Jean-Marie Valhubert

Jean-Marie Mellon Roger, plus connu sous le nom de Jean-Marie Valhubert (également orthographié Walhubert), né le à Avranches (Manche), mort le à Brünn (Moravie), est un général français de la Révolution et de l’Empire.

Jean-Marie Mellon Roger

Mort du général Valhubert à Austerlitz.

Surnom Général Valhubert
Naissance
Avranches (Manche)
Décès  41 ans)
Bataille d'Austerlitz
Mort au combat
Origine France
Arme Infanterie
Grade Général de brigade
Années de service 17831805
Conflits Deuxième Coalition
Faits d'armes Bataille de Montebello (1800)
Distinctions Commandeur de la Légion d’honneur
Hommages Noms gravés sous l'arc de triomphe de l'Étoile, 18e colonne

Biographie

Révolution et Consulat

Il entre, avant d’avoir atteint sa vingtième année, dans le régiment de Rohan-Soubise. À l’époque de la Révolution française, il est retourné dans sa famille. En 1791, le 1er bataillon de volontaires de la Manche le choisit pour chef le . Il conduit ce bataillon à l’armée du Nord, avec laquelle il fait les campagnes de 1792 à 1793.

Il se fait remarquer à Lille, à Anvers, à Lawfeld, et il est fait prisonnier au Quesnoy le , puis conduit en Hongrie. Échangé au commencement de l’an IV, il sert à l’armée de l'Intérieur jusqu’à la suppression de cette arme, et reste en garnison à Paris, du mois de vendémiaire an V au 30 germinal an VII, avec le grade de chef de la 28e demi-brigade, qu’il commande à la bataille de Montebello.

Envoyé alors en Valais, il se distingue le 23 prairial, dans la vallée de la Vispa, où il soutient un combat inégal[1]. Le 28 thermidor, il enlève le Simplon aux Autrichiens[2].

Pendant la campagne de l’an VIII, il donne de nouvelles preuves d’une valeur peu commune. Le 17 prairial, il passe le dans une barque et donne l’élan à l’armée. Le 19, en avant de Broni, à la tête de 50 hommes, il fait mettre bas les armes à 3 000 Autrichiens ; un corps plus nombreux lui ayant enlevé ses prisonniers, il s’élance avec son cheval au milieu de l’ennemi, saisit le commandant au collet, lui promet quartier, et tout se rend. À Montebello, il résiste avec sa 28e demi-brigade à toute la cavalerie autrichienne. Blessé d’un coup de feu le 25, à Marengo, il reste à son poste et ne cesse de commander pendant la durée de l’action. Au passage du Mincio, le 4 nivôse an IX, un boulet le renverse et le prive de la voix. On le presse de se retirer, il refuse, se fait remettre à cheval et continue de combattre[3].

Par arrêté du 28 fructidor, le premier Consul a fait une nombreuse distribution d’armes d’honneur, et Valhubert a été oublié. Tous les officiers de la 28e se réunirent le 15 vendémiaire an XI, pour adresser au Consul une réclamation à ce sujet, et un arrêté du 4 pluviôse, rappelant tous les faits d’armes de ce chef de brigade, lui décerne enfin un sabre d’honneur[4]. Le ministre envoie le 19 ventôse, au conseil d’administration du corps, le brevet d’honneur de Valhubert[5].

L’année suivante, le premier Consul le nomme le 11 fructidor, général de brigade, et l’emploie au camp de Saint-Omer. Le 19 frimaire an XII, il le fait membre de la Légion d’honneur, et commandant de l’Ordre le 25 prairial suivant.

Statue du général Valhubert à Avranches (par Cartelier).

