Gustave Ferrié

Gustave Auguste Ferrié, né le à Saint-Michel-de-Maurienne (Savoie) et mort le à Paris 5e, est un ingénieur et général français, pionnier de la radiodiffusion et de la normalisation des temps et cycles, qui aboutit à la création du Bureau international de l'heure.

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Gustave Ferrié
Le général Ferrié (Agence Rol, Georges Devred, octobre 1926).
Biographie
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Arme
Transmissions dans l'armée française (en) (depuis )
Grades militaires
Maître
Paul Janet (depuis )
Distinctions
Archives conservées par
Monument général Ferrié au pied de la tour Eiffel (1933).
Tombe familiale du général Ferrié.

Biographie

Enfance et formation

Maison de naissance du général Gustave Ferrié à Saint-Michel-de-Maurienne.

Né d’un père ingénieur dans les chemins de fer, Gustave Ferrié passe son enfance à Saint-Michel-de-Maurienne en Savoie. Son père Pierre Ferrié, originaire de Limoux, est ingénieur autodidacte des Ponts-et-Chaussées et s'est installé en Maurienne pour les travaux du Chemin de fer du Mont-Cenis. Il a épousé Joséphine Manecy, issue d’une vieille famille de Saint-Jean-de-Maurienne dont les membres ont exploité le relais de poste[2].

En 1882, Pierre Ferrié s’installe à Draguignan et le jeune Gustave poursuit jusqu'en 1884 ses études au lycée de Draguignan où il se montre bon élève, mais dilettante. C'est là qu'il reçoit sa première distinction, le prix Claude Gay, du nom d'un académicien des sciences originaire de Draguignan qui récompense un lycéen de sa ville natale. Le jeune Gustave obtient son baccalauréat en 1884 et prépare le concours de l'École polytechnique avec le statut de boursier. Il est reçu à la deuxième tentative, en 1887 (promotion X 1887), avec un classement moyen[3]. À la sortie de l'école, Ferrié choisit l'arme du génie, qui s’occupe de la télégraphie optique et de la télégraphie électrique [4]

Carrière professionnelle

Gustave Ferrié (à droite), Yvonne Printemps et Sacha Guitry, à l'inauguration de la station radio de la tour Eiffel.

Le , Gustave Ferrié entre à l'École d'application du génie, à Fontainebleau. En , lieutenant, il est affecté au 4e régiment du génie à Grenoble où il a l'occasion de suivre les cours d'électrotechnique du professeur Paul Janet. Et au début de 1893, il suit son premier stage de télégraphie militaire au Mont-Valérien (Suresnes), où il sera rappelé comme instructeur en 1895 après deux ans de garnison à Besançon. Il sera nommé en 1897 commandant de l'école de télégraphie militaire du Mont Valérien créée un an plus tôt. Les dernières années du XIXe siècle correspondent aux balbutiements de la radio qui prendra le nom de Télégraphie sans fil (TSF) [5]. En 1899, l'italien Marconi, qui a effectué au Royaume-Uni les premières liaisons sans fil sur une distance de plusieurs kilomètres, propose à la France de l'équiper en matériel de TSF. La technologie de Marconi utilisait pour la réception le détecteur de Branly. Ferrié est alors nommé à la tête de la commission interministérielle chargée de suivre les essais de liaison radioélectrique entre la plage de Wimereux sur les bords de la Manche, et le phare de South Foreland en Angleterre, à une distance de 46 km. Ferrié rendit un rapport enthousiaste sur la nouvelle technologie[2]. Le , lors du Congrès international d'électricité tenu à Paris du 15 au , dans le cadre de l'exposition universelle de 1900, il présente une communication ayant pour titre L'état actuel et les progrès de la télégraphie sans fil, où il est expliqué que « Le seul système pratique de télégraphie sans fil est celui qui eut pour point de départ la théorie des ondes hertziennes et qui s'est développé grâce à l'expérience d’Édouard Branly, aux travaux de Guglielmo Marconi et aux expériences récentes de Camille Papin Tissot ; mais on ne saurait donner actuellement une théorie parfaite du phénomène »[6].

Le ministre de la Guerre Freycinet refuse de se lier à la technologie de Marconi et, en 1900, demande à Ferrié de développer la TSF militaire française. La même année, Ferrié, en collaboration avec le commandant Boulanger, publie un ouvrage de référence La télégraphie sans fil et les ondes électriques[2], le premier du genre en langue française.

En 1902, il installe en moins de trois mois une communication radiotélégraphique entre les îles de la Martinique et de la Guadeloupe distantes de 180 km, pour remplacer le câble télégraphique, détruit lors de la catastrophe de la montagne Pelée du [7].

En 1903, il perfectionne la télégraphie sans fil (TSF) en inventant un nouveau récepteur électrolytique associé à sa proposition d'installation d'une antenne au sommet de la tour Eiffel, donnant ainsi avec cette utilisation une raison supplémentaire pour le non-démantèlement de la tour, qui était prévu à la fin de l'Exposition universelle de Paris de 1889. Il conduit ses travaux avec trois officiers de marine : Camille Tissot, Maurice Jeance et Victor Colin. La portée de l'émetteur, d'abord de 400 km, passe en 1908 à près de 6 000 km, permettant de joindre non seulement les garnisons proches de la frontière allemande, mais aussi la Russie, alliée de la France.

En liaison avec le Bureau des longitudes, Ferrié met ses connaissances de la TSF au service de la standardisation de l'heure sur tout le territoire français : à partir de 1910, l'émetteur de la tour Eiffel émet à intervalles réguliers des signaux qui permettent de rectifier l"indication des horloges dans les différentes provinces[2],[8].

