Christian Pineau

Christian Pineau, né le à Chaumont (Haute-Marne), mort le à Paris, est un homme politique et déporté résistant socialiste français.

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Christian Pineau

Christian Pineau en 1957.
Fonctions
Ministre des Affaires étrangères

(2 ans, 3 mois et 13 jours)
Président René Coty
Gouvernement Mollet
Bourgès-Maunoury
Gaillard
Prédécesseur Antoine Pinay
Successeur René Pleven
Ministre des Travaux publics et des Transports

(1 an, 4 mois et 27 jours)
Président Vincent Auriol
Gouvernement Queuille I
Bidault II
Prédécesseur Henri Queuille
Successeur Jacques Chastellain

(9 mois et 12 jours)
Président Vincent Auriol
Gouvernement Schuman I
Marie
Prédécesseur Jules Moch
Successeur Henri Queuille
Député

(13 ans, 1 mois et 2 jours)
Élection 1945
Réélection juin 1946
novembre 1946
1951
1956
Circonscription Sarthe
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Chaumont (France)
Date de décès
Lieu de décès Paris (France)
Parti politique SFIO
Résidence Montabon (Sarthe)

Entre-deux-guerres

Licencié en droit et diplômé en sciences politiques, il travaille à la Banque de France de 1926 à 1928, puis à la Banque de Paris et des Pays-Bas, dont il est licencié en 1938 pour avoir soutenu un appel à la grève.

Il milite en effet à la Confédération générale du travail (CGT) et devient un proche de Léon Jouhaux. De 1936 à 1939, il est secrétaire adjoint de la Fédération des employés de Banque, puis permanent et secrétaire du conseil économique de la CGT de 1938 à 1939. Il défend alors les positions planistes.

Au début de la guerre, il est nommé chef de cabinet de Jean Giraudoux, commissaire à l'information, qui avait épousé la mère de Pineau, divorcée en 1921. Pineau dit plus tard que c'est Giraudoux qui lui a transmis l'amour de l'écriture, même si les relations entre les deux hommes étaient difficiles, Giraudoux ne partageant pas les engagements à gauche de Pineau. En 1941, il occupe le poste d'inspecteur du ravitaillement, pour le Gouvernement de Vichy.

Résistance et déportation

Aux débuts de la guerre, Pineau est relativement isolé, la plupart de ses proches syndicalistes, comme René Belin, versant dans le soutien à Pétain, puis la Collaboration. Il se rapproche alors de Robert Lacoste, secrétaire de la fédération des fonctionnaires CGT, avec qui il partage de nombreuses analyses.

Après la dissolution des organisations syndicales par le régime de Vichy, il est un des signataires du « Manifeste du syndicalisme français », plus connu sous le nom de « Manifeste des douze », en . Ce texte, qui associe responsables CGT (Pineau, Lacoste, Oreste Capocci, Léon Chevalme, Albert Gazier, Eugène Jaccoud, Pierre Neumeyer, Louis Saillant et Victor Vandeputte) et CFTC (Jules Zirnheld, Gaston Tessier et Maurice Boudaloux) pose les bases d'une résistance syndicale à l'occupant.

Résistant, il est l'un des fondateurs du mouvement Libération Nord au côté de Jean Cavaillès dès . À partir de décembre, il diffuse un bulletin clandestin, Libération dont il assure à peu près seul la rédaction jusqu'en .

Il est membre du Comité d'action socialiste, mis sur pied par Daniel Mayer pour impulser la résistance au sein de la SFIO. Le no 52 () publie le « Manifeste du mouvement Libération-Nord » qui recrute surtout dans les milieux socialistes et syndicalistes non communistes.

En 1942, Pierre Brossolette lui propose de se rendre à Londres. Il part le avec François Faure. Il rencontre le général Charles de Gaulle et se rallie à la France libre, bien qu'il ait des doutes sur les convictions républicaines du général. Il est à l'origine de la Déclaration du général aux mouvements de Résistance, publiée le par le journal clandestin Libération.

