Honoré Fragonard

Honoré Fragonard, né à Grasse le , mort à Charenton le , est un anatomiste français célèbre pour ses Écorchés, qui sont conservés dans le musée Fragonard (École nationale vétérinaire d'Alfort). C'est un cousin germain de Jean-Honoré Fragonard.

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Honoré Fragonard
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(à 66 ans)
Paris
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Biographie

Écorché d'un cheval et de son cavalier réalisé entre 1766 et 1771 par Honoré Fragonard

Honoré Fragonard naît le 13 juin 1732 à Grasse. Il est le fils de l'homonyme Honoré Fragonard, marchand gantier et parfumeur, et de Marie Honorade Isnard, fille d'un maître apothicaire[1]. Après des études de chirurgie, Honoré Fragonard obtient son brevet en 1759 puis est recruté en 1762 par Claude Bourgelat, écuyer de Louis XV et fondateur à Lyon de la première école vétérinaire du monde. Fragonard y exerce comme professeur d’anatomie (1765-1771) et directeur de l’école (1763-1771)  des documents mentionnent son nom en qualité de Directeur[2]  et commence à réaliser ses premières pièces anatomiques.

En 1764, Bourgelat, nommé « inspecteur général de l'école vétérinaire de Lyon et de toutes les écoles vétérinaires à établir dans le royaume », a la charge de diffuser ce type d'établissement dans le pays[3]. Louis XV, à la demande de Bourgelat et de Henri Léonard Jean Baptiste Bertin, décide d'ouvrir une école vétérinaire à Paris. L'école est d'abord implantée rue Sainte-Apolline avant d'être déménagée au château d'Alfort (Maisons-Alfort) en 1766. Fragonard y occupe les mêmes postes qu'à Lyon et, durant 6 ans, y prépare des milliers de pièces, dont une bonne cinquantaine d'écorchés et commence à fournir les cabinets de curiosités de toute l'aristocratie. Son enseignement d'anatomie comprend l’étude du cheval, du bœuf et de la brebis, mais aussi celle du corps humain, alors le modèle de référence[4]. Il est renvoyé de l'École vétérinaire d'Alfort en 1771 à cause de conflits incessants avec Claude Bourgelat. Il continue alors à disséquer chez lui, et s'assure de larges revenus en vendant ses œuvres à l'aristocratie.

En effet, Fragonard, en plus de disséquer minutieusement ses sujets, maîtrise une technique de conservation qui reste encore en partie un mystère de nos jours et a permis à ses pièces de parvenir jusqu'à nous en résistant aux dommages du temps et du dermeste du lard. De plus, il donne des poses artistiques, voire théâtrales, à certaines de ses pièces, qui relèvent alors plutôt d'une recherche d'effets dramatiques que de la simple recherche scientifique ; en témoignent notamment des réalisations comme le Cavalier ou L'Homme à la Mandibule.

En 1793, aux côtés de son cousin et du peintre David, il devient membre du Jury national des arts, puis est nommé membre de la Commission Temporaire des Arts l'année suivante. À ce poste, il inventorie notamment son ancienne collection à l'École d'Alfort[5]. Il ambitionne de rassembler ses pièces au sein d'un grand Cabinet National d’Anatomie, mais celles-ci attirent les convoitises et son inventaire servira finalement à disperser les pièces entre divers musées. Très affecté par cette dispersion, il devient directeur des recherches anatomiques de l’École de Santé de Paris nouvellement créée, avant de s'éteindre à Charenton le [6].

Technique de préparations des pièces

Ce qui a fait la célébrité de Fragonard est sa technique de conservation de ses écorchés, dont on a découvert les principales particularités à la suite de l'épisode de canicule de 2003 qui a entraîné des fontes des injections vasculaires des écorchés. Selon Christophe Degueurce, professeur d'anatomie à l'École nationale vétérinaire d'Alfort et conservateur du musée, la technique utilisée était très proche de celle de Jean-Joseph Sue. Les principales particularités tenaient à la nature de l'injection vasculaire : Fragonard ne recourait pas à la cire pour son mélange mais utilisait du suif de mouton. Cette graisse fondait à une température au-dessus de 20 °C, ce qui permettait de faire des injections dans les vaisseaux sans que le corps fût chauffé trop longtemps, voire sur des cadavres froids. Par ailleurs, Fragonard vernissait sa préparation avec de la résine de mélèze, la térébenthine de Venise, probablement à l'origine de l'absence d'attaque par les insectes destructeurs des pièces anatomiques sèches (notamment le dermeste du lard)[7].

Collection de préparations anatomiques

Sa collection était l'une des plus riches de France, sinon du monde, jusqu'à ce qu'elle soit dispersée sous la Révolution. Seuls 21 écorchés restés sur place à Alfort sont parvenus jusqu'à nous, la plupart sont conservés au Musée Fragonard de l'École vétérinaire d'Alfort. Le musée Orfila de la faculté de médecine de Paris recèle encore un écorché de singe préparé par Fragonard, de même que le musée Atger de l'université Montpellier 1. Le Muséum national d'histoire naturelle en possédait également, mais ils ont été jetés au début du XIXe siècle.

Hommages

  • Honoré Fragonard apparaît dans le roman La Vénus anatomique de Xavier Mauméjean (2004). Il est le personnage central du roman de Patrick Roegiers Le Cousin de Fragonard (2006).
  • Franck Thilliez fait longuement référence à ses écorchés dans son thriller La chambre des morts (2005).
  • Interprété par Robin Renucci, il est l’un des protagonistes du film Les deux Fragonard (1989). Dans ce drame historique de Philippe Legay, un aristocrate pervers tente de le contraindre à disséquer à fin de conservation une jeune lavandière dont lui et son cousin sont tombés amoureux.
  • Fragonard (2011), docu-fiction de Jacques Donjean et Olivier Horn. Avec Bruno Todeschini.
  • Dans une série documentaire, Les Aventuriers du Corps Humain, diffusée sur ARTE en 1996, un volet d'1h15, L'Obscur Fragonard, lui est consacré.

Notes et références

  1. Degueurce 2010, p. 18.
  2. Degueurce 2010, p. 22.
  3. Degueurce 2010, p. 23.
  4. Degueurce 2010, p. 25.
  5. Degueurce 2010, p. 45-48.
  6. Degueurce 2010, p. 50-51.
  7. Christophe Degueurce et al., « Un mystère : la technique de conservation mise en œuvre par Honoré Fragonard pour créer ses fameux écorchés », Bulletin de la société française d’histoire de la médecine et des sciences vétérinaires, vol. 8, , p. 40-57. (lire en ligne [PDF])

Voir aussi

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Christophe Degueurce, Honoré Fragonard et ses Écorchés : un anatomiste au siècle des Lumières, Paris, RMN, , 157 p.


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