Frontières d'Israël
Les frontières d'Israël définissent le territoire auquel s'appliquent la loi, la juridiction et l'administration de l'État d'Israël. Israël est bordé par quatre états : le Liban , la Syrie , la Jordanie et l'Égypte, et par les territoires palestiniens (bande de Gaza et Cisjordanie) sous occupation militaire israélienne. Israël détient également trois frontières maritimes, en mer Méditerranée, dans la mer Morte et dans la mer Rouge. Les frontières d'Israël ont été modifiées à plusieurs reprises depuis la création de l'état en 1948. Les frontières avec l'Égypte au sud-ouest puis avec la Jordanie à l'est ont fait l'objet d'accords reconnus par les protagonistes. En revanche, les frontières avec le Liban, la Syrie et les territoires palestiniens ne sont pas unanimement reconnues internationalement.
Frontières d'Israël | |
Caractéristiques | |
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Délimite | Israël Égypte Jordanie Liban Syrie Palestine |
Longueur totale | 1 017 km |
Particularités | Frontières non reconnues par une partie des pays arabo-musulmans et la Corée du Nord ; annexions condamnées par la communauté internationale |
Historique | |
Création | Guerre israélo-arabe de 1948 |
Tracé actuel | Frontière internationalement reconnues auxquelles s'ajoute l'annexion de Jérusalem-Est et du Golan. |
Frontières actuelles
L'État d'Israël n'a pas précisé ses délimitations dans sa déclaration d'indépendance. Les frontières internationalement reconnues telles que lors de son admission à l'ONU sont celles dites « de 1967 » et suivent la ligne verte, c'est-à-dire les lignes d'armistice de la guerre israélo-arabe de 1948. Elles ne sont néanmoins pas reconnues dans le monde arabo-musulman à l'exception de l'Égypte, l'Autorité palestinienne et la Jordanie. À l'issue de la guerre des Six Jours, Israël a conquis des territoires à la Syrie, à la Jordanie et à l'Égypte. L'accord de paix entre Israël et l'Égypte, aboutit au retrait de la péninsule du Sinaï et à un accord sur la frontière israélo-égyptienne . L'accord de paix entre Israël et la Jordanie aboutit à la stabilisation de la frontière israélo-jordanienne le long du Jourdain, avec des modifications mineures. Israël continue à occuper la Cisjordanie où elle exerce une administration militaire. Israël considère la Cisjordanie comme un « territoire disputé » plutôt que comme un « territoire occupé ». Israël occupe une partie du plateau du Golan qui est divisé par une ligne de cessez-le-feu entre Israël et la Syrie. Le Golan et Jérusalem-Est ont été annexés par Israël en 1982[réf. nécessaire] et il y exerce l'administration civile. Toutefois, ces annexions ont été condamnées par une part importante de la communauté internationale. La frontière entre Israël et le Liban résulte de l'accord en 1923 entre les puissances mandataires française au Liban et britannique en Palestine mandataire, à l'exception de la petite superficie des fermes de Sheba.
Historique
Les prémices
Le , la Société des Nations ratifie les termes du mandat prévoyant l'établissement d'un « foyer national pour le peuple juif [...] étant clairement entendu que rien ne sera fait qui puisse porter atteinte aux droits civiques et religieux des collectivités non juives existant en Palestine ». L'Agence juive ratifie l'accord mais les sionistes révisionnistes, prédécesseurs du Likoud, le dénoncent et réclament les territoires de Transjordanie.
Si des penseurs comme Moses Hess préconisent dès le XIXe siècle la création d'un État juif en Palestine, ce n'est qu'en 1905 que le septième congrès sioniste donne comme objectif au mouvement sioniste la création d'une implantation juive en Palestine bien que les populations locales arabes s'y opposent[réf. nécessaire].
Le , la déclaration Balfour préconise la création d'un foyer national juif en Palestine.
Le , la Société des Nations ratifie le Palestine mandataire, amendé par le Livre blanc de 1922. Le mandat prévoit l'établissement d'un « foyer national pour le peuple juif [...] étant clairement entendu que rien ne sera fait qui puisse porter atteinte aux droits civiques et religieux des collectivités non juives existant en Palestine » à l'intérieur de la Palestine à l'ouest du Jourdain[1],[2].
