Grotte de Petrálona

La grotte de Petrálona est située en Chalcidique (Grèce), à km du village du même nom, à environ 35 km au sud-est de Thessalonique et au pied du Mont Katsika. Elle est le site de la découverte du crâne d'Archanthropus europaeus petraloniensis puis de son squelette, daté d'environ 700 000 ans, et de nombreux autres fossiles accompagnés d'outils de pierre[1], et des plus anciennes traces de feu trouvées à ce jour[2], datée à 1 million d'années[3].

Grotte de Petrálona
Entrée de la grotte de Petrálona
Localisation
Coordonnées
40° 22′ 11″ N, 23° 09′ 33″ E
Adresse
Localité voisine
Petrálona
Caractéristiques
Occupation humaine
au minimum depuis 800 000 ans (Pléistocène)
Patrimonialité
Site archéologique de Grèce (d)
Localisation sur la carte d’Europe
Localisation sur la carte de Grèce

Découverte, exploration

Premiers pas

La grotte de Petrálona a été découverte accidentellement en 1959 par Philippos Chatzaridis (1892-1981), un berger réfugié d'Asie Mineure comme beaucoup de gens du village après la catastrophe de 1922. Il en parla dans son village pendant plusieurs années, avant qu'un groupe se décide à vérifier ses dires au printemps 1959[4].

Premières explorations

Ce printemps 1959 Manolis Theodoridis, président du bureau de la communauté de Petrálona, envoya deux dents fossilisées au Prof. P. Kokkoros du département de Géologie de l'université de Thessalonique. Ce dernier les envoya à l'Institut de Géologie et Recherches souterraines (I.G.U.R.), où Dr. I. Papastamatiou les identifia comme appartenant à un ours et à un cervidé. L'I.G.U.R. envoya J. Petrocheilos (fondateur et président de 1950 à 1960 de la Société Spéléologique Hellène (H.S.S.)) pour explorer la grotte. Petrocheilos effectua deux explorations : l'une le (référence I.G.U.R. 669/26-5-1959) et l'autre en octobre 1959 (référence I.G.U.R. 1443/5-10-1959). Il fournit les premières descriptions de la grotte, au total trois rapports en 1959 dont l'un le pour le journal “Ethnos” et deux pour les archives de l'I.G.U.R. (numéros 748 et 784). Ces rapports furent publiés, après son décès en janvier 1960, par sa femme Anna qui lui succéda à la tête de H.S.S.. Elle les fit publier sous le nom de son mari (cf. J. Petrocheilos 1960d), omettant quelques photos qui furent reprises dans la thèse de doctorat d'anthropologie de N.A. Poulianos (fils de Aris N. Poulianos) en 1989[5].

Description

Formation géologique

Située à environ 300 m d'altitude, la grotte se situe dans le calcaire de la montagne Katsika (qui veut dire 'chèvre'), également appelée Kalavros. Cette montagne fut créée pendant le Jurassique (il y a environ 150 millions d'années) par le dépôt de sédiments marins qui émergèrent plus tard en plusieurs phases. Les principaux compartiments de la grotte ont probablement été formés pendant le Pléistocène, il y a environ 5 M d'années. Ils sont ornés de nombreuses stalagmites et stalactites[6].

À l'époque de sa découverte, la grotte ne présentait qu'une ouverture ovale de quelque 70 cm de long[7], comblée par du sable et des cailloux[4],

Dimensions

Petrocheilos fut le premier à formellement décrire la grotte, qu'il présenta essentiellement comme une cavité centrale avec trois ramifications (voir plan en référence[8]). Dans un premier temps, seule la partie principale fut explorée d'une extrémité à l'autre, soit une longueur de 157 m. La longueur totale des branches secondaires est de 390 m. La surface totale de la grotte est de environ 2 000 m2. Il y a 40 m entre la fissure d'entrée initiale et la première entrée artificielle. La profondeur de la salle intérieure est d'environ 22 à 25 m pour une hauteur maximum de m ; l'index de concavité du calcaire est de 0,1727. À environ 100 m de la première entrée artificielle, un couloir étroit est couvert d'argile rouge à laquelle sont mélangés de nombreux restes fossiles de mammifères[5].