Il fonde les réseaux Phalanx et Cohors-Asturies, avec Jean Cavaillès.

Revenu à Londres le , il plaide pour une unification des mouvements de Résistance et des partis politiques, ce qui sera réalisé dans le Conseil national de la Résistance.

De retour en France, il est arrêté par la Gestapo en et déporté au camp de Buchenwald. Il est sans doute le dernier résistant à avoir vu à Lyon Jean Moulin vivant[1].

Libération et Quatrième République

Christian Pineau, ministre du ravitaillement, en .

Il est appelé par de Gaulle au gouvernement provisoire comme ministre du ravitaillement en , quelques jours seulement après son retour de déportation.

Après avoir rejoint la SFIO, Pineau devient député socialiste de la Sarthe en 1945 et le reste jusqu'en 1958. Il est aussi conseiller général de la Sarthe à partir de 1955.

Ministre sous la Quatrième République (de façon continue de à ), il a à son actif le développement de la marine marchande, la création du conseil supérieur des transports, l'amélioration du statut des fonctionnaires et la création d'Air France.

En 1952, il est sollicité par Vincent Auriol pour constituer un gouvernement, mais décline l'offre.

Au sein de la SFIO, dont il a intégré le comité directeur en 1951, il est un soutien indéfectible du secrétaire général Guy Mollet.

En , il est désigné comme président du Conseil après la chute du gouvernement Pierre Mendès France, mais le gouvernement qu'il constitue n'est pas investi par l'Assemblée nationale et ne recueille que 268 voix contre 312. Pineau paye alors ses engagement très pro-européen et notamment sa défense acharnée de la Communauté européenne de défense.

De à , il est ministre des Affaires étrangères et participe à la mise en œuvre de l'expédition de Suez, ainsi qu'à la signature du protocole d'indépendance de la Tunisie le avec le premier ministre tunisien Tahar Ben Ammar[2].

Il négocie le Traité de Rome, créant la Communauté économique européenne, qu'il signe, avec Maurice Faure, au nom de la France.

Il tente une « ouverture vers l'Est » en se rendant à Moscou avec le président du Conseil, Mollet.

Cinquième République

Opposé au retour au pouvoir de de Gaulle en , il s'éloigne pour la première fois de la ligne défendue par Mollet, et se rapproche d'Albert Gazier sans toutefois vouloir entrer dans une minorité interne à la SFIO.

Mis en difficulté par le changement de mode de scrutin, Pineau, qui concentrait son action sur l'activité ministérielle et parlementaire, est contraint de se présenter dans une circonscription voisine de celle de son canton et où il est moins connu, et il perd son siège de député. Il tente lors des élections suivantes de briguer une circonscription des Alpes-Maritimes, sans succès.

Il est cependant constamment réélu conseiller général jusqu'en 1979.

Candidat malheureux à la mairie du Mans en 1959, il s'oppose ensuite à la stratégie d'union de la gauche pratiquée par les socialistes locaux à partir de 1965.

Candidat aux élections sénatoriales de , il n'est pas élu.

En 1969, Mollet le pousse à se présenter au vote des militants pour l'investiture socialiste à l'élection présidentielle, contre Gaston Defferre. S'il mène campagne un certain temps, il ne va pas jusqu'au bout de la démarche.

Après avoir démissionné de son poste de secrétaire de la fédération socialiste de la Sarthe en 1971, il prend de plus en plus de distances avec la vie politique. Très défiant vis-à-vis de François Mitterrand, celui-ci le lui rend bien et s'oppose à sa candidature aux élections européennes de 1979.

Écrivain et militant mutualiste

Dès les années 1960, il consacre cependant une grande partie de son activité à l'écriture, notamment avec deux romans fortement autobiographiques, Mon cher député (1959) et L'escalier des ombres (1963), le dernier consacré à la période de l'Occupation. Il rédige aussi des récits de souvenirs.

