Golda Meir

Golda Meir (en hébreu : גּוֹלְדָּה מֵאִיר, connue aussi sous le nom de Golda Meirson), née Golda Mabovitch à Kiev le et morte à Jérusalem le , est une femme d'État. Elle a participé à la création de l'État d'Israël, a été ministre des Affaires étrangères, ainsi que la quatrième Premier ministre d'Israël du au .

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Golda Meir
גּוֹלְדָּה מֵאִיר

Golda Meir en 1973.
Fonctions
Première ministre d'Israël

(5 ans, 2 mois et 17 jours)
Président Zalman Shazar
Ephraim Katzir
Législature 6e, 7e et 8e
Prédécesseur Levi Eshkol
Yigal Allon (intérim)
Successeur Yitzhak Rabin
Ministre des Affaires étrangères

(9 ans, 6 mois et 25 jours)
Premier ministre David Ben Gourion
Levi Eshkol
Prédécesseur Moshé Sharett
Successeur Abba Eban
Ministre du Travail et de la Sécurité sociale

(7 ans, 3 mois et 9 jours)
Premier ministre David Ben Gourion
Moshé Sharett
David Ben Gourion
Prédécesseur Mordechai Bentov
Successeur Mordechai Namir
Biographie
Nom de naissance Golda Mabovitch
Date de naissance
Lieu de naissance Kiev
Date de décès
Lieu de décès Jérusalem
Nationalité israélienne
Parti politique Parti travailliste
Conjoint Morris Meyerson
Enfants Menahem Meyerson
Sarah Meyerson
Profession Enseignante
Religion Judaïsme

Premiers ministres d'Israël

En raison de sa fermeté et de ses victoires sur le plan militaire, elle a été surnommée la « Dame de fer » avant que ce qualificatif ne soit employé pour Margaret Thatcher[1], Première ministre du Royaume-Uni. Pendant sa vie politique, Golda Meir a été surnommée « meilleur homme du gouvernement » (par Ben Gourion) et « grand-mère d'Israël » par la presse populaire.

Elle a été la première femme à devenir Premier ministre en Israël et la troisième femme dans le monde à ce niveau de responsabilité (seules Sirimavo Bandaranaike au Sri Lanka et Indira Gandhi en Inde l'ont précédée).

Biographie

Jeunesse et formation

Golda Mabovitch naît à Kiev en Ukraine au cœur de l'Empire russe, dans une famille nombreuse juive non pratiquante mais traditionaliste. Elle est le septième des huit enfants[note 1] de Blume Neiditch et de Moshe Mabovitch (ou Mabowitz), modeste menuisier et ébéniste qui milite dans des cercles sionistes-socialistes clandestins[2]. Fuyant les pogroms et la zone de résidence imposée par le tsar à ses sujets juifs, son père choisit d'émigrer vers les États-Unis en 1903 et de s'installer dans le Wisconsin, à Milwaukee, où sa famille le rejoint en 1906. Elle y reçoit une éducation juive, aide sa mère dans la petite épicerie qu'elle tient dans un des quartiers populeux de la ville tandis que son père est devenu cheminot[3].

À l'âge de 14 ans, alors qu'elle veut poursuivre des études supérieures pour devenir enseignante, elle quitte la maison de ses parents qui souhaitent la marier à un homme plus âgé. Elle rejoint sa sœur Sheyna à Denver et y rencontre Morris Meyerson (nom anglicisé en Meirson), un jeune peintre d'affiches qu'elle épouse le [4].

Engagement politique

Suivant sa sœur qui l'a précédée dans son engagement sioniste, sa vie militante commence à 18 ans dans des réunions politiques, au cours desquelles elle prend la parole pour défendre un sionisme socialiste. Elle organise des marches de protestation et rejoint le mouvement marxiste Poale Zion[5].

Le , son père devient citoyen américain sous le nom de Morris Mabowehz. Elle obtient cette citoyenneté par filiation. Le , Golda, son mari et sa sœur Sheyna font leur alya : ils embarquent à bord du SS Pocahontas (en) et émigrent vers la Palestine alors sous mandat britannique[6].

