Grotte de la Lare

La grotte de la Lare est une cavité située sur la commune de Saint-Benoît dans le Massif du Pelat, département des Alpes-de-Haute-Provence.

Grotte de la Lare
Intérieur de la grotte de la Lare.
Localisation
Coordonnées
43° 57′ 33″ N, 6° 44′ 01″ E
Pays
Région française|Région
Département
Massif
Vallée
Vallée du Coulomp
Localité voisine
Caractéristiques
Type
Altitude de l'entrée
640 m
Longueur connue
2 080 m
Période de formation
Occupation humaine
Localisation sur la carte des Alpes-de-Haute-Provence
Localisation sur la carte de Provence-Alpes-Côte d'Azur
Localisation sur la carte de France

Spéléométrie

La dénivellation de la cavité est d'environ 74 m (-58 ; +16) pour un développement[N 1] de 2 080 m.

La grotte, aussi appelée grotte de Saint-Benoît, comporte trois entrées : la grotte de la Lare, la grotte et la sortie des Perles.

De nombreuses grottes s'ouvrent dans le rocher de la Lare[1] qui domine le Coulomp et le pont de la Reine-Jeanne. Il existe également des cavités non raccordées au réseau dont la grotte des Échelons, la grotte Micheline et le trou du Bœuf.

Géologie

La cavité se développe dans les calcaires du Nummulitique (Éocène).

Les incursions anciennes

Les hommes du Néolithique ont fréquenté la grotte, on note des traces d'incursions jusqu'à 288 m et 361 m de l'entrée[2]. A la période historique, la grotte est visitée depuis longtemps comme l’indiquent de nombreux graffitis[3]. Un graffiti de 1750 est signalé par Michel Siffre[4] qui explore avec Marc Michaux la grotte des Perles[5], située en contrebas de la grotte de la Lare. « Les parois portent des inscriptions faisant état de visites lointaines (XVIIIe siècle) »[2]. La date de 1574 a été gravée sur une paroi de calcite au fond de la grotte. Il existe une longue tradition des signatures et graffitis anciens des grottes, du XVIe au XXe siècle, qui atteste d'une grande fréquentation de la cavité.

Henry et le sous-préfet[6] se sont rendus dans la caverne de Saint-Benoît en 1817 comme l’atteste sa signature de Henry apposée au-dessus d’une date ancienne de 1649. « En 1872, Girard de Rialle, membre de la Société d’anthropologie de Paris, explore les grottes et y pratique, vraisemblablement les premières fouilles »[2]. L'anthropologue Émile Rivière visite la grotte le [7]. L'entomologiste Paul de Peyerimhoff visite la grotte et écrit « c’est une grande excavation hantée par les chauves-souris, dont le guano s’accumule »[8]. On note les visites de Michel Siffre le et de L. Barral et N. Rosatti le [2].

Les visites savantes du XIXe siècle

Au début du XIXe siècle, le docteur Feraudy d’Annot remarque de nombreux ossements humains dans la grotte de la Lare et fait part de sa découverte à M. Rabiers-du-Villars, sous-préfet à Castellane, qui visite la grotte en compagnie de D.-J.-M. Henry[9]. Ce dernier pense replacer le théâtre des "enfumades" pratiquées lors de la guerre ligustique par les Romains contre les peuplades celto-ligures.

« L’historien Florus raconte que les Ligures de notre région, enfermés dans la grotte de Saint-Benoît, furent étouffés par des feux allumés devant l’ouverture en représailles d’une massacre perpétré sur les soldats du tribun Lucius Babius dans les gorges du Var (189 av. J.-C.). Les Vergunü furent soumis définitivement en 13 av. J.-C. »[10].

En fait, le matériel osseux est surtout constitué d’ossements animaux comme on en trouve ailleurs dans les cavernes à ossements[11]. « Je crois cependant, qu’on ne peut faire que des conjectures sur la cause de la réunion de tant d’ossements »[12].

Les fouilles archéologiques

L’anthropologue Emile Rivière découvre quelques objets archéologiques (poinçons en os, poteries) qu’il attribue au Néolithique[7]. « Des fouilles anciennes (E. Rivière 1872) et récentes (Barral, 1953-1954) ont révélé des traces d’occupation néolithique essentiellement, ainsi que quelques céramiques de l’âge du Bronze et de la période romaine dans des niveaux de surface remaniés. »[13].

Fouilles pratiquées par le Musée d’anthropologie préhistorique de Monaco en 1953 et 1954, en collaboration avec l’Association de Préhistoire et de Spéléologie de Monaco. « L’étude des poteries récoltées dans ce gisement néolithique, a permis de le classer dans le Chasséen final, avec un léger retard chronologique dû à la situation géographique de Saint-Benoît, éloigné des grandes voies de communication »[14].

Les explorations récentes

Avant 2003, la grotte de la Lare n'est connue que par son long couloir fréquenté depuis des lustres.

Seuls un plan et une coupe du Musée d’anthropologie préhistorique de Monaco en 1953[2] attestent des parties connues de la grotte. En 2003 et 2004, la grotte de la Lare et ses conduits étroits de soutirage font l'objet d'un relevé topographique précis. Cette initiative permet la découverte de nouveaux conduits qui se développent sous la galerie principale de la Lare. Le , Camille et Philippe Audra et Jean-Yves Bigot relient la grotte de la Lare à celle des Perles pour former un système souterrain de plus de 2 080 m[15]. En 2013, une escalade au fond de la grotte de la Lare permet d'ajouter plusieurs dizaines de mètres au développement, qui atteint dès lors plusieurs centaines de mètres.

