Gilles de La Roche-Saint-André

Gilles de La Roche Saint-André, né en 1621 au château de Montaigu en Vendée et mort le , à bord du vaisseau Le Jules au large de la Galice, est un officier de marine et aristocrate français du XVIIe siècle. Entré jeune dans la Marine royale, il fait ses premières armes contre les Espagnols, pendant la Guerre de Trente Ans. En 1655-1657, il commande une expédition d'exploration à Madagascar et dans le golfe d'Aden, qui se révèlera un échec sur le plan économique.

Gilles de La Roche Saint-André

Portrait de Gilles de La Roche Saint-André, par Antoine Graincourt, 1780. Il est représenté avec l'Ordre du Christ que lui a remis le roi de Portugal en 1650, ainsi que le cordon noir de l'Ordre de Saint-Michel.

Naissance 1621
au château de Montaigu
Décès  47 ans)
à bord du vaisseau Le Jules, au large de la Galice
Mort au combat
Origine Français
Allégeance Royaume de France
Arme  Marine royale française
Grade Chef d'escadre
Années de service 16361668
Conflits Guerre de Trente Ans
Deuxième guerre anglo-néerlandaise
Faits d'armes Bataille du cap Dungeness
Distinctions Chevalier des ordres du roi
Chevalier de l'ordre du Christ du Portugal
Famille Famille de La Roche-Saint-André

Pour les autres membres de la famille, voir famille de La Roche-Saint-André.

Rentré en France, il prend part à la deuxième guerre anglo-néerlandaise, aux côtés de la Hollande. Il se distingue en 1665 dans un combat contre une flotte anglaise bien supérieure en nombre. Il termine sa carrière militaire avec le grade de chef d'escadre des armées navales, un grade très élevé dans la Royale, à cette époque.

Biographie

Origines et famille

Gilles de La Roche Saint-André est issu de la branche cadette de la Maison de La Roche Saint-André dite « des Ganuchères de Treize-Septiers », l'une des plus anciennes familles de Bretagne « connue par son attachement aux ducs de cette province et aux rois de France »[1]. Il est le fils de Julien de La Roche, chevalier, seigneur de Bourgfeuillé, et de dame Françoise Giguet.

Il se marie par contrat du , avec Gabrielle Brigitte d'Escoubleau de Sourdis, fille de Jacques-René d'Escoubleau de Sourdis, marquis de Sourdis, seigneur de La Borderie, en La Verrie, chevalier des ordres du roi, et de dame Renée Berland de La Gastière. La demi-sœur aînée de sa femme épouse un des Herbiers de L'Estenduère. Les deux demi-sœurs étaient nièces du fameux cardinal de Sourdis, ministre de la Marine sous Richelieu.

Jeunesses et débuts

Gilles suit probablement de brèves études dispensées par les chanoines de la collégiale Saint-Maurice à Montaigu[2]. En tant que cadet de famille, le partage noble ne le favorise pas[3] et, comme beaucoup de cadets, Gilles est destiné au métier des armes, seule alternative avec l’état ecclésiastique.

Débuts pendant la Guerre de Trente Ans

Gilles de La Roche Saint-André, entre dans la Marine royale en 1636, à l'âge de 15 ans. La même année, il prend part au combat au large des îles de Lérins contre les Espagnols. En 1641, il participe au siège de Tarragone et prend un bastion espagnol. En , il participe au siège d'Orbetello en Toscane, à l'issue duquel il est chargé de conduire le prince Maurice de Savoie à Nantes. En 1647, il attaque et prend le fort espagnol de Castellammarre, en Italie. Il sert à terre jusqu'au , date à laquelle une commission de la reine mère Anne d'Autriche lui confère le commandement du vaisseau L'Elbeuf. L'année suivante, il monte le vaisseau La Lune sur lequel, pourvu d'une commission de corsaire du roi, bien qu'inférieur en forces, il remporte constamment des victoires si marquées que le roi le récompense le en le nommant chevalier de l'Ordre de Saint-Michel[1].