À leur arrivée, ils rejoignent le kibboutz Merhavia et leur vie est faite d'arbres à planter, de cuisine et de travaux de la ferme. Golda commence alors à s'affirmer en tant que leader. Elle est notamment choisie par son kibboutz comme représentante auprès du syndicat de la Histadrout (embryon du futur parti travailliste) jusqu'en 1924, date à laquelle son mari et elle-même choisissent de quitter le kibboutz pour déménager à Tel Aviv, puis à Jérusalem. Ils y ont deux enfants : Menahem né en 1924 et Sarah née en 1926[7].

Lorsque Golda doit retourner avec ses enfants à Tel Aviv en 1928 pour y devenir secrétaire générale des Moetzeth Poaloth (le Conseil ouvrier féminin de la Histadrout), son époux reste seul à Jérusalem jusqu'à sa mort en 1951, le couple étant séparé depuis 1940 mais n'ayant jamais divorcé[8]. Elle gagne progressivement en influence au sein du Comité central de la Histadrout qui compose une forme de gouvernement de l'ombre, dans l'attente de la création de l'État d'Israël. En 1930, elle est une des fondatrices avec David Ben Gourion du parti Mapaï[9].

Carrière politique

En 1938, elle est nommée « observateur juif de Palestine » à la conférence d'Évian et en 1940, elle devient directrice du département politique de la Histadrout[10].

En 1946, le pouvoir britannique arrête de nombreux leaders politiques sionistes de Palestine, mais Golda Meir y échappe et prend alors en charge l'organisation. Elle négocie avec les Britanniques tout en restant en contact avec le mouvement de guérilla.

Le , Golda Meir est parmi les 24 personnalités (et parmi les deux femmes) qui signent la déclaration d'indépendance de l'État d'Israël. Le lendemain, Golda Meir reçoit le premier passeport israélien édité pour se rendre aux États-Unis et y collecter des fonds[11].

À son retour, elle devient la première ambassadrice israélienne en Union soviétique (l'accueil triomphal qu'elle reçut à cette occasion des Juifs soviétiques porta ombrage à Joseph Staline, dont les sentiments antisémites furent ravivés), poste qu'elle quitte en 1949 pour rejoindre la Knesset, le parlement israélien, où elle siégera jusqu'en 1974.

De 1949 à 1956, elle est ministre du Travail. En 1956, elle reçoit le portefeuille des Affaires étrangères dans le gouvernement de David Ben Gourion, qui dit d'elle qu'elle est « le seul homme de son cabinet ». Il lui fait changer son nom de famille pour un nom hébreu, Meir (abréviation de son nom marital Meirson), qui désigne un « éclat brillant »[12].

En 1965, elle quitte le gouvernement, fatiguée par l'exercice de ses responsabilités. Elle est rapidement rappelée aux affaires pour prendre la fonction de secrétaire générale du parti travailliste pendant huit mois, avant de se retirer à nouveau le .

Premier ministre

Golda Meir à Tel Aviv, en 1969.

À la mort soudaine de Levi Eshkol le , le parti la choisit pour devenir Premier ministre.

L'état d'esprit des Israéliens pendant le mandat de Golda Meir est une confiance totale, notamment liée à la victoire écrasante et aux conquêtes de la guerre des Six Jours de 1967. Golda Meir n'a jamais jugé nécessaire de rechercher des compromis avec les Palestiniens. À ce sujet, on lui attribue cette phrase : « Nous pourrons sans doute un jour vous pardonner d'avoir tué nos enfants. Mais il nous sera beaucoup plus difficile de vous pardonner de nous avoir contraints à tuer les vôtres. La Paix viendra quand les Arabes aimeront leurs enfants plus qu'ils ne nous haïssent »[13]. L'authenticité de ces propos a toutefois été mise en cause par une enquête fouillée du quotidien israélien Haaretz en 2015[14].

Elle nie l'existence d'un peuple palestinien en affirmant le  : « Il n’y a jamais rien eu de tel puisque les Palestiniens n’ont jamais existé » ; ainsi que le  : « Comment pourrions-nous rendre les territoires occupés ? Il n’y a personne à qui les rendre »[15]. Elle exprime son point de vue lors d'un entretien pour la télévision américaine en 1973[16] : il n'y a jamais eu d'État palestinien, c'est la Société des Nations qui a découpé artificiellement la Syrie en mandat français (Syrie et Liban actuels) et mandat anglais, et les Britanniques qui découpèrent ensuite leur territoire entre rive droite (Transjordanie) et rive gauche (Palestine) du Jourdain[17]. Selon Golda Meir, les Arabes de Palestine ne diffèrent en aucun point (religieux, culturel, ethnique, historique) des Arabes de Jordanie, la distinction venant du découpage britannique de 1922. Son argumentation était donc qu'un « peuple palestinien » est une invention politique destinée à contester la souveraineté d'Israël et que leur situation de réfugiés vient de la politique délibérée des États arabes de refuser leur intégration pour les instrumentaliser contre Israël[16].