Austerlitz

Attaché en l’an XIV à la 4e division du 4e corps de la Grande Armée, commandée par Suchet, il combat à la bataille d'Austerlitz le 11 frimaire, et y a la cuisse fracassée par un éclat d’obus. Tombé, et dans l’impossibilité de se relever, des soldats veulent le transporter à l’ambulance[6]. Il meurt de ses blessures le lendemain de cette dernière bataille, où il est resté à son poste avec la cuisse fracassée (1805). Ses camarades lui élèvent un monument dans les plaines de la Moravie. L’Empereur accomplit les derniers vœux du mort. Il se charge de la famille de ce général, ordonne qu’un monument soit élevé au lieu même où il a été blessé, que son nom soit donné à une nouvelle place de Paris qui se trouve entre le Jardin des plantes et le pont d'Austerlitz (la place Valhubert), et qu’on y érige sa statue en marbre. Charles X fait don de la statue à sa ville natale en 1828, mais elle n'est inaugurée à Avranches que le [7].

Son nom est inscrit sur le côté Est de l’arc de triomphe de l'Étoile, et sur les tables de bronze de la Galerie des batailles du château de Versailles.

Notes et références

  1. Reconnaissant bientôt le danger où il se trouve, il prend une résolution hardie : il retire 40 hommes de l’action, se met à leur tête, fait une retraite simulée, perd 4 de ses soldats, s’arrête et se cache avec les 36 autres derrière une chapelle, laisse avancer 800 Autrichiens en bataille, se précipite sur leur centre, les met en déroute, leur fait 235 prisonniers, et sauve d’une captivité certaine, plusieurs centaines de Français épars sur les montagnes
  2. En vain les Autrichiens en défendent les flancs escarpés, en vain leur artillerie foudroie les téméraires qui osent les gravir ; il brave tout… Il avance, il attaque, il disperse ; hommes, canons, montagnes, tout est en sa puissance ; et maître de l’énorme mont, tous les efforts de l’ennemi ne peuvent lui arracher ce poste formidable que sa bravoure a conquis en une heure. in Charles Mullié, Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850,
  3. Lors de son inspection de l’an X, le général Friant donne cette note sur Valhubert : « Officier supérieur des plus distingués et du plus rare mérite, réunissant toutes les connaissances nécessaires à son état »
  4. le chef de l’État y ajoute une gratification de 12 000 francs, gratification que Valhubert partage avec sa demi-brigade
  5. Il prescrit cette mesure particulière de distinction : — « Avant de remettre à cet officier supérieur ce témoignage honorable de la satisfaction du gouvernement, vous en ferez faire la lecture à la tête de la demi-brigade, qui sera assemblée à cet effet. » — Et dans ses notes d’inspection de la fin de l’année, le général Michaud disait de Valhubert : — « Officier distingué par sa conduite, sa délicatesse, ses moyens et ses connaissances. Il a des mœurs très-douces, une éducation soignée, du zèle, de l’activité, de la fermeté, enfin toutes les qualités qu’on peut désirer dans un chef de corps ; il a très-bien fait la guerre ; il a reçu un sabre d’honneur. »
  6. « Souvenez-vous de l’ordre du jour (Dans l’ordre du jour donné avant la bataille, Napoléon avait défendu aux soldats de quitter leurs rangs sous le prétexte d’emmener les blessés), leur dit-il, reprenez vos rangs : si vous êtes vainqueurs, vous m’enlèverez d’ici ; si vous êtes vaincus, que m’importe un reste de vie ! — On lut bientôt dans le 33e bulletin, daté d’Austerlitz, le 16 frimaire : — « Le général Roger Valhubert est mort des suites de ses blessures. Il a écrit à l’Empereur une heure avant de mourir : « J’aurais voulu faire plus pour vous ; je meurs dans une heure ; je ne regrette pas la vie, puisque j’ai participé à une victoire qui vous assure un règne heureux. Quand vous penserez aux braves qui vous étaient dévoués, pensez à ma mémoire. Il me suffit de vous dire que j’ai une famille, je n’ai pas besoin de vous la recommander. »
  7. Histoire de la statue dans l'annuaire du Département de la Manche de 1833

Source partielle

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