Hôtel-Dieu de Bourges

L'Hôtel Dieu de Bourges est un établissement hospitalier de Bourges, en France. Il est postérieur de cinquante ans aux Hospices de Beaune,car cet Hôtel-Dieu date de 1510-1527 pour la partie gothique (chapelle, salle des malades et cuisines) et de 1628-1639 pour sa partie classique, mais c'est la même conception, des établissements hospitaliers du Moyen Âge.

Hôtel-Dieu de Bourges
Partie du XVIe siècle de l'hôtel-dieu
Présentation
Type
Style
XVIe siècle - XVIIe siècle
Propriétaire
Ville de Bourges (d)
Patrimonialité
Localisation
Pays
Région
Département
Commune
Adresse
Rue Gambon
Coordonnées
47° 05′ 12″ N, 2° 23′ 25″ E
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Localisation sur la carte du Centre-Val de Loire
Localisation sur la carte de Cher

C'était un bâtiment important pour une ville, qui comptait alors 15 000 habitants et venait d’être marquée par le grand incendie de Bourges qui détruisit un tiers de la ville dans le secteur Nord et Ouest en . L'Hôtel-Dieu est construit dans le secteur sinistré.

Après quatre siècles d'utilisation hospitalière, il a été remplacé en par un nouvel hôpital situé à l'autre extrémité de la ville. Les bâtiments, acquis par la ville, sont en cours de restauration pour accueillir des réunions culturelles ; les bâtiments plus modernes (XXe siècle) ont été réutilisés en particulier pour loger les étudiants.

Les bâtiments du XVIe siècle et XVIIe siècle (extérieurs et intérieurs), ainsi que la porte sur la ˞rue Gambon, sont classés au titre des monuments historiques depuis le [1].

Situation

L'Hôtel Dieu est situé en France, à l'extrémité ouest du plateau calcaire qui constitue le site de Bourges à proximité de l'Yvrette, une rivière artificielle et souterraine qui forme un des multiples bras de l'Yèvre en aval des marais de Bourges. Situé en dehors des remparts gallo-romains, cet Hôtel-Dieu est néanmoins construit en dedans de la muraille de Philippe Auguste, près de la porte ouest de la ville (pont Merlan) ; les établissements précédents étaient situés à l'est près de la cathédrale Saint-Étienne (premier hôtel-dieu) ou au Nord près de la Voizelle (Hôpital Saint-Julien) qui étaient plus ancien (1216) ; d'autres établissement sont situés au-delà de l'enceinte et de l'Yévre : Hôpital Saint-Lazare (maladrerie consacrée aux lépreux) et le Sanitat (actuel Hôpital Général : refuge pour les pestiférés lors de la grande peste de et ).

Il est construit à proximité de la porte Saint-Sulpice (actuellement place Rabelais) en bordure de la rue Royale (rue Saint-Sulpice, actuellement rue Gambon) qui reliait l'abbaye Saint-Sulpice, située hors des murs, au quartier commerçant de la rue Mirebeau et de la place Gordaine.

Histoire

Partie gothique du XVIe siècle.

L'hôtel Dieu fait suite à un établissement beaucoup plus ancien, datant de , qui était situé près de la cathédrale (Vactes Bourboneisis, rue Bourbonnoux) et dont il ne reste rien.

L’hôtel-dieu de Bourges, date pour sa partie gothique flamboyante de à . Sa construction débute après le grand incendie de la Madeleine, qui détruit une grande partie de la ville le .

L'initiative reviendrait à l'archevêque Guillaume de Cambrai, qui achète les terrains sur le domaine de la paroisse Saint-Médard, alors que les terrains libérés près de la cathédrale Saint-Étienne, sont attribués à l'installation de la nouvelle université de droit et de médecine. Son architecte n'est pas connu mais l'un des principaux acteurs semble être Antoine Boyer, l’archevêque de Bourges et Marguerite d'Angoulême, duchesse de Berry et sœur de François Ier. La construction bénéficie des nombreux artisans et artistes présents dans la région pour participer à la construction des bâtiments civils ; le maitre maçon Guillaume Pelvoysin (Hôtel Lallemant et Hôtel Cujas) et le maître-verrier Jean Lecuyer (église Saint-Bonnet) participent ainsi au chantier. L'établissement est construit grâce à des dons et sa gestion est assurée par les échevins, avec l'aide de religieuses conformément au quatrième concile du Latran (). Il possédait un important patrimoine immobilier et des vignes à Saint-Doulchard.

