Giulio Clovio
Giorgio Giulio Clovio (connu également sous le nom de Julije Klović), né en 1498 et mort le , est un enlumineur et un peintre italien, qui a travaillé en Italie sous la Renaissance. Vasari le décrit comme le plus grand miniaturiste de son temps et ses contemporains le surnomment le « Michel-Ange ou Raphaël de la miniature. »
Biographie
Giulio Clovio est né à Grižane en Croatie, bourg situé à proximité de Novi di Valdivino et de Crikvenica dans le diocèse de Segna[1]. Il est également appelé Macedo ou Le Macédonien en raison de ses origines supposées macédoniennes. Vasari écrit que son nom de baptême est Giorgio Iulio et son patronyme est Clovi et qu’il est macédonien. La plupart des sources affirment que son nom croate est probablement Juraj Klović[2]. La Catholic Encyclopedia déclare que son nom originel est peut-être Glović[3], tandis que J.W.Bradley émet l’hypothèse que son prénom est Glovičić[4].
Selon Vasari, il serait arrivé à Venise à l'âge de 18 ans. Son premier mécène serait Marino Grimani. Celui-ci a en effet été nommé patriarche d'Aquilée en 1517. Clovio serait ensuite parti en Hongrie, au service du roi Louis II de Hongrie peu de temps avant sa mort à la bataille de Mohacs en 1526. Il aurait aussi travaillé au service du cardinal Lorenzo Campeggio, qui assure les fonctions de légat du pape vers 1524-1525. Clovio rentre probablement avec ce dernier à Rome. Il est aussi présent sur place lors du sac de la ville en 1527. Cet événement est sans doute à l'origine de sa vocation religieuse : il rentre au couvent de Saint-Sébastien de Mantoue qui appartient à l'ordre des chanoines de saint Augustin. Il est transféré au cours de son noviciat au couvent San Michele de Candiana qui appartient au même ordre, semble-t-il afin de mieux soigner une jambe cassée. Toujours selon Vasari, il aurait à cette époque choisi Giulio pour son nom de chanoine, en hommage au peintre Giulio Romano, qui est alors actif au Palais du Te de Mantoue. C'est à Candiana qu'il fait la connaissance de Girolamo dai Libri[5].
Clovio retourne ensuite à Venise, au couvent de Sant'Antonio di Castello vers 1531-1532 puis à celui de Santa Maria Maggiore (it) de Trévise vers 1532-1533, où il est ordonné prêtre puis enfin au couvent de Saint-Jean-l'évangéliste (it) à Ravenne vers 1533-1534. Il suit encore son mécène Grimani à Pérouse l'année suivante. Entre 1537 et 1541, il se met au service d'un nouveau mécène, le cardinal Alexandre Farnèse pour lequel il travaille jusqu'à sa mort. Il réalise pour lui son chef-d'œuvre : un livre d'heures qu'il met neuf années à réaliser. A partir des années 1550, il commence à peindre des œuvres sur des feuilles de parchemin isolées, comme par exemple dune crucifixion et une Pietà pour Cosme Ier de Toscane. Il agit également comme agent artistique pour son mécène, lui recommandant Federico Zuccari, Bartholomeus Spranger ou encore le Greco qui réalise son portrait[6].
Œuvres
- fragments d'un livre liturgique, vers 1530, Royal Collection, RL13035
- évangéliaire, destiné à Marino Grimani, écrit en 1528 et décoration entamée par Benedetto Bordon et achevée par Clovio, vers 1530, Biblioteca Marciana, Venise, Lat1, 103
- Commentaire sur l'épitre de saint Paul aux Romains, destiné au cardinal Marino Grimani, vers 1535-1539, Sir John Soane's Museum, Vol.143[7], dont 3 feuillets sont détachés : Elymas frappé de cécité par saint Paul devant le proconsul Sergius Paulus, et Les Trois Vertus Théologales, enluminures sur parchemin, Arts graphiques, Musée du Louvre, Paris.
- Livre d'heures de Stuart de Rothesay, destiné à Grimani, manuscrit écrit par Bartolomeo Sanvito avec 4 miniatures de Clovio, British Library, Add.20927[8]
- Poèmes d'Eurialo d'Ascoli pour Luis Fernández Manrique de Lara y de Almada-Noronha (es), Marquis d'Aguilar de Campoo, 1539, Bibliothèque nationale autrichienne, Cod.2660
- Paraphrase des psaumes de Jan van Kampen, vers 1539, Bibliothèque Sainte-Geneviève, Ms.1201[9], avec une feuillet détaché aujourd'hui au Städel Museum de Francfort-sur-le-Main, Inv.468
- livre d'heures du cardinal Farnèse, vers 1537-1546, 26 miniatures, Morgan Library and Museum, M69
- Lectionnaire Towneley, vers 1550, New York Public Library, Ms.91
Notes et références
- Vasari : Le Vite delle più eccellenti pittori, scultori, ed architettori, Volume 6, p.213.