Les nationalismes juif et arabe s'affrontent violemment en Palestine mandataire et se confrontent tous deux aux Britanniques administrant le territoire. plusieurs solutions sont proposées sans obtenir l'accord des parties. À la suite de la Révolte arabe de 1939, un nouveau Livre blanc remet en cause l'établissement d'un « foyer national juif » en Palestine mandataire et y prévoit au contraire l'indépendance d'un État unitaire endéans les 10 ans ou faute d'accord, l'appel à l'arbitrage de la Société des Nations.
Le , l'Assemblée générale des Nations unies vote le plan de partage de la Palestine mandataire proposant la partition du territoire entre les deux parties ainsi qu'une zone internationale à Jérusalem. La création d'un État juif[3],[4] et la création d'un État arabe est envisagé.
Ce plan est rejeté par les Arabes palestiniens et la Ligue arabe, qu’ils trouvèrent injuste car allant à l’encontre de la volonté des populations arabes locales, mais il est accepté par l'Agence juive. Dès le lendemain du vote, le Conflit de 1947-1948 en Palestine mandataire éclate et l'État d'Israël accède à l'indépendance.
Naissance d'Israël (mai 1948)
Le , au lendemain de la Déclaration d'indépendance de l'État d'Israël, plusieurs États du monde, dont les États-Unis et l'Union soviétique, reconnaissent de facto Israël dans les frontières prévues par le Plan de partage de l'ONU.
À la suite de la guerre israélo-arabe de 1948-1949, ces frontières évoluent. Israël conquiert l'ensemble de la Galilée jusqu'à la frontière libanaise, les villes de Jaffa, Lydda (rebaptisée Lod) et Ramle, un corridor entre Tel-Aviv et Jérusalem ainsi que, des bandes de territoires plus ou moins larges autour de la Cisjordanie, la plaine littorale jusqu'à la Bande de Gaza, et la partie du Neguev attribuée à l'État arabe.
L'ONU et la plupart des pays occidentaux reconnaissent Israël dans les territoires fixés par les lignes d'armistice de 1949. Ces frontières ne sont pas reconnues par tous les pays arabes et musulmans. On y fait généralement référence comme « les frontières internationalement reconnues d'Israël », la « ligne verte » ou encore « les frontières de 1967 » (sous-entendu, d'avant la guerre de 1967).
Guerre des Six Jours (juin 1967)
En , à la suite de la guerre des Six Jours, Israël annexe et occupe le Sinaï, la bande de Gaza, la Cisjordanie, Jérusalem-Est et Golan (y compris les fermes de Chebaa).
Guerre du Kippour (1973)
Le jour du jeûne de Yom Kippour, férié en Israël, qui coïncidait en 1973 avec la période du Ramadan, les Égyptiens et les Syriens attaquèrent par surprise simultanément dans la péninsule du Sinaï et sur le plateau du Golan, territoires respectivement égyptien et syrien occupés par Israël depuis la guerre des Six Jours. Profitant d'une supériorité numérique écrasante, les armées égyptiennes et syriennes avancèrent durant 24 à 48 heures, le temps qu'Israël achemine des renforts. Même si les attaquants bénéficiaient toujours d'une large supériorité numérique, l'armée israélienne put alors les arrêter. En une semaine, Israël retrouva son potentiel militaire et lança des contre-offensives qui lui permirent de pénétrer profondément en Syrie et de traverser le canal de Suez pour progresser au sud et à l'ouest en Égypte lorsque le Conseil de sécurité des Nations unies, en coopération avec les deux superpuissances russe et américaine, par l'intermédiaire du Royaume-Uni, demanda un cessez-le-feu pour laisser place aux négociations.
Un va-et-vient diplomatique de Henry Kissinger aboutit à un accord de désengagement le , basé sur l'échange de prisonniers, le retrait israélien jusqu'à la Purple Line et l'établissement d'une zone tampon contrôlée par l'ONU. Une troupe d'observateurs des Nations unies fut aussi établie dans le Golan pour garantir la paix.
Accords de paix israélo-égyptien (1977-79)
Après de longues et difficiles négociations, le , Anouar el-Sadate et Menahem Begin signent le traité de paix qui marque l’évacuation totale du Sinaï par Israël et le retour à la frontière qui prévalait entre l’Égypte et Israël avant la Guerre des Six-Jours de 1967. Toutefois, la bande de Gaza reste occupée par Israël.
Le traité ne stipule pas de frontières entre Israël et un hypothétique État palestinien. Il précise que la frontière est établie « sans préjudice (...) du statut de la bande de Gaza »[5], ce qui implique que les autres frontières ne sont pas fixées et peuvent évoluer[6].
L’évacuation israélienne se déroule en deux phases étalées sur 3 ans, le Sinaï devient largement démilitarisé et les deux pays établissent des relations diplomatiques[5].
