Grand projet ferroviaire du Sud-Ouest

Le Grand projet ferroviaire du Sud-Ouest (ou GPSO), est un projet ferroviaire concernant le sud-ouest de la France, et qui a pour but la création de deux lignes à grande vitesse (LGV), celle de Bordeaux - Toulouse et celle de Bordeaux - Espagne (dont une partie en tronc commun), ainsi qu'un aménagement ferroviaire du sud de Bordeaux et du nord de Toulouse. Le maître d'ouvrage de ce projet est SNCF Réseau.

Trois enquêtes publiques distinctes et concomitantes ont été ouvertes du au . Les lignes ont été déclarées d'utilité publique en 2016, mais celle-ci a été annulée en 2017. Aujourd'hui, le projet est toujours d'actualité, mais risque d'être réalisé dans des délais rallongés.

Calendrier du projet

  • 2015 : Résultat des enquêtes
  •  : Déclaration d'utilité publique des deux lignes
  •  : Annulation de la déclaration d'utilité publique d'une portion nord du projet
  • 2018 : Le projet est à nouveau d'actualité, mais comptera des retards importants par rapport aux dates initiales[1]
  • 2021: Création de la société de financement du GPSO
  • 2032: Mise en service prévue (2022) de la LGV Bordeaux - Toulouse.

Projet

Le projet a quatre objectifs : la création des LGV Bordeaux - Toulouse et Bordeaux - Espagne, mais aussi l'amélioration de la desserte ferroviaire de la couronne nord de Toulouse et de la couronne sud de Bordeaux. Ce projet entraîne aussi des aménagements dans et autour des gares, comme pour le quartier Marengo, à Toulouse, (quartier de la gare Matabiau) qui va faire l'objet d'un réaménagement total (et aussi la construction d'une Tour d'Occitanie). Les gares sur le parcours de la LGV sont également totalement réaménagées.

Le projet retenu se caractérise par un tracé d'intérêt régional ambitionnant, outre les liaisons vers l'Espagne et vers Toulouse, la desserte des chefs-lieux de département Agen, Montauban et Mont-de-Marsan par des gares nouvelles situées à l'écart de ces agglomérations. La branche sud-ouest suit, au sortir de la Gironde, un tracé proche de l'autoroute A65 en direction de Pau plutôt que de l'A63 vers l'Espagne[2].

Le projet prévoit d'y faire circuler des « Trains aptes à la Grande Vitesse » (TaGV) s'arrêtant à ces gares nouvelles mais aussi des « Trains régionaux à grande vitesse » (SRGV) desservant aussi des haltes (Captieux/Escaudes et Saint-Geours-de-Maremne)[3].

LGV Bordeaux - Toulouse

La LGV Bordeaux - Toulouse est une partie du Grand Projet ferroviaire du Sud-Ouest. Elle a pour objectif de réduire les temps de parcours en train entre Toulouse et Paris, Toulouse étant l'une des métropoles françaises les plus mal desservies par les réseaux ferroviaires : il faut aujourd'hui plus de quatre heures pour rallier Toulouse à Paris. Mais le projet doit aussi mieux desservir les différentes grandes villes du sud-ouest, comme Montauban ou Agen. La ligne devrait donc réduire de plus d'une heure les temps de parcours entre la métropole toulousaine et la capitale française[4].

Le projet devait initialement être réalisé à l'horizon 2024, mais est finalement reporté à 2027, dans le meilleur des scénarios[1].

Le projet prévoit aussi le réaménagement des gares d'Agen et de Montauban-Ville-Bourbon[5].

LGV Bordeaux - Espagne

La LGV Bordeaux - Espagne est aussi une partie du GPSO. Il est prévu de créer la ligne en deux temps : en premier lieu, relier Bordeaux à Dax ( mise en service en 2034 ), et ensuite Dax à l'Espagne ( vers 2040 ).