- Croatians - Christianity, Culture and Art ", Croatian Government Bulletin, septembre / octobre 1999.
- Catholic Encyclopedia, Volume IV: article on Giorgio Clovio, par Louis Gillet, Robert Appleton Company, New York, 1908.
- The Life and Works of Giorgio Giulio Clovio, Miniaturist: With Notices of His Contemporaries ... Par John William Bradley. On peut lire à la page 19 :
J’ai suivi Sakcinski, l’auteur du Lexique des artistes de la Slavonie du Sud, qui prend position sur un point dont on a déjà parlé. ... Le nom Giulio ou Julius avec lequel il a signé de nombreux tableaux et sous lequel il fut, plus tard, universellement connu, ...
La dénomination complète du lexique des artistes de la Slavonie du Sud est Slovnik umjetnikah jugoslavenskih od Ivana Kukuljevića Sakcinskoga U Zagrebu 1858 Tiskom Narodne tiskarne dra Ljudevita Gaja. A la page 176, on lit :
Klovio Juraj Julio, najslavniji sitnoslikar. Rodio se g. 1498 u Grižanah, neznatnom selu hrvatskoga Primorja, u kotaru vinodolskom. Što mu bijehu roditelji i kako se zvahu, to se žalibože jošte ne zna. Neima sumnje da je njegovo prezime stoprv u Italiji, po običaju onoga vremena, preinačeno i potalijančeno. U cielom hrvatskom Primorju neima ni jednoga pisanoga spomenika, u kom bi se spominjalo ime porodice Klovio. Naprotiv dolaze u pismih onoga vremena: "Glovičić" i "Glavičić" u Grižanah i u Novom, "Glovon" i "Glavan" u Trsatu, "Glavić" u Bosni, a poslije u Dalmaciji i hrvatskom Primorju.
Traduction :« Klovio Juraj Julio, le célèbre miniaturiste. Il est né en 1498 à Grižane, un obscur village de la Primorje, au bord de la mer Adriatique, en Croatie dans le Vinodol. Que faisaient ses parents et quel était leur nom – malheureusement, nous ne le savons pas encore. Il ne fait aucun doute que son nom de famille a été à de nombreuses reprises – en Italie et selon les usages de cette époque – déformé et italianisé. Dans tout le Primorje, nulle part le nom de Klovio n’est mentionné. Au contraire, on trouve dans les écrits de cette époque - "Glovičić" et "Glavičić" à Grižane et à Novi, "Glovon" et "Glavan" à Trsat, "Glavić" à Bosnia, et ensuite en Dalmatie et dans le Primorje. »
— Citation de Jozef Georg Strossmayer dans ce livre écrit en 1906.
Nacrt života i djela biskupa J.J. Strossmayera: izabrani njegovi spisi, govori, rasprave i okružnice by Jugoslavenska akademija znanosti i umjetnosti, Tadija Smičiklas - 1906 - on the page 251 it reads
"Najdivnije minijature, najuzvišenije slike svećenici su negda sami slikali, n.pr. naš Clovio, Angeliko Fiesole i brat mu Benedetto i.t.d."
Traduction: Les plus belles miniatures, les œuvres picturales les plus inspirées sont l’œuvre d’une seule personne, en l’occurrence notre Clovio, Angeliko Fiesole et son frère Benedetto etc. - Alexander 2016, p. 168.
- Alexander 2016, p. 168-173.
- Notice du ms sur le site du musée
- Notice sur le site de la BL
- Reproduction sur le site BVMM de l'IRHT
Annexes
Bibliographie
- (en) John W.Bradley, The Life and Works of Giorgio Guilio Clovio, miniaturist, with notices of his contemporaries, 1891.
- Ivan Kukuljević Sakcinski, historien croate, « Jure Glović connu également sous le nom de Giulio Clovio, miniaturiste croate » (Jure Glović prozvan Julijo Klovio hrvatski sitnoslikar).
- (en) Jonathan J. G. Alexander, The Painted Book in Renaissance Italy 1450-1600, New Haven/London, Yale university press, , 400 p. (ISBN 978-0-300-20398-1), p. 168-175.
- (it) Giorgio Vasari, Le Vite, 1568.
Liens externes
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