Il publie aussi régulièrement, pendant une vingtaine d'années, des contes pour enfants aux éditions Hachette.

À partir de 1972, sa grande cause est, aux côtés de la mutualité sociale agricole, le maintien des personnes âgées à domicile ; il œuvre notamment à l'expérimentation de l'hospitalisation à domicile dans son canton du Grand-Lucé.

Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise (97e division) à Paris.

Fonctions gouvernementales

Publications

(liste exhaustive)[3]

  • La S.N.C.F. et les transports français ; Paris, S.E.P.E., 1950
  • Mon cher député ; Paris : R. Julliard, 1959
  • La Simple Vérité, regard sur la période 1940-1945 ; Paris : R. Julliard, 1960
  • L'Escalier des ombres ; Paris : R. Julliard, 1963
  • Nikita Sergueevitch Khrouchtchev ; Paris : Perrin, 1965
  • 1956, Suez ; Paris : Éditions Robert Laffont, 1976
  • Le Grand Pari : l'aventure du Traité de Rome (avec Christiane Rimbaud) ; Paris : Fayard, 1991 (ISBN 2-213-02798-6)
Livres pour enfants[4]
  • Contes de je ne sais quand ; éditions Hachette, collection Idéal-Bibliothèque, 1952
  • Plume et le saumon ;Hachette, coll. Idéal-Bibliothèque, 1954
  • Plume et le Saumon ; Hachette, coll. Idéal-Bibliothèque, 1954
  • L'Ourse aux pattons verts ; Hachette, coll. Idéal-Bibliothèque, 1956
  • Cornerousse le mystérieux ; Hachette, coll. Idéal-Bibliothèque, 1957
  • Histoires de la forêt de Bercé ; Hachette, coll. Idéal-Bibliothèque, 1958
  • La Planète aux enfants perdus ; Hachette, coll. Idéal-Bibliothèque, 1960
  • La Marelle et le Ballon ; Hachette, coll. Idéal-Bibliothèque, 1962
  • La Bête à bêtises ; Hachette, coll. Idéal-Bibliothèque, 1965
  • Le Roi mage et le Père Noël ; Hachette, coll. Idéal-Bibliothèque, 1968
  • Le Loup et la Trompette ; Hachette, coll. Idéal-Bibliothèque, 1972

Décorations

Voir aussi

Sources

Les papiers personnels de Christian Pineau sont conservés aux Archives nationales sous la cote 580AP[5]

Bibliographie

  • Jean-Frédéric Desaix, Christian Pineau, de la Résistance à l'Europe[6], L'Encyclopédie du socialisme, 2003.
  • Alya Aglan et Denis Lefebvre (dir.), Christian Pineau, de Buchenwald aux traités de Rome, Bruno Leprince, 2004.

La Résistance et Libération-Nord

La SFIO, Suez

  • Denis Lefebvre, L'Affaire de Suez, Bruno Leprince, 1996.
  • Denis Lefebvre, Les secrets de l'expédition de Suez, 1956, Paris, Perrin, , 296 p. (ISBN 978-2-262-03326-2, présentation en ligne).
  • Roger Quilliot, La S.F.I.O. et l'exercice du pouvoir, 1944-1958, Paris, Fayard, coll. « Les grandes études contemporaines », , XIV-839 p.

Liens externes

Notes et références

  1. Mémoire vive de la Résistance
  2. Un document exceptionnel : L’original du protocole d’accord de l’Indépendance de la Tunisie, Leaders, 25 mars 2016.
  3. Ne contient pas les discours de conféreces.
  4. Divers textes extraits des ouvrages cités figurent dans des manuels de lecture scolaire des années 1950-1960, tels que Toute une année de lecture ou Lectures actives (éditions Hachette).
  5. Voir la notice dans la salle des inventaires virtuelle des Archives nationales
  6. D'après une thèse de doctorat en sciences politiques
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