Gérold de Genève

Gérold, parfois Géraud, Gérald (nommé parfois par erreur Gérold II), mort avant 1080, est un comte de Genève, issu très probablement de la dynastie des Rodolphiens et à l'origine de la dynastie des Genève[Note 1], dits aussi Géroldiens et attesté vers le milieu du XIe siècle.

Gérold
Titre de noblesse
Comte de Genève
-
Successeur
Biographie
Naissance
Entre et
Lieu inconnu
Décès
Avant
Lieu inconnu
Famille
Père
Inconnu
Mère
Berthe (d)
Fratrie
Conjoints
Gisèle (d) (?)
Thetberge (d)
Enfants
Parentèle
Rodolphe III de Bourgogne (petit-neveu)
Mathilde de France (grand-mère)

Biographie

Origines

Gérold de Genève (Geroldus Genevensis)  que l'on trouve mentionné sous la forme Géraud ainsi que de nombreuses formes[2],[Note 2] d'origine germanique, Geri-wald[5]  est attesté pour la première fois en 1032[6]. Il est considéré comme le fondateur de la maison de Genève[1],[7], tout en restant assez mal connu puisqu'il n'existe aucune description ou objet le décrivant ou encore d'acte signé[5].

Le juriste Édouard Secretan, dans sa Notice sur l'origine de Gérold, comte de Genève (1867), estime une naissance vers 1013[8]. Le site Internet de généalogie Foundation for Medieval Genealogy (FMG) donne pour période de naissance approximative 1010-1020[9].

Son ascendance cognatique est connue à partir d'un extrait situé à la fin de la chronique de Frodoard (Flodoard), il s'agit du fragment d'une lettre adressée par Renaud de Bourgogne, comte de Port, à Gui-Geoffroi d'Aquitaine datée de [966][2],[6],[9],[10] :

« Mathilde et Albérade furent filles de Gerberge; de Mathilde naquirent le roi Rodolphe et sa sœur Mathilde; d'Albérade vint Hermentrude; de Mathilde fille de Mathilde, vint Berthe; d'Hermentrude vint Agnès; de Berthe vint Gérald le Genevois; d'Agnès vint Gui »

 Chronique de Frodoard, manuscrit de Dijon, Anno DCCCCLXVI [966][11].

Chacun de ces personnages est historiquement identifié. Mathilde de France est la fille de Gerberge de Saxe et l'épouse du roi Conrad III le Pacifique et donc mère du roi Rodolphe III ( )[12]. Gérald le Genevois (Geraldus Genevensis) est dit fils de Berthe, fille de Mathilde[2],[6]. Selon le médiéviste Laurent Ripart, le prénom Berthe est « l'un des principaux anthroponymes féminins de la famille royale de Bourgogne »[6]. Gérold est ainsi un descendant des Rodolphiens par les femmes[13], petit-neveu de Rodolphe III, dernier roi de Bourgogne[1]. Les historiens des XVIIe et XVIIIe siècles ont cru un temps qu'il pouvait s'agir d'une Berthe de Flandres, hypothétique fille du comte Baudouin de Flandres[14], comme Samuel Guichenon (1660)[15].

Le nom de son père est par contre inconnu[9],[12]. Certains historiens des XVIIe et XVIIIe siècles ont avancé que son père pouvait être un autre Gérold  mentionné dans certaines généalogies comme Gérold Ier , notamment Gilbert-Charles Le Gendre (1739)[14]. Guichenon (1660) donnait quant à lui un certain comte Aymon, fils du comte Albert[15]. Secretan (1867) énonce une autre hypothèse où il serait le fils d'Eberhard, lui-même fils d'Eberhard comte de Nordgau, de la famille d'Eguisheim, le faisant ainsi cousin germain du pape Léon IX. Le médiéviste François Demotz semble partisan de cette hypothèse[16]. Le site FMG indique pour sa part que Conrad/Conon fils du comte de Genève, Robert, pourrait être l'époux de Berthe[9].