Aménagements ferroviaires au nord de Toulouse

Mais le GPSO n'a pas comme seuls projets la création de lignes à grande vitesse : il prévoit aussi un réaménagement ferroviaire au nord de la métropole toulousaine. Aujourd'hui, l'aire urbaine de Toulouse est la quatrième de France, mais elle compte de nombreuses problématiques en termes de mobilités : le périphérique de Toulouse compte maintenant de nombreux bouchons et les transports en commun sont encore minimes dans les déplacements depuis la couronne périurbaine.

Le projet prévoit donc le doublement des voies entre Toulouse-Matabiau et la gare de Saint-Jory, afin de créer un réseau de "TER cadencé" au quart d'heure en heure de pointe, de type RER, entre Castelnau-d'Estrétefonds et Toulouse[6]. Mais le projet permettra aussi de désengorger les voies ferroviaires du nord toulousain, aujourd'hui saturées.

Le projet prévoit un réaménagement des gares de Castelnau-d'Estrétefonds, Saint-Jory, Fenouillet - Saint-Alban et Toulouse - Lalande-Eglise, mais aussi un déplacement de la gare de Lacourtensourt afin d'améliorer l'intermodalité avec le réseau Tisséo, et un déplacement de la gare de Route-de-Launaguet afin de connecter la gare avec la station La Vache, sur la ligne B du métro et la future ligne de métro Toulouse Aerospace Express. Enfin, le projet prévoit aussi la construction de deux ouvrages de protection, situés à proximité des sites Seveso du triage de Saint-Jory[7].

Aménagements ferroviaires au sud de Bordeaux

Le GPSO prévoit un aménagement ferroviaire au sud de Bordeaux, qui se résumerait à la création d'une troisième voie entre le triage d'Hourcade et Saint-Médard-d'Eyrans, la suppression de 6 passages à niveaux, le réaménagement de plusieurs gares et points-d'arrêts, et la réorganisation de la circulation des trains dans le sud bordelais[8].

Gains de temps

Le Grand projet ferroviaire du Sud-Ouest permettra de réduire les temps de parcours ainsi qu'indiqué dans le tableau des meilleurs temps de parcours[4] :

Aujourd'hui Après le "Y Basque" Après GPSO phases 1 et 2 (Bordeaux-Dax/Toulouse) Après GPSO phase 3 (Dax-frontière)
Bordeaux-Toulouse 2h01[9] 1h05
Bordeaux-Barcelone 4h50[4] 3h50
Bordeaux-Marseille 5h20 via Paris[4], 6h10 direct 4h20
Bordeaux-Bayonne 1h38[9] 1h18 1h08
Bordeaux-Bilbao 4h30* 3h15 2h55[10] 1h55[10]
Bordeaux-Madrid 9h* 5h15 4h55[10] 3h55[10]
Paris-Toulouse 4h10[4] 3h10 3h10
Paris-Bayonne 3h45[4] 3h25 3h15
Paris-Madrid 9h00 via Barcelone 7h25[4] 7h05[10] 6h05[10]
Toulouse-Bayonne 3h30 2h25 2h15

Les temps de parcours marqués d'une astérisque sont réalisés avec un changement de train à la frontière (Hendaye-Irun) dû à la différence d'écartement des rails.

Les trajets avec correspondances ne tiennent pas compte des horaires des trains.

Financement

Le coût des deux lignes est estimé à 14,300 milliards d’euros, hors phase 3 (Dax - Pays basque)[9].

Impact écologique

Le tracé impacte la vallée du Ciron et sa hêtraie relictuelle (vestige d'une hêtraie remontant à 43 000 ans et génétiquement distincte des hêtraies pyrénéennes)[11].

Controverses

Selon Le Figaro, « la Fédération nationale des associations d'usagers des transports (FNAUT), Voyages SNCF, SNCF Réseau et le rapport du Conseil des orientations en infrastructures plaident plutôt pour une ligne nouvelle (…) desservant les gares de centre-ville avec des trains roulants à 250 km/h »[12].

