Gueorgui Malenkov

Gueorgui Maksimilianovitch Malenkov (en russe : Георгий Максимилианович Маленков) ; né le 26 décembre 1901 ( dans le calendrier grégorien) à Orenbourg et mort le à Moscou est un homme politique et dirigeant du Parti communiste de l'Union soviétique (PCUS), proche collaborateur de Staline. À la mort de ce dernier, en mars 1953, il lui succède au poste de président du Conseil des ministres. Mais, bientôt éclipsé par Nikita Khrouchtchev qui prend la tête du Parti la même année, il quitte son poste de chef du gouvernement en .

Gueorgui Malenkov
Гео́ргий Маленко́в
Fonctions
Président du Conseil des ministres de l'URSS

(1 an, 11 mois et 2 jours)
Prédécesseur Joseph Staline
Successeur Nikolaï Boulganine
Membre du Politburo

(10 ans, 11 mois et 9 jours)
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Orenbourg (Empire russe)
Date de décès (à 86 ans)
Lieu de décès Moscou (URSS)
Nationalité Soviétique
Parti politique PCUS
Religion Christianisme orthodoxe
Résidence Kremlin
Présidents du Conseil des ministres de l'URSS

Jeunesse politique

Malenkov est né à Orenbourg, en Russie, dans une famille de l'aristocratie qui a servi les tsars depuis le XIXe siècle. Il compte dans ses proches ancêtres des généraux, des amiraux, des gouverneurs de l'État d'Oldenbourg (possession allemande de la famille impériale). Sa mère est cependant une fille de forgeron.

Ingénieur électricien, il rejoint le parti bolchevique lors de la révolution de 1917, et devient commissaire politique de l'Armée rouge en 1919.

Les Purges

Il devint très jeune l'un des hommes de confiance de Staline. Avec les chefs suprêmes du NKVD, Nikolaï Iejov puis Beria, il est un acteur important des Grandes Purges des années 1937-1939. Lorsque Staline, préparant la chute de Iejov, voulut lui imposer un adjoint, Iejov déclara même qu'il aimerait avoir Malenkov à ses côtés. Mais Staline lui préféra Beria, dont Malenkov devint ensuite le rival.

Dépêché par Moscou, Malenkov purgea l'administration et la population de l'Arménie aux côtés de Mikoyan, puis il seconda Iejov en Biélorussie. Selon une étude citée par l'historien britannique Simon Sebag Montefiore, Malenkov aurait été en tout responsable de la mort de 150 000 personnes[1].[réf. incomplète]

Dès , devant l'ampleur de la purge, Malenkov fit remarquer qu'il y avait alors en URSS plus de communistes exclus que de membres du Parti.

Candidat au Bureau politique du Comité central du PCUS, Malenkov en est membre suppléant dès , et y fut admis comme titulaire en 1946.

Son ascension rapide depuis son entrée dans le premier cercle des intimes de Staline en fait un représentant éminent de la « génération de 1937 », qui doit sa promotion à l'élimination de la vieille garde bolchevique.

La Grande Guerre patriotique

Dès l'invasion allemande du 22 juin 1941, Malenkov part au front et y assume diverses missions de confiance.

Malenkov perd un peu de l'estime de Staline au bénéfice de son rival Jdanov, mais il revient en grâce après la mort de ce dernier. Beria se rapproche de lui, et tous deux font en sorte d'éliminer les partisans de Jdanov, dans le cadre de l'affaire de Léningrad, et de les faire envoyer dans les camps du Goulag ou de les faire fusiller.

L'échec de la succession à Staline

La mort de Staline en 1953 propulse brièvement Malenkov au sommet de l'appareil soviétique. Le monde occidental croit longtemps à sa prédominance en URSS, Nikita Khrouchtchev apparaissant à l'époque plus en retrait.

