Henri Ribière

Henri Ribière, né le à Montluçon (Allier), mort le à Paris, est un homme politique et résistant français, député socialiste de l'Allier en 1945-1946, directeur général du SDECE de 1946 à 1951.

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Biographie

Origines familiales et jeunesse

Henri Ribière est issu d'une famille modeste, son père étant simple employé à l'abattoir de Montluçon.

En 1915, à l'âge de 18 ans, il s'engage pour prendre part à la Première Guerre mondiale. Il est grièvement blessé sur la Somme.

Il est ensuite employé dans une société de crédit à Montluçon dont il est licencié à cause de ses activités syndicales.

L'entre-deux-guerres

Il quitte alors Montluçon et s'installe à Vitry-sur-Seine où il entre à la Sûreté nationale (police).

Il retourne à Montluçon pour travailler avec le député-maire de la ville Marx Dormoy, avec lequel il est ami. Quand celui-ci remplace Roger Salengro (qui vient de se suicider), comme ministre de l'Intérieur du gouvernement de Léon Blum en , Ribière devient son chef de cabinet adjoint.

Il est ensuite nommé secrétaire général de la préfecture de l'Ardèche, entrant ainsi dans le corps préfectoral, puis est détaché à la Caisse de crédit aux départements et aux communes.

La Résistance (1940-1944)

Plaque mentionnant Henri Ribière sur l'hôtel de Villette (7e arrondissement de Paris).

En 1940, le gouvernement de Vichy le relève de ses fonctions. Il se replie alors à Moulins (Allier) en zone Sud, non loin de la ligne de démarcation. Dès août 1940, il entre dans la Résistance en prenant contact avec les parlementaires socialistes qui ont refusé les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Son expérience dans la police, dans le corps préfectoral et ses relations politiques, ainsi que son goût du secret, vont alors lui permettre de jouer un rôle important.

En décembre 1940, Henri Ribière organise la première rencontre entre les syndicalistes qui mettent sur pied Libération-Nord et deviennent les pionniers du socialisme clandestin. Il appartient au groupe assurant la direction du mouvement, sous l'égide de Christian Pineau.

Le gouvernement de Vichy, ignorant son activité de résistant, le reclasse comme conseiller à la préfecture de Caen, poste dont il démissionne en juin 1942, officiellement pour raisons de santé. Suspecté, il passe dans la clandestinité, prenant la tête du mouvement Libération-Nord à partir du voyage de Christian Pineau à Londres (été 1942). Son appartement parisien est perquisitionné en , sans résultat.

Lors de la création à Paris du Comité d'action socialiste unifié (), il devient membre du comité exécutif et responsable de la propagande dans la zone Nord. Il représente aussi Libération-Nord au Conseil national de la Résistance.

La Libération

Durant les journées qui précèdent la libération de Paris (), il est de ceux qui s'efforcent d'éviter le déclenchement prématuré d'une insurrection dans Paris. Il s'oppose aux représentants du Parti communiste et à ceux du Front national, en se prononçant pour une trêve lors des premiers combats. Le , il participe à la prise de l'Hôtel de ville, puis du ministère de l'intérieur.

L'après-guerre (1944-1946)

Après la Libération, il est l'un des reconstructeurs de la SFIO ; il siège au Comité directeur à partir de , pratiquement jusqu'à sa mort. Il est désigné par le CNR pour siéger à l'Assemblée consultative provisoire et fait alors partie de plusieurs commissions : France d'outre-mer, Intérieur, Santé publique ainsi qu'à la commission d'enquête sur les fournitures de papier de presse.

En mai 1945, son frère René est élu maire de Montluçon, tandis que lui est élu conseiller municipal. En octobre 1945, il est élu député de l'Allier dans la première Assemblée nationale constituante. La liste SFIO qu'il conduit arrive en tête dans le département. Mais il se révèle avoir peu de goût pour la fonction : il siège aux Commission de l'Intérieur, de l'Algérie, de l'Administration générale, départementale et communale et des Règlements, mais n'intervient pas à l'Assemblée et ne dépose aucun texte. Il est réélu en juin 1946 (seconde Constituante) mais ne se représente pas en novembre (Législative).

La Quatrième République

De 1946 à 1951, il est le directeur général du SDECE, le service français de contre-espionnage. Il aura notamment comme directeur de cabinet, François Thierry-Mieg, vétéran du Bureau central de renseignements et d'action[2]. Ribière sera ultérieurement victime d'un accident de voiture qui le laisse entre la vie et la mort.

En 1951, en raison de la rupture entre la SFIO et le MRP et la fin de la Troisième force, il est nommé directeur de l'Office national des anciens combattants et victimes de guerre, un poste moins politique.

Il meurt d'un cancer du cerveau en et des obsèques officielles sont organisées dans la cour de l'Hôtel des Invalides.

Marié à Claire Pourrat (1899-?), il a eu deux enfants, dont l'un, Jean (1922-1944), est mort à la suite d'une méprise entre FFI au moment de la libération de Montluçon, à Durdat-Larequille[3].

Hommages

Bibliographie

  • Notice biographique sur le site de l'Assemblée nationale
  • Alya Aglan, La Résistance sacrifiée : le mouvement Libération-Nord[4], Flammarion, 1999 (coll. « Champs », 2006)
  • Marc Sadoun, Les Socialistes sous l'Occupation[5], Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1982

Notes et références

  1. « http://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/UD/FRAN_IR_001514/d_1662 »
  2. Sébastien Albertelli, Les services secrets du général de Gaulle, Paris, Perrin,
  3. Cf. André Touret, Montluçon 1940-1944, Éditions Créer, 2001. Le site de l'AN indique qu'il est mort en déportation.
  4. Ouvrage issu d'une thèse de doctorat d'histoire, sous la direction de Jean-Pierre Azéma, IEP Paris, 1998
  5. Ouvrage issu d'une thèse de doctorat d'État de sciences politiques, sous la direction de Maurice Duverger, Paris I, 1979
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