Microclimat

En ce qui concerne le microclimat, Petrocheilos observa une petite quantité d'eau suintant après les pluies. Cette eau se rassemblait dans de petites dépressions. Trois échantillons d'eau analysés révélèrent quelques données. Le premier échantillon, près de la première entrée artificielle, avait une température de 16,3 °C, un pH de 7, un taux de CO2 de 0,045 %, une concentration alcaline (CaCO3) de 0,355 % et une dureté de 48° gal. Le deuxième échantillon, pris vers le centre de la grotte, avait un pH de 7,2, un taux de CO2 de 0,02 %, une concentration alcaline ([CaCO3) de 0,355 % et une dureté de 44,8° gal. Le troisième échantillon, venant du fond de la grotte, avait un pH de 7, un taux de CO2 de 0,045 %, une concentration alcaline (CaCO3) de 0,475 % et une dureté de 55° gal[5].

En octobre 1959, Petrocheilos nota que la température interne ne dépassait pas 17 °C, et il n'y avait pas de courant d'air. Dans un conduit au nord, en dessous de 8 à 10 m de profondeur, l'air devenait irrespirable à cause d'une concentration très élevée de CO2 (probablement formé par les racines de plantes). Petrocheilos affirme que dans les temps modernes personne avant lui n'avait pénétré cette partie la plus profonde de la grotte. Christos Sariannidis se souvient que cela n'est devenu possible qu'après avoir répandu de l'eau de chaux (contenant du CaHCO2), une méthode de spéléologie des années 1960 pour enrichir l'air en oxygène. Plus tard, le climat de la grotte fut mesuré par des stations climatiques permanentes, qui indiquèrent une moyenne de température de 16 °C, pression atmosphérique de 760 mg et une proportion d'humidité de 90 %[5].

Dans ces circonstances de déposition rapide de CaCO3 et d'un milieu riche en CO2, des concrétions de gros cristaux de types variés se sont formés: pisolitiques (en forme de grappe de raisin) ; en forme de "macaroni" ; ou complètement irrégulières. Leur épaisseur varie, allant de quelques mm jusqu'à des colonnes volumineuses. Des microstructures cristallines (« lait de lune ») sont présentes seulement dans la partie sud-ouest de la grotte, près de la première entrée artificielle[5].

Les anciens lacs

J. Petrocheilos cite les anciens lacs, qui méritent une note spéciale. Des traces de leur présence se sont formées sur les parois de la grotte, avec des concrétions formant des stalagmites horizontales que l'on remarque principalement à côté de la première entrée artificielle et sur les murs de la partie centrale de la grotte. Des traces similaires se présentent en parties basses des nombreuses colonnes stalagmitiques dans tout l'espace autrefois occupé par les anciens lacs. Des étendues d'eau ont également été présentes dans la partie la plus profonde de la grotte (au nord), où se trouvaient la plupart des os fossiles d'animaux. Cependant les traces des anciens lacs dans la partie sud et centrale de la grotte n'ont rien en commun avec les concrétions de la partie nord : au sud et au centre, elles ne sont pas disposées en lignes horizontales rectilignes mais forment des courbes et se trouvent à trois niveaux différents ; elles incorporent des os et des pierres. De telles formations sont entièrement absentes dans les concrétions des anciens lacs dans le nord de la grotte. D'où il est déduit que les concrétions de la partie nord résultent d'un processus de sédimentation et non de la formation des anciens lacs[5].

Faune fossile

Des fossiles de nombreuses espèces ont été trouvés dans la grotte[9] :

Poissons

  • espèces indéterminées

Amphibiens

Reptiles

Oiseaux

Ιnsectivores

Petrálona1

Primates

Chiroptera (chauves-souris)

Lagomorpha

Rongeurs

  • Urocitellus primigenius daphnae Kretzoi
  • Hystrix sp. (un genre de porcs-épics)
  • Gliridae indét. (une famille de rongeurs - loirs, lérots, lérotins, muscardins, souris)
  • Dryomimus eliomyoides arisi Kretzoi
  • Parasminthus brevidens Kretzoi
  • Spalax chalkidikae Kretzoi
  • Apodemus mystacinus crescendus Kretzoi
  • Mus (Budamys) synanthropus Kretzoi
  • Allocricetus bursae simplex Kretzoi
  • Lagurus transiens Janossy
  • Eolagurus argyropuloi zazhighini Ν. Poulianos (un genre de rongeurs)
  • Arvicola cantiana Heinrich
  • Microtus praeguentheri Kretzoi

Carnivores

Stephanorhinus.