Les opposants à la LGV font valoir les arguments suivants[13] :

  • les estimations de trafic sont exagérées et non conformes au retour d'expérience ;
  • les lignes classiques ne sont pas saturées hormis les goulets d'étranglement du sud de Bordeaux et du nord de Toulouse qui appellent des actions locales ;
  • les « gares-betteraves » éloignent les usagers du service en les poussant sur les routes (-10 % à Montpellier depuis la nouvelle gare TGV) ;
  • le financement du projet se fait au détriment des trains du quotidien.

Selon Pierre Hurmic, l'accélération de la ligne classique serait moins couteuse et ne ferait perdre qu'au plus 29 minutes par rapport à la LGV (cas des trains directs, les plus pénalisés)[9]. L’accélération de la ligne s'appuie entre autres sur 3 shunts : Langon, Port-Sainte-Marie et Moissac[14].

En revanche, seule une ligne nouvelle permet d'atteindre le seuil psychologique des 3 heures à partir duquel on peut espérer un report significatif des usagers de l'avion vers le train[15] sur Paris - Toulouse. Peut-être ce projet serait-il été mieux accepté s'il était plus synergique, avec une ligne nouvelle focalisée sur l'objectif stratégique de placer Toulouse à 3 heures de Paris et connectée à la ligne classique pour desservir Agen et Montauban en centre-ville. Noter que la grande vitesse est utile sur Paris - Montauban mais pas nécessaire entre Montauban et Toulouse, pas plus qu'entre Mont-de-Marsan et Dax, qui relèvent plutôt d'un réseau TER performant.

Les opposants au projet organise un rassemblement en avril 2022 pour marquer leur détermination contre ce projet[16].

Références

  1. « La LGV Bordeaux-Toulouse est sauvée », ladepeche.fr, (lire en ligne, consulté le )
  2. Le GPSO dans le réseau ferré - Cartes
  3. Plaquette Halte SRGV Sud-Gironde
  4. « réduire les temps de parcours » sur le site du GPSO.
  5. CMS Anan6, « Ligne nouvelle Bordeaux-Toulouse | Les Grands Projets du Sud Ouest | Réseau Ferré de France », sur www.gpso.fr (consulté le )
  6. « Le futur «RER» du Nord toulousain roulera en 2024 », ladepeche.fr, (lire en ligne, consulté le )
  7. Anan6, « GPSO - Aménagements ferroviaires au nord de Toulouse », sur www.gpso.fr (consulté le )
  8. Anan6, « GPSO - Aménagements ferroviaires au sud de Bordeaux », sur www.gpso.fr (consulté le )
  9. Mickaël Bosredon, « LGV Bordeaux-Toulouse : Temps de trajet, coût, alternatives… Ce qu’il faut savoir du GPSO, le projet ferroviaire le plus disputé du moment », sur 20 Minutes, (consulté le ).
  10. Ces temps tiennent compte de la mise en service des projets ferroviaires espagnols, en particulier la ligne nouvelle Bilbao - San Sebastian (38 minutes).
  11. Mickaël Bosredon, « LGV Bordeaux-Toulouse : « La première victime sera le Ciron », alertent des élus du sud Gironde », sur 20 Minutes, (consulté le ).
  12. François Delétraz, « La SNCF planche sur quatre nouvelles lignes : quel intérêt pour les passagers ? », sur Le Figaro Voyages, (consulté le ).
  13. Simon Barthélémy, « Les arguments des pro LGV Bordeaux-Toulouse-Dax tiennent-ils la route ? », sur Rue89 Bordeaux, (consulté le ).
  14. http://www.gpso.fr/note_synthese_ligne_bordeaux_toulouse.pdf.
  15. Ian Hamel, « Les trains franco-suisses déclarent la guerre à l'aérien », sur Le Point, (consulté le ).
  16. Reporterre, « « Un projet absurde » : dans le Sud-Ouest, les opposants aux LGV repartent au combat », sur Reporterre, le quotidien de l'écologie (consulté le )

Liens externes

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