La glorieuse campagne qu'il fait en 1651 sur le vaisseau La Duchesse dont il avait reçu le commandement, convainc Louis XIV de le nommer, l'année suivante, Gentilhomme de la Chambre du roi[1]. En 1652, il participe en effet à la prise d'un galion espagnol de 52 canons[4]. Le texte de sa commission, reçue le , dit :

« Cette charge lui est conférée pour les services qu'il a rendus depuis quinze ans dans les armées de terre et de mer et les preuves qu'il a données de son courage et de sa fidélité dans toutes les occasions qui se sont présentées où il a généreusement exposé sa vie nommément au siège de Tarragone, à l'attaque d'un bastion qu'il prit depuis dans le golfe à l'attaque du fort de Castellamare, lequel il mit en poudre et coula à fond 5 gros vaisseaux qui étaient sous cette forteresse, ensuite au combat qui fut donné le lendemain et à celui qui a été rendu par notre très cher oncle le duc de Vendôme, le comte Dudoignon où il a attaqué et enlevé un galion d'Espagne monté de 52 pièces de canon etc[1]. »

A partir d'août 1652, il participe sur La Duchesse dans l'escadre du duc de Vendôme à une mission destinée à libérer Dunkerque des Espagnols. C'est une attaque anglaise qui surprend les Français le 14 septembre et s'empare de La Duchesse. Gilles de La Roche Saint-André et son équipage sont conduits à Douvres. Il s'en échappe sous un déguisement et regagne Calais incognito par le packetboat[5].

Expédition à Madagascar et dans le golfe d'Aden (1655 - 1657)

Ayant entendu les récits avantageux de colons revenus de Madagascar, Armand-Charles de La Porte de La Meilleraye, lieutenant général de Bretagne, qui réside à Nantes et y entretient une flotte de corsaires, s'intéresse aux richesses et aux profits faciles à faire. Il charge Gilles de La Roche Saint-André de conduire une expédition à Madagascar, pour laquelle il fait armer quatre de ses navires : La Duchesse (500 tonneaux), Le Grand Armand (frégate de 350 tonneaux), La Maréchale (450 tonneaux) et Le Saint Pierre (flûte de 200 tonneaux).

Commandant La Duchesse, il prend la tête de la flottille qui devait le conduire à Madagascar, avec trois objectifs précis : la gloire de Dieu, en plantant la Croix et la foi à Madagascar, la gloire du nom français car, prenant racine dans l'île, il pourra porter ses pensées plus avant dans les Indes orientales, ainsi que nos voisins, enfin pour l'utilité particulière de ceux qui entreprennent ce voyage[6]. Il devait ainsi poursuivre l'implantation de la Compagnie des Indes. Partie de Saint-Martin-de-Ré le , la flotte longe les côtes portugaises. Le , au large de l'Espagne, la flotte française capture un petit navire espagnol chargé de vin. En descendant les côtes de l'Afrique, elle fait deux escales, la première à Rufisque et la seconde à Tagrin, avant d'atteindre Le Cap le . À la mi-, Madagascar est atteint et des troupes sont débarquées sur l'île. La dysenterie et le paludisme font des ravages dans les équipages et les navires sont dans un état catastrophique. La flotte française poursuit son chemin vers le nord en direction du golfe d'Aden. En , un boutre arabe chargé de café est capturé au large de la Corne de l'Afrique, avec 30 hommes d'équipage et 25 esclaves. La flotte franchit le cap Gardafui avant d'atteindre l'île de Socotra en mer d'Oman le et de reprendre sa route vers Madagascar. Elle fait escale à Sainte-Marie de Madagascar en où elle abandonne L’Armand. Il note alors dans son journal de bord[7] la misère de la situation: Tous les pères de la mission et les meilleurs officiers sont morts. Parmi les hommes de La Duchesse qui avaient été laissés à terre, 48 sont morts, les autres ont été malades; les rescapés sont plutôt une ombre qu'un corps. La traversée jusqu'à la colonie de Fort-Dauphin est épouvantable. Elle est atteinte en et l'on abandonne La Duchesse, les deux navires étant incapables d'aller plus loin. Le mois suivant, la flotte française se ravitaille au Cap. En , La Roche Saint-André doit faire face à une mutinerie qu'il parvient à mater. Après deux nouvelles escales à Sainte-Hélène et sur l'île de l'Ascension, Gilles de La Roche Saint-André note sur son journal le : il est mort un matelot d'Ouessant, le dernier des 25 que j'avais de ce lieu. Réduite à deux navires, la flotte regagne enfin la rade de Mindin le 18 août 1657.