Pendant la Première Guerre mondiale, il développe la radiotélégraphie pour les unités d'infanterie et d'artilleurs et devient ainsi l'un des artisans de la victoire de 1918. Cette démarche est concrétisée en mars 1918 par sa nomination, par l'intermédiaire du général Mordacq, à la tête de l'Inspection des télégraphies militaires.

Concrètement, dès 1914, il propose des modifications techniques permettant un meilleur échange entre l'émetteur et le récepteur, doté d'une triode. Durant la guerre, ses postes de radio ont été construits à plus de 10 000 exemplaires.

Nommé général en 1919 à 51 ans, il est élu membre de l'Académie des sciences en 1922 et inspecteur général de la télégraphie militaire.

En 1917, il est nommé « compagnon de l'Institut international des ingénieurs de radio » (Institute of Radio Engineers), et reçoit en 1931 la médaille d'Honneur (IEEE Medal of Honor) pour son travail pionnier dans le développement de la radiocommunication en France et dans le monde.

L'université d'Oxford lui décerne un doctorat honoris causa en 1919. Il est le premier secrétaire général du Comité national de géodésique et de géophysique (1920-1926). Il est président de l'Union internationale de la radio et de la Commission internationale des longitudes par radio, ainsi que vice-président du Bureau international des unions scientifiques.

Ferrié fut le président de la Société astronomique de France (SAF) de 1925 à 1927[9]. Il a remporté le Prix Jules Janssen, le plus prestigieux de la société, en 1927.

Il a été élu membre d'honneur, le , de la Société d'histoire et d'archéologie de Maurienne[10].

Promu Grand-croix de la Légion d'honneur le , il meurt le lendemain à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce à Paris à l'âge de 64 ans, victime d'une crise d'appendicite. Passionné par son travail et ne souhaitant pas s'interrompre, il tarde en effet à rejoindre l'hôpital[2]. Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise (89e division)[11].

Vie privée

Sa sœur Hélène a épousé le frère de l'actrice Pauline Carton[12].

Il a épousé Pierrette Pernelle, fille du photographe de Belfort Charles Pernelle. Ils n'ont pas eu d'enfant.

Décorations

Hommages

Plaque de la rue du Général-Ferrié aux Clayes-sous-Bois (Yvelines).

Notes et références

  1. « https://francearchives.fr/fr/file/ad46ac22be9df6a4d1dae40326de46d8a5cbd19d/FRSHD_PUB_00000355.pdf »
  2. Michel Amoudry, Le Général Ferrié (1868-1932), un soldat au service de la radioélectricité, Bulletin de la Sabix, 2011, en ligne.
  3. Fiche matricule à l'École polytechnique [lire en ligne].
  4. Michel Amoudry, Le général Ferrié et la naissance des transmissions et de la radiodiffusion Presses universitaires de Grenoble, 1993, Première partie, chapitre 3.
  5. Michel Amoudry, Le général Ferrié et la naissance des transmissions et de la radiodiffusion Presses universitaires de Grenoble, 1993, Première partie, chapitre 4.
  6. Ministère du commerce, de l'industrie des postes et télégraphes, Procès-verbaux sommaires du Congrès international d'électricité, séance du 22 août 1900, p. 57.
  7. Académie de marine, « FERRIE Gustave Auguste (1868-1932) », sur academiedemarine.com (consulté le ).
  8. « Télégraphie », La Science et la Vie, n° de mai 1914.
  9. Bulletin de la Société astronomique de France, November 1937, plates X-IX.
  10. Société d'histoire et d'archéologie de Maurienne, « Histoire de la Société », sur sha-maurienne.fr (consulté le ).
  11. Paul Bauer, Deux siècles d'histoire au Père Lachaise, Mémoire et Documents, , 867 p. (ISBN 978-2-914611-48-0), p. 327.
  12. « Acte de mariage », sur basesdocumentaires-cg06.fr, p. 727.
  13. « Cote LH/962/16 », base Léonore, ministère français de la Culture.
  14. Plaque commémorative au pied de la tour Eiffel..
  15. Le « grand prix de l'électronique Général Ferrié » sur le site de la Société de l'électricité, de l'électronique et des technologies de l'information et de la communication.
  16. « Département Génie Electrique », sur ge.insa-lyon.fr (consulté le ).
  17. « site internet Timbres de France » (consulté le )
  18. « catalogue de télécartes », sur Colnect (consulté le )
  19. Musée d'Art Moderne de Paris, « La Fée électricité de Raoul Dufy : Gustave Ferrié, bâtisseur de la radiotélégraphie française (1868 – 1932) », sur fee.mam.paris.fr (consulté le ).

Annexes

Bibliographie

  • Michel Amoudry, Le général Ferrié et la naissance des transmissions et de la radiodiffusion, Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, , 424 p. (ISBN 2-7061-0497-X et 9782706104978)
    Il a reçu le Prix du Comité d’histoire de la radiodiffusion.
  • Conférence sur la télégraphie sans fil, faite à l'École nationale des Ponts et Chaussées, le , par le Commandant Ferrié du service de la Télégraphie militaire, dans Annales des ponts et chaussées. 1ère partie. Mémoires et documents relatifs à l'art des constructions et au service de l'ingénieur, janvier-, p. 7-20 (lire en ligne)
  • Robert Bourgeois, Funérailles de Gustave Ferrié, Académie des sciences, 18 février 1932, (lire en ligne).

Articles connexes

Liens externes

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