Il aurait un frère, Conon Ier, évêque de Maurienne[2],[9]. Aymon [I], fils et successeur de Gérold, est mentionné dans un acte, non clairement daté, comme un neveu de Conon, selon le chanoine Angley (1846)[ReG 1]. Une autre hypothèse mentionnerait l'évêque comme fils de Gérold[17]. Le site FMG indique une troisième hypothèse où Conon serait le fils d'Aymon [I].

Règne

Gérold semble avoir été installé par le roi Rodolphe III[18], mais il n'existe aucun acte du roi le mentionnant[19].

En 1032, durant le conflit de succession à la mort du roi Rodolphe III, deux camps s'opposent[20]. Le comte Gérold fait appel à Eudes II de Blois, comte de Champagne, contre l'empereur du Saint-Empire Conrad II, dit Le Salique, duc de Franconie, qui hérite de la couronne[20]. Deux documents de cette période le qualifie de « prince de la région de Genève » et le second de « bourguignon »[2],[19].

Le comte de Genève, soutenu par l'archevêque de Lyon, Buchard, est défait à proximité de la ville de Genève en 1034 par le comte Humbert[20],[21]. Le comte Humbert est le père de l'archevêque[21].

En 1034, l'empereur Conrad II le Salique doit intervenir contre le comte de Champagne et en passant par Genève impose son autorité au comte Gérold[ReG 2]. Il sera proclamé de Bourgogne cette même année dans la cité lémanique, après avoir reçu l'hommage des différents grands de l'Empire[ReG 2]. Toutefois Gérold se soulève à nouveau contre l'empereur avec Renaud Ier, comte de Bourgogne, en 1044[ReG 3]. Ils sont battus par le comte Louis de Montbéliard et se soumettent l'année suivante à l'empereur Henri III[ReG 3].

Gérold est mentionné comme donnant, en 1061, son consentement pour une donation de son fils, Conon, de l'église de la paroisse de Saint-Marcel, dans l'Albanais, à l'abbaye d'Ainay[ReG 4]. Les Annales de Saint-Gall mentionnent également qu'en 1064, « Rudolfus dux” attaqua “Burgundiones” et chassa “sui sororini...rebellis Geroldi” de Genève »[9] ; il s'agit là de la dernière mention connue de Gérold dans les sources d'époque.

Sa mort n'est pas connue[22], mais il semble avoir disparu à partir de la dernière mention de 1064-1065 et celle où est mentionnée son second fils, Aymon/Aimon, à la tête du comté en 1080[22],[9],[ReG 5].

Famille

Gérold aurait épousé deux femmes. Ainsi Duparc (1955, 1978) remarque que « bien d'autres points restent obscurs dans la biographie du premier comte de Genève : sur son mariage, ou ses mariages… »[22]. Sa première épouse, vers 1040, serait Gisèle, dite de Bourgogne, selon notamment Samuel Guichenon (1660)[23] ou Édouard Secretan (1867)[24].

Veuf, il aurait épousé ensuite, vers 1060-1061, Tetberge/Thetberge/Thietburge, qui pourrait être la fille de Rodolphe de Rheinfelden[22],[24],[25], duc de Souabe et Thetberge. Elle serait l'ancienne épouse de Louis Ier de Faucigny[24],[26].

De ces mariages, il aurait eu trois enfants[22],[27].

Selon les auteurs, Jeanne (v. 1050 - v. 1095), naît du premier lit. Elle épouse le comte Amédée II de Maurienne.

Pour les fils, la filiation maternelle n'est pas toujours clairement identifiée :

  • Conon/Conrad/Cono[6] (avant 1080)[28]. Cet aîné est dit issu du premier lit, notamment par Secretan (1867)[27] ou encore Rippart (1999), tandis que Duparc le dit probablement issu du second[22].
  • Aymon/Aimon, est issu du second lit. Il devient comte de Genève (1070-1128).

Le second mariage avec Tetberge/Thetberge/Thietburge, fait que ces enfants ont pour demi-frères l'évêque de Genève, Guy et le seigneur Guillaume de Faucigny[24],[26],[29].