Proboscidea

Perissodactyla

Bison schoetensacki.

Artiodactyla

Outils associés

La technique lithique de Petrálona est l'une des plus anciennes d'Europe. Elle inclut des galets taillés de type Olduvaï datés à environ 1,8 Ma, et certaines pièces ressemblent à celles de l'homme de Pékin. Les matériaux principaux de ces outils sont le quartz, la bauxite et le calcaire. Les deux premiers matériaux ne peuvent être sourcés qu'à l'extérieur de la grotte[3], à plusieurs kilomètres de celle-ci. Le quartz et le calcaire sont des matériaux courants pour l'industrie lithique préhistorique. Les outils de bauxite trouvés dans la grotte sont les premiers découverts qui utilisent ce matériau. Un outil de bauxite trouvé dans la couche 11, une sorte de couteau, est alourdi à la base et se termine par un bord de coupe à double tranchant dont un des côtés est poli par l'usure. Cet outil n'a pu être utilisé que par la main droite[11]. La manufacture des outils montre une très nette amélioration entre les couches les plus anciennes et celles plus récentes - une différenciation qui indique que la grotte a été occupée pendant une très longue période[3].

On a retrouvé des alênes en os sur le sol de la grotte dans la partie dite le Mausolée – là où étaient le crâne et le squelette de A. petraloniensis dans la 11e couche –, du type qui servait à assembler les peaux. Le Mausolée est un endroit très sec et un peu plus chaud que le reste de la grotte[3].

Traces de feu

Toutes les couches étudiées de la grotte contiennent des traces de feu : os d'animaux brûlés, cendres, et pierres brûlées. Elles sont particulièrement abondantes dans la couche 11. Des traces de feu de la couche 24 ont été datées par paléomagnétisme[11] et par la faune associée[3] à environ 1M d'années, ce qui les désigne comme les plus anciennes traces de feu maîtrisé connues.

Notes et références

  1. (en) « Pre-Sapiens Man in Greece », Aris Nickos Poulianos, Current Anthropology, vol. 22, no 3, juin 1981, p. 287-288.
  2. (en) Traces of fire at the Petralona Cave, the oldest known up to day. Par A. N. Poulianos, dans Anthropos, 4: 144-146. 1977.
  3. Para Conocer al Hombre - chapitre 3 : In Honour of Santiago Genovès, Archanthropus europaeus petraloniensis. Par A. N. Poulianos, p. 215-218. Ce livre est un recueil de textes écrit par de multiples auteurs. 1990. (ISBN 9683610234).
  4. (en) The discovery of the Petralona Cave. Sur le site de la grotte, par l'Anthropological Association of Greece. Photos de Philippos Chatzaridis, de la fissure et de la première porte installée.
  5. (en) The first spelaeological explorations and observations. Sur le site de la grotte, par l'Anthropological Association of Greece.
  6. (en) A few words about the Cave of the Petralonian Archanthropinae. Sur le site de la grotte, par l'Association Anthropologique de Grèce.
  7. (en) The discovery of Petralona man. Sur le site de la grotte, par l'Anthropological Association of Greece.
  8. Plan de la grotte. Sur le site de la grotte, par l'Anthropological Association of Greece.
  9. (en) The species of the fossilized fauna from Petralona Cave. Sur le site officiel de la grotte de Petrálona.
  10. (en) New analysis of the Pleistocene carnivores from Petralona cave (Macedonia, Greece) based on the Collection of Thessaloniki Aristotle University. Par Gennady F. Baryshnikov et Evangelia Tsoukala. Dans Geobios vol. 43, issue 4, p. 389-402. Juillet-aout 2010.
  11. (en) Pre-Sapiens Man in Greece par Aris N. Poulianos. Dans Current Anthropology, Vol. 22, No. 3, Jun., 1981. p. 287-288.

Liens externes

  • Portail de la Préhistoire
  • Portail de la paléontologie
  • Portail de l’archéologie
  • Portail de la Grèce
  • Portail de la spéléologie
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.