Hor (Tibet)

La région de Hor (, THL : Hor Khog ; chinois : 霍尔 ; pinyin : huòěr) est formé de cinq principautés, Hor Béri (白利/Baili), Hor Khangsar (孔薩/Kongsa), Hor Mazur (麻書/mashu), Hor Trehor aussi appelé Driwo (竹窝/Zhuwo), et Hor Drango (章谷/Zhanggu)[1] situées du nord-ouest au sud-est le long de la rivière Yarlung (Mékong), et à l’est de Dergué[2]. Sa capitale est Karzé[3]. La région de Hor fait partie pour les Tibétains, du Kham au Tibet oriental.

Pour les articles homonymes, voir Hor.

Le terme tibétain « Hor » signifie « Mongols orientaux »[4]. Ce terme désignait auparavant les Ouïgours établis au VIIIe siècle aux alentours de Ganzhou, puis les mongols de Gushri Khan (mongol qoshot qui envahirent l'Amdo et le Kham au XVIe siècle, on parle aujourd'hui des descendants des cinq principautés Hors du Sichuan et Qinghai[5].

Histoire

Placée entre Chine et Tibet, elle fut dirigée par la Chine (organisée en cheftaines (Tusi à partir de la Dynastie Yuan (1234/1279 – 1368), mongole, ou le Tibet (sous le règne des Qoshots, Mongols également) ou encore constituée d'entités indépendantes, parfois frustrées par les pouvoirs de Pékin et Lhassa[6]. Elle fut administrée avec une certaine souplesse par la dynastie Qing de 1751 à 1912, puis partiellement par le gouvernement de Lhassa du Ganden Phodrang entre 1916 et 1942[7]. Elle se trouve aujourd’hui intégrée aux provinces du Sichuan et du Qinghai[8], et non dans la région autonome du Tibet.

Khanat qoshot

Au XVIIe siècle, sous le Khanat qoshot, l’armée mongole qoshot de Güshi Khan, aida Lobsang Gyatso 5e dalaï-lama unifie le Tibet, en particulier en tuant les rois qui lui étaient opposé (notamment Donyo Dorje, roi du Béri, ou Karma Tenkyong Wangpo, roi du Tsang, puis de l'Ü-Tsang (ou Tibet central)[9]) convertissant les royaumes du Kham à la tradition Gelugpa et en plaçant sous l’autorité du dalaï-lama la région de Kartzé qui fut divisée en 5 principautés horpa. Deux dzongs (fortifications) furent construits à cette même époque à Karzé à proximité de la Dza-chu (Yarlung). L’un d’entre eux fut occupé et transformé en caserne par les troupes de Chao Er-Feng (1845 — 1911), à la fin de la dynastie Qing. Ces 2 dzongs ont été détruits[10].

Administration par la dynastie Qing

Pendant la guerre Dzoungar-Qing (1687–1757), en conséquence de l'intervention de l'armée impériale à Lhassa de 1720, en 1727 le royaume de Dergé tombe sous la tutelle des Qing en même temps que le reste du Kham (Tibet oriental). Avec d'autres districts comme Nyarong, Batang, Litang et les cinq États Horpa, il est inclus dans la région appelée Kham[11]. En 1733, l'empereur Yongzheng confère à Tenpa Tsering, le roi de Dergé, le titre de chef du « bureau de pacification », xuanweisi (宣威司, xuānwēisī), qui le laisse indépendant de fait mais l'oblige à payer un tribut[12].

La région est organisée en plusieurs tusi (chefferie locale où un représentant de la minorité dirige) sous la dynastie Qing.

République de Chine

La révolution chinoise de 1911 fait tomber le dernier empereur Puyi. Tibet est indépendant de fait entre 1912 et 1951, le Hor fait alors partie de la voie du chuanbian (zh) (川边道)[réf. nécessaire] qui devient, en 1914, le district spécial de Chuanbian, puis la province du Xikang à partir de 1928.

Administration par le gouvernement tibétain

En 1916, à la fin de la période du ganden Phodrang, le gouvernement du Tibet indépendant (1912-1951) de Thubten Gyatso, 13e dalaï-lama crée au Hor un nouveau poste de gouverneur civil et militaire (spyi-khyab) à l'instar de ceux mis en place dans d'autres villes et régions frontalières (Chamdo en 1913, Dergué en 1914, Gro-mo et Lho-kha en 1917)[13].