Son mandat est marqué par des troubles au sein de la coalition au pouvoir et par un manque de direction. Cela se traduit par la mauvaise utilisation des informations transmises par le Mossad qui permet le succès initial de l'attaque surprise par les armées arabes le jour du Yom Kippour 1973. À l'issue de la guerre du Kippour, Golda Meir démissionne le et Yitzhak Rabin lui succède. Elle prend sa retraite politique et se retire principalement au kibboutz Revivim dans la maison de sa fille Sarah[18].

Décès

Tombe de Golda Meir.

À l'automne 1978, elle est hospitalisée à l'hôpital Hadassah de Jérusalem où elle meurt à l'âge de 80 ans d'un probable lymphome de faible malignité compliqué à la fin de métastases osseuses et hépatiques. Le diagnostic de maladie de Waldenström a été évoqué[19]. Le , Golda Meir est inhumée dans le carré des « Grands de la nation » du mont Herzl à Jérusalem[20].

Fonctions en Israël

  • Du au  : ministre du Travail et de la Sécurité sociale.
  • Du au  : ministre du Travail.
  • Du au  : ministre des Affaires étrangères.
  • Du au  : Premier ministre.
  • Du au  : ministre de la Justice (en tant que Premier ministre).

Publications

  • Golda Meir, A Land of Our Own, Weidenfeld & Nicolson 1973.
  • Golda Meir, Ma vie, traduit de l'anglais par Georges Belmont et Hortense Chabrier, Paris 1975.
  • Golda Meir, La maison de mon père, traduit de l'hébreu par Pierre Lurçat, éditions l'éléphant, Paris-Jérusalem, 2022.

Dans les arts

Le rôle politique de Golda Meir a été raconté dans plusieurs œuvres théâtrales, télévisuelles et cinématographiques.

En 1977, Anne Bancroft joue le rôle de la femme politique dans la pièce Golda de William Gibson. En 1982, l'actrice australienne Judy Davis joue une jeune Meir dans le téléfilm Une femme nommée Golda tandis qu'Ingrid Bergman interprète le personnage adulte. En 2003, l'actrice américaine Tovah Feldshuh retrace sa trajectoire politique dans Golda's Balcony (en) seconde pièce de Gibson sur la vie de Meir. Ce one-woman show est controversé, Gibson y suggérant que Golda Meir aurait envisagé d'utiliser des armes nucléaires pendant la guerre du Kippour, ce qui aurait pu déclencher une Troisième Guerre mondiale. Dans le film homonyme tiré de la pièce en 2007, Valerie Harper interprète le rôle de Golda.

En 2005, l'actrice Lynn Cohen joue le rôle du Premier ministre dans le film Munich de Steven Spielberg. Tovah Feldshuh interprète à nouveau le rôle de Meir dans le film Ô Jérusalem d’Élie Chouraqui, adaptation cinématographique du roman homonyme de Dominique Lapierre et Larry Collins.

En 2022, l’actrice britannique Helen Mirren jouera le rôle du Premier ministre dans le biopic Golda de Guy Nattiv (en)[21].

Portraits

Honneurs

Son nom a été donné à plusieurs lieux et bâtiments aux États-Unis (Golda Meir School (en) et Golda Meir Library (en) à Milwaukee dans le Wisconsin, Golda Meir Square à New York, Golda Meir Center for Political Leadership au Metropolitan State University of Denver (en)[22]) et en Israël (Golda Meir Boulevard à Jérusalem, Golda Meir Center for the Performing Arts à Tel Aviv[23]).

Notes et références

Notes

  1. Ses cinq frères meurent en bas âge, seules survivent sa sœur aînée Sheyna (ou Shana) et sa sœur cadette Zipke (Tzipka ou Zipporah, connue plus tard sous le prénom de Clara).