Notes et références

Notes

  1. L'historien Paul Guichonnet rappelle dans son article consacré au « Genève (de) » que la traduction de comes gebennensis est « comte de Genève ». Certains auteurs ont commis l'erreur de parfois le traduire sous la forme « comte de Genevois »[1], notamment le Régeste genevois (1866).
  2. Léon Dupont-Lachenal, « Un mot sur la graphie des noms propres » (note no 2), explique « (...) Geraldus - Géraud. À propos de ce dernier nom il faut remarquer que, grâce aux équivalences e - i, a- o, r -1, on a toutes les variantes : Geraldus, Giraldus, Geroldus, Giroldus, Gerardus, Girardus, qui ont donné les formes francisées : Gérald, Géraud, Gérold, Giroud, Gérard, Girard... »[3]. L'auteur renvoie notamment à René Poupardin[4].

Régeste genevois (1866)

  1. Régeste genevois, 1866, p. 63-64, notes n°222 et 224, Acte entre 1090 et 1107 (lire en ligne ou REG 0/0/1/222). Commentaire : reprise des travaux de Chanoine Ambroise Angley, Histoire du diocèse de Maurienne, Saint-Jean-de-Maurienne, impr. de J.-B. Héritier, , 500 p. (lire en ligne), « XXXIII. Conon Ier », p. 64.
  2. Acte de l'année 1034 (REG 0/0/1/186).
  3. Acte de janvier 1045 (REG 0/0/1/198).
  4. Acte de 1061 (REG 0/0/1/209).
  5. Régeste genevois, 1866, p. 61-62, n°214, Acte de l'année 1080 (lire en ligne ou REG 0/0/1/214).