La construction commence par la porte monumentale, qui donne sur la rue Royale (rue Saint-Sulpice, actuellement rue Gambon), qui joint l’Abbaye Saint-Sulpice (actuellement place Rabelais) située hors des murs (rempart des pauvres) et le quartier très actif de la rue Bourbonnoux. Les bâtiments initiaux sont construits perpendiculairement à la rue (pignon sur rue) et sont mis en service rapidement en .

La chapelle comporte deux travées voutée sur nervures diagonales et était initialement éclairée par les fénêtres à meneaux actuellement murées située de part et d'autre du contrefort vertical médian [2]. Les contreforts de la chapelle sont intérieurs, améliorant la stabilité du bâtiment, sans saillie visible de l'extérieur. La salle des malades, moins haute est éclairée par quatorze fenêtres en lancette et se terminait par une grande cheminée, qui la séparait de la pharmacie. À droite de la façade sur rue, se trouve un porte de style renaissance décorée des symboles de la passion, sculpté par Marsault Paule et qui comporte une niche avec une cloche pour y déposer les nourrissons abandonnés .

Partie classique du XVIIe siècle.

En dehors de l'architecte, les noms des artisans et la provenance des matériaux sont bien connus par l'analyse minutieuses des devis et factures archivées par les échevins[3]. Les charpentes datent de pour la salle des malades et de pour celle de la chapelle, dont la maçonnerie avait pourtant commencée avant. Le plafonnement de la salle des malades et le voûtement intérieur de la chapelle semblent avoir été réalisés seulement ensuite sous l’abri du toit couvert de 50 000 ardoises.

Une aile en retour, consacrée au femmes fiévreuses, est construite entre et par l'architecte berruyer Jean Lejuge à l'occasion de l'épidémie de peste. Une seconde aile en retour est bâtie le long de la rue en . La cour est fermée ensuite par un bâtiment parallèle situé à l'est érigé en et reconstruit ultérieurement au XIXe siècle. Il a abrité des patients jusqu'en .

L'arrivée des premières religieuses (au nombre de quatre et suivant la règle de saint Augustin) date du , mais la mise en service effective de l’hôpital daterait de . En , l'Hôtel-Dieu est renommé hospice civil et militaire et le personnel devient laïc. En , après la signature du Concordat, les sœurs hospitalières de Marie Immaculées reviennent prendre en charge l'Hôpital Général et les Sœurs de la Charité prennent en charge l'Hôtel-Dieu.

Bâtiments du XXe siècle.

Ces dernières, quittent l'Hôtel-Dieu en . Des bâtiments sont construits sur le site en , puis . La construction du centre hospitalier Jacques Cœur à l'est de la ville en entrainent la fermeture de l'Hôtel-Dieu.

Structure

L'Hôtel-Dieu historique est composée de trois ailes formant un U :

  • un bâtiment principal orientée Nord-Sud, avec pignon sur rue ;
  • au sud, le long de la rue, un bâtiment percé d'une porte cochère renaissance ;
  • au nord, l'aile dite « Le Juge ».

Le bâtiment orientée Nord-Sud est composée d'une chapelle, large de 10 m, haute de 28 m et longue de 20 m, prolongée par la salle des malades, aussi large mais plus longue (30 m) et plus basse. Entièrement pavée et aérée par de grandes baies en ogive, cette salle pouvait accueillir quatorze lits qui avaient vue sur l'autel de la chapelle située en enfilade. Au-delà se trouvait une cuisine séparée de la chambre des malades par une cheminée monumentale, avec à l'est, coté ville, une cour comportant un puits. À l'étage sous les combes, accessibles par un escalier à vis, devaient se situer des chambres pour les serviteurs. Au XVIIIe siècle, les besoins (jusqu'à cent patients) imposent la séparation de la salle des malades en deux niveaux avec altérations des baies latérales, attestée par les travaux de . Après que l'Hôtel-Dieu soit devenu l'hospice civil et militaire en , les vitraux de Lecuyer sont démontés pour récupérer le plomb. Un plancher est adjoint à la chapelle pour l'utiliser sur deux étages.