Voici la liste des gouverneurs généraux de Hor[14] :

  • 1917, Hor-spyi I, mKhan-chung Grags-rnam (Grags-pa rnam-rgyal), Dragpa Namgyal ;
  • 1920, Hor-spyi II, Rim-bzhi sMan-spel, Rimshi Menpe (Sonam Gyalpo), un laïc ;
  • 1923, Hor-spyi III, mKhan-chung gYu-thog, Kenchung Yutok, un moine ;
  • 1926, Hor-spyi IV, , Kashopa Chogyal Nyima, un laïc ;
  • 1929, Hor-spyi V, mKhan-chung Grags-pa rgya-mtsho, Kenchung Dragpa Gyatso, un moine ;
  • 1932, Hor-spyi VI, Rim-bzhi sNye-mo mDo-mkhar, Rimshi Nyemo Donkar, un laïc ;
  • 1935, Hor-spyi VII, mKhan-chung Thub-bstan padma, Kenchung Thubten Péma, un moine ;
  • 1938, Hor-spyi VIII, Rim-bzhi Khyung-ram Don-grub rgyal-po, Khyungtse Rampa Dondrup Gyalpo, un aristocrate ;
  • 1941, Hor-spyi IX, sTag-brag gzims-dpon mkhan-po, Taktra Zimpön Khenpo, un moine et le dernier gouverneur-général de Hor.

En 1941, le gouvernement tibétain abolit la fonction et fonde six dzong dans la région de Hor[15].

Notes et références

  1. (Relyea 2015)
  2. (en) Rinzin Thargyal, Toni Huber, Nomads of Eastern Tibet: Social Organization and Economy of a Pastoral Estate in the Kingdom of Dege, Volume 15 de Brill's Tibetan studies library, BRILL, 2007, (ISBN 9004158138 et 9789004158139) p. 95 : Horkhog consisted of the five small states of Beri, Khangsar, Mazur, Driwo (i.e. Trehor) and Drango, these being ranged respectively from northwest to southeast along the course of the Yalung River2 immediately to the east of Dege.
  3. Rinzin Thargyal, op. cit., p. 98
  4. (Norbu 2001, p. 76) « Out of such frequent intra-Mongol struggles emerged the rise of the Eastern Mongols whom Tibetans call Hor and who desperately tried to recreate the Khubilai Khan's Chinese empire. »
  5. Col 2004, p. 56.
  6. (Relyea 2015) « Beginning in the early eighteenth century, a bifurcated structure of authority in the Kham region of ethnographic Tibet frustrated attempts by both the Lhasa and Beijing governments to assert their unquestioned control over a myriad polities in the borderlands between Sichuan and Tibet »
  7. Rinzin Thargyal, op. cit., p. 21
  8. Col 2004, p. 46.
  9. (en) Sarat Chandra Dāsa, « Tibet, a Dependency of Mongolia », Journal of the Asiatic Society of Bengal, vol. I, , p. 153–54 (lire en ligne)
  10. Marc Moniez, Christian Deweirdt, Monique Masse, Le Tibet, Éditions de l'Adret, Paris, 1999 (ISBN 2-907629-46-8).
  11. (en) Freddie Spencer Chapman, Lhasa: The Holy City, Readers Union Ltd., London, 1940, p. 135.
  12. Coales, 224.
  13. Fabienne Jagou, Le 9e Panchen Lama (1883-1937) : enjeu des relations sino-tibétaines, Paris, EFEO, 2004, p. 88.
  14. (en) Samten Gyaltsen Karmay, The Arrow and the Spindle: Studies in History, Myths, Rituals and Beliefs in Tibet, Volume 2, Mandala Publications, 1998, (ISBN 9994655019 et 9789994655014), p. 189-192.
  15. (en) Dondrup Lhagyal, Phuntso Tsering Sharyul, Tsering Thar, Charles Ramble and Marietta Kind, A Survey of Bonpo Monasteries, souw la direction de Samten G. Karmay et Yasuhiko Nagano.

Bibliographie

  • (en) Scott Relyea, « Yokes of Gold and Threads of Silk: Sino-Tibetan competition for authority in early twentieth century Kham. », Modern Asian Studies, vol. 49, no 4, , p. 963–1009
  • (en) Dawa Norbu, China's Tibet Policy, Padstow, Curzon, coll. « Durham East-Asia series. », (ISBN 9780203826959, lire en ligne), p. 76
  • Mathieu Col, Derrière la montagne, Publibook, (ISBN 2748382218, lire en ligne), p. 46
  • (en) Ryōsuke Kobayashi ((ja):小林亮介), « Militarisation of Dargyé Monastery: Contested Borders on the Sino-Tibetan Frontier during the Early Twentieth Century », Cahiers d'Extrême-Asie, vol. 27 - Le bouddhisme et l'armée au Tibet pendant la période du Ganden Phodrang (1642-1959), , p. 139-171 (DOI 10.3406/asie.2018.1510, lire en ligne)


  • Portail de la politique
  • Portail de la monarchie
  • Portail de la Chine
  • Portail du Tibet
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.