Gaïac
Le gaïac est un bois brun verdâtre très dur. Il est parfois appelé, avec d'autres essences, bois de fer ou ironwood. Sa densité, l'une des plus fortes du monde, est de 1,30[1], si bien qu'il coule. Il est aussi appelé « bois saint » ou « bois de vie » (en latin : lignum vitae)[2]. Il s'agit des espèces Guaiacum officinale et Guaiacum sanctum, des petits arbres du genre Guaiacum (famille des Zygophyllacées). On trouve ces essences dans les Amériques tropicales, notamment dans les Antilles et au Venezuela.
Pour l’article ayant un titre homophone, voir Gaillac.
Ne doit pas être confondu avec Gaïac de Cayenne.
Utilisation
Au temps de la flibuste, ce bois très dur, dense et lourd servait à confectionner les jambes de bois des corsaires et des pirates. Il est toujours utilisé pour la fabrication de poulies, en ameublement (roulettes de meubles) et en bijouterie[3].
Il était également utilisé pour les confections d'essieux et de coussinets, en particulier pour les paliers des arbres d’hélice de bateaux (la lubrification étant assurée à l'eau de mer) ou ceux des centrales hydoélectriques[4]. Le gaïac a ainsi été utilisé pour les paliers du sous-marin de la Seconde Guerre mondiale, l'USS Pampanito ou du premier sous-marin nucléaire, l'USS Nautilus[5],[6]. L'introduction dans les années 60 de paliers métalliques entraine petit à petit sa disparition.
Il est aussi utilisé pour la fabrication des boules de boulingrin tout comme il a été également utilisé dans l'agglomération lilloise pour la fabrication de « bourles[7] », disques de bois de 5 à 9 kilos, que l'on lance sur une piste en terre ayant la forme d'une cale de bateau, le but du jeu étant de s'approcher d'un « étaque », pièce en cuivre fixée près de l'extrémité de la piste. Ce jeu est encore pratiqué de nos jours.
De même, ce bois est aussi considéré comme réflecteur (sur le plan acoustique) du fait de sa densité, et il est utilisé en lutherie, par exemple pour tailler des quenas (flûte des Andes) haut de gamme[8].
Le bois fournit une résine qui est à la base de la teinture de gaïac, et constitue le réactif traditionnel pour la recherche des oxydases et peroxydases[9].
Un des constituants de la résine, l'acide mésonordihydroguaïarétique (en)[10], est un bon antioxydant, mais donnerait des lithiases rénales, donc ne doit être employé que sur prescription médicale. C'est une plante riche en saponosides.
Il possède des vertus médicinales : son bois a été utilisé en décoction jusqu'à l'invention de médicaments modernes, dans le traitement de la syphilis[11] et de la tuberculose ; sa sève servait au traitement de l'arthrite. La résine de ce bois est utilisée en médecine depuis plus de cinq siècles. Il est inscrit à la pharmacopée française depuis 1884, et entre dans la composition du « sirop de salsepareille composé ». Le bois de gaïac est un des composants d'un « élixir de jouvence » appelé mamajuana[12] en République dominicaine : des fragments de diverses essences ligneuses locales, mises à macérer dans une bouteille de rhum sont censées avoir une activité anti-rhumatismale et aphrodisiaque.
Il entre dans la constitution de dentifrices et on l'utilise également en parfumerie depuis le milieu des années 90. Moins sec que le cèdre, plus dur que le santal, à la fois doux, stable et profond, c'est un « liant » idéal entre notes de cœur et notes de fond.
La surexploitation a conduit à une réduction dangereuse des populations sauvages de ces différentes espèces. Toutes les espèces de Guaiacum sont placées sur la liste de la CITES.
Notes et références
- (en) « Hardwood Density », sur Cocobolo Supply Company (consulté le ).
- Ce surnom, référence à un passage du Nouveau Testament, lui est donné par l'humaniste allemand Ulrich von Hutten ; cf. à ce sujet Brigitte Gauvin, « Le témoignage d’un patient : le De Guaiaci medicina et morbo Gallico d’Ulrich von Hutten », Histoire, médecin et santé, no 9, , p. 109-128 (DOI 10.4000/hms.983)
- (en-US) « Products », sur Lignum Vitae | Wood Bearings (consulté le )
- (en) Hearst Magazines, Popular Mechanics, Hearst Magazines, (lire en ligne)
- « USS Pampanito - History & Crew », sur maritime.org (consulté le )
- (en-US) « Marine Industry », sur Lignum Vitae | Wood Bearings (consulté le )
- Cf. Gérard Linden, La boule de fort par noms et par mots, Le Coudray-Macouard, Cheminement, , 302 p. (ISBN 978-2-84478-546-6, lire en ligne), p. 34
- On pourra voir des photos de quenas et quenachos en gaïac (ou guayacán, en espagnol) sur les sites suivants : (pt) « Quena Profissional De Guayacán Aymara - Flauta Andina » [« Quena professionnelle de Gaïac, de marque Aymara - flûte andine »], sur Mercado Livre (consulté le ) et « Quena de Gaïac », sur Ecuador Mall (consulté le ) ou (es) Kuntur Kenas, « Hermosa quena de guayacán » [« Belle quena de gaïac »], sur Face Book (consulté le ) ou encore (es) Juan Carlos Mamani, « tienda virtual » [« boutique virtuelle »], sur JC Mamani (consulté le ), p. 507.
- Cf. Michel Botineau, Botanique systématique et appliquée des plantes à fleurs, Paris, Lavoisier, , 1335 p. (ISBN 978-2-7430-1112-3), p. 507.
- Cf. « meso-Nordihydroguaiaretic Acid », sur National Center for Biotechnology Information
- L’humaniste hessois Ulrich von Hutten avait publié en 1521 à Bologne un traité intitulé De guaiaci medicina et morbo gallico. Ce traité sur la syphilis (morbus Gallicus, c'est-à-dire le « mal français ») et son traitement à l'aide du bois de gaïac faisait la fierté de son auteur, lequel mourut néanmoins de cette maladie. Une des lithographies d'Honoré Daumier caricature un malade assis devant un guéridon qui porte un pot étiqueté « Gaïac ». Le malade fait une horrible grimace…
- Il s'agit de la « mamajuana de palo » (« de bâton »). Il existe une autre mamajuana, celle « de mariscos » : des fruits de mer, lambis, poulpes et calamars, etc. sont mis à macérer dans une bouteille d'alcool. Voir l'article (es) mamajuana pour la composition exacte
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
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