Autres références

  1. Paul Guichonnet, « de Genève » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne..
  2. Duparc, 1978, p. 63-64 lire en ligne.
  3. Léon Dupont-Lachenal, « Les Abbés de St-Maurice d'Agaune : à l'occasion du centenaire de l'établissement des chanoines réguliers de Saint Augustin dans l’antique Monastère de Saint-Maurice d'Agaune », Echos de Saint-Maurice, no spécial, , p. 9 (lire en ligne).
  4. René Poupardin, Le royaume de Bourgogne (888-1038) : étude sur les origines du royaume d'Arles, Paris, H. Champion, , 509 p., p. XIII-XIV, 156-157.
  5. Duparc, 1978, p. 61-62 lire en ligne.
  6. Laurent Ripart, « La tradition d’Adélaïde dans la maison de Savoie », dans P. Corbet - M. Goullet - D. Iogna-Prat, Adélaïde de Bourgogne, genèse et représentations d’une sainteté impériale (Actes du colloque international du Centre d’études médiévales, Auxerre, 10-11 décembre 1999), Dijon, (lire en ligne [PDF]), p. 55-77.
  7. Histoire des communes savoyardes, 1981, p. 10-12, « Histoire dynastique et seigneuriales » + généalogie simplifiée des comtes de Genève.
  8. Secretan, 1867, p. 252, 295 (lire en ligne).
  9. MedLands, p. Geraud .
  10. Secretan, 1867, p. 201-204 (lire en ligne).
  11. Patrick Hoffman, « Frodoard. Chronique (annales). Partie 1 (877-944) - partie 2 (945-978) », sur le site L'antiquité grecque et latine du moyen âge — remacle.org, Philippe Remacle, Philippe Renault, François-Dominique Fournier, J. P. Murcia, Thierry Vebr, Caroline Carrat (consulté en ) : « Mathilde et Alberada filiae fuerunt Gerbergae. De Mathilde processit Rodulfus rex, et Mathildis soror ejus. De Alberada Ermentrudis. De Mathilde filia Mathildae Berta. De Ermentrude Agnes. De Berta Geraldus Genevensis. De Agnete Wido. », texte latin de Migne.
  12. Laurent Ripart, « Le diocèse de Belley comme foyer de la principauté savoyarde », Le Bugey, no 102, , p. 51-64 (lire en ligne).
  13. Histoire de Savoie, 1984, p. 33-34, « Les mauvais choix ».
  14. Gilbert-Charles Le Gendre, Des antiquités de la maison de France, et des maisons mérovingienne et carlienne : et de la diversité des opinions sur les maisons d'Autriche, de Lorraine, de Savoye, palatine, et plusieurs autres maisons souveraines, (lire en ligne), p. 125.
  15. Samuel Guichenon, Histoire généalogique de la royale maison de Savoie, justifiée par titres, fondations de monastères, manuscrits, anciens monuments, histoires et autres preuves authentiques, chez Jean-Michel Briolo, (lire en ligne), p. 309.
  16. François Demotz, La Bourgogne, dernier des royaumes carolingiens (855-1056). Roi, pouvoirs et élites autour du Léman, Lausanne, Société d’histoire de la Suisse romande, , 764 p. (ISBN 978-2-940066-06-3), p. 669.
  17. Histoire de Savoie, 1984, p. 48.
  18. Francois Demotz, L’An 888. Le Royaume de Bourgogne. Une puissance européenne au bord du Léman, Lausanne, Presses polytechniques et universitaires romandes, coll. « Le savoir suisse », , 142 p., chap. 83, p. 78.
  19. Francois Demotz, L’An 888. Le Royaume de Bourgogne. Une puissance européenne au bord du Léman, Lausanne, Presses polytechniques et universitaires romandes, coll. « Le savoir suisse », , 142 p., chap. 83, p. 121-122.
  20. Ripart Sabaudia, p. 5 « IV/ La crise de l'an mil».
  21. Article de Cyrille Ducourthial, « Géographie du pouvoir en pays de Savoie au tournant de l’an mil », paru dans Christian Guilleré, Jean-Michel Poisson, Laurent Ripart et Cyrille Ducourthial, Le royaume de Bourgogne autour de l'an mil, Chambéry, Université de Savoie, coll. « Sociétés, Religions, Politiques », , 286 p. (ISBN 978-2-915797-35-0, lire en ligne), p. 223-235 et suivantes.
  22. Duparc, 1978, p. 87-88 lire en ligne.
  23. Samuel Guichenon, Histoire généalogique de la royale maison de Savoie, justifiée par titres, fondations de monastères, manuscrits, anciens monuments, histoires et autres preuves authentiques, chez Jean-Michel Briolo, (lire en ligne), p. 211 (Livre I & II) ; Samuel Guichenon, Histoire généalogique de la royale maison de Savoie, justifiée par titres, fondations de monastères, manuscrits, anciens monuments, histoires et autres preuves authentiques, chez Jean-Michel Briolo, (lire en ligne), p. 311-312 (Livre 3), « Table XVIII. Extraction de Béatrix de Genève, comtesse de Savoie ».
  24. Secretan, 1867, p. 294-295 (lire en ligne).
  25. Gustave Chaix d'Est-Ange, Dictionnaire des familles françaises anciennes ou notables à la fin du XIXe siècle, t. XVII. Fab-Fei, Evreux, imprimerie Charles Herisseys, (lire en ligne), p. 136-143, « Faucigny-Lucinge, de Coligny et de Cystria (de) ».
  26. Henri Baud, Jean-Yves Mariotte, Alain Guerrier, Histoire des communes savoyardes : Le Faucigny, Roanne, Éditions Horvath, , 619 p. (ISBN 2-7171-0159-4), p. 11-13.
  27. Secretan, 1867, p. 95 (lire en ligne).
  28. Lullin. P., & Le Fort, « Cono Geraldi comitis filius Geraldi comitis patris sui », C. (eds.) (1865) Supplément au recueil de chartes inédites concernant l’ancien diocèse de Genève, Mémoires et documents publiés par la Société d'histoire et d'archéologie de Genève, tome XV (Genève, Paris), 2, p. 1.
  29. Nicolas Carrier, La vie montagnarde en Faucigny à la fin du Moyen Âge, Éditions L'Harmattan, , 620 p. (ISBN 978-2-7475-1592-4, lire en ligne), p. 27.

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

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