Un modèle karstologique

La grotte de la Lare est une ancienne émergence perchée (alt. 640 m) au-dessus de la vallée du Coulomp. Il s'agit d'une galerie en tube d’environ 3 m de diamètre et longue d’environ 400 m. La cavité est globalement horizontale, mais présente un profil en montagnes russes, avec une série de labyrinthes de petits conduits développés sous l’axe principal de la galerie principale. Ces petits conduits se développent sur une dénivellation de 50 m jusqu'à la grotte des Perles située en contrebas. Cette complexité apparente s’explique par un fonctionnement épinoyé des réseaux qui se caractérise par des tubes ou galeries en montagnes russes (galerie de la Lare) et des labyrinthes de soutirage (grotte des Perles) de plus petites sections[16].

Notes et références

Notes

  1. En spéléologie, le développement correspond à la longueur cumulée des galeries interconnectées qui composent un réseau souterrain.

Références

  1. Bigot Jean-Yves, « Spéléométrie de la France. Cavités classées par département, par dénivellation et développement. », Spelunca Mémoires n° 27, , p. 160 (ISSN 0249-0544).
  2. Barral L. avec la collaboration de Iaworsky G., Memmi R., Noble J., Notari R. & Rouderon J. (1955) – Les grottes de Saint-Benoît (B.-A.). Le gisement, les fouilles, la céramique. Bull. Musée Anthropologie Préhistorique de Monaco, fasc. 2, pp. 149 -228.
  3. Bigot Jean-Yves, Les grottes bas-alpines de l’est de la Durance : approche historique, Italie, Université de Nice Sophia Antipolis, Département de Géographie, coll. « Méailles et la région d’Annot. Paysages culturels karstiques. Architecture d’une relation homme-territoire unique », (ISBN 88-901411-2-3, lire en ligne), p. 37-46
  4. Siffre Michel (1984) – Découverte de la grotte des Perles. Grottes & Gouffres, bull. S. C. Paris, n° 91, pp. 23-28; n° 92, pp. 21-28 ; n° 93, pp. 21-28 ; n° 94, pp. 23-28.
  5. Michel Siffre et Marc Michaux, Fédération française de spéléologie, « Exploration et étude de la région de Saint-Benoît (Basses-Alpes) au cours des années 1950. », Spelunca., Paris, Fédération française de spéléologie, no 118, , p. 39-43 (ISSN 0249-0544, lire en ligne).
  6. Henry D.-J.-M. (1818) – Recherches sur la géographie ancienne et les Antiquités du département des Basses-Alpes. Chez Henri Gaudibert, imprimeur à Forcalquier (Réimp. Lafitte Reprints, 1979), pp. 58-67.
  7. Honnorat D.-S. (1884-1886) – La grotte de Saint-Benoît (deuxième article). Annales des Basses-Alpes, t. II, pp. 415-420.
  8. Peyerimhoff Paul de - (1909-1910) – Recherches sur la faune cavernicole des Basses-Alpes (suite et fin. Annales des Basses-Alpes, t. XIV, pp. 9-19.
  9. Lucante A. (1880) – Essai géographique sur les cavernes de la France et de l’étranger. Bull. Soc. d’Et. Sci. d’Angers, pp. 60-61.
  10. A. A. (1988) – Le Fugeret mon village. Editions Lou Sourgentin édit., Nice, 139 p.
  11. Féraud Jean-Joseph-Maxime (1861) – Histoire géographique et statistique du département des Basses-Alpes. Nouv. Edit., Digne, Réédition Lafitte Reprints en 1980.
  12. Gras-Bourguet (1842) – Antiquités de l’arrondissement de Castellane. Res Universis édit., Réédité en 1993, 334 p.
  13. Bérard Géraldine (1997) – Les Alpes-de-Haute-Provence 04. Fondation Maison des Sciences de l’Homme édit., Paris, Coll. Carte Archéologique de la Gaule (CAG 04), 567 p.
  14. Audras J. Ph. & Heyraud J. (1955) – La faune des grottes de Saint-Benoît (B.-A.). Bull. Musée Anthropologie Préhistorique de Monaco, fasc. 2, pp. 229-242.
  15. Philippe Audra et Jean-Yves Bigot, Fédération française de spéléologie, « Les grottes de Saint-Benoît (Alpes-de-Haute-Provence). », Spelunca, Paris, Fédération française de spéléologie, no 114, , p. 17-27 (ISSN 0249-0544, lire en ligne).
  16. Bigot Jean-Yves et Philippe Audra, « La grotte de Saint-Benoît : un modèle de cavité épinoyée. Méailles et la région d’Annot. Paysages culturels karstiques. Architecture d’une relation homme-territoire unique. Université de Nice Sophia Antipolis, Département de Géographie », Méailles et la région d’Annot., Montebelluna, Museo di Storia Naturale e Archeologia di Montebelluna, , p. 65-69 (ISBN 978-88-901411-2-6, lire en ligne, consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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