulté le ).
- (en) « Kasha N. Jacqueline » (version du 14 mars 2012 sur l'Internet Archive), sur Human Rights Foundation.
- (en) Site officiel.
- (en) Rita Schäfer et Eva Range, The Political Use of homophobia : Human Rights and Persecution of LGBTI Activists in Africa, Friedrich-Ebert-Stiftung, , 28 p., PDF (ISBN 978-3-86498-812-7, lire en ligne), p. 7.
- (en) « Gay Ugandans: Loud and Proud by Val Kalende », sur OutRight Action International, (consulté le ).
- (en) Human Rights Consortium, Envisioning Global LGBT Human Rights : (Neo)colonialism, Neoliberalism, Resistance and Hope, Institute of Commonwealth Studies, School of Advanced Study, University of London, , 462 p., PDF (ISBN 978-0-9931102-8-3, lire en ligne), p. 329-330.
- (en) « FARUG - Freedom and Roam Uganda », sur Sex Rights Africa Network (consulté le ).
- (en) The 2011 Rafto Prize to Sexual Minorities Uganda (SMUG) and their leader Frank Mugisha, Bergen, Rafto Foundation for Human Rights (en), , 5 p., PDF (lire en ligne).
- (en) collectif, « Special Issue on LGBT and Queer Studies », Rupkatha Journal on Interdisciplinary Studies in Humanities, no 1 du volume VI, , p. 102 (lire en ligne).
- (en) « FARUG Announces Junic Wambya As New Executive Director », sur Freedom and Roam Uganda, (consulté le ).
- Imogène Lamb, « Ouganda : le droit des femmes bafoué », sur RFI, (consulté le ).
- (de) « Spendenaufruf », sur LSVD, (consulté le ).
- Angelo Izama, « Ouganda : la loi qui veut la mort des gays », sur Alternatives économiques, (consulté le ).
- (de) « Freiheit und Respekt für Lesben - Spendenaufruf für Freedom and Roam Uganda (FARUG) » (version du 28 septembre 2013 sur l'Internet Archive), sur Konnys Lesbenseiten, .
- (es) Emanuela Zuccalà, « La lucha incansable de una lesbiana en el norte de Uganda », sur El País, (consulté le ).
- (en) « Uganda: Amid uncertainty Freedom and Roam Uganda launches campaign », sur Pambazuka News (en), (consulté le ).
- (en) Dan Littauer, « Gay Uganda group office vandalized and robbed », sur Gay Star News, (consulté le ).
- (en) Noreen Fagan, « Hate No More! », sur Xtra!, (consulté le ).
- Judith Silberfeld, « Ouganda : La Justice interdit aux journaux d’outer les homos », sur Yagg, (consulté le ).
- Audrey Banegas, « Ouganda : Un journal oute 100 gays et invite à les « pendre » », sur Yagg, (consulté le ).
- (en) « Court Affirms Rights of Ugandan Gays », sur Human Rights First, (consulté le ).
- (de) « Hirschfeld-Eddy-Stiftung unterstützt Freedom and Roam Uganda (Farug) » (version du 28 septembre 2013 sur l'Internet Archive), sur Hirschfeld-Eddy-Stiftung.
- « Ouganda : David Kato assassiné », sur BBC News Afrique, (consulté le ).
- (en) David Smith, « Ugandan minister shuts down gay rights conference », sur The Guardian, (consulté le ).
- (de) « Lesbischer Alltag in Uganda – Aktivistin von Freedom and Roam Uganda (FARUG) in Berlin » (version du 10 mars 2012 sur l'Internet Archive), sur Hirschfeld-Eddy-Stiftung.
- (de) « Ihr habt gespendet: 1.500 Euro für FARUG » (version du 27 septembre 2013 sur l'Internet Archive), sur L-Mag (en).
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Blogs officiels : (en) faruganda.wordpress.com et (en) farug.blogspot.com
- (en) Site officiel de Minorités sexuelles en Ouganda
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