Premier secrétaire du PCUS de mars à , il assiste à la critique du stalinisme par Beria mais ne s'y associe pas. Lors de la conférence des 12, 13 et 14 juillet 1953, réunie à Moscou, il fait partie de la délégation soviétique, formée également, selon le document retrouvé à la fin de l'année 1990 par l'historien Marc Lazar[2], de Viatcheslav Molotov, le nouveau ministre des Affaires étrangères et Nikita Khrouchtchev, numéro un soviétique à partir du mois de . Les représentants de 19 partis communistes européens sont présents. Au cours des débats, les « grands frères soviétiques ont dit tout de go » à Jacques Duclos, pour le Parti communiste français, et à Pietro Secchia, pour l'italien, numéro deux respectifs du PCF et du PCI, qu'il y avait eu en URSS des « défauts dans les méthodes de direction », « déviations de la conscience léniniste » et surtout « culte de la personnalité »[2]. Les Soviétiques les ont incités, de plus, à « faire eux aussi des réformes dans leurs partis »[2].

Nikita Khrouchtchev le remplace en septembre, Malenkov ayant fait l'objet de reproches pour son expérience insuffisante.

Il conserve néanmoins son poste de président du Conseil des ministres pendant deux ans. Il fait entendre pendant cette période son opposition au programme de développement d'armes nucléaires, déclarant qu'un conflit atomique conduirait à un désastre universel.

La chute

En , le chancelier allemand Konrad Adenauer est reçu à Moscou par Malenkov (de face), Boulganine (de côté) et Khrouchtchev (de dos). Au second plan le futur chancelier Kurt Georg Kiesinger

Forcé de démissionner en février 1955, Malenkov demeure tout d'abord membre du Présidium qui remplace le Bureau politique du comité central du PCUS. Cependant, il est obligé de se démettre à nouveau en 1957 à la suite d'intrigues menées avec Boulganine, Molotov et Kaganovitch pour éliminer Khrouchtchev. En 1961, il est exclu du PCUS et condamné à l'exil intérieur. Khrouchtchev le laisse en vie, pour montrer que la vie politique a changé en URSS, et qu'il n'y a désormais plus d'assassinat, comme c'était le cas sous Staline. Bien qu'il n'ait jamais été réintégré au parti, il resta cependant communiste et devint directeur d'une centrale hydro-électrique au Kazakhstan.

Sa mort est annoncée par l'agence Tass le , soit deux jours après sa mort, mais à l'époque l'URSS est en pleine perestroïka et face aux suites de la catastrophe de Tchernobyl, ainsi qu'en grandes difficultés en Afghanistan, de sorte que l'annonce de sa mort intervient dans une totale indifférence, autant des Soviétiques eux-mêmes qu'à l'étranger, où sa mort ne fut même pas commentée, et où il apparaissait comme oublié[réf. nécessaire].

Il s'était converti à la religion orthodoxe[réf. nécessaire]. Il aurait même été lecteur et choriste dans une église de Moscou.

Il est enterré au cimetière de Kountsevo.

Famille

Malenkov avait pour épouse Valeria Alekseïevna Goloubtsova (1901-1987), directrice de l'Institut de génie énergétique de Moscou, et ils eurent trois enfants : une fille, Volia (1924-2010) et deux fils, Andreï né en 1937 et Gueorgui né en 1938.

Distinctions

Bibliographie

  • Oleg Khlevniouk, Le Cercle du Kremlin. Staline et le Bureau Politique des années 1930 : les jeux du pouvoir, Seuil, coll. « Archives du Communisme », 1996.
  • Simon Montefiore, Staline. La cour du Tsar rouge, 2003, traduction française aux éditions des Syrtes, 2005.

Notes et références

  1. Staline, la cour du tsar rouge, tr. fr., 2004.
  2. « Les partis communistes Italien et Français et l'après-Staline », par l'historien Marc Lazar, dans la revue spécialisée Vingtième Siècle en 1990 .

Liens externes

  • Portail de la politique
  • Portail de l’URSS
  • Portail du communisme
  • Portail de la guerre froide
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.