Annexions israéliennes (1981)
Le Golan, et ce y compris les fermes de Chebaa, a été annexé de facto par Israël en 1981[7] par la loi du plateau du Golan.
Jérusalem-Est[8] a été annexée de facto en 1967, puis de jure par la loi fondamentale du dite Loi de Jérusalem qui fait de la ville, sa capitale « éternelle et indivisible ». Cette annexion n’est pas reconnue par l'ONU et ses pays membres et est considérée comme illégale[9].
Processus de paix israélo-palestinien (1988 - 2001)
Entre 1988 et 2001, Israéliens et Palestiniens ont entamé des négociations en vue de normaliser leur relation.
À la suite des Accords d'Oslo en 1993, l'Autorité palestinienne a reconnu l'État Israël dans ses frontières de 1949 à 1967. Cet accord a été ratifié par le Parlement palestinien en 1995[réf. nécessaire].
Les accords intérimaires sur la Cisjordanie et la Bande de Gaza de ont fixé différentes zones en Cisjordanie. Dans les « zones A », représentant 2 % de la Cisjordanie et englobant les villes principales de Cisjordanie, Israël reconnaissait le contrôle civil et militaire palestinien. Dans les « zones B », représentant 26 % de la Cisjordanie, le contrôle civil était attribué à l'Autorité palestinienne et le contrôle militaire était mixte.
En 1998, les Accords de Wye Plantation ratifiés par la Knesset prévoyaient l'évacuation de 13 % supplémentaires de la Cisjordanie mais n'ont jamais été appliqués.
La bande de Gaza a été évacuée unilatéralement durant l’été 2005 mais reste sous blocus égyptien et israélien depuis 2007. Toutefois, les Nations unies ne reconnaissent pas la fin de « l’occupation israélienne » de ces territoires[10],[11].
Les 4 pays frontaliers d'Israël
Frontière israélo-égyptienne
La frontière entre Israël et l'Égypte s'étend du golfe d'Aqaba à la bande de Gaza. À l'exception des régions littorales, ce sont des zones désertiques montagneuses situées entre le désert du Néguev et le désert du Sinaï.
Frontière israélo-jordanienne
La frontière entre la Jordanie et Israël est scindée en deux par la Cisjordanie. Au nord, elle débute quelques kilomètres au sud du lac de Tibériade, au niveau de l'embouchure du Yarmouk et suit le Jourdain. Au sud, la partie méridionale de la mer Morte est partagée entre les deux États puis la frontière suit une ligne droite jusqu'au golfe d'Aqaba.
Il s'agit de la frontière la plus basse de la planète.
Frontière israélo-libanaise
La frontière israélo-libanaise s'étend sur un terrain vallonné et arboré entre la mer Méditerranée et le tripoint où elle rejoint la frontière entre ces deux pays et la Syrie situé non loin de la rivière Ouazzani, un affluent du fleuve Hatzbani qui se jette lui-même dans le Jourdain.
Elle est régie par l'accord d'armistice de 1948, entre Israël et le Liban.
Entre 1982 et 1985, à la suite de l'opération Paix en Galilée, Israël a occupé des territoires au sud du Liban[12].
Ces territoires restent sous contrôle indirect d'Israël jusqu'en 2000 à la suite de l'occupation d'une « zone de sécurité » entre le Litani et la frontière nord d'Israël par l'Armée du Liban Sud, une milice chrétienne libanaise alliée d'Israël.
À la suite du conflit israélo-libanais de 2006, les militaires israéliens ont opéré des attaques terrestres dans certaines zones du Liban puis se sont retirés à l'arrivée des forces libanaises et de la FINUL pour les y remplacer conformément à la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies.
Si le mouvement sioniste puis plus tard David Ben Gourion avaient revendiqué que le Litani serve de frontière nord pour Israël ou encore qu'on fonde un État tampon entre le Liban et Israël[réf. nécessaire], rien n'indique qu'Israël ait voulu annexer ces territoires et aucune démarche officielle n'a jamais été faite en ce sens[réf. nécessaire].
Frontière entre Israël et les territoires palestiniens
La ligne d'armistice séparant Israël des territoires palestiniens est considérée comme étant la ligne de démarcation du territoire israélien. Selon les accords d'armistice, des négociations aboutissant à la résolution pacifique de la question palestinienne doivent en délimiter le tracé. L'accord d'armistice étant dicté exclusivement par des considérations militaires[13].