Le bilan de cette expédition est maigre, deux navires ont dû être abandonnés, un grand nombre de marins et de missionnaires sont morts, aucun nouvel établissement n'a été fondé. Les navires reviennent les cales vides, sans prise majeure, qui puisse rembourser les frais engagés pour le voyage. On lit sur le journal de bord, de la main de Gilles de La Roche Saint-André fin , au plus tragique de ce voyage et alors qu'il subit un accueil des plus hostiles à l'Ile Sainte-Marie: Les vaisseaux ne valent rien... Le maréchal de La Meilleraye a été trompé... Les capitaines ont été négligents... J'ai fait ce que j'ai pu... Et quelques jours plus tard: Ceux qui me survivront témoigneront de ma fidélité à M. le maréchal...

Les Barbaresques (1661-1664)

Par commission du , Gilles de La Roche Saint-André prend le commandement du Dragon. À cette époque, la marine française ne compte que 18 bâtiments de guerre mais Duquesne le recommande à Colbert. Après Le Dragon, qui navigue en Méditerranée, il commande Le Beaufort, sur les côtes atlantiques de l'Afrique, puis vers le Portugal, pour une mission secrète.

Il participe en 1664 à l'Expédition de Djidjelli. En 1665, il contribue au choix du site de Rochefort pour la construction d'un nouveau port, en remplacement de celui de Brouage.

Le , il est avisé qu'il est du nombre des cent chevaliers de Saint-Michel que Louis XIV conserve dans leur titre après la réformation qu'il fait de cet ordre.

Deuxième guerre anglo-néerlandaise

En 1665, la Deuxième guerre anglo-néerlandaise, entre l'Angleterre et les Provinces-Unies éclate à nouveau. Le royaume de France, allié aux Néerlandais, mobilise ses flottes de Méditerranée et du Ponant afin d'aller porter secours à la flotte néerlandaise, commandée par Michiel de Ruyter. Auparavant, Gilles De La Roche Saint-André, commandant Le Rubis, doit prendre part à l'escadre qui emmène pendant l'été 1666 la nouvelle Reine du Portugal Marie-Françoise-Élisabeth de Savoie à Lisbonne. Le Rubis repart dès le 13 août vers la Hollande, mais les ordres changent et le retour à Brest est décidé. Cependant, une partie des navires n’ayant pas reçu les ordres, continuent leur route.

Cette escadre de huit navires, commandée par Gilles de La Roche Saint-André à bord du Rubis[8], poursuit donc sa route et rencontre à la hauteur de Calais une flotte anglaise bien plus nombreuse le , qui l'attaque aussitôt. Le Rubis est pris pour cible et perd sa mature. Après un combat de sept heures contre neuf navires ennemis, Gilles de La Roche Saint-André doit se rendre. Cette bataille du cap Dungeness permet aux sept autres navires français de s’échapper. Gilles de La Roche est fait prisonnier par les Anglais, qui l’emmènent à Londres. Il y est présenté au roi, qui lui donne alors son congé pour rentrer en France, en souvenir du service qu'il avait rendu à son cousin le prince Rupert lorsqu'il avait dû se réfugier à Lisbonne. Ce combat est rapidement connu en France et dans l'Europe entière[9].

Sa réputation à la Cour de France est telle qu'il est nommé chef d'escadre des armées navales en 1667, un grade très élevé à une époque où il n'y avait que deux lieutenants généraux et deux chefs d'escadre dans toute la Marine royale. Il remplace alors Abraham Duquesne.

