Haplogroupe X
En génétique, l'haplogroupe X désigne un haplogroupe de l'ADN mitochondrial (ADNmt) humain.
L'haplogroupe X est issu de l'haplogroupe N, il y a environ 30 000 ans (juste avant ou pendant le dernier maximum glaciaire). Il est à son tour ancestral des sous-clades X2 et X1, qui sont apparus ca. 20 000 et ca. Il y a 12 000 ans, respectivement.
En paléodémographie, certains scientifiques ont avancé que cet haplogroupe présent en Amérique est susceptible d'étayer la parenté de certaines populations paléoaméricaines avec l'Europe du paléolithique supérieur, avant que cette supposition ne soit démentie par des études ultérieures.
Données génétiques et démographiques
La séquence de l'haplogroupe X aurait initialement divergé de l'haplogroupe N puis se serait scindé en sous-groupes X1 et X2 il y a entre 30 000 ans et 20 000 ans.
L'haplogroupe X dans son ensemble représente environ 2 % de la population d'Europe, du Proche-Orient et d'Afrique du Nord. Dans le détail, le sous-groupe X1 est assez discret, limité à l'Afrique du Nord et de l'Est, ainsi qu'au Proche-Orient. Le sous-groupe X2 en revanche est bien mieux représenté et semble avoir connu une grande dispersion démographique aux alentours du dernier maximum glaciaire, ou peu après, il y a environ 21 000 ans. Il est particulièrement présent au Proche-Orient, dans le Caucase et en Europe méditerranéenne, un peu moins dans le reste de l'Europe. Des concentrations particulières ont été identifiées au niveau de la Géorgie (8 % de la population), les Orcades (en Écosse, 7 % de la population), et chez les Druzes d'Israël (26 % sans doute en raison d'un effet fondateur).
Cas du continent américain
Le sous-groupe X2, spécifiquement européen et a priori absent de la majeure partie de l'Asie continentale[1], se retrouve également parmi les cinq haplogroupes majeurs des populations indigènes d'Amérique. Bien que sa prévalence n'excède pas 3 % sur l'ensemble de ces populations, c'est l'un des principaux haplogroupes de la partie septentrionale de l'Amérique du Nord, où il représente près du quart des types d'ADNmt des Algonquins. On le rencontre à un degré moindre à l'ouest et au sud de cette zone, chez les Sioux (15 %), les Nootkas (11 % à 13 %), les Navajos (7 %) et les Yakamas (5 %). On le trouve également bien représenté chez les Yanomami (plus de 10 %). À un niveau plus fin encore, la variante du sous-groupe X2 présente en Amérique, appelée X2a, se révèle aussi distante des autres variantes de ce sous-groupe entre elles, appelées X2b à X2f et présentes dans l'Ancien monde, ce qui ferait remonter l'origine commune des populations concernées avant 20 000 ans avant le présent.
Théorie d'une composante solutréenne des Paléoaméricains
Cette constatation a été portée par une très petite minorité de la communauté archéologique[2] au crédit de la théorie d'une composante solutréenne dans les populations paléoaméricaines émise à la suite de la découverte du site de Clovis, dans le Nouveau-Mexique, révélant notamment une industrie lithique évoquant celle des Solutréens, en Espagne et dans le sud-ouest de la France entre 22 000 et 17 000 ans avant le présent.
Depuis la fin des années 2000 et au cours des années 2010, les preuves se sont retournées contre cette hypothèse solutréenne, car aucune présence d'ADN mt ancestral de X2a n'a été trouvée en Europe ou au Proche-Orient. Les lignées du Nouveau Monde X2a et X2g ne sont pas dérivées des lignées de l'Ancien Monde X2b, X2c, X2d, X2e et X2f, indiquant une origine précoce des lignées du Nouveau Monde « probablement au tout début de leur expansion et de leur propagation à partir du Proche-Orient »[3]. Une étude de 2008 est arrivée à la conclusion que la présence de l'haplogroupe X dans les Amériques ne soutient pas la migration depuis l'Europe de la période solutréenne[4]. La lignée de l'haplogroupe X dans les Amériques n'est pas dérivée d'un sous-clade européen, mais représente plutôt un sous-clade indépendant, appelé X2a. Le sous-clade X2a n'a pas été trouvé en Eurasie et a très probablement pris naissance au sein de la population paléo-indienne précoce, il y a environ 13 000 ans. Une variante basale de X2a a été trouvée dans le fossile de l'homme de Kennewick (il y a environ 9 000 ans)[5].
Notes et références
- du moins il y a plus de 5 000 ans, époque à laquelle on fait remonter la présence de cet haplogroupe chez les Evenks dans l'Altaï
- (en) George Diepenbrock, Genetic data does not support ancient trans-Atlantic migration, professor says, phys.org, 15 janvier 2016
- Reidla M et al., « Origin and diffusion of mtDNA haplogroup X », (PMID 14574647, PMCID 1180497, DOI 10.1086/379380), p. 1178–1190
- "Our results strongly support the hypothesis that haplogroup X, together with the other four main mtDNA haplogroups, was part of the gene pool of a single Native American founding population; therefore they do not support models that propose haplogroup-independent migrations, such as the migration from Europe posed by the Solutrean hypothesis ... Here we show, by using 86 complete mitochondrial genomes, that all Native American haplogroups, including haplogroup X, were part of a single founding population, thereby refuting multiple-migration models." (Fagundes et al. 2008)
- Jennifer A. Raff et Deborah A Bolnick, « Does Mitochondrial Haplogroup X Indicate Ancient Trans-Atlantic Migration to the Americas? A Critical Re-Evaluation », (DOI 10.1179/2055556315Z.00000000040), p. 297–304
Voir aussi
Arbre phylogénétique des Haplogroupes de l'ADN mitochondrial (ADNmt) humain. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Ève mitochondriale (L) | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||
L0 | L1–6 | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||
L1 | L2 | L3 | L4 | L5 | L6 | ||||||||||||||||||||||||||||||||
M | N | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||
CZ | D | E | G | Q | O | A | S | R | I | W | X | Y | |||||||||||||||||||||||||
C | Z | B | F | R0 | pre-JT | P | U | ||||||||||||||||||||||||||||||
HV | JT | K | |||||||||||||||||||||||||||||||||||
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Articles connexes
Bibliographie
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