Les bâtiments, classés au titre des monuments historiques en , sont intégrés à la zone historique sauvegardée définie en .

Autres lieux de soins au Moyen Âge à Bourges

Le premier Hôtel-Dieu, créé par Sulpice le sévère (archevêque de Bourges de 584-591), était situé à l'Est de la ville contre la cathédrale. Il portait le nom de grand Hôtel-Dieu en au moment où il a été désaffecté pour être utilisé par l'Université de Bourges. À la même période, la gestion de la santé publique passe de l'autorité ecclésiastique à l'autorité civile.

L'Hôpital Saint-Lazare a été institué en . Construit hors des murs afin d'isoler les lépreux, il comprenait deux bâtiments, l'un pour les lépreux et l'autre pour les frères. Ce dernier comprenait une chapelle (). Les bâtiments de cette maladrerie ont disparu lors de la construction de la route de Saint-Michel.

Le Sanitat a été construit en - dans le faubourg Taillegrain donc également hors des remparts près de la fontaine Saint-Ambroux pour accueillir les pestiférés. Ce lazaret était géré par des civils employés de la ville (les moutonniôter). Il est transformé en hôpital général en dès avant l'édit de Colbert de donnant aux hôpitaux généraux pour mission de « retirer, assister, nourrir et instruire les pauvres pour soulager la misère et ôter la mendicité ». L'hôpital général de Bourges dispose de l'aide des sœurs de la Charité de Montoire qui sont installées à Asnières-lès-Bourges par Michel Phélypeaux de la Vrillière en .

L'Hospice Saint-Julien, installé en , près de la porte Saint-Bonnet, mais intramuros, près du pont Saint-Privé, accueillait les pauvres étrangers à la ville (limité à 30 places) et fut dès le XVIIe siècle s rattaché à l'Hôtel-Dieu.

Annexes

Bibliographie

  • Paul Gauchery et A de Grossouvre, Notre vieux Bourges, Bourges, Desquand, , « Hotel Dieu », p. 131
  • Rene Durand, L'ancien Hôtel-Dieu de Bourges, XVIe et XVIIe siècle, Bourges, Cercle généalogique du Haut-Berry, , 87 p. (ISBN 2-905445-15-7)ˌ
  • [Albou 1996] Philippe Albou, « Histoire de l'Hôtel-Dieu de Bourges », Histoire des sciences médicales, t. 30, no 3, , p. 333-340 (lire en ligne)
  • [Gitton 2006] Philippe Gitton, « L'histoire de la rénovation de l'hôtel-Dieu de Bourges », Histoire des sciences médicales, t. 40, no 3, , p. 264-272 (lire en ligne)
  • [Hamon 2003] Étienne Hamon, Les débuts du chantier de l'hôtel-Dieu de Bourges d'après les sources comptables (1508-1520), t. 161, Bibliothèque de l'École des chartes, , p. 9-32ˌ
  • [Hamon 2017] Étienne Hamon, « L'Hôtel-Dieu de Bourges : Rigueur et raffinement dans l'architecture flamboyante au début du XVIe siècle », dans Congrès archéologique de France. 176e session. Monuments du Cher Gothique flamboyant et Renaissance en Berry. 2017, Paris, Société française d'archéologie, , 413 p. (ISBN 978-2-901837-81-7), p. 381-400
  • [Jenn 1983] Jean-Marie Jenn, « La construction de l'Hôtel-Dieu de Bourges (1510-1526) », Bulletin monumental, t. 141, no 2, , p. 165-188 (lire en ligne)
  • [Pérouse de Montclos 1992] Jean-Marie Pérouse de Montclos (dir.), « Bourges : Ancien Hôtel-Dieu », dans Le guide du patrimoine Centre Val de Loire, Paris, Hachette, , 733 p. (ISBN 978-2-01-018538-0), p. 228-229

Articles connexes

Liens externes

Références

  1. « Ancien Hôtel-Dieu », notice no PA00096684, base Mérimée, ministère français de la Culture
  2. P auchery et A de Grossouvre, Notre vieux Bourges, Bourges, Desquand, , 4e éd., « Hôtel Dieu », p. 131.
  3. Jean-Marie Jenn, « La construction de l'hôtel-Dieu de Bourges 1510 - 1526 », dans bulletin monumental, année 1983, p. 165-188.



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