Le tracé de la frontière entre Israël et un futur État palestinien reste un des contentieux majeurs dans le contexte de la fixation des frontières d'Israël.
À l'exception de l'Égypte, de la Jordanie et des Territoires palestiniens, certains États du monde musulman refusent de reconnaître l'existence d'Israël, citant le manque d'un accord de paix entre Israéliens et Palestiniens. Certains États et organisations terroristes vont plus loin : l'Iran et des organisations comme le Hezbollah et le Hamas (palestinien), en nient ouvertement la légitimité à l'existence et appellent à sa destruction.
Au cours du processus de paix israélo-palestinien entre 1988 et 2001, différents accords ont été ratifiés donnant une autonomie relative à certaines zones mais ils n'ont pas abouti à un accord global.
Depuis 2001, Israël construit une barrière de séparation dans laquelle certains commentateurs voient une tentative de tracer une frontière de facto bien que le gouvernement israélien rejette cette thèse. En 2005, Israël a également unilatéralement évacué la Bande de Gaza et une partie de la Cisjordanie.
Les négociateurs du quartet considèrent que le tracé définitif des frontières entre Israël et un futur État palestinien doit faire l'objet d'un accord entre les parties. Ils ont poussé l'Autorité palestinienne à ne pas déclarer unilatéralement d'État palestinien sur les « frontières de 1967 » mais à favoriser la négociation. Fin 2010, plusieurs États sud-américains ont toutefois reconnu l'État de Palestine, avec Jérusalem-Est pour capitale.
Annexes
Notes et références
- Dominique Perrin, Palestine : une terre, deux peuples, Presse Universitaire Septentrion, 2000, p. 151-153.
- (en) Martin Sicker, Reshaping Palestine: from Muhammad Ali to the British Mandate, 1831-1922, Greenwood Publishing Group, 1999, p. 164-165.
- plan de partage de la Palestine, "L’État juif proposé est sensiblement plus grand (55 %) que l’État arabe" - population juive possédant 7 % de la propriété foncière à l'époque
- plan de partage de la Palestine, "La population juive [...] possède 7 % de la propriété foncière."
- et également que chaque partie se doit de respecter « la souveraineté, l'intégrité territoriale et le droit de l'autre de vivre en paix » dans « des frontières reconnues et sures »
- Howard Sachar, A History of Israel. From the Rise of Zionism to Our Time, Knopf, 2007, p.859.
- Il existe une polémique au niveau des fermes de Sheeba mais elle ne porte pas sur l’occupation mais sur leur propriétaire légitime : la Syrie ou le Liban.
- Le non rattachement de Jérusalem-Est à la Cisjordanie est controversé. Cette distinction est faite par Israël. Suivant le plan de Partage de l’ONU, elle pourrait être envisagée puisque Jérusalem était dans un corpus separatum mais elles ont toutes deux été annexées par la Jordanie en . Les Palestiniens la revendique par ailleurs comme capitale de leur futur État.
- Résolution 478 du Conseil de sécurité de l'ONU.
- (en) (site à inscription gratuite) à la suite du contrôle qu’Israël exerce encore sur l'espace aérien, maritime et du contrôle des frontières.
- À noter que la bande de Gaza et la Cisjordanie n'ont aucun statut international.
- Aux yeux de ceux qui considèrent que les Fermes de Sheeba font partie du territoire libanais, une occupation au Liban se poursuit néanmoins.
- S/RES/62 (1948)S/1080, 16 November 1948. Article 2 : “No provision of this Agreement shall in any way prejudice the rights, claims and positions of either Party hereto in the ultimate peaceful settlement of the Palestine question, the provisions of this Agreement being dictated exclusively by military considerations.”
Bibliographie
- Michel Foucher, Israël-Palestine, quelles frontières ? Géographie physique et humaine de la Cisjordanie, Hérodote, no 29-30, 1983.
- Michel Gurfinkiel, Israël et le droit international - conférence au Centre communautaire de Paris, .
- Emmanuel Navon, Israël a-t-il un projet géopolitique ?, Hérodote, no 124, 2007 (lire le résumé).
- Louis-Jean Duclos, La question des frontières orientales d'Israël. Réflexion sur la démultiplication fonctionnelle des frontières, Revue française de science politique, volume 33, 1983, p. 847-865.
Articles connexes
- Histoire du sionisme
- Territoires palestiniens et Application de la IVe Convention de Genève dans les Territoires palestiniens
- Golan
- Fermes de Chebaa
- Sinaï
- Colonie israélienne
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