Références

  1. « La « Dame de fer » d'Israël », sur www.lhistoire.fr (consulté le )
  2. (en) Richard Amdur, Golda Meir. A Leader in Peace and War, Fawcett Columbine, , p. 7.
  3. (en) Jean F. Blashfield, Golda Meir, Marshall Cavendish, , p. 13-14.
  4. Sarah Frydman, Les deux piliers d'Israël. Golda Meir et Menahem Begin, Éditions du Rocher, , p. 37.
  5. Jean F. Blashfield, op. cit., p. 18.
  6. Jean F. Blashfield, op. cit., p. 36.
  7. Jean F. Blashfield, op. cit., p. 41.
  8. Jean F. Blashfield, op. cit., p. 42.
  9. (en) Stephen Harlan Norwood, Eunice G. Pollack, Encyclopedia of American Jewish History, ABC-CLIO, , p. 213.
  10. (en) Spencer C. Tucker, Priscilla Roberts, The Encyclopedia of the Arab-Israeli Conflict: A Political, Social, and Military History [4 volumes]: A Political, Social, and Military History, ABC-CLIO, , p. 674.
  11. (en) Golda Meir, Israel Shenker, Mary Shenker, As good as Golda. The warmth and wisdom of Israel's Prime Minister, McCall Pub. Co, , p. 168.
  12. Jean F. Blashfield, op. cit., p. 79.
  13. Jean Daniel, Israël, les Arabes, la Palestine, Galaade éditions, , p. 520.
  14. (en) « Misquoting Golda Meir: Did She or Didn’t She? », Haaretz, (lire en ligne, consulté le ).
  15. Pierre Blanc, Palestine : 20 ans après, Éditions L'Harmattan, , p. 14.
  16. (en) « Golda Meir Interview on Arab-Israeli Relations and Terrorism (1973) ».
  17. (en) « « The Palestine Mandate » [archive], sur Yale Law School » (consulté le ).
  18. (en) Israel Directory, Miksam Limited, , p. 78.
  19. Golda Meir sur le site de la Fédération Nationale des Centres de Lutte Contre le Cancer : http://www.fnclcc.fr.
  20. (en) Robert Slater, Golda, the Uncrowned Queen of Israel, Jonathan David Pub, , p. 3.
  21. Helen Mirren dans le prochain film de Guy Nattiv : Golda.
  22. (en) Golda Meir Center for Political Leadership
  23. (en) Golda Center – Tel Aviv Performing Arts Center.

Annexes

Bibliographie

  • (en) Menahem Meir (trad. Ma mère Golda Meir : évocation de la vie d'un fils avec Golda Meir), My Mother Golda Meir : A Son's Evocation of Life With Golda Meir, Arbor House Pub Co, (ISBN 978-0-8779-5415-6).
  • Sarah Frydman, Les Deux Piliers d'Israël : Golda Meir et Menahem Begin, Éditions du Rocher, , 273 p. (ISBN 978-2-2680-3960-2).
  • (en) Elinor Burkett (en), Golda, Harper, , 496 p. (ISBN 978-0-0607-8665-6).
  • Dominique Frischer, Golda Meir : La femme derrière la légende, L'Archipel, , 537 p. (ISBN 978-2-8098-1652-5).
  • (en) Francine Klagsbrun (en) (trad. Lionne : Golda Meir et la nation d'Israël), Lioness : Golda Meir and the Nation of Israel, Schocken; Reprint édition, , 864 p. (ISBN 978-0-8052-1193-1).
  • Claude-Catherine Kiejman, Golda Meir, une vie pour Israël, Tallandier, coll. « Poche », , 352 p. (ISBN 979-1-0210-5196-6).
  • Golda Meir et Pierre Lurçat (Sous la direction de, Traduction), La maison de mon père : Fragments autobiographiques, Independently published, , 95 p. (ISBN 979-8-7964-2823-8).
  • (en) Charles River Editors (trad. Golda Meir : La vie et l'héritage de la seule femme à avoir été Premier ministre d'Israël), Golda Meir : The Life and Legacy of the Only Woman to Serve as Israel’s Prime Minister, Independently published, , 119 p. (ISBN 979-8-4286-5861-3).
  • (en) Pnina Lahav (trad. La seule femme dans la pièce : Golda Meir et son chemin vers le pouvoir), The Only Woman in the Room : Golda Meir and Her Path to Power, Princeton University Press, , 376 p. (ISBN 978-0-6912-0174-0).

Articles connexes

Liens externes

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