En , à bord du Frédéric, il commande l'escadre du roi en Hollande d'où il doit ramener six grands vaisseaux et deux galiotes construits à Amsterdam. Après des retards et beaucoup de tractations, ils arrivent sans encombre à Brest fin .

En 1668, il reçoit l'ordre de commander 10 vaisseaux, faisant partie de l'escadre commandée par le duc de Beaufort, que le Roi voulait garder à la mer. Son escadre est finalement composée de huit vaisseaux et six bâtiments plus petits. Gilles de La Roche Saint-André commande Le Jules, lorsqu'il décède d’une crise d’apoplexie, au large de Vigo, sur les côtes de Galice, le . Il avait 47 ans.

Il est inhumé à Vigo dans l'église des Cordeliers. Son cœur embaumé est rapporté à Montaigu, le lieu de sa naissance, et enterré dans l'église Saint-Jean de Montaigu avec sa veuve, au mois d'.

Honneurs et postérité

Très apprécié de la reine-mère et par le cardinal Mazarin, il est considéré dans sa patrie et à l'étranger comme l'un des plus braves et des plus expérimentés marins de son temps. Chevalier des ordres du roi, il est fait aussi chevalier de l'ordre du Christ du Portugal, pour avoir préservé Lisbonne d'un bombardement dont elle était menacée par les Anglais[10].

Mariage et descendance

Il épouse, par contrat du 1er février 1653, Gabrielle-Brigitte d'Escoubleau de Sourdis, fille de Jacques-René d'Escoubleau, seigneur de Courtry, et de dame Berland de La Gastière. De cette union naissent quatre enfants, dont :

Notes et références

  1. Michaud 1863, p. 211
  2. Georges Laronze, Montaigu, Ville d’histoire (IVe – XXe siècle), 1958, p.62
  3. Il s’agissait alors de ne pas disperser le patrimoine familial.
  4. Charles de La Roncière, Histoire de la Marine française, Paris, , volume V, p. 186
  5. Augustin Jal, Abraham Duquesne et la Marine de son temps, Paris, Plon, , tome 1, p. 203.
  6. Lettre du maréchal de La Meilleraye du 8 septembre 1655.
  7. Archives nationales, cote C5A1.
  8. Bibliothèque Nationale, Correspondance de Colbert d’octobre 1666, f° 100.
  9. Augustin Jal, Abraham Duquesne et la Marine de son temps, Paris, Plon, , Tome 1, p. 444
  10. Jullien de Courcelles 1821, p. 118

Voir aussi

Sources et bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • François de La Roche Saint-André, Gilles de La Roche Saint-André, chef d'escadre, 1990.
  • Jean-Baptiste-Pierre Jullien de Courcelles, Dictionnaire universel de la noblesse de France, (lire en ligne), p. 118
  • Louis-Gabriel Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne, vol. 36, chez Madame C. Desplaces, (lire en ligne), p. 211
  • Charles Dugast-Matifeux, Biographie de Gilles de La Roche Saint-André
  • Joël Pérocheau, Dictionnaire Historique des Vendéens Célèbres : additionné des incontournables, Les Sables d'Olonne, Imprimerie Graphique de l'Ouest, , 274 p. (ISBN 2-9508661-0-7)
  • Michel Vergé-Franceschi (dir.), Dictionnaire d'Histoire maritime, Paris, éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1508 p. (ISBN 2-221-08751-8 et 2-221-09744-0)
  • Étienne Taillemite (nouvelle édition revue et augmentée), Dictionnaire des marins français, Paris, éditions Tallandier, , 573 p. (ISBN 2-84734-008-4)
  • Rémi Monaque, Une histoire de la marine de guerre française, Paris, éditions Perrin, , 526 p. (ISBN 978-2-262-03715-4)
  • Jean Meyer et Martine Acerra, Histoire de la marine française : des origines à nos jours, Rennes, Ouest-France, , 427 p. [détail de l’édition] (ISBN 2-7373-1129-2, BNF 35734655)

Articles connexes

Liens externes

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